Carole Anderson est une ancienne officière de police du NYPD. Une jeune femme qui, d'un métier qu'elle considérait comme un sacerdoce, une unique raison de vivre, en a fait un terrain de jeu glissant, entre volonté autodestructrice et conduites borderline, juste pour ressentir l'adrénaline couler dans ses veines, comme une drogue. Mais aujourd'hui, tout cela appartient passé. parce qu'elle a été la victime d'un tueur en série qui ne s'en prenait qu'aux femmes policières. Pour une raison connu de lui seul, Carole a pu en réchapper. Son agresseur l'a maintenue en vie de force, avant qu'elle puisse s'enfuir de sa geôle. Désormais, Rudy Standford attend dans le couloir de la mort, et Carole vit cloitrée chez elle, ne sortant que très rarement. Elle s'est réfugiée dans l'écriture comme une thérapie à son traumatisme. Elle n'a plus qu'une seule amie, qui cherche à la faire sortir de son carcan volontaire, et quelques contacts dont son ex-coéquipier, son avocat et son éditeur. Au cours d'une de ses escapades avec cette amie justement, elle croit apercevoir son agresseur, qui l'épie avant de s'enfuir. Ce qui est impossible, puisque Standford est en prison… Alors qu'elle maintient ses propos, au risque de passer pour folle, un nouveau meurtre survient… Et si elle s'était trompée de coupable?
Après
Omnia Vanitas,
Emmanuel Valnet nous revient avec une autre héroïne, qui n'est pas sans quelques points communs avec
Louisa Torres: toutes les deux sont de vraies têtes de mules, n'hésitons pas à le dire, avec ce côté crispant de celui qui n'en fait qu'à sa volonté et parfois en dépit du bon sens. de là à se dire qu'il affectionne ce genre de personnage, il n'y aurait qu'un pas ! Mais, là où l'auteur nous offrait un personnage plus lisse avec Torres, Carole Anderson est plus fouillée, plus travaillée, d'un tempérament plus obscur. Une grosse part d'ombre réside en elle, beaucoup de non-dits, et l'attitude déraisonnable qu'elle adopte à maintes reprises peut faire songer à une sorte de fuite en avant face à la réalité. Les chapitres, courts, alternent le présent avec l'enquête en cours, et le passé de Carole sous l'uniforme, sa descente aux enfers et ses comportements erratiques. de mon point de vue, ces chapitres sont les meilleurs du récit, nerveux, sombres, sans complaisance. Je mettrais un petit bémol sur la description de la vie actuelle du personnage central,
Emmanuel Valnet insistant un petit peu trop sur les séances de thé dans son fauteuil, et celles de la piscine, que Carole pratique tous les matins. le roman aurait sans doute gagné en puissance en les abrégeant. L'auteur nous gratifie cependant d'une fin excellente, inattendue, qui me fait dire tout le bien que je pense de lui. Indiscutablement,
Innocent marque une belle progression dans ses qualités d'écrivain, qualités qui, j'en suis convaincu, ne peuvent qu'aller en s'améliorant, et qui me font attendre avec curiosité son prochain opus. Preuve s'il en est qu'il existe des auteurs en France qui méritent qu'on s'y attarde, même s'ils n'ont pas la couverture médiatique des grosses pointures.