J'ai adoré ce petit bouquin que m'a gentiment offert une élève. Je fais partie de ceux et celles qui notent parfois les perles de nos chers "apprenants" comme le dirait l'IUFM. L'auteur, Mathilde Levesque, a compilé elle aussi quelques belles réparties. Et ce que j'ai apprécié tout particulièrement, c'est la page par mois faisant état de la classe et, surtout, de l'état nerveux du prof ! Et comment résister à des dialogues du style :
« - Madame, je peux vous rendre ma copie ?
- Deux secondes, je ne suis pas Shiva.
- Vas-y, elle m'a dit “va chier”, la prof, là ou quoi ? »
Sans commentaire !!!
Le titre est trompeur, cet ouvrage n'est pas un recueil de palindromes.
Par contre, il montre que nos ados peuvent être malins et drôles, malgré leurs airs nonchalants et bougons. Suffit de savoir les prendre...
L'auteur/narratrice ‒ là, c'est les deux, Madame ! 😉 ‒ est prof de lettres dans un lycée d'Aulnay-sous-Bois (93). Elle tient ici une sorte de journal de bord de son année scolaire, avec un bref récapitulatif pour chaque début de mois :
- du nombre d'élèves présents
- de l'état des troupes
- de son état à elle, la prof
- des événements marquants
Et elle compile les meilleurs reparties de ses élèves.
Comme Mathilde Levesque le précise en préambule, cet ouvrage n'est pas un recueil de perles du bac, ni un 'éloge sirupeux de l'adolescence' (sic), ni un guide pédagogique. Derrière le découragement sporadique de l'enseignante, on sent une grande tendresse et beaucoup de respect pour ces adolescents vifs, pleins d'humour et d'auto-dérision.
Un régal de lecture détente, qu'on savourera d'autant mieux si on 'gère la fougère' en langage djeun, et si on a des ados qui rapportent à la maison ce genre d'anecdotes drôlissimes...
Publié dans la collection "Le goût des mots" ce livre est celui d'un auteur, d'une autrice, qui aime les mots et en a fait son métier en devenant professeur de Lettres (de français). En exerçant dans un lycée "de banlieue", elle n'a pu s'empêcher de relever les remarques pertinentes, absurdes et toujours drôles de ses élèves qui n'ont pas leur langue dans leur poche justement.
Petite leçon de pédagogie involontaire et souvenirs attendris d'une enseignante qui "a la vocation".
Mathilde Levesque est professeur de français dans un lycée de "cité", de "ZEP", ou "Zone Prévention Violence". Dans ce petit carnet, une sorte de journal de bord, elle rassemble les remarques, répliques, et fautes de ses élèves.
Que ce soit des échanges sur la société comme sur l'homophobie, les Noirs, ou le fait qu'une élève porte le voile, ou des échanges sur le français comme sur le fait de confondre l'auteur et le narrateur, d'étudier la poésie, ou autre choses de la vie courantes, les "perles d'élèves" sont toutes hilarantes.
Ce petit livre est parfait pour se détendre, et il est à lire ABSOLUMENT !!
La répartie et le sens de l'humour partagés au service de l'enseignement et de la vie, quoi.
Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/01/26/note-de-lecture-lol-est-aussi-un-palindrome-mathilde-levesque/
Ce livre n’est pas un recueil de perles du bac. Il n’a (hélas !) pas grand chose à voir avec le bac, comme vous le comprendrez rapidement ; et il est bien plus admiratif que narquois.
Ce livre ne prétend pas être un vade mecum pédagogique. Il ne dit rien sur une quelconque manière de faire cours, ni sur la « didactique ». Il raconte, mais n’a rien à apprendre.
Ce livre ne relève ni de la production mythomane, ni de la fiction : je suis bien forcée d’admettre que tous ces échanges ont eu lieu dans mes cours. Mais faites comme avec Matrix, et ne cherchez pas toujours le vraisemblable dans ces dialogues.
Ce livre n’est pas un éloge sirupeux de l’adolescence. Ce n’est pas le genre de la maison (enfin quoique).
Ce livre est tout sauf atemporel : deux ou trois notes de bas de page vous éclaireront ici ou là sur des effets de mode déjà dépassés, tandis que certaines réalités – tel le jogging relevé sur une seule gambette – vous demeureront à jamais irreprésentables (et ce n’est pas dommage).
Ce livre n’entend pas chanter aveuglément les louanges de ces élèves de « cité », « ZEP », ou « Zone prévention violence ». Mais j’aimerais quand même changer le regard porté sur eux, et que l’on voie que, à l’instar de tous les autres élèves de France et de Navarre, s’ils ne sont pas toujours scolaires, surdoués, précoces, hyperactifs ou que sais-je encore, ils ont un sens de l’humour que beaucoup devraient leur envier.
Ce livre, Dieu merci, ne retranscrit pas l’intégralité de mes cours.
Ce livre n’est pas le fruit d’une mémoire hors du commun, ni d’une reconstitution. « À l’ancienne », comme disent mes élèves, j’ai minutieusement consigné jour après jour ces échanges, pour être sûre de ne pas les oublier. Et pourtant, j’en ai sans doute laissé passer des dizaines.
Ce livre montrera peut-être pourquoi j’aime mon métier.
♦ Où j'ai pu constater que l'autosatisfaction remplace aisément l'appréciation du prof...
- Madame ! Voltaire, c'est l'inventeur des volts ?
- Ça suffit !
- Nan mais avouez, Voltaire, les volts, le siècle des Lumières, tout ça ! Chuis trop fooooooorte !
En mon for intérieur, j'avouai.
(p. 79)
- Donc, vous voyez, ça c'est ce qu'on appelle un 'incipit in media res' : autrement dit, le lecteur est projeté dès le début du livre dans l'action, sans préambule. Là, en l'occurrence, on arrive au beau milieu d'une dispute.
- Ouais ben moi j'appelle ça l'incruste.
[ J'en profite pour vous souhaiter une bonne incruste en 2018, au beau milieu d'une tempête - pluie, grêle, vent, orage sur le 44 ! ]
- Alors vous voyez, c'est à ce moment-là qu'il a sorti son laïus.
- Sérieux madame, devant tout le monde et tout ?
- Euh, nous sommes bien d'accord que ça n'a rien à voir avec l'exhibitionnisme, hein ?
- Ah. Ben chais pas ç'que c'est, un laïus, alors.
(p. 114)
- Madame, je peux vous rendre ma copie ?
- Deux secondes, je ne suis pas Shiva.
- Vas-y, elle m'a dit “va chier”, la prof, là ou quoi ?
Orgueil et ..., de Jane Austen ?