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De Primo Levi, j'avais déjà lu quelques romans, lesquels relataient la vie dans les camps, le long et pénible retour en Italie des juifs envoyés à gauche et à droite. Quand je suis tombé sur Maintenant ou jamais, j'ai hésité. J'avais déjà lu sur le sujet, je craignais une redite. Eh bien non. du moins, pas tout à fait. On y retrouve bien des juifs en fuite pendant la Deuxième Guerre mondiale mais l'intrigue est complètement différente. C'est-à-dire qu'on n'y retrouve pas les habituelles victimes de l'holocauste. En effet, le roman raconte le parcours de deux soldats juifs d'origine russe : Mendel, un horloger entre deux âges, et Leonid, un mécanicien issu d'un kolkhoze. Ce dernier s'est évadé d'un lager allemand de Smolensk, alors occupé, et l'autre est un déserteur. Ils se rencontrent quelque part en Biélorussie et décident de cheminer ensemble.

D'abord sans but précis, seulement s'en aller, trouver un endroit où ils pourraient mener une belle vie. Peut-être cette fameuse terre promise? Mais la Palestine est si loin… En attendant, ils marchent ensemble. Jusqu'où? Ils ne le savent pas eux-mêmes. Et, de toutes façons, y a-t-il vraiment une façon de s'éloigner du danger?

Très tôt, toujours dans cette forêt de Biélorussie, ils croisent un aviateur, aussi déserteur. Ensuite des villageois aussi pauvres que méfiants. Puis des cellules terroristes, certaines composées de russes communistes recevant leurs ordres des Soviétiques, d'autres de juifs désirant nuire aux Allemands, et aussi des Polonais voulant libérer leur patrie. Parfois, un mélange de tous ces groupes. Ainsi, au fil des pages, on rencontre Gédal, Oulybine, Dov, Rokhélé la Noire, Piotr, Line, etc. Et on s'attache à eux. du moins, à certains d'entre eux. Dans tous les cas, à leur combat.

Les années avancent et, avec elles, la fin de la guerre. Néanmoins, ce n'est pas la fin pour quelques uns des juifs russes et qui ne désirent pas retourner sous le régime communiste et tentent leurs chances et entreprennent le long chemin à travers l'Italie pour se rendre en Palestine. D'ailleurs, c'est le passage de certains de ces héros (et leur témoignage, en plus de son expérience personnelle) qui a inspiré à l'auteur Primo Levi.

Si plusieurs actions militaires ou terroristes sont décrites en détails, Maintenant ou jamais n'est pas un récit guerrier ni lourd. Oui, il y a de la misère, la vie pénible dans des refuges de fortune, au milieu de la forêt ou dans un monastère en ruine, de la tristesse (quelques personnages perdent la vie), mais il y a aussi des bons moments. À l'occasion, l'un sort son accordéon, un autre son violon, certaines amitiés se créent et des relations se nouent, on assiste même à un mariage. La vie trouve toujours son chemin.

Enfin et surtout, il y a la plume de Primo Levi, qui est plus jolie que dans mon souvenir. En effet, je gardais l'image de ces récits une description très réaliste de la vie dans les camps de réfugiés. Ici, dans Maintenant ou jamais, je découvre une autre facette. D'un côté, l'intrigue se prête davantage à décrire la beauté des paysages (parfois, une beauté terrible), à établir des atmosphères plus variées en fonction des situations. Une longue attente par-ci, du suspense par-là, sinon de la peur. D'un autre côté, on retrouve des moments de jouissance et de festivité (même s'il n'y en a pas tant), où l'on peut jouer de la musique et chanter. C'est l'occasion pour l'auteur d'insérer des poèmes.

Bref, une belle découverte d'un auteur que je croyais connaitre et qui m'a agréablement surpris. Un témoignage unique sur ces résistants du front de l'Est, derrière les lignes allemandes.
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Primo Levi s'est inspiré de faits réels pour écrire ce roman. Il s'est appuyé sur une sérieuse bibliographie et le témoignage d'un ami qui, à Milan à l'été 1945, avait travaillé au Bureau d'assistance, venant en aide aux réfugiés. Un roman qui raconte la longue marche d'un groupe de partisans essentiellement composé de juifs partis de Biélorussie jusqu'à Milan, avec l'idée de se rendre en Palestine. Un livre fort, bien écrit, mais qui m'a moins émue que les récits du même auteur. "Si c'est un homme" et "La trêve" ont un impact bien plus important, car ces deux textes ne font que raconter la vérité, mais une vérité dérangeante tant elle est horrible.
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"Maintenant ou jamais" a été publié en 1982 en Italie, et traduit en français en 1983.

Ce roman relate, à partir de documents d'archives, l'itinéraire parcouru entre 1943 et 1945 par un groupe de partisans juifs partis de Biélorussie jusqu'à Milan (déserteurs de l'armée rouge, évadés de camps, soldats égarés après la bataille), à la recherche d'une "terre promise", sous forme de réhabilitation et d'une vie digne. Une "Palestine" réelle ou mythique.

Ce voyage semé de traques, d'embuscades et de sabotages des infrastructures allemandes, révèle les ressorts intérieurs des hommes et des femmes qui survivent ainsi héroïquement ou misérablement, en marge de la ligne de conflits, dans des conditions très hostiles.

Aux hasards de leurs déplacements, ils rencontrent d'autres fuyards, déserteurs ou patriotes, non sans être encore et toujours en butte à la méfiance à l'égard du "juif", là-même où on ne croirait pas la trouver.

J'ai de beaucoup préféré les récits autobiographies "Si c'est un homme" et "La trêve" à ce roman, qui comporte pourtant de très beaux moments de lecture et de méditations.

Les multiples circonstances et évènements qui ont marqué cette traversée de l'Europe m'ont fait parfois lâcher prise. Nul doute que la guerre, et les actes de résistance à l'ennemi ne soient des aventures dignes d'être imaginées et racontées (même si l'histoire est fictive, elle ne peut que se rapprocher de la réalité car elle s'appuie sur une documentation sérieuse). Mais j'ai été rapidement submergée par les détails, en si grand nombre qu'ils ont noyé mon intérêt et que j'ai sauté les passages qui m'ont paru répétitifs (afin de ne pas abandonner en cours de route) ; or l'oeuvre mérite toute l'attention du lecteur, et à accélérer l'allure, on pourrait perdre la force de l'hommage rendu aux nombreux inconnus engagés dans le conflit, ce que j'ai essayé de ne pas faire : il aurait été plus efficace, (pour une lectrice comme moi), de ne rapporter qu'une dizaine de faits auxquels réfléchir sans avoir l'impression de nager en plein "film" d'action.

Ceux qui apprécient la relation d'une grande aventure humaine aimeront ce roman.
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Maintenant ou jamais raconte l'histoire d'un groupe de Juifs russes qui, pour diverses raisons, se retrouvent derrière les lignes allemandes dans l'Est de l'Europe de juillet 1943 à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Certains d'entre eux vont se joindre à des groupes de partisans soutenus par l'Union soviétique et mener des opérations de lutte contre les Allemands ; d'autres essaient, autant que possible, de survivre au jour le jour, confrontés à la faim et au froid pendant les longs hivers. Si plusieurs d'entre eux se montrent capables de travailler en équipe ou en communauté, d'autres supportent difficilement les souvenirs de leurs expériences, ce qui les conduit à se replier sur eux-mêmes, voire à tout laisser tomber. Les autres se lient pour former comme une nouvelle famille qui prend la place de celle qu'ils ont perdue. L'histoire raconte le conflit mental auquel tous confrontés : sont-ils des soldats de l'Armée rouge ou bien des Juifs abandonnés contre qui le monde s'est ligué ?
Ce roman est l'une des dernières oeuvres de Primo Levi, qui s'est basé non seulement sur son expérience personnelle, mais également sur des conversations qu'il a eues avec d'autres personnes, soit dans les camps de concentration soit, plus tard, lors de son retour en Italie, et sur d'autres publications concernant les expériences de partisans juifs opérant derrière les lignes ennemies sur le front russe. Levi avait lui-même rejoint un groupe de partisans en 1943, mais c'était en Italie. Il avait rapidement été capturé et déporté à Auschwitz.
L'intrigue et les personnages sont fictifs, mais, comme l'auteur l'écrit lui-même, les événements relatés sont plausibles. Ce qui fait de ce livre plus qu'une simple histoire de guerre, c'est la richesse des personnages, dessinés avec sympathie, humour et sans aucune trace de sentimentalisme. le chef des partisans, un homme d'un grand charisme et un brillant décideur, comprend que dans la forêt, entourés d'ennemis, le moral de ses compagnons est fragile. Dans ces conditions, son violon devient presque aussi essentiel pour la survie du groupe que son arme. Primo Levi s'est efforcé de rendre son histoire aussi authentique que possible : aucun des personnages n'est un parangon de vertu ; tous sont des gens ordinaires, imparfaits, contraints de puiser au tréfonds de leur être le courage de se battre un jour de plus. La survie du groupe repose avant tout sur la loyauté absolue des uns envers les autres. Même quand la guerre se termine et que leurs vies ne sont plus en danger, les membres du groupe partagent un destin commun dans lequel le sort de l'un est le sort de tous.
C'est un récit captivant sur le courage des partisans sur le front de l'Est pendant la Seconde Guerre mondiale, un livre très difficile à poser une fois qu'on l'a commencé. Ce n'est pas un ouvrage sur l'Holocauste ; c'est un livre d'espoir, et non de désespoir. Une histoire de la résistance juive aux accents universels.
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Histoire atypique que ce livre, sur une page de la seconde guerre mondiale peu médiatisée : la guerre des partisans telle que menée, derrière les lignes du front de l'Est, par l'Union Soviétique. Ce récit montre bien comment cette guerre là, anonyme, obscure et tapie dans l'ombre fut au départ une tentative désespérée de briser la machine de guerre nazie anéantissant l'Armée Rouge par corps d'amées entiers. Ce n'est que bien plus tard que ces soldats Soviétiques esseulés passère de la lutte désespérée au combat planifié. La lutte contre l'effondrement programmé avait changé de camp. A cela, Primo Levi rajoute un élément : la judaité de ses combattants qui peu à peu, de Soviétiques, deviennent apatrides et annoncent Israël.

Roman important donc ! Pour la vision positive et organisée qu'il donne du combat soviétique durant la Grande Guerre Patriotique ; mais surtout, car il démontre de manière exemplaire combien les juifs ne se sont pas laissé assassiné sans combattre, sans essayer du moins, avec les moyens du bord et l'antisémitisme ambiant, si bien ancré dans les population qu'il eut l'occasion de s'exprimer sur ce groupe de combattants juifs alors que l'Allemagne capitulait ; et qu'il suintait des pores de la peau de nombre de ceux croisés par ces partisans. Là où les nazis assassinaient, leurs ennemis Russes ou Polonais se limitaient à mépriser, mais les rouages racistes restaient là.

Une belle histoire, une épopée originale pour un livre qui permet de remettre en perspective nombre des réflexes d'exclusion ayant amené certains à commettre l'un des pire crime du XXe siècle.
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Un Juif russe, rescapé de l'Armée rouge, se retrouve derrière les lignes allemandes en 1943.
Il rejoint des maquis soviétiques, qui se méfient de lui (parce que juif) et le rejettent. Il finit par s'intégrer à un groupe de partisans à 100 % juif (ou presque), qui combattra les nazis en Russie et Pologne, avant de rejoindre les lignes alliées en 45...
Telle est l'histoire que nous raconte Primo Levi - à partir de documents historiques.
Témoignages de mondes qui ont réellement existé, remplies d'anecdotes extraordinaires, de réflexions en tout genre, de rebondissements et de retournements de situation dignes d'un polar ou d'un western, j'ai lu ces presque 400 pages d'une seule traite, parcouru de petits frissons de plaisir.
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Au cours de la seconde guerre mondiale, lorsque les allemands ont commencé à être boutés hors de Russie par l'Armée Rouge, un groupe de partisans juifs, venus d'horizons divers mais réunis par une langue commune, le yiddish, tente de survivre et de franchir le front. Ayant tout perdu, ces hommes et ces femmes sont réunis par un unique espoir : rejoindre la Palestine. À travers une Europe exsangue ils vont devoir braver tous les dangers, la méfiance des communistes russes, l'hostilité des polonais, puis des allemands vaincus, jusqu'en Italie, d'où ils pourront (peut-être) gagner la Terre Promise. Au cours de cette errance de deux années, qui voit certains partir (au sens propre comme au sens figuré), d'autres les rejoindre, se révèlent les rapports humains, dans toute leur richesse et, parfois, leur violence. À la fois huis-clos et road-movie, "Maintenant ou jamais" constitue un témoignage unique sur les dernières années de la guerre la plus mortelle que l'Europe ait jamais connue, et un message humaniste d'une portée universelle.
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Primo LEVI rend hommage à des femmes et des hommes oubliés par l'Histoire.
Russes, juifs ou Polonais, tous rescapés des massacres nazis, ils se trouvent dans les forêts de l'Est, se regroupent et décident de lutter contre la barbarie.
Ce sont des petits groupes mal armés, mal protégés du froid, mal nourris sporadiquement soutenus par l'armée rouge, souvent sacrifiés par leur alliés du moment, mais bien décidés de vivre et d'être respectés.
Face au recul des nazis, ils progressent vers l'Ouest et un espoir fou semble pouvoir se concrétiser, atteindre la terre promise : la Palestine.

Livre passionnant, débordant d'humanité à lire absolument pour découvrir une part (volontairement ?) cachée de notre histoire proche et afin ne pas oublier le courage de ceux qui n'avaient plus rien sauf leur espoir.
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1943. 2 combattants juifs, Mendel et Léonid, des "disparus de l'Armée Rouge", traversent la Russie et rejoignent un groupe de soldats comme eux, juifs et en déshérence. Menant une guérilla à l'intérieur des lignes allemandes, cette petite tribu survit de parachutages de vivres ou de troc avec les paysans locaux, mène des actions de sabotage, réussira à libérer un lager. Bien qu'étant des partisans, il sont toujours en butte avec l'antisémitisme des autres groupes qu'ils rencontrent, russes, polonais, seront parfois arrêtés, désarmés mais réussiront toujours à reprendre la route. Alors que va se décider le sort de la Pologne après la victoire des Russes et des alliés, leur chemin doit les conduire vers la Palestine, pour bâtir un monde nouveau. Il n'y a pas d'autre solution. L'assassinat d'une des leurs, parce que juive, après la signature de la fin des conflits le leur prouvera...Par la voix de Mendel, horloger dans le civil, P. Levi raconte efficacement le parcours de ces gens. Ils les compare aux rouages cassés d'une montre pour exprimer la grande fatigue des marches incessantes, la lassitude face à l'antisémitisme endémique de l'est de l'Europe, le froid, la faim, l'envie de baisser les bras, les moments d'inaction propice au désespoir. Un livre important qui donne un témoignage méconnu de ces années de guerre.
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une aventure que l'on vit au premier degré, avec un plaisir mêlé d'angoisse, vu le caractère dramatique des circonstances: on se trouve en Pologne, plongé dans la guerre entre 1943 et 1945. Un groupe de russes et polonais (juifs) se crée et essaie d'échapper à l'extermination. Une belle histoire, simple et déchirante.
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