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Fanchita Gonzalez-Batlle (Traducteur)Guido Davico Bonino (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782867462948
53 pages
Liana Lévi (27/05/2004)
3.56/5   9 notes
Résumé :

La poésie serait-elle la seule réponse à opposer aux tourments de l'âme humaine? Aux maux de cœur comme à ceux de l'esprit? C'est ce que nous démontre Primo Levi dans ces deux nouvelles inédites où la réalité se teinte légèrement d'irréel...

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Primo Levi est surtout connu pour son témoignage sur l'expérience des camps de la mort avec "Si c'est un homme", c'est pourtant avec ce petit livre comportant deux nouvelles que j'ai décidé de commencer à lire cet auteur.

Ces deux nouvelles, "Dialogue entre un poète et un médecin" et "Songe fugace" traitent de la poésie et de la place que cet art peut prendre dans la vie de chacun.
Plus précisément, l'auteur démontre que la poésie est le seul remède pour les tourments de l'âme humaine.

Dialogue entre un poète et un médecin

De dialogue, cette nouvelle n'a que le nom, car il s'agit plus d'un monologue du poète, une retranscription de sa visite chez un médecin.
Il semblerait d'ailleurs que ce médecin soit psychologue ou psychiatre, car ce jeune poète est un homme torturé, qui ne voit plus que le mauvais côté des choses : "chacun de ses instants de veille était imprégné de cette douleur", même la nature "est un vaste pouvoir occulte qui, objectivement, règne au détriment de tous".
Lorsque le médecin aborde la question des relations du jeune homme, il reconnaît "que ses contacts humains étaient médiocres" et ajoute alors qu'il a toujours eu un problème avec les femmes : "Il tombait amoureux souvent et intensément, mais le courage lui manquait ensuite pour manifester ses sentiments car il était conscient de son aspect déplaisant."
Le médecin finit par l'encourager, lui diagnostique être "un hypersensible plutôt qu'un malade" et lui prescrit des médicaments.
C'est alors qu'en sortant de de chez ce médecin, le poète a la réponse à ses interrogations, sa douleur, juste en touchant dans sa poche des feuillets sur lesquels il avait noté des idées pour de prochains poèmes, et "comme animée d'une volonté propre, sa main roula l'ordonnance en boule et la jeta dans la rigole qui courait le long de la rue".

Songe fugace

Cette nouvelle se passe dans un train et si le lieu de la précédente nouvelle n'était pas clairement identifié, là le trajet se passe en Italie avec une traversée du nord vers le sud.

Riccardo voit sa solitude interrompue par l'arrivée d'une jeune femme qui vient s'installer dans le même compartiment que lui pour la nuit.
Cette arrivée est l'élément déclencheur de l'imagination de Riccardo, qui se met alors à repenser à d'autres épisodes ferroviaires dans la littérature (Léon Tolstoï par exemple), finit par élaborer des théories sur cette jeune femme et sur les situations à venir et enfin s'interroge sur la création poétique, sur le rôle d'une muse imaginaire et d'une femme bien vivante aimée : "Pour un bon chrétien, était-il licite, était-il décent de se créer une femme à partir de ses rêves afin d'en aimer l'image toute une vie, d'utiliser cet amour dans le but de devenir un poète célèbre, de devenir un poète afin de ne pas mourir du tout, et en même temps de fréquenter l'autre, celle de via Gioberti ?"

Riccardo réalise un exercice de projection intéressant, il s'attache à cette femme qu'il ne connaît pas et va même jusqu'à s'apprêter "à lui parler des tristesses et des luttes, des amertumes et des victoires de sa vie, de son découragement récurrent, ainsi que de sa certitude absolue de devenir un jour un écrivain célèbre et estimé, de l'ennui écrasant de son travail quotidien [...] mais la fille ne le laissa même pas commencer".
Il finit par lui proposer de descendre avec lui à Naples, la fille semblant "lire en lui comme dans un livre" mais elle lui répondra par la négative : "Elle le regardait fixement, elle souriait, elle aussi semblait courir après une réponse qui ne se laissait pas attraper" et conclura par (avec un accent, d'où l'orthographe de fugace) : "Tout ce qui plaît au monde est un songe fiougace".

Par ces deux nouvelles flirtant entre le réel et l'irréel, Primo Levi démontre que la poésie est la seule réponse à tous les tourments de l'âme humaine, à tous les doutes et les interrogations de ces deux personnages masculins.
Le style d'écriture est limpide, clair et précis, la lecture fluide.
J'ai apprécié cette lecture mais regretté son côté court, en quelques minutes ces nouvelles sont achevées et j'aurai apprécié une éventuelle troisième nouvelle sur ce même thème.
Ma préférence va à la deuxième nouvelle, avec son côté plus rêveur et développement de l'imaginaire.
Ce petit livre est en tout cas très plaisant pour appréhender Primo Lévi et son traitement du comportement de l'Homme.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Primo Levi, par ce petit recueil de deux petites nouvelles poétiques, nous prouve que la poésie soigne et adoucit l'âme, même la plus tourmentée. Se lit très vite mais fait du bien longtemps.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Il nous paraissait, à juste titre, que le néant plein de mort dans lequel nous tournoyions depuis dix jours comme des astres éteints avait trouvé un point fixe, un noyau de condensation : quatre hommes armés, mais pas contre nous, quatre messagers de paix, aux visages rudes et puérils sous leurs pesants casques de fourrure.
Ils ne nous saluaient pas, ne nous souriaient pas ; à leur pitié semblait s'ajouter un sentiment confus de gêne qui les oppressait, les rendait muets et enchaînait leurs regards à ce spectacle funèbre. C'était la même honte que nous connaissions bien, celle qui nous accablait après les sélections et chaque fois que nous devions assister ou nous soumettre à un outrage : la honte que les Allemands ignorèrent, celle que le juste éprouve devant la faute commise par autrui, tenaillé par l'idée qu'elle existe, qu'elle ait été introduite irrévocablement dans l'univers des choses existantes et que sa bonne volonté se soit montrée nulle ou insuffisante et totalement inefficace.
C'est pourquoi, pour nous aussi, l'heure de la liberté eut une résonance sérieuse et grave et emplit nos âmes à la fois de joie et d'un douloureux sentiment de pudeur grâce auquel nous aurions voulu laver nos consciences de la laideur qui y régnait [...] Car, et c'est là le terrible privilège de notre génération et de mon peuple, personne n'a jamais pu, mieux que nous, saisir le caractère indélébile de l'offense qui s'étend comme une épidémie. Il est absurde de penser que la justice humaine l'efface. C'est une source de mal inépuisable : elle brise l'âme et le corps de ses victimes, les anéantit et les rend abjects ; elle rejaillit avec infamie sur les oppresseurs, entretient la haine chez les survivants et prolifère de mille façons, contre la volonté de chacun, sous forme de lâcheté morale, de négation, de lassitude, de renoncement.
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Certes, les mots ne lui manquaient pas pour décrire son mal : il ressentait l'univers comme une immense machine inutile, un moulin qui broyait éternellement le néant sans aucun but ; non pas muet, éloquent au contraire, mais aveugle et sourd à la douleur du genre humain
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Hurbinek, qui avait trois ans, qui était peut-être né à Auschwitz et n’avait jamais vu un arbre ; Hurbinek, qui avait combattu comme un homme, jusqu’au dernier souffle, pour entrer dans le monde des hommes dont une puissance bestiale l’avait exclu ; Hurbinek, le sans-nom, dont le minuscule avant-bras portait le tatouage d’Auschwitz ; Hurbinek mourut les premiers jours de mars 1945 libre mais non racheté. Il ne reste rien de lui : il témoigne à travers mes paroles.
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Il tombait amoureux souvent et intensément, mais le courage lui manquait ensuite pour manifester ses sentiments car il était conscient de son aspect déplaisant.
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Pour un bon chrétien, était-il licite, était-il décent de se créer une femme à partir de ses rêves afin d'en aimer l'image toute une vie, d'utiliser cet amour dans le but de devenir un poète célèbre, de devenir un poète afin de ne pas mourir du tout, et en même temps de fréquenter l'autre, celle de via Gioberti ?
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