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EAN : 9782371190122
240 pages
Piranha Editions (06/03/2015)
3.5/5   34 notes
Résumé :
Bingo Mwolo est le coureur à pied le plus rapide de Nairobi… et sans doute du monde. À quinze ans, il en paraît à peine dix et c’est grâce à cela et à sa rapidité qu’il parvient à ne pas se faire remarquer par les policiers corrompus lorsqu’il court livrer leurs doses de drogue aux clients blancs de son boss.

Après avoir été le témoin du meurtre du plus important dealer de Nairobi, la vie pourtant déjà risquée de Bingo devient bien plus dangereuse enc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Bingo court vite, tellement vite qu'il pense être le meilleur coureur de Nairobi, peut-être même du Kenya et même d'Afrique pourquoi pas ?
Comme il ne sait faire que ça, Bingo en fait son métier. Il court pour livrer la drogue dont le marché est détenu par Boss Jonni, un dangereux trafiquant.
Il ne se pose pas de question, à quoi bon dans ce monde sans pitié ou il faut se battre pour survivre.
Survivre, il y arrive tant bien que mal avec son fidèle ami, Slo George obèse et à moitié idiot.
Ensemble lorsqu'ils en ont le loisir, ils aiment trainer au pied du tas d'ordure où vit Krazi Hari, un autre paumé qui passe ses journées à lire tout ce qu'il trouve, une étiquette de boîte de conserve ou un morceau de journal. Il a appris à faire avec les moyens du bord.
Dans ce roman drôle et émouvant James A Levine dresse un tableau de la misère humaine ou les enfants sont trop souvent exploités pour le confort d'adultes prêts à toutes les bassesses pour leur enrichissement personnel.
Bingo m'a amusée parfois, émue souvent. J'ai profondément aimé ce jeune garçon, je l'ai suivi dans ses errances, ses interrogations, ses blessures, ses espoirs.
Je remercie vivement Babelio et les éditions Piranha pour cette belle découverte.

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Bingo est un gamin des rues de Nairobi. Malgré ses quinze ans, il est le coureur à pied le plus rapide de la capitale, et peut-être même du monde. Pour survivre, il livre de la "poudre" aux clients du gang de narco-trafiquants du coin, sans trop se poser de question. Etre discret et rapide, c'est tout ce qu'on lui demande pour éviter les embrouilles avec la police. Un jour, Bingo assiste au meurtre dans des narco-trafiquants. le hic, c'est que ce meurtre est pérpétré par son boss, le terrible Wolf. Heureusement, celui-ci n'a pas vu Bingo, aussi discret qu'à son habitude.
Ce gamin est un sacré bon comédien, il aurait pu faire du théâtre ou tourner dans un film. Ca tombe bien car s'il raconte le meurtre à son boss, évidemment il ne va pas lui dire qu'il a tout vu. Néanmoins, il se retrouve expédié dans un orphelinat tenu par un homme d'église peu scurpuleux. En effet, Bingo n'a plus ni père ni mère. Tous les deux ont été tués par la violence quotidienne de Nairobi. Et c'est là qu'entre en scène une riche Américaine, Mrs Steele, marchande d'art divorcée, fortunée et en mal d'enfant...

Ne vous y trompez pas, ce roman n'a pas été écrit par un Kenyan mais bel et bien par un Américain. Pourtant on est immergé dans l'ambiance de la tumultueuse capitale d'un riche pays d'Afrique où pourtant la misère est le quotidien de la très grande majorité des gens. le seul moyen pour survivre est le système D, les petites ou grosses magouilles. le must en matière de rémunération, outre le trafic de drogue, c'est de se trouver un bon gros touriste blanc pété de tunes. Mais alors, quand on tombe sur une riche Américaine, avec des "chaussures de pute", c'est vraiment génial. Sauf si elle se met à vous raconter sa vie, quand vous lui demandez pourquoi elle vous a acheté et pourquoi elle veut vous emmener avec elle vivre au pays de cowboys... Et que vous vous rendez-compte que finalement, elle vous ressemble cette dame, même si vous, vous êtes un gamin noir et pauvre, qui a vu des milliers de gens se faire "buter" du haut de vos quinze ans. le courant se met à passer entre Mrs Steel et Bingo. Mais c'est sans compter sur Charity, la femme de chambre du Livingstone Hotel, où résident Mrs Steel et Bingo, avant de s'embarquer vers les States....

Un roman très vif, aux chapitres courts, qui vous filent entre les mains aussi vite que la rapidité de Bingo. La corruption et la violence sont sur le devant de la scène. Mais ce roman est également une satire sur le monde des marchands d'art, où la malhonnêteté sur la valeur réelle d'une oeuvre est ce qui fait s'enrichir un petit cercle de gens qui ont bâti leur fortune en s'engraissant sur le dos d'imbéciles friqués, imbus d'eux-mêmes et capable d'acheter n'importe quoi très cher.

Un roman très drôle également, parce que Bingo est un personnage taquin, qui parle "cash", en rajoute une couche quand il faut, en prenant l'accent du coin, jusqu'à la parodie du petit Africain pauvre devant le Blanc riche.

Globalement, j'ai aimé cette lecture même si j'ai tout de même trouvé quelques longueurs, surtout quand Bingo est en compagnie de ses narco-trafiquants de patrons. Il y a également beaucoup de personnages, que l'on oublie pendant un moment parce qu'ils disparaissent du roman, pour réapparaître ensuite. On s'y perd un peu.
J'ai donc eu des hauts et des bas au cours de ma lecture, mais c'est plutôt positif et parfait pour découvrir Nairobi !
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Un livre étonnant, c'est le premier mot qui me vient pour le décrire car mon intérêt pour ce livre s'est accru au fil de la lecture, page après page, pour finir par « m'attacher » réellement, surtout au personnage central, Bingo dit « le Nabot ». On entre très vite dans la course, c'est le cas de le dire, dès les premiers chapitres, avec ce personnage, Bingo, meilleur coureur du Kenya et sans doute du monde dit-il mais, personnellement, j'ai eu du mal au début à accrocher à l'histoire. Puis j'ai fini par plonger dedans sans plus pouvoir lâcher le livre. C'est une réalité sordide (misère, trafics de drogue, violence, corruption) qui nous est narrée, du point de vue de Bingo, mais le ton plutôt léger voire enfantin de son langage contraste avec cette réalité ultra-violente qu'il nous décrit. Au fur et à mesure des péripéties de Bingo, on finit par entrer dans la course et on croise tout un tas de personnages hauts en couleur : le père Matthews, l'artiste peinte Thomas Hunsa, Mrs Steele….
Bingo, malgré ses 15 ans et ses conditions de survie plus que de vie, est intelligent mais ambigu et semble avoir compris beaucoup de choses de la vie. C'est un personnage qui porte une part d'obscurité en lui, le Mal et le Bien, la survie, la vengeance, un être fait d'ombre et de lumière. « Mais là où il y a de la lumière, il y a aussi de l'ombre. C'est cette obscurité dont je ne pouvais me détacher, parce que nous l'avions en commun, Mrs Steele et moi. » Car outre les aventures de Bingo dans la jungle de Nairobi et de ses bidonvilles, entre dealers et policiers corrompus, c'est aussi une aventure humaine qui nous est contée avec la rencontre de Bingo et de Mrs Steele, lui qui a perdu sa mère dans des conditions atroces, elle , riche américaine marchande d'art et venue à Nairobi chercher l'enfant que la Nature lui a refusé. « le Mal du Manque et le Mal de la Perte se sont vidés de nous ensemble… Mrs Steele a vu en moi ce que voulais en elle. Je voulais une mère, elle voulait un fils. »
L'écriture est efficace, la plume est belle, la langue très imagée (la rivière de la Perte, la fuite d'eau dans les yeux, la rivière bleue…), nourrie des légendes africaines transmises oralement. Mais il y a un vrai décalage (mais peut-être est-ce dû à la traduction ?), dans le niveau de langage de Bingo, parfois très cru, et parfois plein d'innocence et de naïveté, ou alors c'est un parti pris de l'auteur. Il y a aussi, entremêlée dans l'histoire, une très jolie légende, celle de Bingo et de l'Araignée et ses fils de soie qui relient les êtres entre eux. Ce livre est tout en contraste et nous fait passer des bidonvilles de Nairobi à son hôtel de luxe, le Livingstone. C'est parfois un peu troublant.
Mais il est au fond question de choses très sérieuses dans ce livre : le travail des enfants livrés à eux-mêmes, la misère des pays sous-développés où une certaine catégorie de la population vit dans des conditions plus que précaires, voire inhumaines, au milieu des ordures, la corruption de la police et des autorités, notamment religieuses, la violence faite aux femmes et aux enfants. Mais il ne faudrait pas oublier qu'il est aussi question d'amour, avec la rencontre de Bingo et miss Charity, qui nous donne la lueur d'espoir à la fin. « Ce monde repose sur un lac d'amour infini. Découvrez-en la source et buvez-en jusqu'à l'ivresse. » Même si la fin m'a laissée sur ma faim.
Au final, Bingo est un gamin sacrément attachant et fascinant !
Un grand merci à Babelio et aux éditions Piranha de m'avoir permis de découvrir cet auteur et ce livre.
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Il aurait pu s'appeler « Adidas », la face scarifiée par trois balafres au front et sur chacune des joues. Il se prénomme en fait « Bingo », métaphore de la réussite, de la chance. Il est livreur – non pas de pizzas – mais de dope. Un « coureur », « le meilleur de Nairobi, du Kenya et peut-être du monde. » Il ravitaille tout ce que la ville « où la mort est un art de vivre » comporte de drogués dans les milieux les plus favorisés, valet et envoyé spécial du dealer qui a tué… sa mère.
Bingo a 15 ans mais il en paraît 10 suite à un retard de croissance. Très intelligent, malin comme un ouistiti, rusé comme un isatis, il profite de cette mutation tardive, joue parfois comme un ado, rapine à droite et à gauche, économise quand il peut, « laboure » des putes ou des filles de passage et profite d'une liberté que lui confère son statut d'orphelin. L'absence de la mère est omniprésente dans ce roman qui n'est pas un polar ou un thriller, mais plutôt un conte africain. La vie de Bingo est le fil rouge qui relie des légendes africaines. Chaque chapitre est une aventure truffée de coutumes ancestrales, de métaphores naïves, d'allégories africaines. Chaque personnage possède son surnom jailli des croyances et symbolique de leurs actions. Bingo côtoie tout un monde hétéroclite, du vieil homme qui passe ses journées au sommet d'une décharge à lire tout ce qu'il trouve, au groom philosophe, en passant par un chef de la police ripou et unijambiste, un curé traficoteur, une bonne soeur tyrannique, une femme de ménage diablement futée ou un génie de la peinture fou. Jusqu'à ce qu'il se découvre – peut-être – une mère en la personne de Mrs Steele, une Américaine aux cheveux d'or, marchande d'art mais surtout en mal d'enfant. Elle l'adopte. L'ambiguité nait alors d'un nouveau statut de marchand d'art qu'il s'est fabriqué avec un contrat exclusif entre lui et « l'artisse » fou et sa nouvelle mère dont il ne sait si la cupidité l'emporte sur l'amour filial.
Cette merveilleuse chronique keniane est une belle et surprenante réussite grâce à l'originalité de l'histoire, à son déroulement qui va crescendo, mais aussi par la fluidité d'un vocabulaire naïf né d'un choix d'écriture qui porte le sceau et les couleurs africaines. le plaisir de la lecture est permanent. L'épilogue laisse planer le doute sur le choix de Bingo : l'Amérique, l'amour de Colette Sleeve, le modernisme, les études et le confort financier ou Nairobi, sa crasse, son danger, ses dealers, sa pauvreté, le mystère du corps de Charity et surtout la liberté. Seul James A. Levine connaît la réponse.
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Nairobi, Kenya, Bingo Mwolo a quinze ans. Ayant perdu père et mère, il se débrouille pour survivre dans le quartier délaissé de Kibera. Il sert de livreur à Wolf, caïd de la drogue, qui lui confie des courses à amener dans les lieux de consommation, hôtels du centre ville et maisons cossues. Parmi sa « clientèle » figure Thomas Hunsa, l'artiste, le maître des couleurs, peintre a moitié camé la plupart du temps, planant au dessus de ses toiles.
Bingo court pour éviter les policiers locaux du terrible Gihilihili, officier de police corrompu et cauchemar des coureurs-livreurs avec sa jambe de bois. Une de ces courses l'amène jusque chez un boss du centre ville. Mais celui-ci est assassiné devant ses yeux par le terrible Wolf. La solution pour éviter que la situation du témoin qui a tout vu, mais a aussi compris qu'il ne faut rien dire, ne dégénère, est de trouver refuge dans un orphelinat tenu par un prêtre occidental, dont l'évangile principal est le dollar. Et le prêtre de confier le frêle Bingo en adoption à une riche américaine, marchande d'art, qui s'intéresse vite, et trop au goût de Bingo, aux peintures de maître Hunsa.
L'un des attraits de ce roman est de placer le lecteur dans ses banlieues de Nairobi et suivre pas à pas Bingo, dans sa tranquille gestion de son univers fait de drogue et de rêves d'enfant. Bingo joue avec sa vie et ses souvenirs du temps passé, du temps où sa mère était là et quand son grand père lui contait des traditions locales. Il survit tout en tentant toujours de profiter de la moindre occasion pour infléchir son destin. Mais évidemment rien ne se passe comme il le rêve. Tous les personnages qui l'entourent sont un peu escrocs, depuis le curé qui invoque les évangiles, tout en tenant la comptabilité de la mafia locale, jusqu'à la belle américaine, trop parfaite pour être honnête. Bingo planque des trésors, se rêve marchand d'art, oscille entre l'attrait du départ pour l'Amérique et ses pick-up, et son soutien à son pote Slo-George, neuneu, mais fiable dans un univers corrompu.
On s'attache vite à Bingo, mais on le perd aussi assez rapidement quand la situation devient un capharnaüm et que personne ne paraît être ce qu'il est. Bingo fonce avant de réfléchir et s'enfonce dans un tel mic-mac que l'intrigue perd le nord. de plus, les intermèdes pendant lesquels Bingo se remémore les légendes de son peuple sont assez peu digestes.
Un bon début, un personnage attachant, des seconds rôles truculents, mais un livre dont on se lasse sur la longueur faute de cap précis pour l'intrigue.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
[Défenestration par la police, du chef de gang Wolf, ancien « patron » de Bingo et assassin de la mère de ce dernier]

Les loups ne sont pas censés s’envoler, et Wolf n’a même pas essayé. Il s’est posé dans le chantier de Taifa Road. Son corps a écrasé les planches sur lesquelles il avait atterri. J’ai contemplé Wolf et j’ai compris laquelle des peurs de Vieux Père était fausse : la peur du bâton de son maître, chez le chien. Les chiens n’ont pas peur des bâtons ; le chien se soumet simplement devant le bâton que son maître utilise pour le battre. La vérité, c’est que le maître est l’esclave du bâton ; sans le bâton, le maître ne peut pas faire de mal à son chien. Sans le bâton, le maître ne peut pas régner. J’ai contemplé Wolf, un homme cassé sur des planches cassées. Bientôt, il serait mangé par les chiens. C’était Wolf sans sa drogue, sans son fric, sans son flingue : rien que de la bouffe pour les chiens. Il y avait un goût amer dans ma bouche. J’ai contemplé Wolf et j’ai craché sur lui.
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Moi, je m'y connais en politique, j'ai apporté de la poudre à une centaine de politiciens. Ils sont comme des putes, simplement ils se font payer plus. Les unes font la prostitution, les autres, la constitution.
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La plupart des gens à Kibera ne savent pas écrire, parce qu'ils n'ont pas le temps d'apprendre. Quand quelqu'un avait besoin d'une lettre, le Kepha l'écrivait. Quand quelqu'un avait un grief, le Kepha rédigeait la plainte.Quand un amant passionné voulait une lettre d'amour, ou pire, un contrat de mariage, il allait voir le Kepha. Le Kepha était la vérité ; tout le monde le savait.
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La parabole des cinq pains nous enseigne comment le Christ, en investissant l'amour de Dieu, a augmenté le capital et la richesse. Voilà comment Jésus a utilisé les cinq pains pour nourrir cinq mille personnes, grâce à un portefeuille d'investissements avisés. Vois-tu, Bingo, la volonté de Dieu était que la richesse croisse dans son temple et que Jésus, son élu, devienne son unique marchand ; car tel est l'amour d'un père pour son fils. (p. 73)
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Cousine Sheila était chez moi. Sheila était jolie et avait environ un an de moins que moi. C’était une feignasse qui occupait de la place pour rien. Sheila passait le plus clair de son temps à traîner dans Kibera , à montrer ses jambes ou son cul et souvent à les donner pour rien, ou pour une bière ou une cigarette. Je l’avais déjà labouré deux fois. Ce soir -là ça a été la troisième.
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