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sur 433 notes
Joe le taxi y va pas partout, y marche pas au soda. D'ailleurs, il enfile son blouson pour descendre au pub du coin de la rue retrouver son collègue et se payer une Desperados et quelques bières. Après tout, il a fait une belle course de l'aéroport au quartier Sud. le temps de prendre ses clés qu'on frappe à la porte. Pourvu que cela soit la voisine en peignoir négligemment ouvert venue lui emprunter de la farine et des pommes pour faire une tarte aux pommes. Pas de bol, deux flics, l'air patibulaire et pas hilare du tout face à son esprit, je crois que pour une fois, le chauffeur va se faire conduire. Au poste, menotté, giflé, frappé, et même pas une bière dans le gosier.

Samedi soir. Tout comme ce soir.
J'entends un cri dans le couloir…

Je voulais juste boire une bière, comme tous les samedis, comme tous les soirs. Je voulais juste sortir prendre l'air, je n'avais pas l'idée que cet air de Dallas, univers impitoyable, allait m'amener dans ce Couloir. Pas celui d'un hôtel 4 étoiles, ni même celui de ta chambre. Celui avec un C majuscule dont on écourte la fin en pensant à la sienne, sa fin, la fin de sa vie, le Couloir de la mort. Pourtant rien ne laissait paraître un tel présage (demandez à JFK ce qu'il en pense), par moment il ne faut pas grand-chose pour qu'une vie bascule de l'espoir à la mémoire, surtout à Dallas, Texas (pas d'accord JF ?). Pourtant, j'ai regardé tous les épisodes des Experts (mais ceux qui ne sont pas à Dallas, d'ailleurs je ne connais pas d'experts dans le Texas, à part Chuck Norris…), la recherche d'ADN et de preuves irréfutables n'ont plus aucun secret pour moi. Pourtant, je connais par coeur tous les membres des Esprits Criminels et à la fin, ils attrapent toujours le vrai criminel parce qu'ils rentrent dans son esprit.

J'ai regardé New-York unité spéciale, j'ai regardé New-York police judiciaire. Je connais tout de la Police, de sa droiture de son honnêteté et de sa ténacité à rechercher le criminel, le vrai, celui qu'on voit au début de l'épisode libre et insouciant, puis menotté et honteux à la fin de l'épisode. Et j'ai même vu toutes les saisons d'Ally McBeal alors putain, je sais comment se déroule un procès. Je sais ce qu'il faut faire pour gagner un putain de procès et je sais que ça ne se gagne pas avec un commis d'office gras du bide les doigts bouffis et collants de sucre glace (non, par expérience télévisuelle, rien ne remplace une mini-jupe et une putain de paire de guiboles qui affolent les palpitations des jurés et du vieux juge). Non, une affaire criminelle ne devrait pas se jouer pas comme ça, sur des détails aussi infimes et saugrenus, c'est ce que doit se dire Joe le taxi qui joue plus du saxo, lorsqu'il médite dans le Couloir avec Clarence, son nouveau pote de Couloir, sur sa putain de vie. Et cette putain de vie ne se retrouve pas dans les séries américaines. Méditation sur la justice et l'injustice, sur les médias, la Police, le taf, l'espoir et la résignation, comme une envie de crier…

Un long hurlement interminable de chagrin incontrôlé. Ou de panique. J'entends le Cri du Taser qui va suivre à coup sûr, mais à la place vient un autre hurlement. Je perçois un bruit de bagarre, et un homme qui parle doucement, mais pas ce qu'il dit, rien que le lent murmure de sa voix. Ils passent devant ma cellule et je comprends que le hurleur est Clarence. Rien de surprenant. Depuis que je suis ici, c'est lui le responsable de presque tous les troubles nocturnes. Normalement, il aurait dû déjà être passé au Taser. L'homme qui murmure passe devant ma cellule et je m'aperçois que tout en marchant il lit un verset de la Bible.
Je frissonne. C'est le soir de l'exécution de Clarence.

Alors un conseil, Joe le taxi, si tu ramènes une bourgeoise chez elle, ne va pas toucher ses fenêtres, même si tu sens que c'est du bel ouvrage. Et sur le chemin du retour, ne ramasse pas les deux jeunes étudiantes complètement pintées, même si elles sont en minijupes le rire facile et le sourire aussi ravageur que leur cul.
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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Jeff Sutton aime bien conduire. Alors autant que cela lui rapporte un peu d'argent. C'est comme ça, sans se poser de réelles questions, qu'il est devenu chauffeur de taxi à Dallas. Une petite routine s'est gentiment installée et il mène une vie pépère. Un soir, il ramène chez elle une jolie femme qui lui propose gentiment de disposer de ses toilettes. Pendant que madame est là-haut au téléphone, lui fait un peu trop le curieux et met ses mains là où il n'aurait pas dû, c'est à dire sur la fenêtre de la baie vitrée. En voulant rentrer au dépôt, bonne âme qu'il est, il redépose gratuitement deux étudiantes dont le taux d'alcoolémie dépasse largement la limité autorisée. Et, elles, elles ne trouvent rien de mieux à faire que de vomir dans le taxi pour le remercier! Un coup de vapeur et tout est effacé. Mais, voilà que le lendemain, deux flics un peu bourrus viennent l'interpeller chez lui parce qu'il est soupçonné d'avoir kidnappé la fille de sa dernière cliente. Ne comprenant rien à rien, il est emmené aussitôt au commissariat. Interrogatoire, relevé d'empreintes qui forcément vont correspondre à celles laissées sur la fenêtre et tout s'enchaîne. Qu'importent son témoignage et sa bonne foi, il a tout l'air d'être le suspect idéal. Et ce n'est pas avec un avocat médiocre et boutonneux et dans le couloir de la mort qu'il réussira à prouver son innocence!

Iain Levison dissèque ici la justice américaine et les failles du système judiciaire de façon magistrale. On en ressort tout de même avec un léger goût d'amertume et de malaise. Dénonçant à tout-va la police mais aussi les médias qui font de ces affaires des coups médiatiques, l'auteur nous livre un polar sombre et efficace. D'une écriture incisive, parfois ironique parfois drôle, il a su rendre un hommage poignant de vérité à Richard Ricci, mort dans une prison avant que ne soit découvert le corps de la jeune fille.

Hep! Taxi! Arrêtez-moi là!...
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Jeff va tomber de haut ! de très , très haut !
Taxi driver à Da-llaaaaas , il va percuter frontalement son univers impitoyable !
Après avoir attendu quelque peu chez une cliente en mal de fifrelins , lui laissant ainsi le temps d'admirer à loisir ses fenêtres arborant désormais à l'envi ses propres empreintes digitales puis avoir déposé , gratuitement , deux étudiantes frôlant le coma éthylique mais lui ayant , cependant , laissé un généreux pourboire en liquide sur ses housses imitation vomi , nécessitant alors un nettoyage vapeur dernier cri , le réveil allait être brutal !

- Coucou ? Devine qui c'est ?
- Heeuuu , c'est toi Père Noël ?
- Blam , coup de matraque , perdu ! re-blam , re-coup de matraque , c'est la gentille police à son pépère ! Craaac , coup de panard facial à double pivot rotatif ! Dans la vie , faut varier les plaisirs...
- Aie , bien joué les gars , j'aurai pas deviné....cling , dents qui tombent...m'en fous , j'suis végétarien , alors...

Jeff venait d'entrer de plein pied dans la quatrième dimension ! Bienvenue...
Accusé méchamment , sur la base d'indices présentant la consistance et l'épaisseur d'une feuille à cigarette , d'avoir kidnappé la petite fille de sa dernière cliente , il allait présenter toutes les caractéristiques du coupable idéal ! A coup de preuves plus ou moins arrangées lorsqu'elles n'étaient pas fondées , une flicaille peu scrupuleuse associée à une presse peu regardante quant à la plausibilité du suspect , allaient alors faire de sa vie un véritable enfer ! Oh le doux euphémisme que voilà...

Se basant sur des faits réels - l'affaire Richard Ricci à qui il dédit son bouquin - , Levison brode ici un incroyable canevas policier aussi réaliste que révoltant . Vraisemblable de A à Z , l'auteur interpelle sur le pouvoir dictatorial des médias et celui , beaucoup plus nuisible , encore que , d'une justice beaucoup plus encline à fabriquer un coupable qu'à disculper un innocent !
Cynique et désabusé , Levison signe ici un véritable pamphlet mettant en lumière les dysfonctionnements irresponsables d'un système médiatico-judiciaire en faillite !

Arrêtez-moi là ! : l'histoire extraordinaire d'un type ordinaire...
http://www.youtube.com/watch?v=¤££¤20Richard Ricci 17¤££¤
Ah , au fait , belle et heureuse année à toutes et à tous !
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Iain Levison est de retour, et il n'a rien perdu de sa verve et de son talent de conteur.
Jeff Sutton est chauffeur de taxi, il mène une vie tranquille avec un job qui lui convient. Mais du jour au lendemain, sa vie bascule. Des policiers déboulent chez lui, et il se retrouve accusé de kidnapping et de meurtre sur enfant. Et cerise sur le gâteau, on l'enferme dans le couloir de la mort d'une prison avec une terrifiante brochette de criminels dans l'attente de son procès. Très vite, Sutton est persuadé que la méprise dont il est victime va trouver sa conclusion rapidement et que son innocence sera reconnue, mais il n'est guère rassuré lorsqu'il rencontre son avocat commis d'office.
Levison nous avait habitué à un humour jubilatoire dans ces romans précédents, et pour la première fois, si celui-ci est toujours présent, il est plus cynique et désabusé qu'a l'accoutumé. Il sonne une charge au vitriol contre le système judiciaire américain, l'indécence des médias et leur mise en scène pour s'attirer l'audimat. Et le constat est amer, car cette Amérique donneuse de leçon ferait bien de faire sa propre autocritique. Au final cette histoire d'honnête citoyen qui bascule dans une folie kafkaienne qui le dépasse, fait froid dans le dos. Encore un très bon Levison.
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Extraordinaire descente aux enfers d'un type banalement ordinaire. Dans Arrêtez-moi là, Iain Levison – traduit par Fanchita Gonzalez Battle – navigue entre réalisme froid et absurdie totale pour décortiquer les travers du système judiciaire et carcéral américain.

Car au départ, il ne demandait rien à personne, Jeff Sutton. Chauffeur de taxi lambda à Dallas, c'est plutôt le bon gars à la vie de célibataire bien rangée. le genre à accepter de rentrer chez une cliente chargée à l'aéroport pour se faire payer sa course quand elle n'a pas de monnaie sur elle ; le genre à charger gracieusement en fin de service deux jeunes filles totalement bourrées pour les raccompagner en sécurité ; et le genre à ne rien comprendre quand trois flics sonnent à sa porte le lendemain matin pour l'interpeller pour enlèvement et meurtre.

Alors bien sûr, il est innocent. Et alors… À défaut de quelqu'un d'autre, il n'en demeure pas moins le coupable idéal. Des affres de sa cellule du couloir de la mort à l'impossible réinsertion en passant par la drôlerie cynique d'une défense caricaturale et d'un procès bâclé, Levison excelle dans la dénonciation tragicomique de la justice américaine : flics paresseux ou incompétents, avocats obsédés par le gain, prisons inhumaines, médias sensationnalistes et grand public plus prompt à condamner qu'à pardonner. Mais tout cela n'est-il qu'américain… ?

Direct, efficace, drôle et réaliste, Arrêtez-moi là est un polar-pamphlet réussi, qui prouve une fois de plus le grand art de Levison à exceller dans le genre.
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Commencez ce livre et je vous mets au défi de le refermer avant de l'avoir terminé ! Iain Levison nous régale encore avec son dernier roman, qui heureusement pour lui, n'est pas cette fois inspiré de son propre vécu mais de l'affaire Richard Ricci (à qui le livre est dédié) qui avait fait grand bruit aux Etats-Unis en 2002.

Cela commence par une journée de travail ordinaire pour un chauffeur de taxi de Dallas. Puis les événements s'enchaînent, obéissant à une mécanique implacable. Jeff Sutton entre chez une cliente pour se faire payer (première erreur). Plus tard, en fin de tournée, il raccompagne gratuitement deux jeunes étudiantes éméchées. L'une d'elles vomit sur la banquette. Un nettoyage au Kärcher s'impose (deuxième erreur). le lendemain, trois policiers viennent l'arrêter. Il est accusé du kidnapping et du meurtre de la petite fille de sa cliente . Tout est contre lui : ses empreintes sur une fenêtre, le nettoyage, inhabituel, du taxi, aucun alibi, un piètre avocat commis d'office et des flics tellement sûrs de leur fait qu'ils ne chercheront pas plus loin. Et rien ne s'arrange lorsqu'il est placé, "pour sa sécurité", dans le couloir de la mort…

Avec cynisme et une bonne dose d'humour noir, Iain Levison continue sa critique acerbe de la société américaine en dénonçant cette fois les dérives de la justice qui peuvent détruire un être humain en toute bonne conscience. Arrêtez-moi là ! est une plongée glaçante dans le monde judiciaro- médiatique américain. On partage les affres de cet homme ordinaire dont la vie bascule dans l'horreur. On passe avec lui de l'incompréhension à la révolte, de l'indignation à l'indifférence, devant un système judiciaire qui ne peut s'arrêter, une fois lancé. Et l'on saisit, de l'intérieur, la manière dont peut se vivre une telle injustice. Tout sonne juste dans l'évolution psychologique d'un personnage d'une justesse telle qu'on oublie parfois que l'on est dans un roman, persuadés de lire les souvenirs ou les confessions d'un ex-taulard. Levison affirme encore son talent avec ce récit haletant, parfaitement mené de bout en bout. Un livre choc, décapant et terrifiant, qui touche autant qu'il fait réfléchir.
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Jeff Sutton est chauffeur de taxi de nuit. Il mène sa vie peinard, célibataire, des activités comme la laverie et la salle de sport quand il est de repos, et des passions passagères sur des domaines divers et variés, comme par exemple le jardinage. Mais cette vie bien rangée va être remise en question par une série d'évènements qui, pris un par un, n'avait pourtant aucune chance de porter à conséquence.
Tout commence par une cliente dans le genre "femme d'affaires avec enfant" qui revient de l'aéroport. N'ayant pas d'argent sur elle, elle le fait entrer chez elle le temps de trouver son portefeuille. Jeff en profite pour se soulager dans les toilettes de la maison, toilettes dans lesquelles la fenêtre a été posée par son ancien employeur. Pour vérifier la "marque" de l'entreprise, il tripatouille la-dite fenêtre en question. Plus tard, cette même nuit, au moment de rentrer chez lui, Jeff prend en charge deux étudiantes bien éméchées. Par pure bonté d'âme, sans se faire payer sa course. L'une d'elle vomit à l'arrière de son taxi et Jeff, le lendemain, jour de repos, passe sa voiture à la vapeur d'eau pour faire partir l'odeur.
Un peu plus tard, trois policiers viennent frapper à sa porte.

Si vous voulez savoir pourquoi et comment ces quelques éléments font de Jeff Stutton un homme coupable du pire des crimes et l'enverra dans les couloirs de la mort, lisez vite ce roman de Iain Levinson ! L'histoire, racontée au "je narratif" et au présent de l'indicatif, est assez loin des clichés habituels des romans policiers, dans lesquels il y a toujours un personnage volontaire à la recherche de la vérité.
C'est bien écrit, Levinson manie avec bonheur une ironie féroce et mordante pour dénoncer les défaillances et les faiblesses du système judiciaire américain. le livre se lit rapidement, le lecteur tombe d'étonnement en abasourdissement devant le bon fonctionnement d'une machine bien huilée jusqu'à l'absurde dans laquelle il y a juste un problème : le présumé coupable ne l'est que sur des présomptions ma foi bien légères !

Pour ma part, j'ai quand même un petit problème avec cet ouvrage plein de grandes qualités. La dénonciation du système judiciaire américain est trop prégnante pour apprécier les déboires de ce pauvre Jeff ; le treizième chapitre est d'ailleurs l'occasion de décrire par le menu quelques cas emblématiques d'erreurs judiciaires flagrantes. Ce pauvre Jeff, donc, a tiré un sacré numéro, concentrant toute la malchance du monde sur sa personne : policiers fainéants sans expérience ni motivation, avocat sans motivation ni compétence, le couloir de la mort en guise de protection. Rien ne nous est épargné : ni la grande boite d'avocats requins qui attendent un verdict qu'ils savent sans fondement pour se faire plus d'argent en appel, ni les shows télévisés sur comment Dieu m'a ramené à lui pendant mon passage en prison, ni les critiques des séries télévisées américaines à mille lieues de la réalité. C'est un peu "too much" à mon gout.
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« Quel monde merveilleux ce serait si seulement les ignorants étaient un peu moins sûrs d'eux. »
Iain Levison est un excellent écrivain qui a le sens de la formule et qui choisit soigneusement ses sujets (précarité, politicien sans scrupules, affairisme, dictature de l'audimat et ici erreur judiciaire). Il est brillant et toujours percutant avec un style, tout en sobriété, fait d'ironie et de second degré, avec des phrases courtes qui font souvent mouche pour le plus grand plaisir de ses lecteurs. A partir d'une affaire réelle, il s'attaque ici avec une terrible efficacité et un talent certain au système judiciaire américain. Il est Américain et parle donc de ce qu'il connait. Ce qui m'embête un peu, au gré des commentaires que j'ai pu lire ici et là, c'est que derrière ce portrait au vitriol d‘une justice qui porte un nom dont elle se soucie très peu, l'adjectif américain exonèrerait tous les autres systèmes judiciaires de la planète. Ce n'est pas sérieux car, à bien y réfléchir, des policiers obtus, manichéens et paresseux, des avocats incompétents expédiant en dépit du bon sens les affaires courantes pendant que les plus brillants de la profession ne traitent que les affaires juteuses, des greffiers égarant des pièces capitales, des procureurs négligeant des pièces à conviction parce qu'elles ne vont pas là où il faudrait qu'elles aillent et des juges d'instruction dont le souci premier concerne leur notoriété au rythme de leurs interventions dans les media, mon petit doigt me dit qu'il y en a partout. Sur toute la planète, y compris dans notre pays où les beaux esprits, pensant avoir tout inventé et tout compris, cachent leur médiocrité derrière « le manque de moyens » et une « indépendance » censée protégée le justiciable alors que, dans les faits, elle ne couvre que leurs erreurs, insuffisances ou partialité (souvenons-nous du « mur des cons »).
« Il m'interrompt d'un geste de la main. "C'est un arrangement incroyable. J'ai beaucoup travaillé pour vous l'obtenir."
Je l'imagine en train de manger des gâteaux à son bureau quand le téléphone sonne et qu'un procureur dit : "Je propose vingt ans."
Il enfourne le reste de gâteau, mâche, avale et répond : "Je transmettrai à mon crétin de client. »
Qui se soucie de justice dans le monde judiciaire?
C'est, à mon avis, la question essentielle que pose ce roman « coup de poing ». La réponse, j'en ai bien peur emprunte à Conan Doyle : « Alimentaire, mon cher Watson. Alimentaire.* » On ne peut s'empêcher de penser à Tom Wolfe et son Bûcher des Vanités, chef d'oeuvre sur le sujet, dans lequel un des protagonistes décrit les accusés conduits chaque jour au tribunal comme de « la bouffe » uniquement destinée à alimenter le système et tous ceux qui en vivent. Reste à écrire (ou à lire, car il existe peut-être) le grand roman dénonçant le sort que réserve l'institution aux victimes ou aux familles de victimes (vous avez dit « mur des cons » ?).
Quoi qu'il en soit, voici un excellent roman qui donne à réfléchir et qui est vraiment très agréable à lire.
Pour terminer ce billet d'humeur de belle manière, il nous faudrait un bon vieux débat à la télé avec des « t'es moins et des ex pères » sur le sujet de l'erreur judiciaire. Iain a tout prévu et comme on est à Dallas, ce ne sera pas « C dans l'Air », ni « USA Today ».
« Cinq…quatre. » Melissa Kerns (la présentatrice) surveille un type derrière une caméra, et elle explose soudain de joie. « Bonjour, je suis Melissa Kerns et voici Texas Today. On dirait que le plaisir absolu de dire ces mots va lui faire mouiller sa culotte…»
Je ne sais pas résister à l'humour de Iain Levison.
*Mes excuses aux ayant-droits de Sir Conan Doyle pour ce très mauvais jeu de mots.
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C’est une plongée en enfer que nous propose Iain Levison avec « arrêtez-moi là ! ». J’en suis encore toute bouleversée ...Dans un récit prenant, et sans fioritures, il dresse la chronique implacable de l’absurdité d’un système judiciaire qui brise des vies. Son narrateur, Jeff Sutton, chauffeur de taxi à Dallas, raconte sa terrible histoire, qui pourrait être celle de n’importe qui aux Etats-Unis aujourd’hui, surtout si l’on est pauvre ou noir. Il a juste croisé la route de la mère d’une petite fille enlevée, et le voilà arrêté, mis en prison sans ménagement, sans explication et sommé de démontrer son innocence puisque c’est comme ça que fonctionne cette folle machine, dont il ne comprend rien. Une enquête bâclée et c’est L’univers carcéral inhumain, les hommes enchaînés mis en cage. C’est Robert, le psychopathe tueur en série qui prête davantage attention à lui, que les policiers ou les gardiens, coincés entre peur et préjugés. Étrange renversement des valeurs quand même ! C’est la chronique d’une Amérique pas vraiment démocratique, bercée par la culture du lynchage et des chasseurs de primes sur fond de télé-réalité policière, qui émerge de ce roman terrible et puissant dans laquelle la justice peut être une affaire juteuse pour des avocats qui n’ont pas vraiment le meilleur rôle. Levison décrit minutieusement comment s’enchainent les événements qui concourent à l’anéantissement de son héros qui perd tout, sa liberté, son travail, son logement, le peu qu’il a, comme un terrible et inéluctable jeu de dominos ...comment ne pas perdre sa dignité d’être humain ? Comment ne pas sortir de là brisé à vie si on en sort ?...il y a encore des hommes dans les couloirs de la mort chez les défenseurs du monde libre ! ... Il ne fait vraiment pas bon regarder sous la robe de Miss Liberty !
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Ouh Il n'a pas peur le petit Iain Levison.
Son bouquin défonce les portes du politiquement correct et du système judiciaire américain !
Il met le doigt dans les rouages du système et le fait péter.
Cynique, sarcastique, amer et remonté, ses coups de boutoir sont puissants.
Il dénonce la lâcheté et l'hypocrisie de tout à chacun qui pense qu'il vaut mieux enfermer un présumé coupable que le laisser en liberté, on sait jamais.
L'écriture est serrée, efficace et tire à boulets rouges sur les incompétences de la police ricaine et sa propension à donner coûte que coûte un coupable aux foules pas très sentimentales.
Mais comment faire quand on n'a rien fait et qu'on est le seul à le savoir et à y croire ?
L'exercice est très réaliste. L'erreur judiciaire peut survenir à n'importe qui à n'importe quel moment. La culpabilité est toujours une donnée complexe et relative. Et il plus difficile pour un particulier de justifier son innocence qu'aux jurés à décréter la supposée culpabilité.
Les médias ne sont évidemment pas épargnés et leur recherche de sensationnalisme pointée du doigt.
On passe du désespoir à l'euphorie, des larmes au rire, du réalisme à l'absurde tant le rythme des mots est percutant. 4/5
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