...Une bibliothèque était un temple où se célébrait la religion du livre...
L'existentialisme est un antihumanisme page 221-222
Et je veux, notamment, commencer par l'absurde légende, nourrie, dés le début des années cinquante, par le double feu de la critique matérialiste des marxistes et de celle des dévots de l' heideggérianisme, et qui fait de ce premier Sartre je ne sais quel philosophe du sujet,vieillot, cartésien, bêtement dualiste, sourd aux acquis de la modernité philosophique, si parfaitement obsédé par sa chère conscience qu'il en manquerait, à la fin, ce rendez-vous avec les choses mêmes qui devraient être le souci d'un husserlien conséquent- je veux, pour commencer, tenter de dissiper le malentendu qui fait de l'auteur de La Nausée et L'Etre et le Néant le parangon, pour tout dire, d'un spiritualisme ou d'un humanisme, que le XXe siècle aurait condamnés.
Extrait Le siècle de Sartre BHL
Depuis ses premiers textes d'enfant jusqu'à ses vrais livres de maître à penser, il n'a jamais démordu de l'idée qu'une bibliothèque était "un temple" où se célébrait la religion du livre et se prêchait son évangile
Sartre n'est pas un spiritualiste, maniaque de la conscience, de la subjectivité, de l'homme- c'est le grand philosophe matérialiste du XXe siecle. page 228
Réparation à Camus! il valait mieux, décidément, avoir raison avec Camus que tord avec moi! page 418
La vraie transcendance est celle des choses. Ce n'est plus, comme chez Kant, mais aussi comme chez Husserl, la conscience qui est transcendante, c'est la chose. Il appelle "chose" cette altérité absolue, cette capacité de se produire dans une infinité d'apparitions- Cette façon de s'opposer à la conscience selon un inépuisable jeu de puissances et de résistances. page 228
La question de l'humanisme.
Sans doute y a-t-il un "Sartre" humaniste"...qui, à un moment donné de son histoire et pour des raisons qu'il faudra élucider, est devenu cet humaniste.
Et il est le premier à avoir clamé, à la Libération, dans une conférence célèbre, que l'"existentialisme" était un humanisme.
page 228