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Critique de Eric75


Ils s'appellent Simon, Louis, Léo, Anatole, Clara, Emma, Isidore, Noé, Luce, Suzanne, Joseph et Paul. Et ils ont beaucoup de chance. Enfin, un petit peu moins de chance que les petits-enfants d'Hubert Reeves (que j'évoquais dans ma précédente chronique d'un titre grand-paternel presque équivalent). Car le grand-père, de ces douze là, s'appelle Jean-Marc... Lévy-Leblond ! (Qui est, osons l'avouer, moins connu et moins médiatique qu'Hubert Reeves. Mais bon.)
La forme du présent essai est quasiment identique à celle du livre de Reeves : plusieurs chapitres structurant un dialogue entre un grand-père scientifique et l'une de ses petites-filles, curieuse et lucide, dont les questions fraîches (« Des lavaboratoires ? ») et pertinentes (« Mais l'énergie nucléaire ne sert pas qu'à fabriquer des bombes ? »), alternent avec des remarques parfois naïves (« Je n'ai pas du tout aimé quand on a fait des expériences en cours sur un lapin, ça me rappelait trop mon petit Pompon. ») et parfois téléphonées (« Alors, tu penses aussi qu'il ne peut y avoir de vraies sciences humaines et sociales parce qu'elles ne peuvent pas être objectives ? »). Heu…

Les sujets abordés sont divers, mais n'ont a priori pas vocation à « expliquer » les phénomènes physiques ou les découvertes scientifiques. Il ne s'agit donc pas ici à proprement parler de vulgarisation scientifique mais plutôt d'une réflexion sur l'utilité de la science, son rôle, son avenir, sa place dans la culture, et plus généralement sur la façon dont elle est perçue dans notre société actuelle. Ces sujets peuvent-ils intéresser nos chères têtes blondes ? Sans doute moins que l'auteur lui-même, né en 1940 – donc accusant 74 ans au compteur au moment d'écrire ce livre –, qui à mon avis cherche surtout à faire part au lecteur de ses doutes et de ses interrogations personnelles, plutôt qu'à transmettre le flambeau de la vocation à sa descendance.
Afin de rendre son propos plus digeste et audible pour sa juvénile interlocutrice, Jean-Marc Lévy-Leblond puise les illustrations appropriées dans la modernité de la culture djeuns : Harry Potter, H2G2… et n'hésite pas à balancer quelques vannes (pas toujours désopilantes*). le plus souvent cependant, ce sont Galilée, Spinoza, Bertolt Brecht ou Diderot qui se portent à son secours.

Au final, cet essai aborde des réflexions qui valent le détour pour un lecteur intéressé ou concerné par la philosophie et l'avenir des sciences dans l'éducation, mais le procédé retenu pour rendre plus séduisant le contenu des matières scientifiques – maths, physique et SVT essentiellement, à ses yeux en perte de vitesse (« la recherche scientifique pourrait s'étioler » ; « j'espère que ta génération pourra éviter cette décadence ») – à savoir une conversation intergénérationnelle avec un public acquis d'avance, laisse un peu perplexe. L'auteur enjoint la prochaine génération à relever tout un tas de défis (« Comment donner à la connaissance scientifique les moyens de se développer sans qu'elle soit soumise aux impératifs de rentabilité économique ? », etc.), sans laisser entrevoir la moindre piste qui permettrait à celle-ci d'y parvenir. Mais les problèmes, au moins, sont posés, c'est la première étape pour leur trouver une solution.

* Par exemple celle-ci : « x et x2 sont en bateau, x tombe à l'eau, qu'est-ce qui reste ? » Réponse : « Eh bien c'est 2x, parce que le bateau a dérivé… ».
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