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Jacques Lévy (Traducteur)
EAN : 9782264040466
189 pages
10-18 (09/09/2005)
3.44/5   18 notes
Résumé :
Pour Onuma, les ennuis débutent un matin en lisant les nouvelles. Malgré la vie discrète de projectionniste qu'il mène désormais à Tokyo, il semble que le passé ait fini par le rattraper : quatre membres du groupe obscur dont il a fait partie pendant plusieurs années ont été tués dans un accident de voiture. Persuadé qu'il s'agit d'une vengeance et qu'il est le prochain sur la liste, Onuma revient dans son journal sur l'embrigadement progressif dont il fut, étudiant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Lorsque j'ai découvert ce livre, on le comparait au célèbre ''Fight Club'' de Chuck Palahniuk. Paru dans l'année qui suivit la parution de ce dernier (le roman et non le film), on lui attribue de troublantes similitudes. Par ailleurs, le résumé augurait bien ; aussi, je tentai l'aventure dans de bonnes dispositions.

La similitude #1 arrive très rapidement, et c'est un simple détail. J'estime donc pouvoir élaborer sans divulgâcher : le personnage principal de ''Projection privée'' est projectionniste, et il nous explique une petite facétie à laquelle il se livre sur les bobines... Bon, est-ce un emprunt ? Peut-être en effet. Mais quand on écrit un roman, on s'inspire d'un bon nombre de choses, qui nous traînent dans la mémoire, ou aperçues de-ci de-là. M. Palahniuk lui-même ne l'a pas inventé cette pratique, elle est véridique, il l'a pêchée quelque part. Autre considération : Kazushige Abe a fait des études de cinéma, il a baigné dans le milieu, et il y a plusieurs allusions au cinéma dans ses livres précédents, par exemple le titre de l'un d'eux ''La nuit américaine'' qui est un style de plan. Alors, d'où lui vient ce détail ?

Un peu plus loin, je croise la similitude #2, cette fois un concept avec une implication beaucoup plus profonde dans le roman. Mais après un temps je me dis : mais finalement cela prend des directions bien différentes, il faut être bien sévère pour y voir une intention malhonnête, si ce n'est que ça... Et en effet, cela ne demeure que ''ça'' pendant un long moment. Puis, en approchant de la fin, je sens poindre quelque chose : si ce que je soupçonne se produit, cela ravive le débat. C'est le cas : la similitude #3 se matérialise. Elle est de taille elle aussi, mais encore une fois, le développement en atténue la portée.

Les deux romans sont très différents, que ce soit pour l'histoire ou le style. M. Palahniuk nous arrivait avec une prose originale tout à fait inédite, alors que le style du présent roman est conventionnel et sobre. ''Fight Club'' discutait de l'aliénation des individus produite par la société de consommation, ce qui est totalement absent ici. le roman de Palahniuk nous berçait de sa nouveauté jusqu'à un retournement stupéfiant, mais avant comme après, la situation est fixée et parfaitement claire, alors que l'ambiguïté et le mystère sont cultivés tout au long de ''Projection privée''. Cette comparaison faite, je peux vous dire que le roman de M. Abe m'a beaucoup plu, et que je le conseille fortement pour lui-même. Être à l'affût de la filiation a constitué un plaisir supplémentaire non-négligeable.

Alors, est-il possible que l'auteur ait eu connaissance de la première publication d'un américain inconnu et s'en soit inspiré pour son roman ? Cela est possible vu les similitudes et le rapprochement dans le temps. Si c'est le cas, est-ce répréhensible ? Je ne le pense pas, pour les raisons exprimées plus haut. Se peut-il que les similitudes soient pure coïncidence ? Je me demande ce qu'en aurait pensé M. Wolfgang Pauli...
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Nom : Onuma
Age : 33 ans
Profession : Projectionniste dans un vieux cinéma de quartier détenu par des yakusas
Signe Particulier : A une érection dès qu'il entend un air de Julio Iglesias (et en particulier sa chanson « mes trente-trois ans »)

Un article dans le quotidien du jour lui apprend que quatre membres de son ancienne bande sont décédés des suites d'un accident de voiture. Accident ou Meurtre ? Toujours est-il que pour Onuma qui ne croit pas en cette coïncidence du destin, il est temps de rédiger sous la forme d'un journal intime les faits troubles d'un passé obscur. Il se sent menacé et pressent être bientôt la prochaine victime d'une vengeance tardive. Tout commença quelques années auparavant lorsque pour le besoin d'un devoir universitaire en cinéma, son groupe et lui réalisèrent un documentaire sur un étrange personnage...

Tel un devoir scolaire, Onuma décrira, avec précisions et anecdotes, son embrigadement progressif à l'intérieur d'un groupe mystérieux. Pourtant simple étudiant en cinématographie, son monde se tournera petit à petit vers la violence, l'espionnage et la paranoïa. Dans ce Japon moderne et entre les petites guerres que se livrent les clans des yakusas, la violence reste l'unique échappatoire pour exister et sortir de l'anonymat dans lequel il s'est projeté. Son esprit est devenu tel qu'à chaque nouvel acte de « bravoure », il semble se rapprocher toujours un peu plus de la folie, comme si sa vie n'était plus tout à fait réel, comme si Onuma marchait tel un équilibriste sur une corde raide où d'un coté se trouve la folie inévitable et de l'autre la mort inéluctable...

Il y avait le « Fight Club » de Chuck Palahniuk, il faudra désormais compter aussi sur les activités du Cours de l'Eminence...

En grand format, chez Actes Sud ; En format poche, chez 10/18... Voilà un peu ce qu'en dit Actes Sud : Dans le décor de Shibuya, un quartier branché de Tokyo, objet de tous les fantasmes et de toutes les convoitises, Kazushige Abe offre un regard saisissant sur la société japonaise d'aujourd'hui - un petit pays policé et moderne, qui laisse pourtant la place à d'infernales machinations dans lesquelles l'individu disparaît, aliéné par des organisations secrètes paramilitaires, fascistes, ou pseudo-religieuses. On se souvient alors du meilleur roman de Murakami : La Course au mouton sauvage.

La course au mouton sauvage... La comparaison est flatteuse, car en matière de romans japonais contemporains, ce Murakami est tout en haut de l'affiche. Indétrônable dans mon coeur et esprit que par moment je me prends moi-même pour un mouton sauvage gambadant et folâtrant sur les versants enneigés en Hokkaïdo... Cependant, je n'aurai tout de même pas oser et proposer une telle comparaison...
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J'ai fait les choses à l'envers : après avoir lu et beaucoup aimé le pavé Sin semillas puis le très court Nipponia nippon, je suis retourné à la première publication française d'Abe Kazushige, Projection privée (et, sauf erreur, il n'y en a pas eu d'autre au-delà des trois citées). Ce livre a compté dans la carrière de l'auteur (alors âgé d'une trentaine d'années), en remportant un beau succès au Japon – clairement, c'est le livre qui l'a fait connaître.



Avec quelque chose d'opportun ? Projection privée paraît en 1997 – soit l'année suivant la parution d'un autre roman, très célèbre, et dont on ne peut pas ne pas parler en l'espèce : Fight Club, de Chuck Palahniuk. de fait, le roman d'Abe fait beaucoup, beaucoup penser à celui de l'écrivain américain, au point où c'en est un peu suspect… Plagiat, commentaire critique, pastiche, parodie ? Ou seulement l'air du temps, en toute... innocence ? Je n'ose pas trancher – même si je vais tâcher d'avancer quelques éléments dans cette chronique un peu désabusée. Mais les liens entre les deux romans me paraissent vraiment marqués, et j'ai vraiment du mal à envisager la possibilité qu'Abe Kazushige ait pu écrire son roman sans rien savoir de celui de Palahniuk. Or, je le crains, cela joue déjà en défaveur de celui d'Abe ; c'est que celui de Palahniuk est vraiment bon…



Projection privée adopte la forme d'un journal intime, tenu par un certain Onuma, projectionniste dans un cinéma de second ordre à Shibuya. Un boulot pépère – rien de très ambitieux, pour l'étudiant en cinéma qu'il était (comme l'auteur), même s'il lui offre, de manière discrète, les pouvoirs d'un démiurge secret, quand il insère dans les films qu'il projette des bandes issues d'autres films… Tiens, comme dans Fight Club, sauf erreur.



Mais Onuma a son côté sombre – je veux dire, au-delà de son goût douteux pour les chansons de Julio Iglesias (exégèses à la clef) : une certaine attirance pour la violence, et un certain talent pour ça. Une expédition punitive, à la requête d'un collègue jeune et falot, contre des lycéens décidément très mal élevés, en fait bientôt l'éloquente démonstration – il y en aura d'autres.



C'est qu'il a suivi le Cours. L'institution, fondée par le mystérieux Masaki, peut être envisagée originellement comme un club de formation à l'autodéfense, qui enseigne des techniques de fight, et au-delà de survie, et, comme de juste, se révèle finalement bien davantage, quelque part entre la secte façon Aum Shinrikyô, la société secrète insurrectionnelle vaguement fascisante et le centre de formation pour yakuzas d'élite… ou pour espions lambda, ou pour navrants voyeurs, notamment via les techniques de surveillance (un thème qui, décidément, obsède Abe Kzaushige, il est présent dans ses trois romans traduits en français !). Mais, globalement, c'est comme dans, en gros, oui. Onuma et ses copains de l'école de cinéma devaient simplement, à la base, tourner un documentaire de fin d'études sur Masaki, mais ils se sont retrouvés embrigadés dans son Cours, laissant tomber tout le reste. Masaki est un de nos Tyler Durden, du coup. On en dérive sans surprise le rôle d'Onuma.



Le Cours, pour lui, c'était supposément du passé – mais voilà qu'Onuma apprend la mort, dans un « accident de voiture », de quatre de ses anciens condisciples, tandis qu'un autre, Inoue, reprend contact avec lui, révélant certaines choses, en dissimulant d'autres, et mentant plus qu'à son tour. Exactement ce qu'il faut faire avec un paranoïaque ! Car Onuma a visiblement quelques petits problèmes à cet égard. de l'accident, il élabore une complexe théorie du grand complot global anti-Lui, où les assertions d'Inoue ont leur part ; bientôt, les yakuzas sont de la partie – plusieurs gangs, qui s'affrontent, avec Onuma au milieu ; et un film secret, forcément bourré d'indices, mais cryptés, il faut en percer le code ; du sordide, à base de pédopornographie et de prostitution juvénile (enjo kôsai) ; et même un deal de plutonium !



Tout cela dans un monde de mensonges et de tromperies – Onuma ne peut avoir confiance en personne… et surtout pas en lui-même. Nous ne devons donc pas avoir confiance en lui nous non plus – dès les premières pages, c'est comme s'il nous braillait : « JE SUIS UN NARRATEUR NON FIABLE ! JE SUIS UN NARRATEUR NON FIABLE ! » On en conclut sans trop de peine que, s'il se fait un film, ou semble se faire un film, il en fait peut-être un aussi pour un spectateur privilégié…



Et notre projectionniste qui fut (?) documentariste parsème bien sûr son journal de tableaux d'un Japon en crise, morale en même temps qu'économique, une société folle et aliénante, faite de travers mesquins et de vices plus ou moins avoués ou plus ou moins conscients, une société où la violence a assurément sa place. Cette fois, malgré le plutonium, Abe Kazushige ne vire peut-être pas autant dans le délire apocalyptique que Chuck Palahniuk, il adopte un point de vue peut-être plus intime, mais les liens ne manquent cependant pas à cet égard – jusque dans le côté « la philo pour les nuls », délibérément chez les deux supposé-je.



C'est que nous avons affaire à deux petits malins. Et, comme souvent, c'est là à la fois un atout et un handicap. À la comparaison, cependant, je tends à croire que Palahniuk est celui qui s'en sort le mieux à cet égard : Fight Club est un roman roublard, il scintille de trucs de petit malin, mais il fonctionne très bien en tant que tel, et le petit jeu entretenu par l'auteur avec son lecteur, même très méta-machin ou post-bidule, ne va pas jusqu'à transformer le roman entier en plaisanterie d'un goût plus ou moins douteux – il y a davantage, et déjà, c'est un peu la base, une bonne histoire, de bons personnages. Chez Abe Kazushige, le dispositif trop voyant ne m'a pas permis de m'immiscer véritablement dans une histoire dont les outrances dénoncent sans cesse le caractère de blague (pas si drôle) ; la conclusion est comme de juste le point culminant de ce dispositif, mais fonctionne plus ou moins bien – là où l'auteur, tout sourire, semble nous balancer enfin un « Ah, ah ! Je t'ai bien eu ! », le lecteur (nébalien en tout cas) est tenté de lui répondre que, non, pas vraiment, car cela n'a pas vraiment fonctionné ; c'était trop voyant, on s'attendait dès le départ à quelque chose du genre… L'air du temps, admettons, a pu seul justifier l'écriture de ce roman, mais ce dispositif incite tout de même sacrément à chercher du côté des hypothèses du commentaire critique ou de la parodie. Et, au jeu du petit malin, j'ai bien peur qu'Abe Kazushige, en désirant en rajouter encore une couche, est finalement tombé dans le piège plus ou moins consciemment tendu par Palahniuk, méta-machin ou post-bidule – ceci étant, Palahniuk lui-même l'a fait par la suite…



Mais il faut enfin évoquer un ultime gros problème de Projection privée… La plume est très, très lourde, et bien trop (maladroitement) « soutenue », même dans les dialogues, pour convaincre – ces gens-là ne parlent pas comme des yakuzas à la petite semaine, etc. Tous leurs mots sonnent faux. Absolument tous. Et, là, non, je refuse qu'on me réponde « méta-machin ou post-bidule », ça serait pousser le petit jeu bien trop loin. Est-ce le style originel, est-ce la traduction ? Sans la possibilité de recourir au texte japonais, je ne peux sans doute pas me montrer catégorique, ici, mais je tends tout de même à pencher vers la deuxième hypothèse – d'autant que j'y trouve souvent un rendu bien trop « littéral » qu'on s'expliquerait mal dans l'original. le traducteur, plus tard, accomplirait un bon voire très bon travail sur, entre autres, les deux autres romans d'Abe Kazushige disponibles en français, Sin semillas et Nipponia nippon, mais, dans Projection privée, non, ça ne va pas…



Grosse déception, donc, que cette Projection privée, qui me paraît rater son coup et m'a plus ennuyé qu'autre chose, en dépit de son format assez bref. L'auteur a assurément démontré par la suite qu'il pouvait écrire des choses bien plus intéressantes, et je serais tout à fait preneur d'autres traductions – mais ce premier titre traduit, disons-le, m'a fait l'effet d'être… mauvais.



Hélas.
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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Roman étrange parce qu'au fil des pages, le personnage-narrateur (on est censé lire son journal) nous raconte des faits improbables et de plus en plus délirants (lui-même n'est-il pas un peu parano ?) : entre le mouvement, limite sectaire, qui forme aux exercices physiques et aux technique de renseignement, le cinéma où le narrateur travaille comme projectionniste et où des yakuzas passent sans cesse plus pour discuter que pour voir des films, des jeunes collègues plus que bagarreurs... et une boule de plutonium, on se demande où on est.
Des personnages troubles (le gourou et ses disciples ; certains de ces disciples meurent accidentellement semble-t-il ; d'autres réapparaissent, tout comme un film qu'il faut cacher ; une collégienne qui se prostitue ; des yakuzas), dans une ambiance de violence latente.
Je me suis demandé si le journal n'était pas un scénario que le personnage (il a fait des études de cinéma) écrivait... d'où le titre "Projection privée".
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Derrière cette couverture se cache un thriller psychologique déstabilisant et efficace.

Le scénario s'y déploie en mêlant le présent aux flashbacks de la vie du narrateur, et en gagnant en obscurité. le personnage principal y évolue autour des milieux sectaires et mafieux propres au Japon.

Le dénouement est saisissant et permet de donner toute sa profondeur à l'intrigue.

La galerie des personnages aurait peut être gagné à être plus succincte. Cette lecture a néanmoins été très agréable.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ce fut en tout cas vraiment une sale journée. Impossible de travailler dans ces conditions. Il ne me restait plus qu'à avoir recours à la codéine. Jusqu'à Kawai qui me dit : T'es bien pâlot, mon grand. Absolument insupportable. C'était absolument insupportable mais ce n'était pas de maugréer contre Mme Sakata qui allait m'avancer.
Kayama n'est pas venu. Il n'allait évidemment pas se manifester sur son lieu de travail après ce qu'il avait fait. Mais qui est-il donc ? La question n'a plus aucune importance. Il paraît que "mon grand" a toutes sortes de lubies, pourriez-vous nous indiquer à quoi il s'adonne en ce moment ? Ha ! Ha ! Au meurtre, figurez-vous. C'est épatant, n'est-ce pas ? Voilà le genre de scènes d'interview idiotes dont j'ai la tête remplie.
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