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EAN : 9782501182775
224 pages
Marabout (28/02/2024)
4.73/5   75 notes
Résumé :
À l’heure où les questions de genre et d’identité sont de plus en plus présentes dans l’espace public, voici un guide qui déconstruit tous les préjugés, les abus de langage, les non-sens liés aux transidentités, afin de mieux les comprendre et de donner les armes pour s’en émanciper. Car si être trans est une histoire de rapport de soi à soi, de prise de conscience individuelle, c’est aussi un rapport à des normes et constructions sociales, culturelles et historique... >Voir plus
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Un grand merci à Babelio pour cette opération Masse critique privilégiée ainsi qu'aux éditions Marabout pour l'envoi de ce livre-guide de Lexie. Je me sens un peu moins ignorante maintenant sur tous ces sujets de transidentités qui paraissent de plus en plus au grand jour.

Lexie est impliquée corps et âme dans le militantisme et a à coeur de nous informer avec le plus de sérieux et de conviction possible ; son ouvrage est non seulement très complet, mais aussi très touchant.
En premier lieu, elle nous informe sur les identités « trans », car loin des clichés, on découvre une communauté hétérogène où les groupes sont nombreux, preuve en est la dénomination elle-même : LGBTQIA+
Les histoires de genres sont à différencier des identités sexuelles, et lorsque l'on sait la difficulté de toutes ces personnes à s'accepter d'abord, se faire accepter ensuite, leur taux de suicide important devient compréhensible, mais absolument inadmissible. Comme dans toutes les minorités, la visibilité et l'information constituent la première voie à la tolérance. Les réseaux sociaux sont devenus un support de choix pour se faire entendre, mais aussi une ouverture supplémentaire à la transphobie, malheureusement.

L'auteure nous informe également de l'importance du vocabulaire, puis sur les coming outs et les transitions, puis analyse la transphobie. Enfin, elle aborde les transidentités dans le monde et à travers les siècles, et ce chapitre est passionnant, parfois horrifiant tant l'humain peut être intolérant ou injuste. J'ai ainsi découvert (page 228) que « Partout dans le monde, des personnes trans doivent encore être médicalement stérilisées comme étape à l'obtention de documents administratifs mentionnant leur genre. Idem, l'opération génitale est parfois aussi une condition sine qua non. le Japon a même mis en place cette obligation en janvier 2019 : une situation inédite. Ce n'est plus le cas en France depuis 2017(…) La question à poser est : pourquoi stériliser les personnes trans ? L'aspect pratique est très limité et que ce soit l'angle biologique ou symbolique, il ne s'agit que d'une forme d'eugénisme.)

Lexie a réalisé là, à 25 ans à peine, un travail admirable, extrêmement documenté, très bien rédigé et donnant de nombreuses clés à tout un chacun pour cheminer dans la compréhension de ces personnalités transidentitaires. Lutter contre les exclusions est un parcours long et difficile, mais l'intérêt de ce plaidoyer pour la tolérance réside aussi dans la multitude d'exemples et d'explications, y compris dans le vocabulaire parfois inconnu pour les « cisgenres » (mot entré dans le dictionnaire aux USA, pas encore en France, et désignant les « personnes non transgenres », le préfixe « cis- » signifiant « du même côté », antonyme de « trans- »).
Cet ouvrage a entraîné des discussions passionnantes au sein de mon entourage.

N.B. LGBTQIA+
L comme lesbienne, G comme gay, B comme bi, T comme trans, Q comme queer, I comme intersexe, A comme asexuel, + comme : et tous les autres.
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Comment vous résumer ce livre ? Très difficile, tout est important. Une seule solution : lisez-le !

Ce n'est pas un roman. Ce n'est pas une biographie. Cela ressemble à un essai… Non ! A un dictionnaire… Ou plutôt à une encyclopédie… Mais une encyclopédie avec un témoignage et beaucoup d'idées politiques pour que des changements s'opèrent dans la société. Un manifeste révolutionnaire, alors ? Peut-être bien…

Et de quoi l'auteure traite-t-elle ? le titre est clair : une histoire de genres. Remarquez le pluriel à « genres ». Lexie explique très bien qu'il y a pratiquement autant de « transidentités » que d'individus.
J'ai ainsi été très surpris de découvrir qu'il y a des personnes qui ne se considèrent pas comme genrées, pour qui le sexe en soi n'est vraiment pas une chose importante car, une fois pour toutes, être « trans » c'est se construire une identité qui n'a rien à voir avec le genre établi à la naissance, et donc pas forcément biologique, et donc pas obligatoirement quelque chose de sexuel.
.
Imaginez que vous naissiez avec un pénis. Cela arrive ! C'est même plus fréquent qu'on ne le croit puisque qu'il y a, en France, 105 naissances de « garçons » pour 100 naissances de « filles ». Vous voilà doté d'un zizi ! Magnifique, n'est-ce pas ? … Heu, pas forcément ! Imaginons que vous, là ! Oui, vous ! le petit qui baisse la tête et qui prend un air innocent ! Vous ! Vous n'avez jamais compris pourquoi vous aviez ce petit robinet ridicule et que l'on ne vous offrait ni les jouets ni les habits que vous auriez aimé que l'on vous offre ! Une tenue de cow-boy… Des pistolets ! Des ballons ! Des petites voitures… Pfff ! Vous auriez tellement aimé recevoir la robe que votre bête soeur a reçue avec toutes ces jolies couleurs pastel et ces fines dentelles… Vous en avez même profité pour les endosser un jour où, n'y résistant plus, profitant de son absence, vous êtes entré dans sa chambre et vous avez essayé ses plus jolies robes… Malheur ! Cette gourde est revenue à la maison plus tôt que prévu car elle voulait montrer à sa meilleure amie, chez qui elle aurait dû être, la tenue de cow-boy qu'elle vous a piqué, vu que vous ne la mettiez jamais et qu'elle, elle en rêvait ! Elle préfère les pantalons et les shorts et vos parents ne lui achètent pratiquement que des jupes et des robes ! Elle n'y tient pas à ces morceaux de tissu, mais vu que vous les portez, que vous vous êtes introduit dans sa chambre en son absence et avez farfouillé dans ses affaires (elle a déjà oublié qu'elle vous a piqué votre tenue de cow-boy) elle crie au scandale. Vos parents accourent. Ils sont at-ter-rés ! Leur fils habillé en fille ! Quelle horreur ! Pourvu que personne ne l'apprenne ! Hélas, la meilleure amie de votre soeur va se faire un plaisir de diffuser la nouvelle partout : famille, école, club sportif… Vous voilà catalogué : travelo, petit pédé, … (D'ailleurs, ça n'avait échappé à personne que vous étiez bizarre à ne jamais vouloir jouer avec les autres garçons.) Bref ! Une abomination que la religion souhaite voir brûler en… Enfer… Parce qu'en place publique avec la République c'est même plus permis ! Tsss ! Et il n'y a pas qu'elle qui ferait de vous un barbecue !
Vos parents culpabilisent à mort. Comment ont-ils pu rater votre éducation à ce point ? Comment ? Votre soeur a honte et si elle le pouvait, elle changerait de famille (mais en emportant la tenue de cow-boy et vos flingues). Papa et maman, pris dans le scandale (rappelez-vous : la meilleure amie de votre frangine s'est chargée de diffuser largement la nouvelle) vont faire leur possible pour vous guérir ! Psychologues, psychiatres, psymachinchoses, exorcistes (ils sont croyants) … Tout ! Ils ont tout essayé. Même les médicaments ! Mais vous, là ! Oui ! Vous ! Vous voulez leur mort ! Vous ne faites aucun effort ! Vous osez dire de votre petite voix : « Mais je suis une fille, moi ! »
- MAIS NON ! TU N'ES PAS UNE FILLE, FILS D'ABRUTI !
- Pourtant, papa, je te jure !
-TAIS-TOI OU JE T'EN COLLE UNE, FILS DE HYENE !
Vous aimeriez tant pouvoir dire à vos parents, que vous adorez, que vous n'avez jamais compris pourquoi la nature s'était à ce point trompée en vous glissant dans un costume en peau qui vous sied si mal, vous qui pensez comme une fille, vous qui aimez les dinettes, les petites fleurs dans les cheveux, le maquillage, … Vous aimeriez tant qu'ils comprennent que vous ne voulez rien faire de mal ! Juste vous glisser dans un corps qui corresponde à l'idée que les autres se font de ce qu'est une fille ! A la limite, même pas changer de corps. Votre corps actuel vous convient… Enfin… Presque… C'est le regard des autres qui disent que vous êtes un garçon qui vous dérange. Pourquoi la nature vous a-t-elle attribué un corps de ce qu'on appelle un garçon ? Hein ? Pourquoi ? Vous ne lui avez rien fait ! Elle est atroce, la nature ! Vos copains de classe se bagarrent, vous détestez ça ! Ils jouent au foot à la récré. Vous préférez discuter calmement de la nouvelle application sur smartphone qui permet de se voir avec toutes sortes d'habits (vous choisissez toujours ceux des filles, bien plus beaux, bien plus colorés, bien plus variés). Maintenant, tout le monde se moque de vous. Vos parents ont honte. Vos grands-parents font tout leur possible pour vous raisonner. Ils vous promettent des tas de récompenses si vous faites un effort… Alors, vous allez faire un effort ! Pas pour les récompenses, non ! Juste pour retrouver l'amour des personnes qui vous sont chères et que vous avez déçues, bien malgré vous. Vous allez vous inscrire au foot. (Pas facile ! Pour presque tout le monde, vous êtes le petit PD.) Vous allez leur faire plaisir en vous bagarrant. Vous voilà sur la voie de la guérison. Oui, mais… Au fond de vous, vous savez que vous êtes devenu un menteur, un hypocrite, un dissimulateur… Oui, vous mentez à tout le monde ! le foot, vous n'aimez pas ça. La bagarre ? Vous détestez ! Vous n'en pouvez plus de montrer aux yeux de tous ce que vous n'êtes pas du tout. Vous ne supportez plus de vous mentir à vous-même ! Votre vie vous dégoute ! Profondément ! Personne à qui dire la vérité sur vous, sur ce que vous aimez ! Vous avez appris que si vous deviez avaler une boîte entière de médicaments, comme les anti-anxiolytiques, vous alliez mourir, et vous vous dites que, tout compte fait, la mort vous paraît un moindre mal, plutôt que de continuer à vivre une existence qui n'est pas la vôtre. Une vie pleine de frustrations, de mépris de vous-même. Contrairement à d'autres, vous n'avez pas eu le courage d'entamer un combat pour faire comprendre que ce qui serait normal, ce serait qu'on vous fiche la paix ! Qu'on vous laisse vous habiller comme bon vous semble et que si vous avez envie de vous maquiller, cela ne fait de tort à personne ! Vous n'avez pas eu ce courage et votre lâcheté vient alourdir encore davantage l'image d'imposteur que vous avez de vous-même ! Vous n'avez pas oublié les paroles que votre père a prononcées un jour où il était particulièrement en colère : « Je préfèrerais que mon fils meure plutôt que de devenir une tantouze ! »

Alors, ne cherchez pas cette histoire dans le livre de Lexie ! Elle n'y figure pas. Mais, hélas, le nombre de suicides chez les personnes « trans » est tel que je n'ai eu aucune peine à l'imaginer à la lecture des informations fournies par l'auteure dans son ouvrage. Les chiffres qu'elle cite du nombre de personnes « trans » dans les pays où des enquêtes ont été menées démontrent que ces personnes sont bien plus nombreuses que nous ne pourrions l'imaginer. Mais alors, où sont-elles ? Sans doute beaucoup dissimulent leur véritable identité pour ne pas être inquiétées : perdre le boulot, subir des moqueries à répétition, se voir refuser un logement… Ou des soins !

Vous n'êtes pas « trans » ? Moi, non plus ! Est-ce une raison pour ignorer les souffrances de personnes qui ne demandent qu'à ce qu'on les laisse vivre leur existence ? En quoi, le fait que votre voisin mette des jupes gâche-t-il votre journée ou vous empêche-t-il de le saluer et de prendre de ses nouvelles ? Comment ? Il a des enfants ? Là, ça, ça devrait être interdit, non ? Ah ? Et pourquoi ? Ce n'est pas un vrai père ? Et c'est quoi un « vrai » père ? Je connais des enfants qui sont élevés par deux « pères » et d'autres par deux « mères » et qui ne sont pas malheureux pour autant… Ah, si ! ils souffrent parfois… Quand ils entendent nos commentaires désobligeants sur leurs parents !

Serait-ce tellement difficile d'accrocher nos préjugés dans une vieille armoire normande bien solide, d'en refermer la porte avec la grosse clé et puis de jeter celle-ci au fond d'un lac ou d'une mer ?
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Le sous-titre est éclairant : Guide pour comprendre et défendre les transidentités.
L'autrice est militante, elle se bat pour obtenir qu'on écoute, qu'on entende les personnes transgenres et qu'on leur demande leur avis pour ce qui les concerne. Elle est pédagogue, ne laisse aucun sujet de côté. Elle s'adresse aussi bien aux personnes transgenres qu'aux personnes cisgenres.
Bien sûr, Lexie parle de la transphobie montrant également comment on peut blesser une personne sans le vouloir, par manque de connaissances. Elle évoque les obstacles qu'ils·elles·x doivent franchir, informe des ressources possibles. Mais il y a tellement plus à apprendre de cette lecture, la dysphorie de genre, la grille de lecture actuelle contrôlée par la médecine… Et à quoi servent exactement les mentions du sexe qui figurent sur notre état civil ?
L'autrice écrit en écriture inclusive et pour ma première expérience d'une telle lecture, c'est un succès. le livre de Lexie se lit sans difficulté, le style est fluide parce que l'utilisation en est pertinente, l'écriture inclusive étant toujours employée à bon escient.
Le livre est exhaustif, intelligent et l'autrice est bienveillante. Mieux comprendre pour mieux inclure. Un ouvrage que je recommande vivement.

Lien : https://dequoilire.com/une-h..
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Tout d'abord, je dois souligner la très grande justesse du titre qui résume à merveille à ce que vous retrouverez dans cet ouvrage : un guide pour comprendre et défendre les transidentités. Deux points fondamentaux pour permettre à la communauté trans d'être visible dans l'espace public, politique et social, et pour permettre à toutes les personnes trans de vivre en toute sécurité sans devoir craindre la stigmatisation, les menaces, les violences physiques et morales… Et à la lecture de cet ouvrage, on ne peut qu'en déduire que le chemin est encore long pour en arriver là. Car en plus de souffrir d'un cruel manque de représentation, les personnes trans doivent faire face à des situations intolérables que ce soit dans la sphère publique, privée ou familiale. À cet égard, la partie concernant les exemples de violences sociétales, médicales et administratives subies par des personnes trans est édifiante et certains propos, notamment de parents vis-à-vis de leur propre enfant, d'une violence inouïe.

Et pourtant, si l'autrice pose clairement un cadre qui a de quoi faire frémir, le ton n'est jamais alarmiste : elle dénonce des faits difficiles, tout en rappelant que cette violence directe ou indirecte n'est pas la réalité de toutes les personnes trans. Les situations sont diverses, chacun.e ayant sa propre expérience de vie, d'autant que la communauté trans est plurielle et bien plus variée que l'on aurait tendance à le croire quand on est peu informé. On découvre également dans cet ouvrage l'importance du tissu associatif et communautaire. Et si en France, il y a une réelle peur du communautarisme, on se rend compte ici que plus qu'une source de dissension, c'est un espace de libre écoute et d'échange important et nécessaire pour des personnes dont la parole est bien souvent remise en question, et qui souffrent d'un manque évident de représentation.

J'avais un peu peur de ne pas arriver à tout suivre et d'être noyée sous un jargon académique quelque peu abscons. J'ai donc été très agréablement surprise de la manière dont Lexie a réussi à rendre son livre instructif, mais également très accessible, que ce soit grâce à une restitution claire et personnelle de son travail de recherche ou une plume aussi fluide que plaisante. le travail éditorial réalisé rend également la lecture très agréable : sommaire détaillé permettant de guider la lecture, découpage en différentes parties, encarts pour attirer l'attention des lecteurs sur certains points, lexique présent en fin d'ouvrage…

Si le style de Lexie est très accessible et clair, j'avoue que certains termes et concepts vont me demander un peu de temps pour les retenir et, je l'espère, les utiliser correctement. Ceci est d'autant plus important que l'autrice rappelle à quel point « entendre au quotidien un vocabulaire mal employé, volontairement ou non, est une source de détresse et de malheur profond ». L'inclusion repose donc aussi sur une utilisation éclairée des mots ! Mais là où l'autrice aurait pu faire preuve d'une certaine impatience et véhémence sur la manière dont on peut parfois se montrer blessant sans s'en rendre compte, je l'ai trouvée extrêmement bienveillante. Au lieu de se focaliser sur les erreurs, elle offre un véritable travail d'information, de sensibilisation et d'accompagnement qui ne peut qu'éveiller les consciences.

Elle propose également des pistes concrètes pour s'adresser aux personnes trans et veiller à leur inclusion : les mots à éviter, la question des nouveaux pronoms qui offrent une inclusivité que la langue française genrée et binaire ne permet guère, les sujets à ne pas évoquer (du moins sans y avoir été invité.e), l'importance de s'informer par soi-même afin d'éviter de faire peser le poids de l'éducation sur les épaules des personnes trans qui n'ont pas à vocation à instruire les autres, la nécessité d'écouter les expériences des personnes trans sans jamais remettre en cause leurs propos…

Avant de tomber sur des posts engagés notamment de la part d'auteur.e.x trans, je ne m'étais guère interrogée sur la notion de genre, si ce n'est que les stéréotypes qui lui sont associés m'ont toujours fortement agacée. J'ai donc apprécié que Lexie fasse le point sur cette question nous permettant de saisir que loin d'être une donnée biologique et binaire, c'est avant tout une construction culturelle et sociale. À cet égard, la partie consacrée à la transidentité à travers le monde, et surtout les siècles, est passionnante ! Avec des exemples à l'appui et un vrai travail de fond, elle déconstruit ces stéréotypes et fausses vérités sur lesquels sont bâtis nos sociétés occidentales et qui servent de terreau, ou du moins d'excuse, à la haine et à la violence. Cette démarche de déconstruction peut-être déstabilisante pour certains, car il n'est jamais facile de remettre en question ce que l'on a appris, mais elle me semble indispensable pour faire évoluer nos sociétés vers plus de tolérance et d'inclusivité.

Il est à noter que l'autrice étant directement concernée par le sujet, ses propos n'en sont que plus forts. Ils seront également peut-être une source de reconnaissance pour les personnes trans auxquelles on n'accorde que peu la parole alors qu'elles sont pourtant les premières et seules aptes à vraiment s'exprimer sur la thématique des transidentités. Un point que les pouvoirs politiques et, dans une certaine mesure, les instances médicales semblent prendre soin de ne pas reconnaître, ajoutant une violence supplémentaire à une liste déjà bien trop longue. Cet ouvrage regroupe, en outre, un certain nombre d'informations pratiques qui me semblent intéressantes pour les personnes trans.

Ma chronique n'a pas vocation à restituer toute la richesse de ce livre, mais je tenais à souligner le magnifique travail de recherche réalisé par l'autrice qui aborde autant les aspects sociétaux, sociologiques, administratifs médicaux, que culturels et historiques, entourant la question du genre et des transidentités. J'ai, pour ma part, appris beaucoup de choses et si certaines sont d'ores et déjà fixées dans mon esprit, il y a en encore beaucoup d'autres sur lesquelles je compte revenir.

En conclusion, en plus d'être un d'un guide pour les personnes trans, cet ouvrage est également un bel outil pédagogique pour les lecteur.e.x qui souhaiteraient sortir des stéréotypes et idées préconçues autour de la question des genres, de manière à la considérer dans sa pluralité. Proche de l'essai dans le travail rigoureux de recherche réalisé par l'autrice, sans posséder la rigidité et la complexité que l'on peut associer à ce type d'écrit, voici un ouvrage que je ne peux que vous recommander afin de comprendre les transidentités, et la nécessite de faire de l'inclusion des trans, et des minorités en général, un objectif sociétal fort.
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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Voila encore un ouvrage "essentiel" pour faire évoluer les mentalités et la prise de conscience nécessaire sur la question de la transidentité.
L'approche de cette question est extrêmement bien étayée et répond, à mon sens, très bien à cette volonté de rendre visible les personnes transgenres par l' autrice Lexie, reconnue et à la pointe du "combat" sur les réseaux sociaux, pour cette communauté diverse et variée.
Le discours est déculpabilisant, pour les personnes cisgenres dont je fais partie et emprunt d'une pédagogie rendant la construction du propos complet et extrêmement riche.
Comprendre le genre comme une donnée culturelle et sociétale et non biologique.
Apprendre à parler à une personne transgenre, connaitre le vocabulaire ayant attrait à cette construction identitaire pour permettre d'être vigilant aux dynamiques souvent inconscientes de la "norme" à la minorité.
Avec comme volonté de limiter une hiérarchisation de ces identités singulières et absolument pas identiques dans leurs diversités., curiosité du corps, sexualité, rapport familiaux, coming-out ou non... afin de limiter l'impact traumatique des a priori pouvant mener les personnes transgenres, plus que les autres à des souffrances psychiques et à un risque de suicide malheureux.
Je ne détaillerais pas tout le contenu de cet essai , mais Lexie y précise entre autres, la questions de la transition, ensemble d'étapes intimes, physiques, administratives, mentales..., là encore comme un procès individuel, que ce soit une transition sociale ou médicale.
Elle met en avant l'histoire des transidentités, très anciennes et ancrées dans des approches culturelles suivant les coins du mondes et civilisations dans lesquelles les personnes transgenres évoluent, dont cette vision binaire du genre: Masculin ou féminin qui serait temps de déconstruire pour tendre à plus de tolérance dans nos sociétés.
Lexie ponctue ses chapitre en mettant en avant des personnes transgenres reconnues et "porte drapeau" de cette ouverture nécessaire de nos sociétés à cette discrimination encore si présente.
Il est des combats primordiaux et celui-ci en est un dont je remercie l'autrice de m'avoir permis de ne serait-ce qu'effleurer les enjeux.
J'y ai aperçu, un recoupement avec un ouvrage de Tania de Montaigne, lu il y a pas très longtemps, "L'assignation, les noirs n'existent pas" , idée que Lexie souhaiterait, dans l'absolue: que l'on ne se pose même plus cette question de genre.. mais on en est pas là...
Cet ouvrage devrait permettre de redonner une place légitime aux personnes transgenres et le sentiment qu'elles ne sont pas seules et isolées dans leur perceptions de qui elles sont vraiment.
Merci à Babelio et les éditions marabout pour cette masse critique très enrichissante personnellement et pleine d'espoir dans un contexte ou la tolérance et le vivre ensemble ne résonnent pas d'une humanité éclatante en ce moment...
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
PERSONNE TRANSGENRE
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Une personne est transgenre quand le genre qui lui a été attribué à la naissance d'après ses organes génitaux n'est pas celui qui est pleinement le sien et dont elle prend conscience à un moment donné et variable selon les individus. On parle de transidentité ; il s'agit simplement d'une façon de vivre par rapport à son genre. Le terme transgenre regroupe des identités de genre différentes. Les personnes transgenres vivent en commun des moments de vie : prise de conscience, coming out, transitions, et des discriminations du fait de leur identité de genre.

PERSONNE CISGENRE
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Une personne est cisgenre quand le genre qui lui a été attribué à la naissance d'après ses organes génitaux est pleinement le sien. On parle de cisidentité. La cisidentité est simplement une façon de vivre son genre ; elle est très largement majoritaire dans notre société et, du fait de cette domination numérique, notre société est faite pour des personnes cisgenres. Les personnes cisgenres ont des privilèges et ne subissent pas de discrimination à cause de leur identité de genre.
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Transexuel-le
Ce terme, pourtant relativement familier, est à prohiber, pour plusieurs raisons. Ses usages les plus anciens sont liés aux premières théorisations des transidentités ainsi qu'aux premières recherches en Europe, sur les chirurgies dans le cadre de transitions. C'est dans les travaux du sexologue et chirurgien Magnus Hirschfeld que le terme est mis à l'écrit en allemand, en 1923.

Hirschfeld est célébré pour avoir été le premier à mener des vaginoplasties réussies en Europe, notamment sur Lili Elbe, représentée au cinéma dans le film Danish girl.

Dans les années 1950 et 1960, c'est aussi ce terme qui est employé dans la médecine et dans les théorisations pathologisantes des identités transgenres. En raison de l'association du terme à une maladie mentale, la communauté trans en France rejette aujourd'hui très largement ce sens.
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...Si ne pas savoir n'est jamais une honte, cela implique nécessairement une non-légitimité à s'exprimer. Il n'y a rien de méprisant dans cette affirmation : une personne qui ne connaît rien en mécanique ne peut simplement pas réparer une voiture ; une personne qui ne parle pas le coréen ne peut pas émettre de jugements ou d'analyses pertinentes quant à la grammaire ou la stylistique d'un texte en coréen. Il en va de mêmes avec des sujets sociologiques comme les transidentités.
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On ne le répètera jamais assez : être trans est un rapport spécifique au genre, pas au sexe ; les organes génitaux ne déterminent pas le genre, des millions de personnes trans ont un rapport totalement apaisé à ces derniers et affranchi de tout filtre genre.
Les contraintes sont de toute façon nombreuses autour des chirurgies sexuelles et en font relativiser l'accès.
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Le français n'intègre pas de forme grammaticale neutre ; tout est genré en français, tout est "un" ou "une". De fait, notre système linguistique n'offre aucun outil aux personnes transgenres qui sortiraient de cette construction binaire.
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