AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Henri-l-oiseleur


On peut vouloir lire ce livre pour deux raisons : la première, c'est qu'il raconte l'expérience d'un écrivain qui a changé de langue, processus difficile et intéressant ; la seconde, c'est la présence de la dépression, sujet de quelques beaux textes, de Clément Rosset à William Styron. On sera déçu dans ses attentes : la dépression n'est jamais réellement décrite, mais fait partie du paysage intérieur de la romancière, elle est un donné immuable qui n'appelle pas de commentaire, parfois seulement des fragments de récits. Quant au changement de langue, il est ramené aux problèmes personnels de l'auteur avec sa mère, son pays natal, sa langue maternelle. Cet aplatissement l'empêche de faire voir comment, en changeant de langue, on change de représentation des choses et du monde. Yiyun Li avoue elle-même n'être pas douée pour voir le monde (l'art de voir, p. 183). Cela condamne sa prose à une abstraction grisâtre, aux propos généraux qui ne s'éloignent jamais beaucoup de la banalité, à la platitude : le monde n'existe qu'à peine dans ce livre. Enfin, si la romancière a lu attentivement, passionnément, les auteurs anglo-saxons, son intimité avec eux risque d'échapper au lecteur français. Katherine Mansfield (qui inspire le titre) lui dira bien quelque chose, mais d'autres noms lui seront inconnus s'il n'est pas familier du paysage littéraire anglo-saxon. C'est donc un livre plutôt oiseux, qu'il faudrait aborder sans les préjugés, hors de l'horizon d'attente de la presse littéraire, afin de pouvoir le lire sans attente ni désir d'aucune sorte.
Commenter  J’apprécie          150



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}