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Critique de le_Bison


Dans la rue du Bon-Augure, sous la lune bleue et le bleu étoilé des cieux, il est de bon augure d'aller déguster les cous de canard de la célèbre Célébrité, la grande spécialité de Wuhan dans ce marché nocturne et bouillonnant d'un peuple ivre et bruyant qui vagabonde entre les étals et les marmites de pangolins bouillis. Célébrité dort le jour, travaille la nuit, ne va pas la réveiller avant 15 heures, sinon, de mauvais poils, elle te rabrouera vers ta charrette. C'est pourtant ce que fit son grand frère, venu profiter de la bienveillance de sa soeur, le sourire de son neveu devant la porte. C'est que si les hommes apparaissent souvent comme des piliers de comptoir, Célébrité est le pilier de cette famille. Elle a le caractère fort mais ne peut rien refuser à son neveu, comme s'il était devenu son propre fils… Après tout, c'est elle qui lui a donné le sein, et le sein dans la pensée chinoise est culturel. Ainsi autour de Célébrité, gravitent les membres de la paresse, de l'avidité ou de la luxure, ses frères et soeurs et belles-soeurs, chacun ayant à ses yeux ses propres tares…

Le show de la vie, c'est avant tout une histoire de vies et de la vie d'une femme. Une femme qui consacre sa vie à son petit étal alléchant, devenu institution dans la région. Les gens viennent la voir, pour sa cuisine, pour boire un verre en solitaire, pour lui abreuver de leurs petits tracas du quotidien, se faisant par moment de la soirée discrète confidente. Célébrité, une femme forte qui, à force de caractère, en impose dans cette Chine ouvrière. C'est le show de la nuit, chaude et humide, où les vapeurs d'alcool et de bouillons enivrent les passants à la recherche de réconfort et de vie.

Dans la rue du Bon-Augure, je sens ces parfums nocturnes, des grillades dans des bouis-bouis, odeur de charbon, d'essence et de viandes grillées, je déguste des bols de riz, de nouilles ou de tofu brûlants. le calme a perdu toute sa raison, et c'est dans un vacarme quotidien jusqu'aux premières lueurs du soleil que j'erre l'esprit affamé dans cette gouaille populaire. A Wuhan, il y a de la vie, des cris, des rires et des pleurs, des cous de femmes et des cous de canard ; c'était avant le confinement.
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