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Hua-Fang Vizcarra (Traducteur)Alain Peyraube (Traducteur)
EAN : 9782207255889
208 pages
Denoël (04/03/2004)
3.64/5   11 notes
Résumé :
Au lendemain de la guerre, la famine sévit à Taïwan. En échange de quelques livres de viande, la famille Lin unit Lin Shi au lubrique boucHer de Chencuo. Les voisins ironisent : c'est fort d'être parvenu à troquer le maigre corps de la jeune fille contre des kilos et des kilos de viande.
Jalousée pour les avantages alimentaires qu'est censée lui procurer sa situation, Lin Shi supporte stoïque les tortures que lui inflige son époux, Chen-le-tueur-de-porcs. Mai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Lin Shi est encore une jeune fille quand son oncle la donne en mariage à Chen Jiangshui. Ce dernier est boucher et un expert dans l'art de tuer les porcs. Chen se révèle un homme violent qui n'hésite pas à violenter sa femme et à la prendre sexuellement de force au point de la faire hurler de douleur. Alors que le voisinage fait semblant de ne rien voir et entendre, Lin Shi tente de s'accommoder de cet homme qui a moins le mérite de la nourrir. Mais jusqu'à quand ?

Li Ang est une auteur taiwanaise qui écrit en langue chinoise. Écrivain controversé, elle n'hésite pas à aborder des sujets tabous et à militer pour l'indépendance de Taïwan et pour la libération sexuelle. Son roman Tuer son mari, paru une première fois sous le titre La femme du boucher, ne fait pas exception. Comme le titre, le prologue et les premières pages du texte l'indiquent, il sera question d'un meurtre, celui d'une femme envers son mari. Cette histoire qui va vous être racontée s'appuie d'ailleurs sur un fait réel et n'en est que plus choquante.

On suit donc le destin de Lin Shin, mariée à un homme qu'elle ne connaît pas en échange de quelques kilos de viande. C'est que Taïwan se relève tout doucement de la guerre et que la population crie famine. Son mariage avec un boucher est censé être une chance pour cette jeune fille qui connaît depuis sa naissance les affres de la faim. Pourtant, on découvre peu à peu qu'être une femme dans une société conservatrice laisse peu de place au bonheur et à la liberté. La mère de Lin Shin est une veuve qui a été violée par un militaire. Les circonstances du drame sont telles que cette femme, désormais vue comme une fille facile, a été mise au ban de la famille. On fit disparaître la coupable (tuée ?) et un oncle prit en charge bon gré, mal gré, Lin Shin alors âgée de 13 ans. Dès que Lin SHin fut réglée, il finit par s'en débarrasser de manière très avantageuse en la mariant contre plusieurs kilos de viande de porc. Lin Shin découvre alors sa nouvelle vie conjugale dans un petit village de campagne. Si elle peut désormais manger à sa faim, elle doit encaisser les assauts de son mari, un être grossier, qui la prend avec sauvagerie et attend qu'elle se conduise comme une bonne épouse dévouée : lui offrir son corps, préparer les repas et garder une attitude soumise, même lorsqu'il l'affame sciemment avec une cruauté notable. Ses cris ne font qu'exciter le boucher et provoquer les ragots dans le voisinage qui derrière une compassion de façade, critique cette femme qui hurle sa jouissance (!) et refuse de voir les avantages de sa position.

Vous l'aurez compris, Li Ang ne fait pas dans la dentelle. L'auteur décrit le drame de cette jeune femme avec une précision crue et sans fioritures. Elle décrit les sévices, les injures quotidiennes subies par Lin Shin qu'on accompagne jour après jour. Épouse désoeuvrée qui ne travaille pas, elle intègre peu à peu le groupe des femmes du village et découvre les conversations et ragots qui vont bon train. Derrière une apparence solidaire, les femmes ne se font pourtant pas de cadeau et n'hésitent pas à critiquer leur voisine dès qu'elle a le dos tourné. C'est d'ailleurs en surprenant une conversation dont elle est le sujet que son esprit va basculer.
La descente aux enfers décrite par l'auteur est effrayante de réalisme.On ne peut que ressentir de la compassion pour ce personnage de femme bafouée et désavouée par ses proches, et presque excuser son geste criminel. Car plus que la violence franche de son mari, c'est celle plus sournoise des autres femmes de la communauté qui sera le déclencheur. Lin Shin tombe peu à peu dans une folie progressive qui l'enferme dans un monde plus ou moins protecteur mais néanmoins fictif.

Mais à travers le destin de cette femme, c'est toute la société taïwanaise qui est montrée du doigt. Li ang dresse l'image d'une société extrêmement traditionaliste qui s'appuie sur des conventions sociales arriérées et liberticides. Violence physique, violence morale et psychologique, superstitions désuètes, bêtise et inculture, machisme masculin et soumission féminine elle-même transmise par les femmes. le portrait qui est fait de la société taïwanaise est loin d'être reluisant et on ne s'étonne pas des remous qu'a dû provoquer l'auteur avec ce récit publié en 1983. Plus que le style, somme toute peu marquant, c'est le réalisme et la simplicité de cette histoire qui est à retenir.
A travers une galerie de personnages marquants et stéréotypés et l'histoire d'un drame conjugal somme toute banal, l'auteur réussit à rendre avec beaucoup de force les circonstances, les mécanismes du crime tout en disculpant la coupable. Li Ang nous offre un roman plus que marquant sur Taïwan et la condition féminine de son pays.
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Foudroyant. Fulgurant. Incroyablement percutant. Cinglant. Une lucidité terrible émane de ce roman qui montre comment la culture se transforme en abominations sociales permettant la cruauté sur les plus faibles. Cette histoire assez courte se présente comme un obus, simple et lisse de forme enrobant une mécanique complexe, explosif à l'intérieur. Ce n'est qu'au troisième tiers du livre que j'ai commencé à saisir l'énormité de la critique contre la civilisation chinoise qu'on a vraiment envie de détester après ça. Avant, les souffrances, la maltraitance subies par cette jeune fille vulnérable étaient pénibles à avaler. J'ai du marquer une pause. N'était-ce que du sensationnel, du racolage ? Tout est d'une violence délirante qui semble d'abord totalement gratuite. Une jeune fille martyrisée gravement et quotidiennement par son mari boucher finit par perdre la raison et le tuer. Une descente aux enfers. Mais le pire, c'est l'entourage : personne pour l'aider, au contraire, toutes les femmes s'avèrent complices de ce patriarcat démoniaque, et non contentes de s'aveugler, font cause commune avec le bourreau. En fermant le livre, j'étais choquée comme si je venais de recevoir une énorme claque. Groggy, mais ravie, car je savais que je venais de tenir un joyau entre mes mains, la quintessence de ce qu'on peut faire de mieux en littérature. Un style limpide comme un bel arc qui se tend au maximum pour décocher sa flèche. Et j'ai compris d'un coup l'ampleur politique inouïe de ce roman. Là ou d'autres auraient expliqué, chiffres à l'appui, statistiques, exemples choisis, en quoi consiste la domination masculine en Chine, Li Ang écrase toute science, toute analyse aux pieds et fabrique sa propre bombe qu'elle lance exactement au bon endroit. Droit au but. Magistral. On comprend que ça a été mal reçu en Chine, mais pas à Taiwan ni à l'étranger où ce talent incisif est reconnu à sa juste valeur.
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Un livre édifiant sur la condition désastreuse des femmes dans la société taiwanaise. Un livre qui hurle les violences physiques et morales faites aux femmes dans l'indifference totale. A travers ce fait divers, on decouvre l'heroine qui bascule dans la folie à cause des sévices qu'elle a subies.
Ce livre a mis mal à l'aise le pays et je suis ravie que l'autrice a eu le cran de dénoncer toutes ces maltraitances.
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La jeune romancière s'est inspirée d'un fait divers qu'elle reprend en début du récit. Dans une province rurale de Chine, Lin Shi, une jeune femme simple, a tué et dépecé son mari, un abatteur de porcs. Li Ang a tiré de ce drame un roman réaliste, habité de figures de style (l'évolution des bambous au fil des saisons) et de croyances populaires populaires. Ne seraient les ampoules 5 watts qui éclairent les maisons, l'histoire pourrait se dérouler il y a plusieurs siècles. La misère est aggravée par les traditions, défavorables aux femmes. La mère de Lin Shi, veuve et laissée sans ressources par la famille de son mari, est accusée d'adultère quand la faim la pousse à certaines extrémités. Lin Shi, recueillie de mauvais gré par un oncle, est mariée dès que possible à un parti à qui personne d'autre n'aurait confié sa fille. En effet, on considère dans ce milieu que celui qui tue les porcs devra le payer en enfer. Il est condamné par avance, et sa femme avec lui.
Ignorante de tout, Lin Shi est ballottée d'une situation à une autre, sans voie de secours. La violence rustaude de son mari n'arrange rien. Et ce qui devait arriver arriva.
Lien : https://fjva.wordpress.com/2..
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livre super cool, je pense faire pareil que dans le livre hahahahahahah imagine c'est pas une blague hahahahaaaaaaaaaaaaaaahahhahahahahahahahahahhahahahahaahahahahahahaahahahahahahahahaha super chiant hahahahahahahahahahahahahhahahaha allala je vais vraiment le faire si ca fait pas 250 caracteres hahahahahhahaha
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Li Ang : Tuer son mari
Toujours en Chine, dans la ville de Tongli, Province de Jlangsu , Olivier BARROT nous présente le livre de Li ANG , romancière de Taïwan , "Tuer son mari" . Il nous en raconte l'histoire et nous lit quelques lignes de ce roman .
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