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Critique de berni_29


C'est un petit texte d'une taille de guêpe. Une nouvelle de trois pages écrite en 1986 par la romancière chinoise Chi Li, un récit d'une apparente concision, dont la teneur sibylline se révèle dans ce qui n'est pas dit et dans la manière dont sa petite voix intérieure se prolonge en nous longtemps après...
C'est un portrait en demi-teinte de deux personnages dont on ne comprend que vaguement ce qui a pu leur arriver et dont on devine entre les lignes la relation qui les lie.
Écartant le rideau de nuit, soulevant un voile d'une pluie légère de printemps, celle qu'on nomme poétiquement la pluie des prunes, nous devinons l'approche d'un taxi au fond d'une ruelle froide, à l'écart des bruits de la ville.
On pourrait y voir un tableau, l'esquisse d'un décor noyé de pluie où un paysage étrange apparaît dans les contours sombres d'une ville.
Le taxi dépose le vieil homme devant une vieille bâtisse, un temple bouddhiste. Ses pas sont comme des phalènes dans le faisceau des phares de la voiture qui s'en va...
C'est un rendez-vous, une rencontre entre un vieux Monsieur, le vieux Guo, et une femme également âgée. Il entre dans le vieux temple qui fait face à ce décor onirique.
Il rejoint la femme à l'étage.
S'ensuit entre eux une longue cérémonie du thé... On pourrait presque sentir l'arôme flotter entre les pages.
Écartant le rideau de la nuit et sa pluie sans discontinuer, j'ai traversé ce chagrin presque intemporel. Les rides laissent-elles les larmes glisser moins vite sur un visage épris d'amour dans la solitude du soir ? En font peut-être d'autres chemins ?
Ici les mots se taisent, il n'est pas besoin de les dire, de les entendre, nous les devinons, ils se cachent dans les gestes rituels de cette cérémonie du thé. Les gestes de ce rituel jettent entre eux des ponts presque impossibles.
Une taille de guêpe, c'est peut-être la silhouette d'une femme qu'un homme a étreint il y a très longtemps de ses mains fragiles et amoureuses.
Ce texte nous abandonne à nos interrogations, ces deux êtres sont là dans l'intimité de leurs gestes, comme protégés dans cet instant en suspens, oublié du temps qui passe.
Refermant le rideau de la nuit, je reviens sur mes pas sans faire de bruit, un taxi s'éloigne laissant quelques rides au bord de la pluie des prunes.
Ce texte et sa traduction en font un délicat joyau d'une beauté et d'une tristesse indicible.
Merci à toutes celles et ceux qui m'ont donné envie de traversé les pages de cette pluie de prunes...
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