AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4

sur 106 notes
5
16 avis
4
15 avis
3
6 avis
2
0 avis
1
1 avis
Yan Lianke a écrit une postface dont je cite ci-après les dernières phrases :
Je ne sais pas si j'ai écrit un bon ou un mauvais roman, mais je peux en toute sincérité affirmer que ce n'est pas ma force physique que l'écriture de ces quelque deux cent mille caractères a usée : elle a usé ma vie, elle a diminué mon espérance de vie. Dans ces deux mille caractères, j'ai exprimé tout mon amour de la vie et mon amour irraisonné de l'art du roman tel que je le conçois.
Pékin, le 23 novembre 2005.

À ses propos je n'ai qu'un mot à dire, Merci Monsieur Yan Lianke pour cette magnifique lecture.

C'est avec la voix d'un petit garçon de douze ans mort pour avoir mangé une tomate empoisonnée déposée sur une pierre au bord du chemin qu'il empruntait pour rentrer de l'école que Yan Lianke raconte la vie des habitants du village des Ding. Un empoisonnement bien ciblé, son père s'est enrichi, d'abord en collectant et vendant le sang des villageois, ensuite en vendant les cercueils aux nombreux morts du sida contracté en vendant leur sang. le personnage principal est le grand-père, gardien de l'école du village, l'aïeul à qui l'on faisait confiance, celui qui a encouragé les collectes de sang ...
Ce livre est interdit en Chine et l'auteur privé de parole. À lire !
Commenter  J’apprécie          586
"Dans ces deux cent mille caractères, j'ai exprimé tout mon amour de la vie et mon amour irraisonné de l'art du roman tel que je le conçois." C'est par ces mots simples et sincères que Yan Lianke achève la postface de son roman "Le rêve du village des Ding". Bien que "cauchemar" soit un terme plus adapté en l'occurrence, le titre renvoie aux rêves qui hantent les songes de Ding Shuiyang, le personnage principal, le grand-père de Ding Qiang, le jeune narrateur, mort à douze ans sans doute empoisonné par un voisin et sans doute par vengeance.

Dans la province du Henan, tout est rouge et décrit comme tel par l'auteur : la plaine aride, les levers et couchers de soleil qui se succèdent, les pommettes enfiévrées des habitants du village des Ding, la plupart atteints du virus du sida après avoir abondamment vendu leur sang lors d'une grande campagne de collecte qui, vous vous en doutez, s'est déroulée dans des conditions sanitaires plus que douteuses. Dans le récit, les paysans sont décimés par le virus et comme tout malheur fait le bonheur de quelques profiteurs, Ding Hui, le fils de Shuiyang et le père de Qiang, ne perd pas un miette de profit dans cette situation dramatique : collecte de sang effectuée en dehors de toute règle de sécurité médicale, vente sur le marché noir des cercueils fournis par le gouvernement, organisation de mariages dans l'au-delà, vente de concessions de cimetière... rien ne semble devoir l'arrêter et empêcher que la honte retombe sur toute la famille Ding.

Roman très sombre et à la fois très lumineux, "Le rêve du village des Ding" est une météorite qui a traversé mon ciel littéraire grâce à Foxfire que je remercie de la découverte. Je citerai quelques mots de la charmante lettre manuscrite qui accompagnait son colis : "Tout Yan Lianke est dedans : un sujet dur traité avec beaucoup d'humanité et sans misérabilisme, une plume en colère mais pleine de poésie".

La belle dimension tragique du roman poigne d'autant plus le lecteur que le sujet délicat de la contamination des populations sous couvert des autorités est le triste reflet d'une réalité dissimulée sous le tapis. Est-il besoin de préciser que ce livre est interdit en Chine et que son auteur est privé de parole ?


Challenge ABC 2016 - 2017
Challenge Petit Bac 2016 - 2017
Commenter  J’apprécie          423
Cet ouvrage bouleversant, accablant de réalisme est un torrent qui nous emporte et ne
nous laisse pas indifférent .
Il traite habilement du scandale du sang contaminé en Chine.
Le narrateur, un jeune garçon, Qyang, décédé à l'âge de douze ans nous conte l'histoire de son village...celui des Ding du fond de son tombeau, dans la province du Henan, rouge, rouge comme le sang!
Ce sang que vendaient les habitants du village de Ding qui ont cru aux promesses d'enrichissement de leurs dirigeants afin de connaître une vie meilleure.
Ils ont vendu leur seule richesse : leur sang!
Hélas! Quelques années plus tard, les villageois souffrent de la "fièvre ", ils se flétrissent et meurent les uns après les autres.
C'est le Pére de Qyang, Ding Hui qui avait pris la désastreuse initiative de cette collecte de sang à l'instar de ce qui pratiquait dans bien d'autres villages.
Il s'est enrichi tandis que le sida entraînait de grandes souffrances puis la mort !
Ding, le grand- père de Qyang , un professeur cultivé , droit et honnête, tentait , lui, d'aider les malades en les logeant à l"école qui ne fonctionnait plus.
Puis Ding Hui continua à s'enrichir de façon honteuse en organisant la vente de cercueils et en arrangeant dans " l'au delà " des mariages pour ceux que la mort avait séparés .....
Yan Lianke nous dresse un tableau terrible, poignant et émouvant traversé de rêves et de prémonitions sur la dualité d'un pays tout à fait déchiré entre le poids de traditions ancestrales et l'aspiration matérialiste......
On oscille entre désespoir , dérision, fascination, stupéfaction, douleur à la lecture de ce livre dont la très belle écriture atténue un peu la noirceur !
Ce bel ouvrage magnifiquement écrit n'incite guère à l'optimisme !
L'auteur," engagé" , est privé de parole et son récit est interdit en Chine !
Commenter  J’apprécie          420
Cela faisait bien longtemps qu'un livre ne m'avait pas autant bouleversée.
Déjà le thème du roman n'est pas des plus gais : la contamination des habitants d'un village par le virus du sida suite à la vente de leur sang et leur quotidien dont l'issue ne fait aucun doute. Ceux-ci plaçaient tellement d'espoir dans cette vente pour sortir de leur misère et ils n'ont trouvé que la mort au bout du chemin.
J'ai trouvé que le choix du narrateur était pertinent car il raconte avec justesse et il est plein de tendresse envers les différents protagonistes qui sont sa propre famille, les Ding.
Il se dégage du personnage du grand père, Le Professeur, une sensibilité qui vous touche droit au coeur. Il essaie du mieux qu'il peut de racheter les fautes de sa famille, de ménager les villageois, de les accompagner dans leur fin de vie.
Et face à la bonté du grand père, se heurte la cupidité de son fils qui est la cause de tous les maux des villageois et des villages environnants.
L'auteur nous montre que la cupidité des hommes est sans limite, que même malade un homme reste un homme : il ment, il vole et autres vices et quelquefois au milieu de tant de vices, quelques moments de bonheur, d'espoir et de joie.
Il se dégage de ce livre une impression de souffrance et de tristesse incommensurables qui vous reste collée à la peau. La plume de l'auteur est d'une grande justesse, d'une douceur infinie. La détresse de ces villageois ne peut pas vous laisser indifférents.
Ce roman me trotte dans la tête depuis que je l'ai refermé.
Commenter  J’apprécie          388
Le roman commence comme une fable sinistre. Un enfant mort empoisonné observe son village en proie à la fièvre. Quelques années auparavant, son père a été l'un des premiers à inciter les villageois de cette partie rurale de la province chinoise à lui vendre leur sang . Aujourd'hui, la plupart meurt de la fièvre.
Pendant ce temps, la nature rougeoie, absorbe ce sang maléfique, et le ciel flamboie. le grand-père de l'enfant est le seul à garder la tête sur les épaules grâce à ses rêves qui le guident. Il décide d'ouvrir l'école, devenue inutile, aux malades afin qu'ils puissent y finir leur vie. C'est lui qui revient également de la ville, un soir, avec le nom de cette maladie qui ne devait toucher que ceux de la ville, ceux qui vivaient mal, tellement différents de ces simples paysans :le SIDA.
Ce roman, aux allures de fable donc, est inspiré de faits rigoureusement vrais. A la fin des années 90, les provinces reculées de Chine forcent les paysans à vendre leur sang comme une ressource économique pour le pays. En échange, argent et bénéfices en nature leur sont promis, mais en 2004, le scandale, étouffé par l'état, révèle le nom de ces villes-SIDA du Henan dont parfois 80% des habitants sont touchés par la maladie.
Le regard que Yan Lianke porte sur ses contemporains est dur et cynique, cynique comme ces hommes de pouvoir -dont le père de l'enfant - qui n'hésitent pas à s'enrichir sur le dos des mourants, qui eux-mêmes continuent à voler et trahir au seuil de la mort.

C'est un roman bouleversant, que j'ai découvert grâce à Gwen21, et qui l'est d'autant plus après la lecture de la postface d'un écrivain usé qui y a versé tout son amour de la vie.
Commenter  J’apprécie          375
Dans les années 1990, la Chine a lancé une grande campagne de collecte de sang. le Henan, région à plus de 80% rurale n'a pas beaucoup de ressource. Mais il y a le sang de ses 90 millions d'habitants. Il y a une industrie en Chine, à partir du plasma notamment, qui fabrique des compléments énergétiques. La demande est énorme.
On retombe alors au Hénan sur un problème vieux comme le monde : le don du sang étant rémunéré et les risques inconnus : le cocktail est explosif. Il faudra que le sang contaminé se rapproche de Pékin , plusieurs années après pour que ces pratiques s'arrêtent. Entre temps des centaines de milliers de paysans ont contracté le virus du SIDA, appelé ici « la fièvre ». On est loin du « responsable mais pas coupable » déjà honteux au niveau de notre pays. La contagion est accélérée par le peu de cas de l'hygiène des collecteurs. Il y a même eu des contagions donneur-donneur : On reliait plusieurs individus à une même centrifugeuse pour accélérer le mouvement et le sang était redistribué aléatoirement.
Un carnage absolu.

C'est cette histoire qui nous est racontée ici, au village des Ding.Les paysans se sont rués sur l'argent, ont construit des maisons et sont morts. le narrateur est un enfant de 12 ans, empoisonné par les villageois parce que son père était un gros collecteur de sang.
L'auteur aurait pu se contenter de narrer ce séisme mais il va pousser encore plus loin l'ignominie des hommes vis-à-vis des ignorants. D'une part, les familles vont se battre pour avoir des cercueils à offrir à leurs morts, et là aussi certains s'enrichiront.
Pire encore, en s'appuyant sur une croyance populaire, il va y avoir un commerce très lucratif pour trouver une épouse ou un époux aux morts, afin qu'il soit heureux dans l'au-delà.
On touche l'ignominie, mais les familles sont joyeuses quand elles obtiennent cette faveur. le désespoir n'a pas de limite.
Il y a beaucoup d'autres choses dans ce livre, beaucoup de piques à l'état Chinois, mais aussi une étude humaine très bien sentie, des rapports troubles, du poids de l'honneur aux actes de désespoir.
Il y a de l'amour, du sacrifice, de la cupidité, de la rancoeur, de l'honneur et beaucoup de tragédie.
Il y a à travers ce texte et les rêves qui l'émaillent, un témoignage poignant, que l'état chinois s'est bien sûr empressé de censurer.La postface que beaucoup ont cité dans leur commentaire est un véritable cri d'amour à ces gens , dont on a volé la vie contre du rêve.
Commenter  J’apprécie          338
Quelle histoire bouleversante .
Par le biais de ce livre - interdit en Chine, il faut le rappeler- , Yan Lianke nous relate le drame de centaines de milliers de paysans chinois contaminés par le virus du Sida dans les années quatre-vingt dix dans la province ( pauvre évidemment )du Hénan .
Parce que vendre son sang pouvait permettre aux familles pauvres de cette province d'améliorer leurs conditions de vie, des milliers de personnes se sont précipitées en masse aux centres de collecte . A l'époque, personne ne parlait du Sida, ni de ses modes de contamination....Et puis tout à coup, de mystérieuses épidémies de " fievre" surviennent, très souvent mortelles.
C'est le drame de ces laissés pour compte que nous raconte l'auteur dans cette histoire à peine romancée.
Dans le village des Ding, la majorité des habitants sont condamnés et sont des morts en sursis. A travers le portrait de certains personnages, on mesure toute la détresse des personnes touchées par cette maladie qui n'arrive pas à leur enlever une formidable envie de vivre. Ce sont ces gens jeunes, qui aimeraient encore avoir un avenir qui vont tour à tour tomber , terrassés par cette maladie qui ne se guérit pas encore ( et surtout pas en Chine )
C'est un jeune garçon mort qui raconte cette histoire. Ironie du sort, il n' a pas été touché par la maladie, mais a été assassiné pour punir son père qui porte la responsabilité dans cette affaire de contamination. C'est lui qui dirigeait les collectes dans le village , et qui s'est enrichit grâce à ce commerce fort lucratif, peu importe les conséquences...
j'ai été touchée par cette histoire, par le style de l'auteur, qui arrive avec des phrases toutes simples à nous faire mesurer toute cette tragédie .
Émouvant .


Challenge ABC 2016/2017

Commenter  J’apprécie          270
Ce roman traite habilement le scandale du sang contaminé en Chine ; à travers les récits d'un jeune garçon décédé, nous assistons à la lente déchéance de tout un village, qui croyant aux belles sirènes de leurs dirigeants, ont vendu la seule chose qui leur restait ; leur sang.
Les postes de collecte ont fleuri un peu partout et en espérant gagner un peu d'argent, les donneurs ont afflué, sauf que l'aiguille commune a fait le reste : les citoyens sont morts en masse, décimés par le sida !
Un malheur succédant à un autre, le commerce des cercueils et les mariages de l'au delà ont prospéré...
On comprend que Yan Lanke ne soit plus en odeur de sainteté dans son pays, et pourtant dieu sait que des témoignages comme le sien sont essentiels pour qu'éclate la vérité !
Commenter  J’apprécie          260
Qyang est mort à l'âge de douze ans. du fond de son tombeau il nous raconte l'histoire de son village et de ses habitants qui ont vendu leur sang pour quelques sous leur permettant d'améliorer le quotidien.
C'est son père Ding Hui, qui en a pris l'initiative, comme cela se faisait dans d'autres villages.
Il s'est enrichi tandis que le sida entraînait la souffrance et la mort des habitants. Tandis que le grand-père de Qyang, professeur cultivé, essayait d'aider les malades en les hébergeant dans l'école qui ne fonctionnait plus, Ding Hui continuait éhontément à s'enrichir en organisant la vente de cercueils (en détruisant la forêt) et des "mariages dans l'au-delà" pour unir ceux que la mort avait séparés.

Yan Lianke a été le premier auteur de fiction à traiter de l'épidémie du sida qui a ravagé la province du Hénan en 1990.
L'écriture de ce livre a été très douloureuse pour lui, il s'en explique dans la postface du roman :

« Au moment de remettre mon manuscrit entre les mains de l'éditeur, j'ai l'impression de ne pas lui donner seulement un roman mais aussi un ballot de souffrance et de désespoir.
… Je ne sais pas si j'ai écrit un bon ou un mauvais roman, mais je peux en toute sincérité affirmer que ce n'est pas ma force physique que l'écriture de ces quelques deux cent mille caractères a usée : elle a usé ma vie, elle a diminué mon espérance de vie. »

Un livre bouleversant et interdit en Chine.

Commenter  J’apprécie          255
Le village des Ding est à l'agonie. Des années après avoir régulièrement vendu leur sang, les habitants de ce village se meurent d'une fièvre appelée "Sida". Les adultes n'ont plus la force de travailler et des dizaines d'enfants sont orphelins.
Se sentant coupable, car c'est son fils qui a incité les villageois à vendre leur sang, le vieux Ding recueille les malades dans l'école aujourd'hui déserte.
La solidarité s'organise, mais les mesquineries ne sont jamais loin...
Entre la vente illégale des cercueils, l'organisation de mariages dans l'au-delà, les vols de nourriture, l'adultère entre les mourants...on oscille entre désespoir et dérision.

Ce roman évoque l'histoire malheureusement réelle de milliers de paysans chinois poussés à vendre leur unique richesse : leur sang contre la promesse d'une vie meilleure. Mais beaucoup seront rattrapés par cette "fièvre" dont on ne guérit pas.
Oubliés de tous, ce roman est un bouleversant hommage à ces hommes et ces femmes de la province du Henan.
Commenter  J’apprécie          230




Lecteurs (250) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Année du Dragon

Ce samedi 10 février 2024, l'année du lapin d'eau laisse sa place à celle du dragon de bois dans le calendrier:

grégorien
chinois
hébraïque

8 questions
128 lecteurs ont répondu
Thèmes : dragon , Astrologie chinoise , signes , signes du zodiaques , chine , culture générale , littérature , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}