AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Gwen21


"Dans ces deux cent mille caractères, j'ai exprimé tout mon amour de la vie et mon amour irraisonné de l'art du roman tel que je le conçois." C'est par ces mots simples et sincères que Yan Lianke achève la postface de son roman "Le rêve du village des Ding". Bien que "cauchemar" soit un terme plus adapté en l'occurrence, le titre renvoie aux rêves qui hantent les songes de Ding Shuiyang, le personnage principal, le grand-père de Ding Qiang, le jeune narrateur, mort à douze ans sans doute empoisonné par un voisin et sans doute par vengeance.

Dans la province du Henan, tout est rouge et décrit comme tel par l'auteur : la plaine aride, les levers et couchers de soleil qui se succèdent, les pommettes enfiévrées des habitants du village des Ding, la plupart atteints du virus du sida après avoir abondamment vendu leur sang lors d'une grande campagne de collecte qui, vous vous en doutez, s'est déroulée dans des conditions sanitaires plus que douteuses. Dans le récit, les paysans sont décimés par le virus et comme tout malheur fait le bonheur de quelques profiteurs, Ding Hui, le fils de Shuiyang et le père de Qiang, ne perd pas un miette de profit dans cette situation dramatique : collecte de sang effectuée en dehors de toute règle de sécurité médicale, vente sur le marché noir des cercueils fournis par le gouvernement, organisation de mariages dans l'au-delà, vente de concessions de cimetière... rien ne semble devoir l'arrêter et empêcher que la honte retombe sur toute la famille Ding.

Roman très sombre et à la fois très lumineux, "Le rêve du village des Ding" est une météorite qui a traversé mon ciel littéraire grâce à Foxfire que je remercie de la découverte. Je citerai quelques mots de la charmante lettre manuscrite qui accompagnait son colis : "Tout Yan Lianke est dedans : un sujet dur traité avec beaucoup d'humanité et sans misérabilisme, une plume en colère mais pleine de poésie".

La belle dimension tragique du roman poigne d'autant plus le lecteur que le sujet délicat de la contamination des populations sous couvert des autorités est le triste reflet d'une réalité dissimulée sous le tapis. Est-il besoin de préciser que ce livre est interdit en Chine et que son auteur est privé de parole ?


Challenge ABC 2016 - 2017
Challenge Petit Bac 2016 - 2017
Commenter  J’apprécie          423



Ont apprécié cette critique (38)voir plus




{* *}