Fruit d'une rencontre fortuite en janvier 1987 à Beaubourg, cette biographie d'
Andy WARHOL par Jean-Nöel LIAUT a été le prélude à 25 années de recherches, rencontres, entretiens riches et divers sur le POP ART et son époque.
Dans un style érudit, néanmoins très accessible, Jean-Nöel LIAUT nous livre une figure énigmatique, dont les constantes seront le travail, la foi et le bénévolat, toute sa vie durant.
Après un début dans la vie plutôt classique pour un enfant d'émigrés européens (enfance pauvre, parents industrieux, études universitaires),
Andy Warhol, né Andrew Warhola, s'est toujours senti différent des autres. Ce sentiment l'accompagnera toute sa vie et le conduira à une fin tragique. Hypocondriaque, méfiant des autres, gratifié d'un visage ingrat, A. Warhol est cependant doté d'une intelligence visuelle qu'il saura exploiter.
L'auteur nous dit que Warhol avait échoué à se construire une allure normale, mais qu' il avait « réussi » en dédramatisant son apparence et en adoptant moult perruques, qui lui conféraient une « identité remarquable ».
Incubateur de talents, Warhol agissait tel un vampire, il absorbait l'énergie de ses proches, s'emparait de toutes leurs idées. Il était toujours très entouré, mais ne faisait confiance à personne. Seul, déprimé, Warhol était lucide sur le vide de sa vie privée.
Multiples, denses, riches sont les entretiens que
Jean-Noel LIAUT a eu avec des artistes ayant bien connu Warhol, reflétant son talent, sa créativité, sa capacité à user de ses collaborateurs.
A. Warhol détonne dans le monde artistique de son époque, il décide d'exploiter de nouvelles pistes et de s'affranchir des expressionnistes abstraits.
Le POP ART débarque aux Etats-Unis. Nous sommes dans les années 60 et A. Warhol en deviendra une des figures de proue. Adepte de la répétition comme figure de style (« trente valent mieux qu'une » proclame le titre d'un de ses tableaux en 1963), il s'empare de l'image de la Joconde et la répète en rangs serrés, et ceci s'appliquera à de nombreux sujets : bouteilles de coca-cola, billets de banque, visages de
Marilyn Monroe, Jackie Kennedy, Liz Taylor, « La cène » de Léonard de Vinci.
De l'illustrateur publicitaire qu'il aura été à ses débuts, A. Warhol se lance dans la conception de pochettes de disque (Velvet Underground, Rolling Stones), aujourd'hui propriétés de grands musées ou de collectionneurs privés. Puis, il s'essaie à l'aventure du cinéma, avec une provocation incontestable, avant de se diversifier dans les vidéoclips. Les contrats pleuvent. (La boucle est bouclée quand Campbell Soup le contacte à nouveau pour une nouvelle campagne publicitaire).
Incarnation du rêve américain, monstre sacré de son époque, A. Warhol était néanmoins une figure de gauche qui vivait avec les riches, qui inspirait autant d'admiration que de méfiance et qui dans sa peinture n'aura de cesse que de présenter l'envers de la société de consommation américaine et ses secrets cachés. Ne disait-il pas « qu'acheter est bien plus américain que penser » ?
La lecture de cette biographie ne peut laisser indifférent. Souhaitons à l'auteur tout le succès qu'il mérite d'avoir su rendre fascinant un artiste complexe, peu attachant au fond, mais qui reste un des personnages clé de son art et de son temps. Ce long travail titanesque de recherches et contacts font de cette biographie un « must » pour les curieux de cette époque et de ce courant artistique. Ma meilleure lecture depuis le début de l'année.
Lisez-la, offrez-la sans retenue.
Merci aux Editions Allary et à Babélio