L'invention du sujet moderne. Cours du Collège de France 2013-2014

L'invention du sujet est-elle celle de l'ego, du je, du moi, de l'homme, de l'âme, du corps, de l'individu, de l'autre ? Libera reprend Foucault qui place la naissance de l'homme au XVIème siècle quand selon lui l'homme nie les médiations d'avec la divinité et sa mort contemporaine par constatation que la question de l'homme n'est pas centrale dans l'histoire de la philosophie. Mais Libera retrouve chez Maître Eckhardt et Augustin le refus de la médiation d'avec Dieu. La subjectivité et l'homme sont plutôt nés avec Kant, et l'ego avec Descartes. L'âme est une question platonicienne et le moi est flagrant chez Pierre d'Auvergne. Quant au corps, à l'individu et à l'autre, ils reviennent sans cesse pour s'opposer ou s'assimiler à l'âme, au je, etc.
Mais pour Libera ce qui marque la notion de sujet moderne, c'est ce moment où le sujet-support devient sujet qui s'impute à soi-même ses propres actes. On passe du substrat qui contient ou aggrège à l'agent qui s'intuitionne soi-même. C'est pourquoi le sub-jet doit s'affranchir de la hiérarchie, concevoir l'âme, l'esprit ou la pensée, ne plus penser le corps comme un prédicat ou une qualité, envisage la subjectivité comme une opération différente de l'intellect qui pense l'universel ; et pour Libera, tout cela est déjà présent chez Pierre de Jean Olieu, au XIIIème siècle.