AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,45

sur 402 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Si les croûtes d'Hitler avaient eu du succès, celui-ci serait resté un barbouilleur sans talent mais ne serait peut-être pas devenu le mondial killer que l'on sait.

Si Charles Manson avait réussi dans la musique, s'il avait pu développer le talent que lui reconnaissaient Neil Young et Denis Wilson eux-mêmes, il n'aurait pas eu besoin, peut-être, d'étendre son emprise de gourou maléfique sur les cervelles fragiles et hautement saturées de substances hallucinogènes des membres de sa « Famille » : le grand Tex, son « porte-voix », Clem, la brute docile et les petites silhouettes enfantines et sanguinaires de Katie, Sadie, Linda, Leslie mendiant à leur gourou satanique un regard (noir) , une étreinte farouche.

Ou mieux encore, signe de confiance suprême : une mission…

Par exemple celle de « tuer avec le plus de brutalité possible » les occupants d'une maison de Cielo Drive, sur les hauteurs de L.A., une villa autrefois occupée par le producteur de musique détesté (c'est lui qui a arrêté la carrière de rocker de Manson) puis habitée par Candice Bergen, femme de Louis Malle, et relouée, depuis peu, à une actrice célèbre, femme d'un metteur en scène de films d'horreur réputé, enceinte de 8 mois.

C'est Sharon Tate, mais le gourou l'ignore en lançant son anathème.

Il veut « juste » déclencher la guerre contre les « pigs », faire accuser les Black Panthers, réveiller la guerre civile entre noirs et blancs, bref, mettre en branle le Helter Skelter -c'est le titre d'un morceau des gentils Beatles, et c' est, chez eux, un joyeux tohu-bohu, une sorte de Grand Huit insolent- mais, dans la folie paranoïaque et meurtrière de Manson , c'est un véritable Armageddon…

Je viens de clore, en deux jours, California Girls : lecture horrifique, lectrice horrifiée mais littéralement envoûtée...

Un opéra-rock lyrique et inquiétant, magistralement construit et concentré sur 36 heures d'équipée sauvage.

Le style est d'une noirceur impériale, fascinant et addictif.
Malgré l'horreur des scènes évoquées, malgré la folie des protagonistes, ces doux hippies de Californie, fumeurs de joints et un peu crasseux, devenus loups fanatiques sous acide et sous le magnétisme de leur chef de meute…

Simon Liberati est un grand adepte et un fin connaisseur du Romantisme noir- il a scénarisé cet épouvantable fait divers en un récit haletant, plein de sang et de fureur, qui s'apparente aux romans noirs anglais d'une Radcliff, d'un Walpole, d'un Lewis...

Une sorte de remake hollywwodien avec play-list très sixties du Moine de Lewis.

Ou alors un épisode futuriste de Game of Thrones mis en musique par les Mama's et les Papa's...

Le Moine sanglant c'est Manson : il a la frénésie sexuelle de Little fingers, la taille de Tyrion Lannister, la « délicatesse » de Ramsay Bolton (les fans de G. O. T me comprendront !!).

Ou alors un David Lynch particulièrement déjanté...

Incroyablement documenté, sans aucun commentaire, moralité ou apologue, brutalement vrai, mais jamais voyeur, ce récit nous donne à voir de l'intérieur- on épouse le regard de Sadie, de Tex, de Linda..- l'épopée sanglante d'une folie manipulatrice dans des décors de cinéma rendus complètement surréalistes : vieux ranches poussiéreux, clubs de motards tout droit sortis d'Easy Rider, belles villas hollywoodiennes, désert du bout du monde, plages de surfeurs blonds et bronzés..

Âmes sensibles s'abstenir…
Commenter  J’apprécie          607
Premier roman de Simon Liberati que je lis, bien que je connaisse sa plume depuis bien longtemps, quand il écrivait dans mon magazine préféré, 20ans...
Quelque chose émane de ce roman superbement ecrit, une lumière aveuglante, des crépuscules fuchsia sur le Pacifique, des parfums de fleurs tropicales, des piscines abandonnées sous les étoiles, tout un rêve californien, qui nous rend nostalgiques d'un monde que nous n'avons pas connu...Et puis, sans vraiment l'assombrir , mais comme une face cachée, l'odeur du sang des victimes, la sueur, les vêtements moisis des adolescentes aux fleurs dans les cheveux, le regard hypnotique du diabolique Charles Manson...Sur fond de Mamas et de Papas, de Beach Boys et de Beatles.
Simon Liberati reprend, quasiment heure par heure, les agissements des principaux membres de la "Famille Manson" entre les 8, 9 et 10 août 1969. Trois jours, sept morts affreuses. le gourou maléfique ordonne à 4 de ses adeptes ( 3 adolescentes et un jeune homme) le meurtre de Robert Melcher, producteur des Beach Boys, qui serait responsable de son échec musical...mais Melcher est absent, et presque par hasard ( la maison est l'ancienne du producteur) le quatuor sec retrouve à assassiner de parfaits inconnus qui se trouveront être Sharon Tate, la compagne de Polanski enceinte de huit mois, un ami d'enfance de Polanski, sa compagne et le coiffeur de Sharon Tate. Meurtres atroces, qui nous sont décrits quasiment en temps réel, et nous ressentons leur amateurisme, leur non sens, leur cruauté immonde. Ces meurtres seront suivis le lendemain de celui du couple La bianca, là aussi au hasard. Jamais Charles Manson ne participe. Il ne fait qu'ordonner.
Le roman s'axe principalement autour des jeunes filles, sans explicitement chercher à clarifier leurs motifs. Pas ou très peu d'analyse psychologique, mais une ambiance, à la fois solaire et profondément délétère. Des jeunes filles perdues, qui trouvent en Manson, gourou performant, une réponse à leur soif d'attention, de reconnaissance et d'amour. Il est l'amour parfait, puisqu'il leur dit être le Christ...Ces âmes faibles succombent. Ce qui les a rendues si faibles, si malléables, si vides, dans cet environnement si grandiose, je ne le comprends pas. Ces filles, qui sont d'ailleurs toutes en vie sauf une, Sadie-Susan Atkins, n'ont jamais rien expliqué.
Le roman est un choc brutal dans un paradis à la fois artificiel et réel, une interrogation posée sur le Mal alors que règne une liberté quasi totale...donc un Mal pas banal, un Mal qui n'est pas de fonctionnaires zélés dans les bureaux d'une dictature sanguinaire, un Mal qui nait au coeur de hippies manipulés par un gourou raciste et paranoïaque, au milieu des palmiers, des surfeurs bronzés et des plages enchanteresses...Un mystère de plus dans le coeur humain, sans réponse, inéluctable et tranchant comme un couteau de cuisine.
Commenter  J’apprécie          538
Simon Liberati écrit bien. Merveilleusement bien. Malgré le sujet plus que lugubre, une espèce de calme, je ne dirais pas sérénité mais calme se dégage de cette histoire. On connait tous Charles Manson, ses filles et l'horrible meurtre de Sharon Tate. J'ai tellement hésité avant de lire ce titre, parce l'horreur doublée d'incompréhension que m'inspire ces sectes font en sorte que je me tiens éloignée de ce genre de récit.
Mais la Californie fin des années soixante, c'est quand même toute une époque. Un idéal, un mode de vie à copier. La plage, les surfers, les fêtes, tout ça est bien invitant. C'est aussi la fin d'une fin d'époque et le début d'une autre. Musique, drogues, droits civiques, motards, tout y est. Une époque qui , qu'on le veuille ou non, a radicalement changé les choses. Et Simon Liberati a su parler de tout de cette époque en quelques mots, quelques phrases, quelque pages. Malgré le biais, assez trash, disons-le, choisi pour en parler, son survol est révélateur des moeurs d'une époque en fin de vie ou en début d'une autre.
California Girls c'est quelques heures des la Famille Manson, les heures les plus noires peut-être mais racontées sous beaucoup de lumière. Ce n'est pas une enquête mais plutôt une tranche de vie. Celle de jeunes filles, leur égarement, leur perdition et malgré la beauté du récit c'est d'une tristesse infinie. Oui Charles Manson et ses filles ont marqué de sang l'imaginaire de tous encore près de cinquante ans plus tard.
Je ne connaissais pas la plume de Liberati. Elle m'enchante, elle est contemporaine, elle coule vivement et clairement sur le récit même si celui-ci est abominable.
Commenter  J’apprécie          394
Un autre livre, comme en écho, à celui d'Emma Cline a été écrit sur les meurtres commis par le groupe de Charles Manson en 1969. Il fallait que je le lise aussi.

Certes ce terrible fait divers a eu lieu à 10000 kilomètres au moins et il y a fort longtemps, mais il demeure dans notre mémoire collective comme quelque chose de fondamentalement dérangeant, notamment sur la capacité criminelle des femmes.

Il nous interpelle sur les mécanismes de la servitude volontaire, l'anéantissement de toute volonté, toute forme d'embrigadement, manipulation ou dérive sectaire, dont chaque époque, la nôtre aussi, s'illustre en dérive mortifère épouvantable. On n'a pas fini d'explorer la capacité des sociétés humaines à produire de la violence, et cette histoire du passé est étonnamment d'actualité.

Simon Liberati rédige avec « California girls » quelque chose qui ressemble à un « true crime », publié dans une collection faits divers, remarquablement documenté.

Il s'installe dans l'esprit de l'époque et des personnages pour nous donner une relecture de l'affaire de l'intérieur comme un trip sauvage terrible et fascinant.

C'est ce mélange de réalisme de l'horreur et de profondeur de l'introspection de tous les protagonistes, tout en restant à distance des faits pour nous laisser la place pour réfléchir et analyser, qui rend ce « roman » passionnant .

Point de déterminisme social facile comme excuse au comportement criminel des membres de la famille, il nous livre cette chronique judiciaire dans sa complexité, son mélange de calcul et de hasard tragique, le contexte social et historique, mais aussi le parcours de chaque individu et ses choix personnels.

Contrairement à ce qu'on m'en avait dit, je n'ai pas trouvé de complaisance à décrire les scènes de crime, mais une espèce de pudeur à l'égard des victimes. Il s'agissait de dire à la fois quel fut leur martyre et taire le sordide. Il se sert des minutes du procès et des archives médico légales.

On ne ressort pas indemne d'un tel récit qui conjugue à la fois un art de romancier consommé, très lyrique et passionné, lorsqu'il plonge dans l'esprit confus de Sadie par exemple, et une connaissance précise des sociétés hippies des années 60, fortement imprégnées de consommation de drogues de synthèse, parfois produites et diffusées par des institutions ayant pignons sur rue.

Intéressant de découvrir ce regard, au delà des faits relatés, sur ces nombreux groupes structurés autour d'un gourou, avec des rituels et un discours pseudo religieux, en marge du rêve américain, vivant dans la crasse, la violence et la drogue.

Simon Liberati est vraiment un excellent conteur .



Commenter  J’apprécie          391
Quelle sordide affaire que celle de l'assassinat de Sharon Tate : une actrice enceinte de 8 mois, première femme de Roman Polanski. Simon Liberati a une plume corrosive et a fait revivre non seulement une époque mais également le drame qui a secoué l'Amérique, fin des années 60. D'ailleurs, il m'a été impossible de détecter la part de fiction de la réalité. Pour cela, je ne peux que féliciter l'habilité de l'auteur. Mais, c'est trash…Un livre que je n'aurais jamais lu sans ma collègue Raymonde.
Commenter  J’apprécie          121
69, année horrifique !!
La superbe photo noir et blanc de Sharon Tate en couverture cache une enquête hyper minutieuse de la mécanique qui a mené à sa fin. La famille Manson passée au scalpel, les personnalités, les interactions, les soumissions, les frustrations ou les rancoeurs.
Un voyage immersif dans un monde disparu que Tarantino a revisité dans son dernier film.
Un plongeons, une glissade sans fin, un vertige apocalyptique !
Une époque prenait fin dans un des crimes les plus médiatisés de tous les temps où le mot gourou ne se paraît plus des fleurs fraîches du summer of love.
La mise en abîme d'une amérique en devenir.
Époustouflant
Commenter  J’apprécie          110
*** L'Affaire Sharon Tate et Charles Manson***


Dans les années 60 les hippies ont le vent en poupe, que ce soit en France mais surtout aux Etats-Unis où des communautés plus ou moins importantes voient le jour.
Qui dit Communauté dit secte, dit forcément gourou. Ici, pas un des moindres : Charles Manson !

Charles Manson, a fondé sa petite communauté qu'il baptise "La Famille". Composée surtout d'adolescentes à la dérive, très vite, grâce aux drogues, elles voueront un fanatisme à Manson, qui se fait appelé Jésus et qui persuade tous ses membres de ses pouvoirs subliminaux. Drogues dures, sexe à outrance, se laver est interdit et pour faire manger la communauté il faut faire les poubelles de la ville afin d'éviter le gaspillage.
La famille Manson vit en Californie aux portes du désert. Trafic d'armes, drogues, voitures et motos sont le gagne pain du groupe. Puis surtout, Manson, en fait de vrais guerriers, ou plutôt de vraies petites guerrières prêtent à tout pour servir leur Dieu.
Manson est un raciste ! Il veut éliminer la race noire. Il veut créer une guerre raciale entre blancs et noirs, ainsi ses guerrières commettront des meurtres faisant croire que c'est l'oeuvre des Blanck Panthers.
Manson a reçu un message : le Helter Skelter. Issu d'un tube des Beatles.
Le Helter Skelter est très vite compris et adopté par ses disciples et tout est mis en oeuvre. La machine meurtrière est en marche !
Mais un soir, la mission tourne mal. La famille Manson se retrouve dans la villa de Roman Polanski, en voyage d'affaires. Ce sera malheureusement Sharon Tate, son épouse, enceinte de huit mois, qui sera torturée à mort.
La communauté n'a jamais entendu parler du couple Polanski, et ils feront bientôt la une des journaux après cette descente aux enfers.

Cette histoire, qui est un récit, fait froid dans le dos. L'auteur Simon Liberati décrit à la perfection les dernières heures de la vie de Sharon Tate et toute l'horreur que le monde entier a découvert en cette année 1969 lors de son assassina.
L'auteur raconte également avec précision la vie communautaire de "La Famille".
Seul regret, la fin du récit. le lecteur reste un peu sur sa faim. L'auteur aurait pu aller jusqu'à l'arrestation de Manson pour une simple histoire de drogue. C'est Suzanne Athkins dit Sadie (la pire du groupe) qui racontera à sa co-détenue la torture jouissive de Sharon Tate. Ainsi, grâce à ce témoignage, Manson sera condamné à la peine de mort commuée à la perpétuité.

Le dirigent de la secte est mort en prison en 2017, de mort naturelle.
Commenter  J’apprécie          110
Un récit glaçant, malsain, extrêmement violent par moments d'un des crimes les plus connus du vingtième siècle. L'image bucolique de la Californie et des hippies de la fin des années soixante sort terriblement écornée de ce livre. Et les trois femmes disciples de Manson sont incroyablement dérangeantes, incompréhensibles pour un simple esprit cartésien. Il n'est pas facile de sortir indemne de ce récit.
Commenter  J’apprécie          92
Le 9 août 1969, Sharon Tate, épouse de Roman Polanski et enceinte de huit mois, est assassinée dans sa maison de Beverly Hills par plusieurs membres de la « famille », la secte dirigée par Charles Manson. « Il n'avait jamais tué de femme jusqu'ici et il se dit que c'était vraiment une besogne répugnante. Quelque chose qui vous mine le moral. Qui vous fait sentir tout petit et méchant une fois qu'on a frappé. » (p. 125)

Cette terrible histoire est un fait divers qui a secoué l'Amérique et horrifié plusieurs générations. Simon Liberati imagine les jours avant le supplice de Sharon Tate, mais aussi les jours qui ont suivi. Il nous fait plonger dans le quotidien de la « famille », nous frotter aux femmes et aux hommes puants de la secte et regarder Charles Manson droit dans les yeux. « Il était le Fils de l'Homme (Man-Son), une réincarnation de Jésus-Christ redescendu sur terre pour aider une nouvelle humanité à naître. En cela, il n'obéissait qu'à un seul maître. Soi-même. Jésus-Christ réincarné, c'était le sens de son nom : Charles Willis Manson, Charles will is man son. » (p. 82) le malaise est immense et pourtant, pourtant, impossible de poser le livre ou de détourner le regard. On veut voir la lame s'enfoncer, on veut entendre les appels au meurtre et on veut sentir l'odeur du sang. Avec une chanson des Beach Boys en fond sonore. Hypnotique. Fascinant. Glaçant.
Commenter  J’apprécie          90
Récit se situant entre le vice glauque et les paillettes d'un éclat qui ne fait plus rêver, ça balance entre la fin d'une époque, le flower power, et le début d'une autre, aux airs de crise intégrale pour une Amérique chaotique.
Commenter  J’apprécie          90




Lecteurs (817) Voir plus



Quiz Voir plus

Performance (Simon Liberati)

Sur quel groupe porte le scénario qu’écrit le narrateur pour une série télévisuelle ?

Les Moody Blues
Les New Seekers
Les Pretty Things
Les Rolling Stones

13 questions
4 lecteurs ont répondu
Thème : Performance de Créer un quiz sur ce livre

{* *}