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EAN : 9782754830416
120 pages
Futuropolis (14/09/2022)
4.02/5   28 notes
Résumé :
Début du XVIe siècle, en Allemagne. Un moine du nom de Martin Luther prépare la Réforme protestante. Il publie ses « 95 thèses » contre les indulgences dont l’Église catholique fait commerce pour financer la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome. C’est une véritable déclaration de guerre contre le pape Léon X.
Bientôt, dans les campagnes, la révolte gronde. Entre 1524 et 1526, des paysans prennent les armes par milliers. Ils clament leur foi dans ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Omnia sunt communia.
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, relatant un épisode historique se déroulant en 1525. Il a été réalisé par Gérard Mordillat pour le scénario, et par Éric Liberge pour les dessins en noir & blanc, avec des nuances de gris, avec une tache de couleur en page 105 et une en page 110, la dernière page du récit. le tome se termine avec une postface de trois pages, rédigée par Mordillat, à l'attention de Liberge, présentant la nature du récit, ainsi que par une page de chronologie de la guerre des paysans, de 1490 avec la naissance de Thomas Müntzer, à juillet 1525 avec la parution de Missive sur le dur opuscule contre les paysans, de Martin Luther.

Rome, chantier de la basilique Saint Pierre, 1514. Il s'appelle Luca Ponti, mais il est un Médicis comme le saint père Léon X. Sa mère – dont la beauté excite encore la jalousie de toutes les romaines – travaillait comme chambrière au service des Médicis. Il est le fils de Jules de Médicis. le prince ne pouvait pas le reconnaître, mais il s'est chargé de lui faire donner une éducation chez les dominicains à Santa Sabina où il a appris le latin et le grec, le français et l'allemand. Il a été présenté à maître Raphaël par Margherita Luti, la fille d'un boulanger, sa maîtresse qui est une amie d'enfance de sa mère, et sa voisine dans le Trastevere. Dieu lui a donné un don et il peut presque recopier la nature à s'y tromper, y compris les visages. À quinze ans, il est entré en apprentissage dans son atelier pour y apprendre l'art de peindre. Il y travaille avec maître Raphaël depuis qu'il est le seul architecte à Saint Pierre. Aujourd'hui, avec Enrico Labate et Bernardo Tofoletti, maîtres charpentier et carrier du chantier, ils accompagnent le saint-père pour visiter les travaux de la basilique Saint Pierre que son maître doit reprendre après la mort de Bramante, l'architecte.

Luca Ponti observe les ouvriers au travail sur la fresque, et il écoute Raphaël rendre compte de l'avancement du chantier, au pape. Celui-ci lui demande de finir le chantier avant que le Seigneur ne le rappelle à lui. Raphaël l'informe qu'avant de reprendre la construction, il doit corriger ce qui a été mal fait, ce qui se fissure, ce que Bramante a laissé inachevé. Leur conversation est interrompue par une soeur venue informer le pape que Albert de Bandebourg et le banquier Fugger l'attendent pour l'audience qu'ils ont demandée. le premier demande l'archevêché de de Mayence, le second se déclare prêt à consentir la somme nécessaire au premier pour acquérir ledit archevêché, car il sait que les indulgences garantiront un remboursement facile. L'accord est conclu. Plus tard, le pape confie une mission à Luca Ponti : suivre Tettzel qui va lever l'indulgence pour faire des rapports sur ce qu'il fait, sur l'argent qu'il ramasse, sur tout. Luca Ponti devient l'envoyé du pape. Il part pour l'Allemagne, malgré les cris et les pleurs de sa mère. Il lui faut près de deux mois pour arriver à Wittenberg, allant de monastère en monastère.

Dans la postface, le scénariste évoque la genèse de ce récit : des lectures, le rêve inaccompli d'un film avec Roberto Rossellini et enfin cette oeuvre graphique. C'est la troisième collaboration entre les deux créateurs, après la trilogie de le Suaire : Lirey, 1357 et Notre part des ténèbres (BD). Ils ont appris à travailler ensemble et il ne reste rien de la forme cinématographique : il s'agit bien d'une bande dessinée utilisant les spécificités de cette forme d'expression. le titre annonce clairement l'enjeu : une reconstitution historique d'une révolution paysanne en 1525. le récit commence à Rome et passe rapidement en Allemagne, où Martin Luther (1483-1546) joue un rôle de premier plan. En effet, le récit met en scène l'affichage de ses quatre-vingt-quinze thèses le 31 octobre 1517, le temps d'une page, puis la manière dont elles sont reprises par d'autres prêtres allemands, ainsi que les actions de l'Église, ou plutôt du pape et de ses envoyés, pour faire rentrer Luther dans le rang et protéger leurs intérêts financiers. S'il a déjà lu le suaire, le lecteur connaît déjà clairement la position du scénariste sur l'Église catholique et sa hiérarchie : une véritable haine. Il n'est donc pas surpris par la condamnation des indulgences, ni par l'angle d'attaque sur l'hypocrisie d'une institution dont les responsables se gavent, alors que leurs fidèles se privent pour payer les divers impôts. Il peut même trouver que Mordillat fait presque preuve de retenue.

Les deux auteurs font preuve d'une implication totale pour réaliser une reconstitution historique tangible et plausible. Pour commencer, le scénariste situe les principales figures religieuses : Martin Luther, Thomas Müntzer (1489-1525), Jean Huss, (1372-1415), le pape Léon X (1475-1521), Andreas Rudolf Bodenstein (1486-1541), Philipp Melanchton (1497-1560). Les personnages développent l'avancement du chantier de la basilique Saint Pierre à Rome et son financement, les conditions de vie des paysans, la violence des révoltes, les enjeux d'une traduction de la Bible en langue commune, dire la messe en allemand, l'excommunication de Martin Luther, son mariage, les conditions de travail dans une mine, le nombre de soldats (40.000) face aux paysans (8.000), etc. le lecteur constate l'habileté élégante avec laquelle le scénariste sait distiller un grand nombre d'informations historiques et religieuses dans les dialogues, et quelques cartouches d'exposition. Il apprécie qu'il sache expliquer les enjeux théologiques dans un langage accessible, sans en sacrifier l'importance, et évitant toute formulation moqueuse, sarcastique ou agressive. le récit du déroulement des faits historiques parle de lui-même et le scénariste n'a pas besoin d'en rajouter.

Ensuite, l'artiste épate le lecteur du début à la fin par sa capacité à insuffler de la vie dans chaque séquence, même les passages de prêche ou de discussions statiques, avec un soin remarquable dans le détail. L'album s'ouvre avec un dessin en pleine page : une vue de Rome, avec le chantier de la basilique en arrière-plan, et il ne maque aucune maison, aucune façade, aucune toiture. Par la suite, plusieurs scènes se déroulent dans des églises, ou des abbayes, des monastères, dont l'architecture est à chaque fois représentée de manière à bien montrer le style correspondant, qu'il s'agisse des façades de ces monuments, ou des arches, des ogives, des piliers à l'intérieur, attestant du goût de Liberge pour ces monuments. Les cases avec des décors de village, de milieux plus modestes ou pauvres, ou des étendues naturelles offrent à chaque fois une tangibilité assurant une visite de grande qualité au lecteur, une remarquable immersion, passant par une étable, les Enfers, le pied de remparts, l'arrière d'un chariot, une grange avec du foin, le champ de bataille, une presse à imprimer, un bûcher. le soin apporté aux personnages relève du même niveau : les tenues vestimentaires (robe de bure, habits religieux, vêtements simples de paysans, riches atours des nobles et des hommes d'église de rang élevé), les coiffures (naturelles, ou tonsures), les accessoires que ce soient des outils agricoles, des accessoires du culte, la vaisselle des banquets, etc. À chaque séquence, le dessinateur conçoit un plan de prises de vue spécifique, que ce soit une succession rapide de cases pour un échange énervé ou une joute verbale, ou des plans larges pour rendre compte du nombre de personnes et l'ampleur d'un mouvement.

La coordination entre scénariste et dessinateur apparaît très rapidement : page 9 une demi-page sous forme d'un dessin simple accompagnant un texte sur un parchemin, pages 12 & 13 des dessins de la largeur de la page pour évoquer les tourments en enfer, pages 16, 21 et 24 des dessins sans nuance de gris avec le personnage au centre et des évocations de sa vie autour, pour présenter respectivement la vie de Martin Luther, celle de Thomas Müntzer, Jean de Médicis. Puis les pages 36, 37 et 38 forment une séquence dépourvue de tout texte, de tout mot, attestant de la confiance totale que le scénariste accorde au dessinateur pour raconter l'histoire, et il y en aura d'autres par la suite. Les deux auteurs ont à coeur de présenter une reconstitution dépourvue d'exagérations romantiques, que ce soit côté clergé et noblesse, ou côté paysans et prêtres réformateurs. le peuple souffre sous le joug des puissants, et lorsqu'ils se révoltent, ils tuent et massacrent. Gérard Mordillat ne fait d'aucun personnage, un héros au coeur pur. Il met en scène une guerre, dans tout ce qu'elle a de brutal, avec ses déchainements de violence meurtrière, ses tueries sur le champ de bataille, et ses mises à mort de boucs émissaires par la foule vengeresse, des boucheries inhumaines.

En fonction de sa familiarité avec cette époque en Allemagne, le lecteur découvre plus ou moins de choses. S'il est familier de l'oeuvre récente du scénariste, il constate à nouveau qu'il fait preuve de retenue dans sa présentation des faits. Par exemple, il ne matraque pas l'antisémitisme dont fera montre Martin Luther à la fin de sa vie. Il s'attache à l'évolution des positions et des actes de Thomas Müntzer, par le biais de la vision que Luca Ponti en a. Il parvient avec une élégance remarquable à montrer comment la dénonciation des indulgences induit une remise en cause de l'ordre social établi, comment Martin Luther envisage cette rébellion contre la papauté et son clergé, et comment Thomas Müntzer développe une attitude plus cohérente avec la logique interne des quatre-vingt-quinze thèses. le scénariste se montre honnête dans sa façon de présenter les faits, ne se limitant pas à une dénonciation pleine de fiel, montrant ce qui aurait pu être, sans rien occulter des réalités mortelles d'une révolution, sans angélisme quant aux conséquences pour les paysans qui ont suivi Thomas Müntzer dans cette guerre.

S'il a lu le suaire des mêmes auteurs, le lecteur peut craindre que la présentation des faits ne tourne à la diatribe par moments. Dès les premières pages, il se retrouve subjugué par la qualité de la narration visuelle, sa générosité et sa consistance, appréciant son naturel grâce à une vraie collaboration entre scénariste et dessinateur. Au fil des pages, il constate que le scénariste a conçu une structure qui fait la part belle aux personnages et à leurs émotions, leur engagement, à la présentation organique des informations nécessaires à la compréhension et à l'établissement des enjeux, pour un tableau saisissant et nuancé des paramètres politiques et religieux de la société de l'époque en Allemagne. À plusieurs reprises, le lecteur est frappé par le parallèle qui s'établit de lui-même entre cette situation et l'époque contemporaine. Page 82, un paysan résume la situation : tout augmente, les dîmes, les redevances, les impôts pèsent de façon insupportable sur nous tous. le lecteur se prend à rêver d'une bande dessinée de même qualité sur le mouvement de Niveleurs (Levellers) pendant la guerre civile anglaise (1642-1651) demandant des réformes constitutionnelles et une égalité des droits devant la loi.
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Club N°49 : BD sélectionnée
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Une excellente histoire, un dessin surprenant, une thématique complexe et pourtant limpide par le support...

Une réussite Futuropolis.

VT
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BD illustrant les inégalités sociales de l'Allemagne du 16e siècle.

Très bien illustré.
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La narration est très claire, intelligente et permet une approche 'pédagogique' de cette période sans pour autant être pesante.

Gwen
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Lien : https://mediatheque.lannion...
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En 1525, en Allemagne, le moine Martin Luther s'insurge contre la vente des indulgences par l'Église pour financer la construction de la Basilique Saint-Pierre de Rome. le prêtre Thomas Müntzer le suit et appelle au soulèvement contre les seigneurs qui exploitent les paysans. Alors que châteaux et monastères sont pillés et incendiés, le premier se range du côté des princes tandis que le second prend la tête de la révolte et lance le mot d'ordre : Omnia sunt communia.
Luca Ponti, fils illégitime de Jules Médicis et apprenti dans l'atelier de maître Raphaël, est envoyé par le Pape Léon X pour être ses yeux et ses oreilles, observer les transactions et les événements, lui adresser des rapports, et après deux mois de voyage il arrive à Wittenberg, sur les bords de l'Elbe. Son savoir, pour les Écritures notamment, et son talent de dessinateur attirent l'attention, lui permettent de gagner la confiance des différents protagonistes et de les accompagner.
Ce parti pris incarné permet de donner chair à ce récit historique. le scénario de Gérard Mordillat qui a longtemps porté cette histoire pour un projet de long métrage avec Roberto Rosselini, est superbement mis en images par Éric Liberge : son trait, fort classique, convient parfaitement à cette fresque historique. Il a su donner vie à ces foules populaires, des visages à ces multiples anonymes, s'inspirant en toute discrétion des scènes de liesses peintes par Brueghel comme des danses macabres.
Les ambiguïtés de cette Réforme qui pactise avec le pouvoir sans jamais menacer l'ordre établi, sont finalement intemporelles : dès que le peuple veut se mêler de ses affaires et de son avenir, exige plus d'équité, il sera toujours et aussitôt violemment réprimé.

Article à retrouver sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Avec Gérard Mordillat, dont on connaît les nombreux engagements pour une société plus juste et délivrée du capitalisme, au scénario, et le talentueux Éric Libergé au dessin, une somptueuse BD en noir et blanc, retraçant les différents épisodes de la Guerre des Paysans au XVIe siècle, jusqu'à la mort de Thomas Münzer en 1525… Sous le regard de Luca Ponti, un jeune peintre envoyé par le Pape en Allemagne pour espionner à son profit, nous voyons Martin Luther se révolter contre la pratique des indulgences et tous les dysfonctionnements de l'Eglise. Pourtant, bien vite, le schisme religieux qu'il inaugure semble bien une réponse insuffisante aux maux de l'époque, une opposition trop respectueuse des privilèges des puissants, aux yeux de ceux qui voient la misère du peuple et voudraient renverser l'ordre des choses. « Il faut surtout que tu comprennes que le monde a faim et ne se soucie pas de théologie. La pierre s'est détachée de la montagne et est devenue grande… Il n'est que temps de se lever contre ceux qui, poussés par la cupidité, affament le peuple et méprisent le salut des mourants », répond Thomas Müntzer, bientôt le chef de la rébellion paysanne, à Luca Ponti lorsqu'ils se rencontrent. Et c'est le début d'une jacquerie tragique, dans laquelle les adversaires du débat religieux se ligueront pour mieux contrer la force des troupes populaires, jusqu'aux terribles massacres… Dans une excellente synthèse, proposée après le récit en BD, Gérard Mordillat analyse le déroulement des événements et montre leurs enjeux, leur puissance symbolique dans le débat des penseurs communistes, de Friedrich Engels aux leaders des manifestations d'aujourd'hui reprenant pour slogan les derniers mots de Thomas Müntzer, « omnia sunt communia », « toutes choses sont communes ». Un livre qui devrait plaire à tous ceux qui s'intéressent aux « choses communes », pour qui le combat pour l'avènement d'une société plus juste continue plus que jamais…
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La guerre des paysans se déroule en 1525 au premiers de la réforme. le moine Martin Luther publie publie ses "95 thèses" contre les indulgences dont l'Église catholique fait commerce pour financer la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome. C'est une véritable déclaration de guerre contre le pape Léon X.

Les paysans de l'Allemagne méridionale se reconnaissent dans ses thèses et se soulèvent. Martin Luther les désavoue et rejoint l'ordre établi par les princes. Un autre moine, Thomas Mûntzer les rejoint et prend leur tête.

C'est le récit d'une guerre contre les inégalités, contre les injustices dont le mot d'ordre est "Tout est à tous".

Ce récit historique m'a permis de découvrir des faits et des personnages que j'ignorais. Elle montre surtout Martin Luther sous un autre jour et met en lumière les convictions et le sacrifice de Thomas Müntzer.

Les textes de Gérard Mordillat sont admirablement servis par le graphisme de Eric Liberge.

Cette BD est un excellent vecteur pour mieux appréhender L Histoire et les premiers temps de la Réforme.



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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Wittenberg – Place du marché. Les indulgences sont le plus précieux et le plus sublime de Dieu. Quiconque a commis quelque péché, si grand soit-il, qu’il paye bien et cela lui sera pardonné. J’ai ici des lettres munies de sceaux, garantissant que même vos péchés à venir, moyennant finance, vous serons pardonnés. Sachez que les indulgences ne sauvent pas seulement les vivants, elles sauvent aussi les morts. Prêtre ! Noble ! Marchand ! Femme ! Jeune fille ! Jeune homme ! Entendez vos parents et vos proches qui sont morts et qui vous crient du fond de l’abîme : nous endurons un horrible martyre ! Une petite aumône nous délivrera. À l’instant même où l’obole retentit au fond du coffre-fort, l’âme part du purgatoire et s’envole, délivrée, vers le ciel. Ô gens imbéciles et presque semblables aux bêtes ! Comprenez qu’avec douze gros, vous pouvez tirer votre père du purgatoire. Voulez-vous être punis sévèrement pour avoir négligé un si grand salut ? Le seigneur notre dieu n’est plus dieu. Il a remis tout son pouvoir au pape qui, mieux que quiconque, sait ce que sont les enfers et voici ce qu’il nous en raconte. L’enfer est le lieu des supplices les plus abominables, infligés dans un feu qui ne s’éteint jamais. Les damnés y endurent au centuple une souffrance éternelle, car la damnation de l’âme est une maladie sans retour. Les démons qui s’activent aux supplices ont une imagination sans limite. Et Satan qui trône sur un volcan noir se repaît des déchirements affreux qui remontent jusqu’à ses pattes fourchues. Ainsi cette femme dont le goût était de prendre le pucelage de jeunes garçons. La voici fixée par le croupion sur une pièce de fer brûlant, qui lui fond lentement les chairs. Puis le bourreau qui préside à la torture la retire du feu pour la livrer à un cercle de démons sodomites qui l’entreprennent de la plus horrible façon, avant de la replonger dans l’huile bouillante sous un déluge de coups de poing. Ce voleur récidiviste pendu par la langue au-dessus d’un lac de feu, puis enfermé dans un tonneau garni de pointes de fer que l’on précipite dans un ravin sans fond, avant de lui scier les quatre membres et de l’embrocher comme un rôti que l’on oubliera sur le brasier. Ou bien encore cette bougresse avorteuse de jeunes filles, condamnée à enfanter chaque minute d’horribles grappes de bambins monstrueux, que dès leur sortie un démon pourfend de son sabre, ou bien achève en elle avec une broche chauffée à blanc. Yeux crevés, tétons coupés ! Éventrations et empalements ! Estrapade et décapitations ! roues de torture éternelles ! La moindre de vos passions tristes trouve son écho dans l’au-delà. Rien n’échappe au créateur !
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Je partis pour l’Allemagne malgré les cris et les pleurs de ma mère ameutant tout le quartier appelé à témoigner de ma folie et de mon ingratitude. Il me fallut près de deux mois pour arriver à Wittenberg. J’allais de monastère en monastère, en cherchant partout la protection et l’hospitalité des moines en l’échange des récits que je leur faisais de la construction de Saint Pierre, des peintures réalisées par mon maître, du pape et de ses habitudes. Je passais par les villes d’Orvieto, de Sienne, de Florence où il y a tant de merveilles qu’il est impossible de les nommer, de Vérone, de Bologne où je fus hébergé par la famille du peintre Amico Aspertini que mon maître avait croisé dans l’atelier du Pérugin. Près de Trente, je fus reçu à l’abbaye de Nouacella où j’eus une conversation désagréable à propos de mon maître, avec le père Emilio, le bibliothécaire.
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Rome, chantier de la basilique Saint Pierre, 1514. Mon nom ne vous dira rien. Je m’appelle Luca Ponti, mais je suis un Médicis comme notre sait père Léon X. Ma mère – dont la beauté excite encore la jalousie de toutes les romaines – travaillait comme chambrière au service des Médicis. Je suis le fils de Jules de Médicis. Le prince ne pouvait pas me reconnaître, mais il s’est chargé de me faire donner une éducation chez les dominicains à Santa Sabina où j’ai appris le latin et le grec, le français et l’allemand. J’ai été présenté à maître Raphaël par Margherita Luti, la fille d’un boulanger, sa maîtresse qui est une amie d’enfance de ma mère, et sa voisine dans le Trastevere. Dieu m’a donné un don et je peux presque recopier la nature à s’y tromper, y compris les visages. À quinze ans, je suis entré en apprentissage dans son atelier pour y apprendre l’art de peindre. J’y travaille avec maître Raphaël depuis qu’il est le seul architecte à Saint Pierre. Aujourd’hui, avec Enrico Labate et Bernardo Tofoletti, maîtres charpentier et carrier du chantier, nous accompagnons le saint-père pour visiter les travaux de la basilique Saint Pierre que mon maître doit reprendre après la mort de Bramante, l’architecte.
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Frère Martin, permets-moi de ne pas être d’accord avec toi. Le plus urgent ne me paraît pas de défendre la théologie dont l’existence n’a jamais sauvé un homme du souci de mieux vivre et d’avoir faim, que d’extraire de ce que l’on appelle la théologie des idées dont la force vivante est identique à celle de la faim.
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Jean de Médicis, né en 1475, est le second fils de Laurent de Médicis, dit le Magnifique. Il n’a que treize ans lorsqu’il est fait cardinal. Après une vie de luxe et de débauche, il est élu pape, à trente-sept ans, le 11 mars 1513, et choisit le nom de Léon. Le jour même de son élection, Léon X aurait écrit à frère Giuliano de Médici : Dieu nous a donné la papauté, profitons-en pour nous amuser !
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La première révolution populaire ? Elle date du début du XVIe siècle, en Allemagne. Un moine du nom de Martin Luther prépare la Réforme protestante. Il publie ses « 95 thèses » contre les indulgences dont l'Église catholique fait commerce pour financer la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome. C'est une véritable déclaration de guerre contre le pape Léon X. Bientôt, dans les campagnes, la révolte gronde. Entre 1524 et 1526, des paysans prennent les armes par milliers. Ils clament leur foi dans la Réforme et affirment leur volonté de bouleverser l'ordre politique, économique et social. Luther les désavoue et fait alliance avec les Princes. Mais un autre moine, Thomas Müntzer, les rejoint et prend leur tête. Son mot d'ordre est révolutionnaire : « Omnia sunt communia », « Tout est à tous ».
Un récit historique de haute volée signé par Gérard Mordillat et Éric Liberge.
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