Grétry écrivit une cinquantaine d'ouvrages. S'il avait connu des triomphes éclatants, si toutes les scènes d'Europe jouaient ses pièces, il avait aussi traversé de cruelles épreuves domestiques. Ses trois filles moururent vers l'âge de 16 ans et il raconte leur mort dans ses Mémoires avec des mots infiniment attendrissants. Bon fils, bon père, bon époux, doué de l'esprit le plus vif et le plus fin, Grétry n'avait qu'un défaut : il n'aimait que sa musique.
Grétry quitta Rome en 1767. Il passa d'abord quelque temps à Genève, où il fit la connaissance de Voltaire, avec qui il faillit collaborer, et vint enfin à Paris. Il débuta avec les Mariages Samnites devant des personnages de la Cour rassemblés chez le prince de Conti. L'accueil fut glacial. Heureusement, Grétry avait été remarqué par deux de ces êtres d'élite qui se distinguent moins par l'originalité de leurs conceptions que par l'infaillibilité de leur sens critique : Suard et l'abbé Arnaud, ceux-là mêmes qui furent plus tard les plus enthousiastes et les plus clairvoyants d'entre les défenseurs de Gluck.