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Critique de Eroblin


L'action de ce roman se déroule quelque part, à une époque indéterminée, dans une communauté qui considère les femmes comme des femmes dangereuses, des êtres magiques dont il faut se méfier, surtout quand elles ont seize ans c'est-à-dire l'âge où elles cessent d'être des filles pour devenir des jeunes femmes désirables. Pour tuer en elle toute magie, la communauté exige que, pendant un an, les jeunes filles de 16 ans soient exilées sur une île, dans un campement rudimentaire en pleine coeur de la nature, livrées à elles-mêmes, et condamnées peut-être à être tuées par des braconniers qui rôdent. Un an plus tard, les survivantes sont autorisées à rentrer et à se plier aux règles de la communauté.
Au vu du résumé et surtout après quelques pages, j'ai eu l'impression de retrouver l'atmosphère de « La servante écarlate » de Margaret Atwood mais aussi celle de « La lettre » de Nathaniel Hawthorne, un mélange de dystopie et de puritanisme du début du 17ème. Un contexte très particulier qui fait de la femme une ennemie qu'il convient de briser. Tierney, le personnage central de cette histoire, est une jeune fille qui étouffe sous le carcan de cette société autoritaire et patriarcal mais, naïvement, elle pense que le groupe exilé, une fois à l'abri du regard des hommes, va pouvoir vivre différemment, s'aider. Mais la vérité est que les filles reproduisent dans ce camp désolé, les mêmes règles, s'opposant les unes aux autres plutôt que de s'aider. Tierney en est d'ailleurs victime, ce qui l'oblige à affronter une nature hostile et aux multiples dangers. C'est aussi sa chance car elle sortira transformée de cette année de grâce.

Ce roman est certes une dystopie, mais c'est aussi un roman d'apprentissage, un roman féministe qui devrait amener les lectrices à s'interroger sur la place des femmes à l'heure actuelle, à s'interroger aussi sur les relations qu'elles nouent entre elles. Interrogée peu avant sa mort, Gisèle Halimi regrettait que les femmes ne soient pas plus solidaires : « Désunies, elles[les femmes] sont vulnérables. Mais, ensemble, elles représentent une force extraordinaire. Une force capable de chambouler le monde, sa culture, son organisation, en le rendant plus harmonieux. Les femmes sont folles de ne pas se faire confiance, et les hommes sont fous de se priver de leur apport. » C'est ce que dit à sa manière Kim Ligget dans « L'Année de grâce ».

Je vous recommande vivement ce roman jeunesse mais qui peut être lu par tout le monde et je remercie au passage Babélio et les Editions Casterman d'avoir pu le lire.
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