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4,25

sur 1985 notes
Complètement charmée par l'année de grâce que j'ai dévoré et qui m'a poussé à me relever cette nuit à 4 heures du matin pour finir les 15 dernières pages ! Cela ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Grande amatrice de dystopies, j'ai été comblée avec ce roman qui a su renouveler le genre en passant derrière les "Servante Ecarlate", "hunger games", "le Dernier jardin"...
On y découvre par le biais d'une héroïne de 16 ans, Tierney, une communauté où les femmes sont complètement bridées. Elles sont sensées être mauvaises, détenir une certaine magie (sous entendu sexuelle). Alors l'année de leurs 16 ans, l'année de grâce, les jeunes filles sont envoyées dans un camp sur une île pour briser cette magie. A l'issue de cette année, si elles en reviennent vivantes, elles devront se conformer aux lois du comté et soit épouser celui qui les a choisies soit partir travailler. Les jeunes filles comme les femmes n'ont pas de choix à exprimer. Comme dans la Servante Ecarlate, elles ne sont que des ventres. En cas de rébellion, les hommes n'hésitent pas à les supprimer.

Tierney est une jeune femme à laquelle je me suis rapidement attachée. Ce qui fait la force de ce roman, c'est que ce n'est pas seulement une dystopie mais surtout un roman d'apprentissage. On verra Tierney grandir, se révéler. Fille courageuse, réfléchie, volontaire, elle va lutter pour sa survie mais aussi celle des autres filles. Ce qu'il se passe pendant cette année de grâce, personne n'en parle c'est interdit. Les filles sont livrées à elles-mêmes dans ce camp où toutes les dérives deviennent possibles. Tierney essaie d'appliquer les enseignements de son père. Elle se montre là encore posée, travailleuse, courageuse. Alors que d'autres filles attendent que leur magie se libèrent. Cela m'a fait penser à sa Majesté des mouches où une bande d'ados est livrée à elle même. Les deux romans font froid dans le dos.

Autre point fort de ce roman, c'est la galerie de personnages. Les personnages secondaires sont vraiment beaux. J'ai adoré la famille de Tierney avec qui elle a des liens très fort mais aussi Michael qui est le personnage qui m'a le plus surpris et étonné après Tierney mais aussi certaines filles qui partagent l'épreuve de Tierney.

J'ai beaucoup aimé aussi l'utilisation de la symbolique des fleurs.

Enfin, ce roman est tout de même un roman d'espoir. Espoir d'un changement pour les femmes.

Ma lecture a été très fluide. C'est très bien écrit. J'ai ressenti beaucoup d'émotions et j'ai été agréablement surprise par des rebondissements. L'histoire est captivante et addictive. J'ai tremblé pour ces filles. Certains passages sont durs mais avec une retenue dans la description des violences. C'est plutôt suggéré. Ce qui est le plus dur et le plus frappant, c'est d'imaginer une société comme celle ci. Où les femmes n'ont plus un mot à dire, n'ont pas le droit de rêver, de choisir leur époux. Où les femmes peuvent être tuées sur un mot de leur mari (pratique quand on a envie de se marier avec une petite jeune).
Lecture dont on ne sort pas indemne.

L'année de grâce est un gros coup de coeur. Merci à Babelio et aux éditions Casterman pour cette belle découverte.
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Les citations de Margaret Atwood et de William Golding en exergue du roman donnent le ton : celui des dystopies, avec en l'occurrence de forts accents féministes. Mon fils aîné est bien de sa génération, il a une vraie prédilection pour ces textes qui sondent les aspects les plus sombres de l'humanité et nous questionnent sur le mode de la fable politique. Il a résolument choisi ce roman parmi toutes les parutions de la fin de l'année 2020 et n'en a effectivement fait qu'une bouchée, avant de me presser de le lire aussi (ainsi que ses deux grand-mères toujours très volontaires pour suivre ses conseils !).

Tout ce petit monde s'est donc retrouvé captivé par le sort de Tierney, livrée comme toutes les jeunes filles de son comté aux épreuves terribles de l'année de grâce. Personne ne se risque à parler de ce rite de passage mal nommé (« C'est interdit »). Mais d'aucuns savent que cet exil en forêt doit permettre à la magie envoutante de ces femmes en devenir de se dissiper dans la nature… et dans la douleur.

Si ce roman est glaçant, c'est parce qu'il a beau représenter une société inhumaine, il n'en fait pas moins écho à des formes d'oppression non seulement réelles, mais encore tout à fait d'actualité aujourd'hui dans certains contextes : les superstitions relatives au péché originel ou aux pouvoirs de certaines femmes – ne sommes-nous pas toutes un peu sorcières ? –, instrumentalisés pour légitimer l'assujettissement du « sexe faible », les obstacles à l'instruction des filles, la culpabilisation des femmes pour l'attrait qu'elles peuvent exercer et l'idée que ce serait à elles de cacher leur corps, leur asservissement sous l'autorité d'un père, puis d'un mari, ou encore les mariages forcés. Et, plus largement, le pouvoir tiré des croyances et des traditions que plus personne ne questionne, de la terreur fondée sur la loi du secret et de l'obscurantisme.

Kim Liggett rythme parfaitement les péripéties, les révélations et les étapes du cheminement intérieur de Tierney pour nous tenir en haleine. L'héroïne est attachante, on la suit avec angoisse et désarroi, parmi ces jeunes filles qui semblent à la merci d'impitoyables traditions. J'ai pensé que l'autrice forçait le trait, surenchérissant dans la violence et nous présentant des personnages qui pouvaient sembler très monolithiques. Puis les choses ne se passent pas comme prévu, l'héroïne révèle des ressources surprenantes, noue des alliances ; nous apprenons avec elle à reconsidérer certains préjugés et les ressorts de cet ordre social terrible s'éclairent. Cette initiation est bien amenée, montrant avec finesse l'évolution des rapports de force au sein du groupe de filles (et au-delà !) et plaçant le récit sous tension jusqu'au final subtil et inattendu.

Ce roman très remarqué semble bien parti pour se faire une place dans la droite lignée du carton de la série Hunger Games (une adaptation cinématographique est d'ailleurs déjà en cours). Une lecture féroce et galvanisante qui porte haut des valeurs de courage, de solidarité et d'émancipation !
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Hélas, trois fois hélas ! J'aurais tellement voulu écrire une critique enthousiaste sur un roman dépeint avec tant d'ardeur par mes bibliothécaires ! (A ce propos, je vous renvoie à la superbe critique de loupVDH).
Mais non, je n'ai pas été prise dans ce tourbillon. J'ai juste aimé ce roman, sans plus.

Le thème est bien d'actualité, il s'agit du pouvoir que les femmes doivent prendre, le fait que celles-ci ne peuvent, ne doivent plus courber la tête sous le joug masculin - et c'est vrai, il y a encore du boulot parce que certains (beaucoup ?) de ces messieurs se sentent menacés dans leur intégrité patriarcale et toute-puissante - .
Donc au départ, ce livre m'attirait, titillait mon côté féministe.

Les jeunes filles d'un état dystopique sont emmenées de force l'année de (grâce ?) de leurs 16 ans dans une forêt inhospitalière, en vue de se débarrasser de leur soi-disant magie (ah, cette éternelle peur des hommes vis-à-vis des femmes ! ) et de revenir vaincues, prêtes à obéir sans discuter à la moindre injonction de l'Homme. Cela donne lieu à des affrontements féminins, à des jalousies, à du harcèlement, à des tortures, sous la menace perpétuelle des « braconniers » toujours à l'affût pour les écorcher vives, car il faut dire que la peau et les organes des demoiselles de 16 ans sont hautement aphrodisiaques et dotés de mille vertus.
L'héroïne, plus indépendante que les autres, n'entre pas dans ce jeu malsain et pour cela est ostracisée par la cheffe du même âge. Mais l'amoûûûûr est tapi au coin du bois…

Pourquoi donc n'ai-je pas accroché ? A cause de cet amour, justement. A cause aussi d'une psychologie peu fouillée, même si, je le reconnais, le harcèlement et le pouvoir exercé par un caractère fort sont bien rendus. L'atmosphère, en effet, est glauque.
Et puis j'ai trop lu.
Je reconnais dans ce texte des influences d'autres bouquins, ce qui n'est pas un défaut en soi vu que la littérature se construit par une intertextualité perpétuelle, mais ces influences sont trop explicites. « La servante écarlate », « Sa Majesté des mouches », la 4e de couverture les cite, et ça se voit, trop. le sujet n'est donc pas nouveau mais si l'auteure avait voulu apporter sa petite pierre à l'édifice, elle aurait dû faire preuve de plus d'originalité et aussi d'un style un peu plus relevé.
Maintenant, les jeunes filles d'aujourd'hui qui découvriront cette histoire seront probablement envoûtées, et je le leur souhaite.

Même si je reconnais que le sujet est bien dans l'air du temps et qu'il faut que les femmes ne se laissent pas faire, l'année de grâce a été, pour moi, une année ordinaire.

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« A Garner County, toutes les femmes sont coiffées de la même manière : les cheveux rassemblés en une longue tresse et le visage dégagé. Les hommes considèrent qu'ainsi, elles ne pourront rien leur cacher : ni rictus narquois, ni coup d'oeil furtif ou étincelle de magie. Les rubans sont blancs pour les fillettes, rouges pour les adolescentes en année de grâce et noirs pour les épouses. »

Tierney s'apprête à partir pour son « année de grâce » avec une trentaine d'infortunées de son âge.
Une année pour se débarrasser de leur « magie » et en faire de bonnes épouses à leur retour, enfin pour les heureuses élues qui ont reçu un « voile » de leur futur mari, déjà marquées par le sceau de la propriété masculine.
Une année entière confinée dans un camp sur une île hostile, sous la menace des braconniers à l'affût d'une proie à dépecer.
Les filles qui ont la chance d'en réchapper reviennent brisées, le regard éteint alourdi par une sombre omerta. Personne ne parle de son année de grâce.

Tout comme dans la « Servante écarlate », la religion et les superstitions qui en découlent servent de prétexte aux hommes pour asservir les femmes et les maintenir sous leur joug. Gare à celles qui s'écartent du droit chemin.
La potence ainsi que l'arbre aux châtiments qui trônent sur la grand-place ne cessent de le rappeler.
Les femmes sont tour à tour vues comme des proies ou des rivales, terrifiées par la peur de vieillir et la honte de ne pas engendrer de fils.
Les soeurs des filles tombées en année de grâce sans être recensées sont quant à elles exilées dans les quartiers extérieurs où leur sort est peu enviable.
Mais cette année semble s'annoncer sous d'autres auspices. La révolte qui brûle dans les yeux de « Tierney la Terrible » suffira-t-elle pour affronter cette année où il sera avant tout primordial de survivre aux autres ?

Immersion dans un monde impitoyable où les femmes subissent la domination des hommes, où la soumission, la sauvagerie et la cruauté brident toute liberté mais également où les fleurs éclosent pour entretenir l'espoir d'un monde meilleur.
Dès le début, on s'attache à Tierney, à sa famille bienveillante et à Michael, son ami d'enfance. le huis-clos à l'intérieur du camp où la violence va crescendo est contrée par la détermination et le courage de Tierney, bien décidée à briser le cycle infernal.

Coup de coeur pour ce premier roman de Kim Liggett qui réussit un véritable tour de force avec cette dystopie à la croisée de la Servante écarlate, de Hunger Games et de Sa majesté des mouches.

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Recommandé par une de mes collègues, j'ai lu ce roman Jeune adulte pendant mes pause-repas, sur une dizaine de jours. Je savais peu ou prou à quoi m'attendre, plusieurs de mes amis babéliotes en ayant fait des retours assez enthousiastes l'an dernier ou à l'occasion de sa sortie. Et la quatrième de couverture est assez explicite, avec ses références à Hunger Games, Sa majesté des Mouches ou La servante écarlate.

L'histoire est assez classique : une société où les femmes sont asservies, mariées sans avoir voix au chapitre pour celles qui sont "chanceuses", placées en "maison de travail" si aucun mâle n'a voulu d'elles, ou encore, pour celles qui n'auraient pas respecté une des nombreuses règles, bannies dans les quartiers extérieurs où elles seront contraintes de se prostituer. Et avant de subir l'un de ces sorts plus ou moins enviables, à l'âge de 16 ans elles sont envoyées sur une île éloignée et inhospitalière pour y passer leur "année de grâce", qui n'a de grâce que le nom. Pendant ces douze mois, elles sont censées se débarrasser de leur "magie", en réalité devenir de braves petites choses soumises, voire brisées après les épreuves qu'elles vont endurer, du moins pour celles qui reviendront vivantes.

Tierney fait partie de la promotion de l'année, et a bien l'intention d'en revenir encore plus forte et déterminée qu'elle ne l'est déjà. Contrairement aux autres filles, elle n'a nullement l'envie de "décrocher un voile", c'est-à-dire d'être promise à un homme lors de la cérémonie qui précède le départ. Farouchement indépendante, elle rêve d'aider les femmes de son village à se réaliser et ne plus vivre dans la crainte de commettre une faute qui pourrait les amener à la mort (et par la même occasion permettre à leur mari de se choisir une nouvelle épouse plus fraîche, pratique, non ?).

Nous la suivons pendant cette fameuse année, où elle sera souvent la cible d'autres filles qui n'apprécient guère son indépendance d'esprit et ses initiatives. Les caractères vont se révéler au fil des jours, et quelques portraits sont d'ailleurs assez caricaturaux ! On croisera aussi quelques hommes, dont, bonne surprise, certains vont également à l'encontre des règles édictées par cette société patriarcale et tyrannique.

Ce livre séduit nombre de lectrices dans les différents CDI où je l'ai vu, la cible étant clairement les filles de 15à 25 ans. Je n'ai pour l'instant pas eu de retour masculin, d'ailleurs cette tendance se reflète également dans les critiques sur Babélio, il ne me semble pas en avoir lues émanant d'hommes. Ce serait intéressant d'avoir un avis masculin...
J'ai lu plusieurs fois qu'il s'agissait d'un roman féministe. Mais pour moi ce n'est pas le cas, parce que la plupart des jeunes filles et femmes qui figurent dans ce roman sont présentées comme soumises, ou hystériques, ou incapables de prendre une décision par elle-mêmes. A part Tierney et sa mère...

C'est un roman qui se lit très facilement, c'est addictif et agréable, de la bonne came. Mais il m'a manqué de l'originalité, de la surprise, j'ai souvent eu un goût de "cousu de fil blanc", ou plutôt "tressé de ruban rouge", comme les cheveux de ces demoiselles. Il y a beaucoup de symbolique, comme ces fameux rubans dont la couleur change selon le statut de la fille/femme, ou les fleurs, très présentes également. On retrouve aussi le mythe d'Eve, associé bien sûr à la faute originelle (d'être née femme ?).
De bons ingrédients, mais pas assez d'épices pour moi. Mais je comprends parfaitement qu'il plaise, et l'auteure n'a certainement pas à rougir de son premier roman. Si vous êtes tenté(e) par une dystopie teintée d'idéalisme avec un soupçon de romance et pas mal de cruauté, vous apprécierez certainement "L'année de grâce".
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L'action de ce roman se déroule quelque part, à une époque indéterminée, dans une communauté qui considère les femmes comme des femmes dangereuses, des êtres magiques dont il faut se méfier, surtout quand elles ont seize ans c'est-à-dire l'âge où elles cessent d'être des filles pour devenir des jeunes femmes désirables. Pour tuer en elle toute magie, la communauté exige que, pendant un an, les jeunes filles de 16 ans soient exilées sur une île, dans un campement rudimentaire en pleine coeur de la nature, livrées à elles-mêmes, et condamnées peut-être à être tuées par des braconniers qui rôdent. Un an plus tard, les survivantes sont autorisées à rentrer et à se plier aux règles de la communauté.
Au vu du résumé et surtout après quelques pages, j'ai eu l'impression de retrouver l'atmosphère de « La servante écarlate » de Margaret Atwood mais aussi celle de « La lettre » de Nathaniel Hawthorne, un mélange de dystopie et de puritanisme du début du 17ème. Un contexte très particulier qui fait de la femme une ennemie qu'il convient de briser. Tierney, le personnage central de cette histoire, est une jeune fille qui étouffe sous le carcan de cette société autoritaire et patriarcal mais, naïvement, elle pense que le groupe exilé, une fois à l'abri du regard des hommes, va pouvoir vivre différemment, s'aider. Mais la vérité est que les filles reproduisent dans ce camp désolé, les mêmes règles, s'opposant les unes aux autres plutôt que de s'aider. Tierney en est d'ailleurs victime, ce qui l'oblige à affronter une nature hostile et aux multiples dangers. C'est aussi sa chance car elle sortira transformée de cette année de grâce.

Ce roman est certes une dystopie, mais c'est aussi un roman d'apprentissage, un roman féministe qui devrait amener les lectrices à s'interroger sur la place des femmes à l'heure actuelle, à s'interroger aussi sur les relations qu'elles nouent entre elles. Interrogée peu avant sa mort, Gisèle Halimi regrettait que les femmes ne soient pas plus solidaires : « Désunies, elles[les femmes] sont vulnérables. Mais, ensemble, elles représentent une force extraordinaire. Une force capable de chambouler le monde, sa culture, son organisation, en le rendant plus harmonieux. Les femmes sont folles de ne pas se faire confiance, et les hommes sont fous de se priver de leur apport. » C'est ce que dit à sa manière Kim Ligget dans « L'Année de grâce ».

Je vous recommande vivement ce roman jeunesse mais qui peut être lu par tout le monde et je remercie au passage Babélio et les Editions Casterman d'avoir pu le lire.
Challenge Multi défis 2020
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Dans un univers qui mélange intelligemment Hunger Games avec La Servance Ecarlate, Kim Liggett nous propose avec L'année de Grâce un roman captivant et plein de surprise. Tierney va entrer dans son année de grâce. Alors que la jeune fille vit dans un univers où les femmes n'ont aucun droit de parole et où toute leur vie leur est imposée, les jeunes adolescentes sont envoyées en pleine nature, en proie à des braconniers qui veulent leurs morts ainsi qu'à une vie rudimentaire et sans aucune aide en vue de faire dissiper leur « magie », trop tentatrice et effrayante pour les hommes.

Très belle surprise pour moi. Pourtant j'ai eu peur au début, en incitant sur différents points l'autrice peut nous donner l'impression d'enfoncer des portes ouvertes mais c'est pour mieux nous surprendre ! En étant consciente des codes du genre et du très grands nombres de sorties de ses dernières années, l'autrice joue avec son lecteur et arrive à nous captiver en nous proposant un récit intelligent et pleins de rebondissement inattendus. Les personnages sont fouillés et plein de nuances. Même Tierney peut-être difficile à appréhender et toutes ses décisions ne sont pas des plus innocentes. Comme on peut s'y attendre en lisant le résumé, L'année de Grâce est un récit dystopique qui prône la liberté et offre des messages forts de féminisme dans un univers sombre et cruel. Une fois l'intrigue lancée, il a été difficile pour moi de lâcher le roman !

L'année de Grâce nous prouve que la dystopie n'a pas encore dit son dernier mot et qu'elle a encore beaucoup de choses à nous offrir. Plutôt lassée par mes dernières lectures du genre, Kim Liggett m'a clairement réconcilié avec le genre. Une autrice à suivre donc !
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Avec plus de deux cents critiques, je ne vais pas à mon tour faire un résumé mais juste ajouter ma voix aux critiques élogieuses. C'est un roman que j'ai trouvé bouleversant, qui nous fait passer par plusieurs émotions au fil de la progression de la lecture : la révolte, la colère, la peur, la tristesse et l'espérance. Lu d'une traite, j'ai tourné la dernière page avec une petite larme, j'avoue. Il faut dire que les personnages sont attachants, la romance bouleversante et le sujet abordé, celui de la place de la femme dans la société, nous parle complètement. On y retrouve les thèmes de la servante écarlate et ce vent de révolte qui souffle nous emporte avec lui dans la lecture. Mais sans en faire trop, en laissant aussi la part belle aux hommes et ça c'est important. A lire, en sachant tout de même que ça reste du young adult et que ça se sent parfois et qu'il reste des questions que l'on se pose sur cet univers bien particulier.
Challenge Mauvais genres 2021
Challenge auteures sfff 2021
Challenge
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Tierney a 16 ans. Et à 16 ans, lorsque l'on est née fille dans le comté de Garner County, on part pour son année de grâce, une année dont aucune femme ne parle jamais. Cette année, durant laquelle les jeunes filles se retrouvent seules et livrées à elles-mêmes, est destinée à libérer leur magie. Car chaque homme à Garner County le sait : les femmes renferment en elles un pouvoir diabolique de séduction, de perversion et de corruption, qui culmine à l'âge de 16 ans. Pour devenir des femmes soumises, elles doivent s'en libérer. Car à 16 ans, on est également choisie par un homme de la communauté pour devenir son épouse. Si on n'a pas cette chance, on part travailler dans une maison de labeur. C'est toujours mieux que d'être bannie dans les quartiers extérieurs pour devenir une prostituée. Les deux soeurs aînées de Tierney ont déjà vécu ce rite de passage et sont désormais des épouses exemplaires. Mais Tierney n'est pas comme elles. Jeune fille indépendante et farouche, elle ne rêve pas d'un époux et refuse toute entrave. Ce qu'elle veut, c'est la liberté. Celle qu'elle veut, c'est choisir sa destinée.

Roman que je qualifierais de dystopie, sans précision de lieu ni de date ,« L'année de Grâce » délivre une histoire universelle portée par une héroïne inoubliable, Tierney. Garner County est un monde dirigé par les hommes pour les hommes : patriarcal, misogyne, tyrannique. Les femmes sont traitées comme du bétail, au mieux comme un bel animal de compagnie. Nul droit de parler entre elles, nul droit de se mouvoir librement,nul droit de rêver. Juste obéir et se soumettre.L'année de grâce est-elle ce moment qui peut leur offrir un peu de liberté ? Rien n'est moins sûr lorsque la rivalité et la jalousie l'emportent sur la raison. Mais Tierney et ses compagnes, tout au long de cette année faite de souffrances, de deuils et de luttes, vont découvrir au-delà de leurs antagonismes qu'elles seules, ensemble, peuvent changer le cours des choses. Tierney bien sûr, personnage lumineux, courageux, opiniâtre, en sera l'étincelle.
Je rejoins pour une fois ce que nous annonce la 4e de couverture du roman, à savoir un mélange de « La Servante écarlate, » de « Sa majesté des mouches » et de « Hunger games ». Rien que ça… Glaçant, bouleversant, addictif, «L 'année de Grâce » nous parle de survie, d'amour, de solidarité, de résilience et d'espoir. de féminisme également, tout en accordant à certains personnages masculins des rôles emblématiques et rédempteurs, porteurs d'espoir.
Des personnages captivants, une intrigue aux rebondissements multiples, des émotions et une lecture fascinante. « L'année de Grâce », on ne peut pas l'oublier.
Une de mes meilleures lectures en terme de littérature ado de l'année 2020. Coup de coeur !
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Une étoile pour le style, parce que c'est facile à lire.
Je suis cependant outrée que les éditions Casterman osent ce bandeau "Le livre féministe de la nouvelle génération". Une bande d'hystériques religieuses empoisonnées qui s'entretuent entourées de tueurs/violeurs sanguinaires, dans un monde complètement manichéen où les femmes sont de petites choses fragiles opprimées et les hommes d'affreux porcs libidineux tout-puissants, c'est féministe ?! Une histoire trash au possible, un triangle amoureux pervers et une étincelle de lutte pour l'égalité sur les deux dernières pages du roman, c'est féministe ?! Une gamine de 16 ans qui tombe enceinte du premier venu et qui a une épiphanie sur le sens de la vie après son accouchement, c'est féministe ?! Non, pour ça, on repassera. C'aurait dû être rangé dans les thrillers trash pour les 16 ans et plus mais ça va tomber entre les mains d'ados de 13 ans sous une pluie de critiques élogieuses, c'est vraiment honteux... En plus de diaboliser la société actuelle par une transposition franchement maladroite, le récit est aussi réducteur pour les femmes que pour les hommes, et est clairement fermé à de potentiels lecteurs, ce qui en fait une lecture... pour femme, exclusive et non pas féministe.
Pour des ouvrages réellement féministes, lire Strong Girls, Falalalala ou encore le Prieuré de l'Oranger.
Les hommes n'auraient pas été diabolisés de manière aussi systématique, l'héroïne s'en serait sortie toute seule, ou encore avec l'aide des femmes des quartiers extérieurs, il n'y aurait pas eu cette passion dérangée qui résulte sur une grossesse précoce, d'accord. Mais là non, juste non.
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