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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je misais sur du feel-good pour cette fin d'année et finir sur un bon sentiment. Et voilà que je décide de lire du SF d'anticipation sur la fin du monde qui plombe bien le moral ! Pourquoi ce choix ? Ouais, bon, bah je n'en sais rien. Voilà voilà.

N'étant pas fan de SF, j'avais quand même beaucoup apprécié "Exodes" du même auteur. J'avais même été bluffé et c'était carrément un coup de coeur.

"Aqua" se situe, niveau temporalité, avant "Exodes"

Deux autres romans se trouvent à la suite, mais peuvent chacun se lire indépendamment, car ils ne font pas partie d'une série en tant que tel mais sont différenciés par les dates des événements.

Ici, nous nous situons en 2030. Pas si éloigné que ça finalement...
À travers ce roman, j'ai pu donc voir ce qu'il se passait avant Exodes.

Le sujet principal est l'eau, comme nous pouvons le deviner au titre. D'un côté, nous avons celles et ceux qui subissent la sécheresse avec ses restrictions d'eau. Cet or bleu qui est devenu rare et cher. Les hommes tombent de plus en plus et meurent.
Et de l'autre côté, nous avons les pluies et ces terribles inondations qui anéantirent tout.

Dans ce roman, tout tourne (presque) autour d'une nappe phréatique.

Le roman s'ouvre sur un prologue avec comme sujets d'actualité, un ouragan sur les îles britanniques, les Pays-Bas qui renforcent leurs digues, un treizième mois de sécheresse en Andalousie avec la faune qui meurt lentement, des méduses mutantes en Italie et des glissements de terrain dans les Alpes.

Voilà le décor est planté et on sait à quoi se tenir lorsque nous décidons de poursuivre.

Comme d'habitude, nous retrouvons plusieurs personnages tout aussi importants les uns que les autres qui font face à ce chaos de différentes façons. Toutes s'imbriquent ensuite les unes aux autres comme pour Exodes.

L'auteur arrive à retranscrire les émotions et ce qui entoure chacun de ses protagonistes avec brio.

Bravo d'arriver à faire tenir un lecteur du début à la fin pour un aussi gros pavé.

J'ai tout de même une préférence pour le Tome 2.

Ce roman, est un cri d'alarme qui fait peur.

Si vous souhaitez lire cet auteur, vous savez où vous mettez les pieds.
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2030. Les désor­dres cli­ma­ti­ques ont entraîné l'assè­che­ment de cer­tai­nes régions du globe où les popu­la­tions meu­rent de soif, au sens pro­pre du terme. Aussi, lors­que des ima­ges pira­tées en pro­ve­nance d'un satel­lite de pros­pec­tion révè­lent à Fati­mata Konaté qu'une nappe d'eau gigan­tes­que se cache à quel­ques cen­tai­nes de mètres dans le sous-sol de son pays ravagé par la séche­resse, la pré­si­dente du Bur­kina-Faso reprend espoir en la sur­vie de son peu­ple.
En Europe, à Stras­bourg, Cathe­rine la malouine et Rudy le hol­lan­dais s'apprê­tent à tra­ver­ser en camion la France, le Magh­reb et le Sahara pour con­voyer le maté­riel de forage qu'une grande ONG a pro­mise aux bur­ki­na­bés.
De son côté, Ful­ler, un mul­ti­mil­liar­daire amé­ri­cain pro­prié­taire du satel­lite piraté, reven­di­que au nom de sa mul­ti­na­tio­nale la pro­priété exclu­sive de cette nappe. Res­source qu'il entend bien exploi­ter jusqu'à la der­nière goutte pour appro­vi­sion­ner en eau le mar­ché amé­ri­cain, quitte à faire appel aux ser­vi­ces de la CIA pour faire plier cette pré­si­dente afri­caine opi­niâ­tre qui ose se dres­ser con­tre ses inté­rêts.

Voici donc planté le décor idéal pour une véri­ta­ble gué­rilla poli­ti­que et éco­no­mi­que oppo­sant un petit état du Sud et l'incar­na­tion du capi­ta­lisme ultra libé­ral occi­den­tal. Con­flit dont l'enjeu n'est rien de moins que de l'eau et, par exten­sion, la sur­vie de tout un peu­ple ignoré.

Il s'agit pour moi d'un roman d'anti­ci­pa­tion assez solide, dont les rebon­dis­se­ments et le sus­pense m'ont tenu en haleine tout au long des quel­ques cinq cent pages. L'auteur dépeint ce à quoi notre pla­nète et notre société pour­raient res­sem­bler d'ici un quart de siè­cle (autant dire demain) ; il sug­gère une vision cer­tes crue et pes­si­miste, mais que j'imagine per­ti­nente. Pour cela il fait appel aux thè­mes “fami­liers” du genre : dérè­gle­ments cli­ma­ti­ques vio­lents, nou­velle orga­ni­sa­tion de la scène inter­na­tio­nale, USA étouf­fant sous le poids de leurs vieux démons, mon­tée des extré­mis­mes reli­gieux, crise éner­gé­ti­que… Il décrit éga­le­ment les con­sé­quen­ces d'un cli­vage social déme­suré, aussi bien à l'échelle glo­bale qu'à celui d'une ville, dans lequel les clas­ses aisées se replient sur elles-mêmes, dans leurs bul­les ou au sein de leurs réseaux, aveu­gles aux populations les plus déconsidérées dont l'exclu­sion atteint un paroxysme.
Cepen­dant, au milieu de ce caphar­naüm, l'auteur campe des héros ordi­nai­res qui tentent de combattre ce cynisme mondialisé et qui redon­nent espoir dans la capa­cité de l'Homme à se réveiller, par­fois, et à se ser­rer les cou­des mal­gré les obs­ta­cles, pour réa­li­ser de grands actes de soli­da­rité sans chi­chis et sans gloire. Des héros que j'ai trouvé atta­chants ; en par­ti­cu­lier Fati­mata Konaté, la pré­si­dente bur­ki­na­bée joviale et intel­li­gente.
Je regrette tou­te­fois cer­tains dénoue­ments ou rebon­dis­se­ments un peu faci­les… Mais ce bémol est vrai­ment mineur en regard de la qualité générale du récit.
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Et voilà un des paradoxes de notre époque. Ecrire ici une critique sur un livre. Cette critique sera stockée sur un serveur distant, lequel fera très certainement partie d'un datacenter plus ou moins important mais qui d'une façon ou d'une autre contribue à la dégradation de notre planète et mènera, si rien ne change, à la situation décrite par l'auteur de ce pavé alarmant.
Le paradoxe vient du fait que laisser cette critique (et toutes celles qui sont déjà là) est une façon d'inciter les lecteurs à prendre connaissance de ce livre et à envisager des alternatives pour échapper au réchauffement climatique.
Parce que c'est bien de cela qu'il s'agit. de réchauffement climatique et de ses conséquences. Et quand on se rend compte que ce livre a été écrit il y a 16 ans et qu'il est de plus en plus proche de la réalité, il y a de quoi s'inquiéter.
Alors je ne cherche pas à faire une critique militante, surtout que Jean Marc Ligny le fait bien mieux que moi dans ce roman de 900 pages.
Mais je ne peux que vous encourager à lire ce roman très bien fait, que je qualifierai de roman d'anticipation avec un soupçon de fantastique, plutôt que roman de science fiction. Cela dit, ce n'est pas le genre du roman qui compte mais ce qu'il nous raconte. Et en l'occurrence, ça mérite vraiment d'être lu.
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Écrivain de science-fiction et de fantastique, Jean-Marc Ligny ne compte pas moins d'une quarantaine de romans à son actif. Je n'avais pourtant jamais entendu parler de cet auteur français avant de me mettre en quête d'un récit orienté écologie et qu'on ne me conseille aqua™. Merci Julie ! J'ai profité de mes vacances d'été pour me lancer dans l'aventure et malgré quelques longueurs, je ne le regrette absolument pas. Bienvenue dans un monde où le dérèglement climatique sévit partout !

Bien que datant de 2006, les thématiques d'aqua™ nous sont étrangement familières. Catastrophes naturelles telles que cyclones, tornades, inondations ou au contraire sécheresse extrême qui fait crever des millions de gens la bouche ouverte, terrorisme écologique ou religieux, violence et dérives en tous genres… Dans ce récit d'anticipation qui se déroule dans un futur proche, en 2030 à peine, le monde tel que nous le connaissons n'existe plus. Et le futur imaginé par Jean-Marc Ligny est sombre, très sombre.

Alors que le Burkina-Faso est assoiffé, une nappe phréatique contenant encore de l'eau est découverte sur son territoire par un satellite américain. Tandis que la présidente demande l'aide d'une ONG pour se procurer du matériel de forage et ainsi sauver son peuple et sa nation, un homme d'affaires américain décide que cette eau lui appartient parce qu'elle a été découverte grâce à son satellite. S'engage alors un véritable conflit entre les deux parties, à l'image du combat de David et Goliath.

L'entrée en matière est un peu longuette et occupe le premier quart du roman. L'auteur nous décrit la situation climatique, économique et sociale en divers endroits de la planète en 2030 et ce n'est pas très beau à voir. En gros, les riches vivent dans des enclaves surprotégées, les autres se débrouillent comme ils peuvent... ou pas. On suit plusieurs personnages, tous impliqués d'une manière ou d'une autre dans cette histoire de forage, et bien qu'un peu caricaturaux sans doute, tous sont intéressants et bénéficient de leurs propres motivations.

L'intrigue en elle-même est parfaitement équilibrée, entre récit d'anticipation plein de rebondissements et roman à thèmes crédible et réaliste. La plume de l'auteur est agréable et fluide, il prend son temps et lorsqu'il ajoute une petite touche de fantastique à son histoire avec le bangré, la mère de la présidente du Burkina-Faso étant une guérisseuse un peu sorcière, cela passe tout aussi bien jusqu'au final, que j'ai malheureusement trouvé un peu moins crédible. Disons qu'après tant de noirceur, la magie ancestrale comme solution ultime diminue un peu la force du récit.

Malgré tout, j'ai passé un bon moment de lecture avec Jean-Marc Ligny. C'est une science-fiction très engagée que nous propose ici l'auteur, qui soulève des thématiques écologiques et politiques actuelles. Quelques petites longueurs ne m'ont pas découragée à désirer renouveler l'expérience. Exodes a d'ors et déjà rejoint ma wishlist et j'espère pouvoir me le procurer rapidement.
Lien : http://etemporel.blogspot.co..
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J'ai littéralement dévoré cette petite briquette de 900 pages en quelques jours ! Au départ, j'ai eu un peu de mal à accrocher au style de l'auteur mais rapidement, l'histoire m'a absorbée.

Ce qui donne un côté encore plus immersif et original au roman, c'est le fait que chaque chapitre commence par de faux extraits de journaux, d'interviews ou de citations en lien avec l'actualité du récit. Tout cela rend la situation décrite d'autant plus réaliste qu'il y a un certain écho entre ces extraits et les événements que nous vivons ces dernières années. Je dois dire que l'avoir lu quelques mois après l'élection de Trump et à quelques jours des élections françaises l'a rendu encore plus crédible à mes yeux…

Jean-Marc Ligny nous dépeint un monde chaotique où les conglomérats financiers réfugiés en Asie continuent de faire du profit à outrance au détriment de la population : plus aucune culture ne prend correctement car les OGM ont appauvri la terre, les dérèglements climatiques ruinent les maigres récoltes et apportent leurs lots de maladies dont les gènes ont muté. La majorité de la population tente de survivre dans une nature de plus en plus hostile tandis que les riches, toujours plus puissants, se calfeutrent dans des zones protégées qui tournent grâce à leurs propres générateurs et sont équipées de protections contre les aléas de la météo.

Dans cette société de plus en plus divisée, les extrêmes connaissent de plus en plus de succès : que ce soit l'extrême droite, le djihadisme ou encore cette Nouvelle Alliance qui imagine un nouvel intégrisme religieux basé sur le catholicisme.

Tout au long de ce roman, différents personnages aux desseins parfois opposés s'entrecroisent et nous permettent d'apercevoir le quotidien de différentes catégories de la population : la poignée de riches industriels qui ne pensent qu'à faire fructifier leur argent, la population moyenne occidentale qui voit sa qualité de vie se détériorer au fil des catastrophes climatiques et dont une partie est contrainte à l'exil, ou encore, les Burkinabés, écrasés par la chaleur et la soif, qui meurent chaque jour à petit feu, désespérants de revoir un jour la pluie fouler leur sol.

C'est donc un univers assez sombre et violent qui nous est décrit mais également porteur d'espoir car certains hommes continuent à se battre pour rendre le quotidien des populations les plus touchées, un peu plus supportable.

Au fil des pages, le récit plonge dans un univers quelque peu fantastique qui peut désarçonner et qui a sans doute joué sur le fait que ce roman, bien qu'il en avait le profil, ne s'est pas transformé en coup de coeur. Ce fantastique, qui apparaît par le biais des religions, qu'elles soient occidentales ou africaines, annihile une partie du réalisme de l'ouvrage, ce que j'ai trouvé vraiment dommage.

Néanmoins, c'est une lecture qui m'a absolument passionnée, même si je dois lui reconnaître deux/trois passages un peu longuets, que je vous recommande chaudement si vous êtes adeptes de romans d'anticipation.
Lien : https://www.maghily.be/2017/..
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Sur fond de dérèglement climatique, de sécheresse globale croissante et de triomphe des entreprises ayant su manier à la perfection le greenwashing de surface, un grand roman foisonnant d'humanité, de géopolitique spéculative et de recours aux forêts du fantastique.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/11/09/note-de-lecture-aqua-jean-marc-ligny/

Ce monde de 2030 va mal, pour la majorité des populations. Dérèglement climatique, pénuries, fragmentations politiques : dans la lutte pour les ressources et le bien-être relatif, les grandes entreprises multinationales, bardées de leurs avocats et de leurs droits imprescriptibles, font de facto la loi. Un soir de tempête cataclysmique sur la mer du Nord, des fondamentalistes chrétiens, organisés au plan mondial, font exploser la digue néerlandaise de l'Ijsselmeer, provoquant une brutale inondation meurtrière pour des centaines de milliers d'habitants des polders, et transformant instantanément les survivants en réfugiés climatiques, à l'intérieur même d'une Forteresse Europe résolument sourde au désespoir qui l'entoure, si ce n'est en tolérant les soutiens humanitaires bénévoles qu'elle engendre désormais à foison. Pendant ce temps, le Burkina Faso, comme bien d'autres pays sahéliens ou africains, est en train de périr sous la sécheresse devenue endémique. Pendant ce temps également, une multinationale tentaculaire parmi d'autres (mais celle-là appartient à un seul homme ou presque), en pleine reconversion déjà bien avancée vers tous les greenwashings possibles, thésaurise de précieux relevés satellitaires qui pourraient soulager le fardeau de nombreux pays pauvres. Jusqu'à ce qu'un certain hacker mette le feu à certaines poudres…

Un réfugié climatique néerlandais, une chef de mission humanitaire française, un hacker déjà mentionné, un propriétaire insatiable de multinationale fort avancée, une présidente burkinabée et plusieurs autres protagonistes essentiels à découvrir en temps utile sont désormais lancés sur des trajectoires de collision spectaculaires et savoureuses, tout au long de ce roman foisonnant en diable.

Au moins depuis le « Sécheresse » (1964) de J.G. Ballard, la pénurie globale d'eau est l'un des thèmes que la science-fiction a su arpenter avec le plus de constance et d'efficacité. En rappelant une fois de plus que cette littérature, à ne pas confondre avec une pure entreprise prospective, marchande ou non, n'a pas nécessairement vocation à prévoir l'avenir en tant que tel, mais bien à spéculer autour de possibles et d'hypothèses de pensée qui ont à faire avec nos présents (ou même de contribuer à entretenir la flamme du principe Espérance, pourraient dire chacun à leur manière Fredric Jameson ou Alice Carabédian), on notera par exemple, par-delà les formidables prémices de John Brunner, « Tous à Zanzibar » (1968) et « le troupeau aveugle » (1972), où la sécheresse radicale figure à l'état de trace significative, les travaux plus récents de Doris LessingMara et Dann », 1999), de Matías CrowderLa dune », 2013), de Claire Vaye WatkinsLes sables de l'Amargosa », 2015), de Paolo BacigalupiWater Knife », 2015), ou encore de la récente série télévisée de Choi Hang-yong (« The Silent Sea », 2021).

Avec cet « aqua™ » publié en 2006 chez L'Atalante, Jean-Marc Ligny se permettait à la fois d'actualiser l'héritage cyberpunk dont il fut l'un des pionniers en France (ici, sa scène de hacking du logiciel d'un satellite est une pure beauté, par exemple), de nous emmener à nouveau dans cette Afrique de l'Ouest qu'il affectionne (que l'on se souvienne de son magnifique et inquiétant « Yoro Si » de 1991), de nous offrir une traversée du Sahara par un camion solitaire porteur de matériel de forage comme un grand et beau moment d'anthropologie et d'humanité, et enfin, surtout, de nous proposer une lecture polyphonique – quasiment pluraliste, au sens de Vincent Message – d'une rude compétition pour les ressources devenues rares, compétition dans laquelle les personnages principaux, campant d'abord de grands types caricaturaux, développent leur étrange épaisseur au fil des pages, tandis que les triomphes annoncés du cynisme et de l'avidité peuvent ici être détournés ou ralentis par de subtiles combinaisons humaines d'engagement et de géopolitique d'un futur moins pire. Une belle réussite et un ouvrage essentiel pour saisir ce que fabrique la science-fiction dans notre contemporain.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Jean-Marc Ligny est un auteur très prolifique de Science-Fiction et de romans d'anticipation à portée très largement écolo.
Avec Aqua ™, il imagine notre (pauvre) planète dans une quinzaine d'années. Et le résultat n'est vraiment pas joli à voir. Des déserts qui avancent partout. Des enclaves protégées aux USA où les gens riches sont cloîtrés pour maintenir un semblant de vie et de cohésion sociale. Des températures extrêmes, des intempéries incontrôlables et dangereuses.
Hors des enclaves, des gangs d'Outers font régner le chaos. A mi-chemin entre New York 1997 et Mad Max.
Laurie abandonne sa maison Malouine dont le rez-de-chaussée est constamment inondé. La digue qui protège Saint-Malo ne contient plus grand chose. Si elle rompt, c'est la fin de la ville.

Les Pays-Bas viennent d'être plus ou moins rayés de la carte suite à un attentat à la bombe sur une digue. Rudy a perdu tout ce qu'il possédait dans cette catastrophe.

Tout l'ouvrage est extrêmement réaliste. Les descriptions solidement documentées apportent un degré de précision qui fait froid dans le dos. le périple de Laurie et Rudy à travers l'Afrique pour rejoindre le Burkina, la traversée des différents déserts, leurs rencontres avec des peuplades nomades ainsi que les us et coutumes de plusieurs de ces peuples sont si précis, si authentiques qu'on a l'impression de faire partie du voyage.
De la même manière, on s'insurge contre les prétentions totalement iniques de Fuller. Sa volonté de mettre un pays entier à genoux pour simplement satisfaire sa soif (au sens propre et au figuré) de pouvoir, quitte à décimer plusieurs millions d'habitants. le système économique libéral est plus que pointé du doigt ici. Il est fortement maltraité et mis en avant comme un système profondément injuste, favorisant les riches jusqu'à l'excès tout en réduisant les pauvres en poussière.

Ce roman, avec une thématique plutôt alarmiste sur les dérives de notre système économique et l'avenir de notre planète, est servi par une écriture précise, documentée, intelligente. Chaque mot est à sa place et a une signification. Pas de hasard non plus dans la construction du roman qui dénonce une logique implacable et met en place une progression impitoyable des événements sans possible retour en arrière, jusqu'à l'apogée.

L'auteur enferme le lecteur dans les problèmes écologiques liés à la dégradation de la planète et à la maltraitance de la part des élites. Une dénonciation extrêmement précise de ce système est faite par la description des comportements durant un congrès sur l'éconogie (éco - nomie / éco - logie). de juste odieux, les personnages en deviennent malsains, criminels. Et c'est le plus normalement du monde qu'ils décident de l'avenir de toute une planète dans une débauche d'argent, une orgie de luxe et de gaspillage totalement hors de propos.

Quel dommage, vraiment, que ce genre de roman soit si mal considéré (et sûrement jamais lu, voire inconnu) par les gens que cela devrait concerner au premier chef... Je le déplore souvent, et je doute que ce soit près d'être résolu.
Quoi qu'il en soit, c'est un très bon roman d'anticipation. Espérons que l'avenir dépeint ici ne devienne jamais une réalité. Même si l'auteur a inventé la suite en mettant en place la fin du monde dans un roman titré Exodes. Une troisième partie est d'ailleurs à l'étude, qui se déroulerait après l'apocalypse et bouclerait ce triptyque de la fin du monde (Avant - Pendant - Après) mais pour l'instant rien n'est écrit.

Aqua™ est un roman fort, prenant, déroutant parfois, militant, qui ne laisse pas le lecteur souffler et le lâche avec regret à la fin. Mais le texte reste gravé en mémoire. Ce combat pour la survie. Pour la vie. Qui transcende les barrières politiques et ethniques, les langues et les lois. A mettre entre toutes les mains. Surtout celles qui en ont besoin...
Lien : http://www.biblioblog.fr/pos..
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Une épopée SF se déroulant dans un futur proche et où le réchauffement climatique à noyé certaines zones géographiques, tout en en laissant d'autres complètement désertiques et :mortellement dé-séchées pour ceux qui tentent d'y survivre.
Dans ce monde, les réfugiés climatiques et les maladies sont très fréquents.
On ne se bat plus pour l'or mais pour l'eau potable et la survie.
L'écriture est fluide, les personnages profonds (quoi qu'un rien énervant pour certains par moment). L'histoire est prenante et les intrigues se multiplient ce qui permet de ne pas lasser le lecteur malgré le pavé. Malgré tout, une bonne centaine de pages en moins sur les 950 qui constituent ce pavé aurait, selon moi, été bénéfique et permis d'éviter quelques redondances inutiles.
Globalement, en dehors de quelques défauts mineurs, j'ai donc trouvé ce roman très bon donc je vais lire le second opus "exode" (qui peut être lu séparément).
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Un récit apocalyptique où, pour faire simple, au sud de l'hémisphère les gens meurent pour cause de manque d'eau pendant qu'au nord ils sont soumis aux tempêtes incessantes et à la mer qui déborde. Dans cet univers où tout fout le camp, on a des gens :
1) qui tentent désespérément et souvent en vain de ne pas mourir
2) qui tentent de justifier et de trouver un sens à leur existence où tout semble compromis
3) qui tentent de devenir maitres du monde en faisant fi de l'humanité et en cherchant à maitriser la seule denrée importante et manquante à la vie, je te le donne en mille : l'eau potable !

La première partie est si réaliste que c'en est effrayant. Tout est saisi à la loupe : gouvernement, activités économiques, sociales, politiques, géopolitiques, militaires, humaines... le tableau dressé fait froid dans le dos.
La seconde partie nous aide à bouger dans ce tableau si terrible, heureusement. On suit les protagonistes, on se bouge un peu les fesses et l'intrigue se resserre davantage. Si bien qu'on est prit dans l'action et, grâce à leurs actions, on a un peu l'impression de faire bouger les choses.

Peu importe si tout n'y est pas parfait et si quelques énormités passent par-ci par-là. le principal est le sujet, une fiction écolo qui n'en est pas une, puisque les choses sont annoncées et qu'on va droit dans le mur. le principal est de se poser des questions. Dont une que je te partage, dans ma grande bonté ( :p ) : Comment réagirons-nous, quand nous serons dans ce cas de figure ? Ou un tout autre cas tout aussi alarmant. On ne s'en sortira certainement pas mieux. Et en vrai, c'est effrayant.
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Je profite des vacances pour écrire quelques critiques sur des livres que j'ai lu il y a quelques mois...
Celui-ci l'a été en décembre 2015.
Il s'agit d'anticipation, mais elle n'est finalement que légère puisqu'on peut déjà observer une grande partie des bouleversements climatiques décrits dans le livre. C'est sans doute cela la grande réussite du livre que de rester dans un avenir proche, dans du presque réel. Au-delà des propos écologistes classiques, l'auteur propose une situation géopolitique complètement redistribuée par ces nouveaux enjeux. En cela, on se rend compte de l'importance que vont prendre ces sujets dans les prochaines années… Mais plutôt que de forcer ou de caricaturer, l'auteur essaye de garder une certaine logique et un certain réalisme pour mieux nous maintenir dans l'univers du « possible ».
Pour le reste, l'architecture du scénario est solide et la progression narrative agréable malgré la taille importante de l'ouvrage. Evidemment, on ne coupe pas à quelques clichés ou facilités scénaristiques ; la fin est d'ailleurs un peu classique. Mais l'ensemble tient la route et a le mérite de nous faire voyager mais aussi réfléchir su notre avenir (proche ?). Et ce n'est pas si mal ni si courant pour un livre français !
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