Voilà un livre qui, peut-être, donne tort à
Octave Mirbeau lorsqu'il affirme dans "
les 21 jours d'un neurasthénique" que l'idée dort dans les livres, que la vérité et le bonheur n'en sortent jamais.
Que finalement le pouvoir de la Littérature est limité !
Le livre de
Jean-Marc Ligny, "Aqua", est un pavé dans la mare.
730 pages de roman bien ficelé et passionnant ...
850 grammes de science-fiction parue en 2006 aux éditions nantaises "l'Atalante" ...
C'est la douche froide !
Qu'avons-nous fait pour mériter cela ?
Ce roman est un roman d'anticipation qui projette sa lectrice, son lecteur dans un monde qui n'est pas si éloigné du notre.
La Hollande, Saint-Malo, le Burkina-Faso, le Kansas ... L'enjeu est mondialisé.
Une image satellite volée par un jeune hacker a révélé l'existence d'une immense nappe phréatique dans les sous-sols du Burkina-Faso, le pays des "hommes intègres".
Les intérêts vont déchaîner le pire comme le meilleur.
Laurie et Rudy vont convoyer du matériel de forage ...
Ce roman, qui démarre à la fois doucement et sur les chapeaux de roues, est écrit de manière magistrale et articulé de façon efficace.
On n'y perd jamais le fil du récit, malgré une certaine multiplicité des lieux et des personnages.
Ces derniers vont être appelés à interagir entre eux et sur un monde que déjà l'on semble entrapercevoir aujourd'hui.
Car, dans l'anticipation, l'analyse accompagne ici l'action.
C'est réfléchi, et c'est bien vu.
Mais c'est glaçant.
Peut-être plus encore d'ailleurs qu'"
Exodes" et que "
dix légendes des âges sombres" car le récit d'"Aqua" est à mon sens celui qui fait la charnière entre notre monde et celui plus apocalyptique encore des deux autres ouvrages.
Le cri d'alarme est patent.
Il assèche le Burkina-Faso.
Il inonde la Hollande.
Et fait suinter les vieux murs de Saint-Malo.
Mais, dans son récit, par dessus tout cela,
Jean-Marc Ligny à aucun moment ne perd pas de vue la part d'humanité de ses personnages.
Ils sont décrits tels qu'on les connaît déjà, à peine caricaturés dans leurs réalités de générosité et d'égoïsme, de désespoir et de courage.
"Aqua" est un grand roman, un de ceux qui marquent le genre, un de ceux qui font espérer que la Littérature ne soit pas aussi vaine que semblait le penser
Octave Mirbeau ...