Vous êtes passionné, impatient, vif et emporté ? Ne lisez pas «
La confession anonyme » !
Vous êtes méthodique, réfléchi, calme ? Lisez ce roman !
«
La confession anonyme », ça ne vous dit rien, sans doute. Et «
Benvenuta », le film de Delvaux? Il faut dire que ce film tiré du livre est ancien, de 1984 exactement. Film splendide, délicat, passionné lui aussi, servi magistralement par une Fanny Ardant à fleur de peau et un Vittorio Gassmann tempétueux.
Mais pourquoi parle-t-elle du livre alors que nous nous trouvons sur un site littéraire, pensez-vous à juste titre ?
Tout simplement parce que je n'ai pas aimé lire cette analyse – très fine au demeurant – de l'amour, de la passion plutôt. Curieux, n'est-ce pas ? Moi qui ne m'accommode pas de l'apparence, qui aime creuser les sentiments, qui déteste les stéréotypes et la mièvrerie, j'aurais dû apprécier ce roman tout entier dédié au sérieux de la passion et décortiquant chaque geste, chaque embryon de pensée, chaque comportement. C'est vrai, quoi, quand on lit ceci, on ne peut qu'être d'accord : « Qui donc a dit que la présence est un leurre ? Ne savais-je pas depuis longtemps qu'une ressemblance nous touche quelquefois plus vivement que la personne elle-même. Présente, elle ne nous dispense que son apparence au lieu que la ressemblance nous livre son signe. de sorte que le danger lorsque nous revoyons un être longuement vénéré, loin que nos illusions se dissipent, est de déranger par la fragmentation l'image une que l'amour a fini par abstraire des mille particularités de l'être, d'obnubiler la réalité essentielle sous l'accident et le détail. »
Mais malheureusement, quasi tout le roman se présente de cette façon, comme si c'était un essai. L'auteur n'est pas essayiste pour rien, d'ailleurs, elle qui a écrit «
le couple », ou « A propos de
Sartre et de l'amour »...
Et moi, à la construction intellectuelle, je préfère la vie. Lire, pour moi, c'est ressentir en analysant, ou analyser en ressentant, si vous préférez. C'est éprouver des frissons devant la beauté d'une phrase, le moelleux d'un mot, la justesse d'une action, la vérité d'un personnage.
Et même si je reconnais toute la cohérence de l'examen méthodique des sentiments, si je m'incline devant l'intelligence émotionnelle de la narratrice, je ... m'ennuie.
Donc, si vous êtes prêt à vous lancer avec votre pur intellect dans l'histoire d'une passion, je vous recommande chaudement «
La confession anonyme », vous ne serez franchement pas déçu.
Mais si vous voulez vibrer face à l'histoire de cette passion, visionnez «
Benvenuta », vous serez enchanté.