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EAN : 9782290385173
608 pages
J'ai lu (06/09/2023)
3.28/5   128 notes
Résumé :
Au plus fort de l'été, alors que de nombreux Suédois aisés sont en vacances, de gigantesques feux de forêt se déclarent. Dans cette situation apocalyptique, la région se mue en une véritable zone de guerre et les autorités peinent à faire face. Didrik, consultant médias, est pris dans le cataclysme avec sa famille, mais semble autant préoccupé par ses tweets en direct que par le destin des siens.Courage, lâcheté, indifférence, colère, comment réagissons-nous face à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
3,28

sur 128 notes
Un gros pavé de plus de 500 pages, un bandeau aux commentaires qui semblent trop racoleurs pour être sincères, l'annonce d'un roman sans doute facile et trop dans l'air du temps pour vraiment nous emporter: le lecteur peut légitimement hésiter à ouvrir Et la forêt brûlera sous nos pas du suédois Jens Liljestrand (Autrement, août 2022)… Et pourtant, s'il se lance finalement dans l'aventure, il n'aura rien à regretter et gardera certainement longtemps le souvenir des émotions fortes et des réflexions complexes que ce texte aura suscités. Captivant dès les premières pages, construit en quatre parties où s'expriment successivement les points de vue d'autant de protagonistes de l'histoire, le récit évoque la naissance et l'extension dévastatrice d'un méga-feu en Dalécarlie, une région de Suède particulièrement touristique au coeur de l'été. Didrik, un universitaire spécialisé sur les questions d'environnement et consultant pour des médias, père de famille de trois enfants, Vilja, Zack et la petite Becka, un tout petit bébé, se trouve obligé de fuir avec sa femme Carola, le chalet où ils séjournent au bord d'un lac, dans la plus grande des précipitations. Tandis que l'Apocalypse se déchaîne autour d'eux, que leur voiture refuse de démarrer, qu'une succession d'incidents entrave leur retour à Stockholm, le couple se déchire, et Zack, puis Vilja disparaissent… Un vent de panique souffle sur la région, les touristes et les habitants, devenus exilés climatiques, se retrouvent piégés dans des camps où règnent le chaos et l'arbitraire d'autorités incapables d'organiser ravitaillement et transports. Une des grandes réussites de Jens Liljestrand est incontestablement d'avoir donné autant de puissance à la peinture de cet arrière-fond de cauchemar, présentant au fil des chapitres l'engrenage terrifiant des conséquences de l'incendie, en conservant à la trame de la catastrophe toute sa plausibilité : flammes dévoratrices, fuite désespérée comme une errance sans fin, embouteillages monstres, déchaînement des violences, manifestations brutales et pillages. Tandis que Didrik et Carola tentent de retrouver leurs enfants, un nouveau personnage apparaît, Mélissa, une influenceuse sur le Web, ancienne maîtresse de Didrik, chez qui il trouve refuge avec son bébé en revenant enfin à Stockholm. La jeune femme, bien éloignée des préoccupations écologiques de son amant, affronte la situation avec un tout autre regard sur les événements. Puis c'est au tour d'André, le fils d'Andrès Hell, un ex-champion de tennis, qui a prêté son appartement dans la capitale à la jeune femme, de vivre les répercussions de l'incendie sur sa propre routine d'enfant gâté, mais méprisé par son père, qui ne voit en lui qu'un « loser ». Enfin, c'est le regard de Vilja, l'adolescente égarée, qui donnera sa version des derniers jours de la catastrophe. Au-delà pourtant de l'habileté narratrice de Jens Liljestrand, le plaisir du lecteur trouve sa source dans la vivacité des discours intérieurs et des dialogues, le ton souvent familier, les multiples allusions à des détails de l'univers de la consommation ou du monde d'internet. On admire le talent avec lequel l'auteur, tout en maintenant la cohérence chronologique des événements, réussit à glisser d'un point de vue à un autre, ouvrant dans le texte un vrai débat sur la conduite à tenir face à la rapidité catastrophique du changement climatique. On rit de la mauvaise conscience de Didrik, des vrais ou faux sentiments de culpabilité des uns et des autres, de l'indifférence, du cynisme ou de l'arrogance de Mélissa ou de la vieille star du tennis. Mais on entendra sans doute encore et encore les mots de l'universitaire déconfit devant ce quai où le train de l'avenir semble ne devoir jamais s'arrêter :
« -C'est tout ce bordel aussi, dis-je avec un geste vers la situation chaotique sur le quai. La vie s'écoule et ce serait différent si l'on pouvait se projeter dans un avenir radieux, se dire que toi et moi on pourrait profiter d'une vie un peu luxueuse après cinquante, soixante ans, mais ça ne se passera pas comme ça, hein ? La vie c'est ça maintenant et ça va aller de mal en pis. Tout. On ne peut qu'espérer mourir avant que ça ne devienne totalement insupportable. Mais la chaleur, l'eau, la nourriture. Qu'on réussisse à faire fonctionner la société quelques années de plus, avant que la prochaine pandémie ne referme tout. Qu'on ne soit pas obligés de manger des insectes. Que les racistes et les fous ne conquièrent pas encore plus de régions du monde. Qu'il y ait du café à boire dans notre maison de retraite. »(pp.112-113)
Alors, on ferme les yeux, on assume son égoïsme, on continue à consommer sans réfléchir aux conséquences désastreuses de notre mode de vie ? On se lève et l'on descend avec Greta Thunberg manifester dans les rues notre colère face à l'inaction des gouvernements ? Ou bien, et ce n'est pas forcément contradictoire, on apprend, comme disent certains, puisque de toutes façons nous n'avons plus le choix, « à couler en beauté » ? Mieux qu'un long discours, s'il n'impose évidemment aucun code de conduite, le roman engagé de Jens Liljestrand nous invite à prendre conscience de la nécessité urgente de choisir notre destin. Et ça se lit comme un thriller !
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"Et la forêt brûlera sous nos pas" est un roman qui a tout de suite attiré mon attention au moment de sa parution. Présenté comme LE livre du réchauffement climatique, j'étais impatiente de découvrir ce qu'il cachait derrière ces annonces à effet. Cette découverte a été possible grâce à la masse critique de Babelio et aux éditions Autrement que je remercie pour cet envoi.
Toutefois, je vais émettre sur cette lecture un avis plutôt réservé. Si j'ai aimé la thématique du livre, j'ai regretté cependant qu'elle ne soit pas plus exploitée. La part centrale de l'ouvrage est concentrée sur les états d'âme des 4 protagonistes que nous allons suivre. La question du climat est une toile de fond, prétexte aux déambulations mentales des personnages.
Il faut être clair, difficile de s'attacher aux protagonistes, anti-héros par excellence.
Il y a d'abord Didrik, l'homme qui affiche un engagement pour le climat et pense oeuvrer en son sens alors qu'il n'est préoccupé que par sa côte de popularité sur les réseaux sociaux. Face à la tragédie, il va enchaîner mauvaises décisions sur mauvaises décisions, la pire état de "confier" son fils à de parfaits étrangers. A cela s'ajoute sa folle et pathétique envie de paraître aux yeux de tous et de sa femme comme un "héros", seule ambition légitime à ses yeux. Et pour parfaire la caricature du personnage, ce dernier est également en proie au démon de midi, se lamentant sur son histoire d'amour trop vite avortée avec la plus jeune et non moins influenceuse Mélissa. Bref, vous l'aurez compris, Didrik est un cliché dont la phrase culte sera "Acclimatez-vous Bordel".
Mélissa, elle, a aussi une phrase culte "Choisissez le bonheur", ce qui revient à dire pour elle qu'il faut ignorer tout ce qui ne va pas. Uniquement préoccupée par ses followers, elle balance ses états d'âme sur le net pendant que Stockholm s'embrase sous les émeutes des défenseurs du climat. de ces émeutes, on ne saura pas grand chose, si ce n'est qu'elles sont empreintes de violence et sèment le chaos. Dommage, j'aurais aimé que la voix de la défense du climat soit plus représentée et en tout cas plus entendue dans ces revendications et non réduite à la seule expression de la violence. Mais l'auteur, une fois de plus, fait le choix de nous plonger dans les réflexions de Mélissa avec d'incessants retours dans le passé, difficiles à identifier dans la structuration du texte. C'est d'ailleurs une particularité de son écriture qui m'aura souvent perdue ou lassée. Mais laissons Mélissa écrire le livre de sa vie du haut de son roof-top, "gentiment" prêté par une ex-vedette du tennis et retrouvons ce dernier avec son fils en pleine croisière sur leur luxueux bateau.
Ces deux personnages sont également très antipathiques. Anders, le père, ne vit que pour le regard de l'autre et l'étalement de ces richesses tandis qu'André , son fils, se lamente sur son triste sort de fils à papa. C'est sûr ce dernier n'a pas bénéficié de beaucoup d'amour mais il se complaît dans sa place de victime sans s'interroger sur ses propres choix.
Heureusement Vilja, fille de Didrik, sauvera un peu la mise en se montrant bien plus responsable que tous ces adultes même si elle agira parfois elle aussi superficiellement. Mais comme elle n'a que 14 ans, on est plus indulgent.
L'intention de ce livre est certainement de nous montrer à quel point nous sommes englués dans notre zone de confort et peu préparés au changement climatique. C'est toujours assez loin de nous, cela ne nous concerne pas et tant que nos petites vies peuvent continuer, il n'y a pas de quoi s'affoler vraiment. C'est parfaitement réussi sur ce point mais les incessantes digressions, les réflexions autocentrées des personnages finissent par alourdir le récit au risque de l'ennui. Par conséquent, je ne saurais dire si j'ai aimé ou pas ce livre. Ce dont je suis cependant certaine, c'est que ce livre ne laisse pas indifférent et qu'il peut se révéler glaçant devant tant d'inconséquences humaines.
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« La nature ne négocie pas. On ne peut ni la convaincre, ni l'apaiser, ni la menacer. Nous sommes une catastrophe naturelle qui s'étend depuis dix mille ans, nous sommes la sixième extinction de masse, nous sommes un super-prédateur, une bactérie meurtrière, une espèce invasive, mais pour la nature nous ne sommes qu'une ride à la surface. Une broutille, un toussotement, un cauchemar dont on se souvient à peine. »
Conscient de la responsabilité de l'homme dans le réchauffement climatique, Jens Liljestrand nous entraîne dans une projection hyper-réaliste où la Suède est touchée par des méga-feux impossibles à contrôler.

Au milieu de cette tourmente, il place 4 personnages dont les comportements vont illustrer nos modes de vie et surtout l'individualisme qui surgit dans des situations complexes.
Le père de famille, consultant écologiste dans les médias, empêtré dans une famille dysfonctionnelle, ne sera pas le héros du roman. Incapable de prendre des décisions sensées, il jette sa famille sur les routes et perd ses enfants en chemin. Ainsi, même celui qui a des convictions ne peut être préparé à ces catastrophes climatiques.
Le personnage suivant, son ex-maîtresse une influenceuse dont le credo est " Choisissez la vie" refuse d'admettre le réchauffement climatique et prône l'hédonisme en méprisant tous les lanceurs d'alerte. Quant au 3ème, un célèbre tennisman et son fils, ils mènent une vie de milliardaire, gaspillant éhontément les ressources de la planète avec leurs bateaux de luxe et leur mode de vie energivore.
L'auteur condamne fermement la société de consommation, et surtout les plus riches d'une absolue irresponsabilité. Quoiqu'il arrive, ils restent centrés sur leurs modes de vie, convaincus qu'ils auront toujours les ressources pour se tirer d'affaire contrairement aux plus démunis qui n'ont aucune chance de survivre aux pénuries.
Sceptiques, résignés, indifférents ou indignés : lorsqu'ils sont confrontés à une situation de crise, les personnages réagissent tous de la même manière, sauver leur peau avant tout.

L'espoir et le désespoir surgissent conjointement dans la dernière partie.
Espoir qui vient de la fille adolescente, capable de décisions pragmatiques et de solidarité.
Désespoir devant la violence, l'égoïsme, la cruauté et la désorganisation d'une société qui se disloque. le pire advient lorsque ceux qui peuplent la planète se déchirent pour survivre.

Si le roman aborde un sujet essentiel dont il est urgent de s'emparer dans la fiction, et s'il met à juste titre l'accent sur des comportements climato-negationnistes qui persistent en chacun de nous, j'ai cependant regretté une narration parfois trop éparpillée autour de personnages secondaires qui n'apportent rien à l'enjeu essentiel.
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"Le grand roman du réchauffement climatique"! C'est ainsi que le livre est présenté. L'histoire avait effectivement du potentiel pour cela. Au début, elle m'a vraiment transporté. le changement climatique est bien décrit. Les incendies de forêt, les lacs asséchés, les rivières avec beaucoup trop peu d'eau...tout autour, c'est le chaos, et pourtant : il faut planifier les vacances. Il faut de nouveaux vêtements. de préférence du vintage.

Un couple et ses trois enfants décident de passer leurs vacances dans un chalet ou le risque d'incendie est très élevé. Et effectivement, ils seront bientôt entourés par le feu. Alors que la question d'un retour imminent à Stockholm se pose, tout vole en éclats. le couple se déchire, les enfants disparaissent.

Après 150 pages, j'ai su que ça allait très difficile d'aller au bout de ce roman. Malgré un sujet d'actualité et fort intéressant, l'auteur a choisi de ne pas assez l'exploiter, il est traité en toile de fond. D'un autre côté, tous les personnages que j'ai rencontrés dans ce livre m'étaient plus qu'antipathiques. Je n'ai pas du tout aimé Didrik. Il est trop imbu de lui-même et superficiel. J'ai trouvé Mélissa plus que repoussante et j'ai tout simplement eu pitié d'André. Seule Vilja a réussi à m'intéresser un peu. Mais vraiment juste un peu ...

Quant au style, je l'ai trouvé plutôt fouillis. Il y a beaucoup trop des répétitions, de détails non-pertinents dans de longues phrases qui ne m'ont apporté que de l'ennui et certaines scènes à mon avis, manquent de réalisme.

Ce qui me semble être l'ambition de l'auteur, et ce qu'il réussit à faire, c'est de montrer combien la frontière est mince entre la folie et la rationalité chez chaque être humain. Les situations précaires provoquent des comportements étranges et nous poussent à réagir de façon irrationnelle.

Ce thriller au bord de la catastrophe climatique ne m'a pas convaincue. Trop grossier, trop repoussant et souvent vraiment drôle dans le mauvais sens, à la limite de la caricature ...



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"N'aie pas honte d'être humain. Sois-en fier"... cette petite injonction revient régulièrement au fil des pages de ce roman, comme un aiguillon qui s'enfoncerait dans la chair des protagonistes. Elle se retrouve plutôt dans la bouche de celles et ceux qui refusent d'embrasser la tendance écolo générale : plutôt vivre, profiter que se flageller et se priver. Snober les signes extérieurs de dérèglement climatique, balayer tout ça d'un revers de main et retourner à ses agapes. Mais dans l'autre camp, l'hypocrisie n'est pas en reste. Greenwashing, mini gestes et bonne conscience. Ce roman est encore plus misanthrope que je ne le pensais. Une sorte de comédie humaine du 21ème siècle - l'humour en moins - qui saisit les individus dans un moment crucial et braque les projecteurs sur la vérité nue et crasse de leurs comportements.

L'intrigue se déroule sur quelques jours d'un été caniculaire en Suède. de gigantesques incendies de forêts se déclarent et provoquent le chaos parmi la population en vacances. Des bobos aisés sont soudain transformés en réfugiés climatiques alors que les transports sont perturbés et que des émeutes éclatent dans les villes. Nous allons suivre tour à tour quelques individus dont les destins sont liés, nous glisser dans leurs pas et surtout dans leur esprit. Où chacun est aux prises avec ses petites cachoteries, ses mensonges, ses lâchetés ou ses peurs. Les portraits sont sans pitié, l'auteur fouille derrière les apparences affichées par Didrik, pro de la communication dont l'assurance se fissure face à l'inconnu. Car cette crise est complexe, les individus s'opposent depuis si longtemps sur la notion même d'urgence climatique... alors quels coupables désigner sinon soi-même ?

Malgré tout mon intérêt pour ce sujet et ma sympathie pour la misanthropie j'ai terminé ce roman assez déçue par rapport à ce que j'en espérais. Il pose effectivement quelques questions mais s'englue dans des situations qui donnent l'impression de tourner en rond et de trainer en longueur. Même s'il saisit de nombreux aspects de notre société et de nos contradictions face aux enjeux actuels et futurs, il ne m'a pas emmenée au-delà d'une actualité que je connais ni de personnages dont j'ai eu l'impression d'avoir déjà trop côtoyé les travers. Certains m'ont même semblé superflus (l'ancien champion de tennis par exemple). Après deux premières parties plutôt affûtées mon intérêt s'est peu à peu délité et je suis arrivée au bout sans me forcer mais sans grand enthousiasme. Dommage.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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critiques presse (1)
LeMonde
29 août 2022
Le centre du pays est ravagé par les flammes, les gens fuient, les infrastructures s’effondrent. Un roman environnementaliste fiévreux et militant.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Je sors sur le ponton. Le petit bocal en verre se trouve là, juste à côté de l’échelle. Le thermomètre flotte comme d’habitude à la surface de l’eau, attaché à l’un des poteaux par un petit fil en nylon, j’ai une soudaine envie d’y jeter un coup d’œil. Vingt-neuf degrés. Je ne vois pas le dauphin, le vent a dû l’emporter. Je regarde l’orée du bois. La fumée est passée de gris foncé à noire comme la poix. Entre les cimes des arbres, j’entrevois des flammes. Le ciel est une bouillie de suie et de cendres traversé de traînées écarlates, il tremble dans la chaleur, malgré le vent j’entends les craquements des arbres et des buissons. Je fais volte-face et je me dirige vers le petit vieux.
— Allez, venez ! Nous pouvons nous serrer dans la voiture, vous ne pouvez pas rester, vous le comprenez bien !
La société ne doit pas gaspiller du temps et des ressources inutilement, juste parce que vous…
Il demeure immobile. J’avance d’un pas vers le banc, je tends une main. Le vieux corps se fige, un mouvement imperceptible sous les vêtements, des tendons, du cartilage qui se tendent. L’idée de le hisser du banc, le guider, le porter, le transbahuter jusqu’à la maison puis à la voiture où se trouve déjà une famille de trois enfants avec tout son paquetage me fatigue d’avance.
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La civilisation court à sa perte et à terme aussi toute l'espèce, la plupart des gens pensent sans doute que l'être humain existera sur cette plante dans cent ans, trois à cinq cents ans c'est aussi possible de se l'imaginer, sous une forme quelconque, au moins dans certaines régions, mais dans mille ans ? Dix mille ans ? C'est ridicule, pourquoi existerions-nous encore ?
Elle sourit de ses dents d'une blancheur éclatante.
Et dans cela réside une certaine liberté. Une consolation. Il n'y a pas de problèmes environnementaux, il n'y a pas de crise climatique, il n'y a pas de fin du monde. Ce qu'il y a, ou y avait, c'est une espèce de mammifères qui s'est multipliée ah point de briser tous les écosystèmes dont elle dépendait, ce qui l'a menée au suicide collectif et c'est dommage, bien sûr, si on a le malheur d'appartenir à cette espèce, mais dans une perspective cosmique ou évolutive, c'est tout à fait insignifiant. Ça n'a pas la moindre importance.
Elle balaie le public du regard. Certains prennent des notes, mais le majorité d'entre nous l'écoutons sans broncher.
Alors qu'est-ce qui importe ?
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Mais la voiture ne démarre pas.
J'appuie sur le bouton, encore et encore, je vérifie que le levier de vitesse est en mode parking, le frein est desserré, toutes les portières sont fermées, même si ça n'a aucune importance, mais la voiture ne démarre pas, rien ne s'allume, rien ne réagit, pas de bip, elle est complètement HS.
J'inspire profondément à travers les dents et je suis à deux doigts de hurler, sur Zack, sur Vilja, qui a allumé une maudite lumière pour trouver un truc tombé entre les sièges et qui a oublié d'éteindre ou de fermer une portière, qui a joué avec les phares ou utilisé le chargeur USB pour brancher son portable ou sa tablette ou je ne sais ce qui s'est passé, ma rage a atteint son paroxysme, et au même moment je sens une main sur mon bras, c'est Carola qui dit pardon. Pardon.
- C'était hier, il faisait si chaud, Becka hurlait. Je suis montée avec elle dans la voiture. Juste un peu. Avec la clim. Elle aimait bien la fraîcheur.
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La nature ne négocie pas. On ne peut ni la convaincre, ni l'apaiser, ni la menacer. Nous sommes une catastrophe naturelle qui s'étend depuis dix milles ans, nous sommes la sixième extinction de masse, nous sommes un super-prédateur, une bactérie meurtrière, une espèce invasive, mais pour la nature nous sommes qu'une ride sur la surface. (...) Lorsque nous disons que nous sommes en train de "détruire la planète" ou d'"endommager la nature" c'est un mensonge égocentrique. Nous ne détruisons pas la planète. Nous ne détruisons que nos possibilités d'y vivre.
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Désolé pour le bruit, mais je suis en train de ranger la voiture, nous devons nous dépêcher de partir.. Les informations, enfin ça dépend de ce que vous entendez par là. Bien sûr qu on a reçu des informations indiquant quil fallait partir etc., mais dans une perspective à long terme, cette canicule extrême est causée par une crise climatique que toutes les autorités du monde occidental connaissent depuis des décennies sans avoir agi, et là je pense qu on aurait pu mieux nous INFORMER, je veux dire, pas maintenant, mais il y a dix, vingt ou trente ans, on aurait au moins pu nous INFORMER que l'Etat n'avait pas l'intention de remplir sa mission la plus importante, à savoir protéger la population mondiale d'une série de catastrophes très prévisibles.
P22
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