C'est le quatrième roman de
Maurice Limat que je lis, je ne vais pas pour autant vous parler de chefs d'oeuvres, mais voilà, j'aime bien le subjonctif, on n'utilise plus assez le subjonctif,
Maurice Limat aime le subjonctif, alors j'aime
Maurice Limat : “Il eût fallu, pour les trancher contre une arête vive, ramper vers l'angle de la dalle qui le soutenait mais, pour cela, des contorsions eussent été nécessaires et auraient attiré l'attention de Méphista”. Pas mal, non !
C'est une histoire d'envoûtement, de sorcellerie. Deux blessés de la route sont alors transformés en sorte de Zombie qui agissent sous l'emprise d'une sorcière surgie du passé, se servant de la diabolique Méphista pour assouvir sa soif de vengeance et de haine. Méphista, c'est l'ennemi récurrent, celui qui ne meurt jamais de romans en romans, dommage que je n'ai pu mettre la main sur les premiers volumes de la série.
Niveau angoisse, on ne peut pas dire que ça atteigne des sommets, ce n'est certainement pas de l'angoisse qui donne des frissons. Mais une lecture au second degré garantit des fous rires.
Maurice Limat nous aiguille d'ailleurs dans ce sens, jouant de formule de rhétorique alambiquées, avec une écriture un peu vieillotte, faisant un emploi régulier du subjonctif, des changements de tons brusques, comme par exemple dans ce paragraphe employant un vocabulaire (“euphémisme”, “hiératique”) et des structures de phrases (“sinon… du moins…”) recherchés pour conclure avec un trivial “— Ah ! non, c'est trop con de mourir comme ça !”
On retrouve le lyrisme un peu kitch cher à
Maurice Limat, avec quelques pointes d'humour incongru (La référence à
Mireille Mathieu !) et il se permet même de se moquer de lui-même et de ses propres lecteurs avec un petit clin d'oeil : “Un vampire, hoqueta Coralie, qui devait lire des romans d'angoisse”. Il y a un côté flegmatique dans le caractère de son personnage principal qui s'accorde avec le style d'écriture tout aussi détaché de l'action : “Bien que de telles phrases aient un côté mélodramatique qui le ferait peut-être sourire en d'autres circonstances, Teddy, enseveli vivant, ligoté, meurtri, ignoré de Gérard et du monde, livré à la fois à Méphista et à son infernale inspiratrice, comprend quelle est sa situation et le frisson qui le parcourt n'est nullement dû à la fraîcheur du caveau”.
Pour conclure, la confrontation finale entre Teddy Verrano et Mephista est très théâtrale, écrite dans un style lyrique, et qui mariée avec l'aspect rocambolesque de la situation, en devient plus comique qu'angoissante, un final en apothéose baroque. Pour ce qui est de l'histoire, c'est franchement du lourdingue sans grand intérêt, mais personnellement, je m'éclate toujours à lire les romans de
Maurice Limat. Pour ceux qui sont insensibles au second degré, passez votre chemin.