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EAN : 9782841005703
291 pages
Bartillat (21/08/2014)
3.81/5   16 notes
Résumé :
Cette autobiographie est considérée par beaucoup comme le meilleur livre d'Edward Limonov, à commencer par Emmanuel Carrère. À partir de souvenirs géographiques organisés autour du thème de l'eau, Limonov raconte en détail ses rencontres, ses aventures, ses engagements à travers la Russie, l'Ukraine, l'Europe, l'Amérique. Chaque partie est organisée selon un thème : les mers (Océan Atlantique, Pacifique, Méditerranée, Mer Noire...), les fleuves (Don, Volga, Danube, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Limonov a écrit le « livre de l'eau » lors de ses trois années de détention à la prison de Lefortovo. le livre a été publié en Russie en 2002, puis en France, douze ans plus tard. Il est composé d'un patchwork de souvenirs se succédant sans suite chronologique et sans unité géographique. Il sont liés et organisés autour du thème de l'eau. Cette thématique est déclinée sous toutes ses formes : les océans et les mers, les fleuves, les étendues d'eau (lacs, étangs), les fontaines et enfin les bains (jacuzzi, saunas, bains publics, piscines,etc). Pour le reste, le procédé est connu : Limonov mène la vie d'un personnage de roman et nourrit son oeuvre de souvenirs autobiographiques. Il livre donc son autoportrait sous toutes ses facettes : délinquant, poète, icône de la contre-culture, chef de parti, migrant, domestique, pigiste, etc. Il est fasciné par les armes à feu et les guerres. Il voyage dans de nombreuses zones de conflits : Ex-Yougoslavie, Transnistrie, Abkhazie, Tadjikistan ; mais étrangement il ne mentionne aucun déplacement en Tchétchénie pourtant riche à cette période de séparatistes, nationalistes et d'armes automatiques … Il est également envoûté par les femmes. Il évoque ses nombreuses relations quitte à parler de ses ex concubines en des termes pas toujours flatteurs. Certains proches qui l'ont trahi par le passé reçoivent aussi leur petite gifle en passant, notamment Douguine. Si je connaissais l'érotomane et l'insurgé, Limonov dans ce livre laisse deviner un autre besoin, celui de la perpétuité. Il est travaillé par le désir de perdurer, de marquer par son passage et ses récits les lieux qu'il a fréquentés, de baigner dans l'éternité.
Ce livre est plus un recueil d'anecdotes qu'une véritable oeuvre littéraire. L'auteur ne nous épargne pas les banalités : les cuirs italiens sont de mauvaise qualité, les Français se lavent peu… Lire les souvenirs d'un écrivain qui a passé sa vie à écrire des récits autobiographiques, c'est se heurter inévitablement aux redites. L'auteur avoue même en nous parlant de son grand amour, Elena : « oui, je sais, je sais, j'en ai déjà parlé ailleurs, mais j'ai envie de le raconter encore ! Encore ! ». A vous de décider si vous souhaitez lire à nouveau des choses qui ont été mieux écrites dans un récit antérieur… Pour avoir lu « le poète russe aime les grands nègres », je constate que « le livre de l'eau » est amputé de ce qui faisait le charme de ce premier roman : la « grinta ». Oui, j'ai bien retrouvé la forfanterie de l'auteur mais il manque sa fougue, sa pugnacité. Alors je reste sceptique quad je vois que l'éditeur a apposé sur la couverture un bandeau rouge avec cette citation d'Emmanuel Carrère : « son meilleur livre depuis ‘'Journal d'un raté'' ». J'espère qu'il s'agit plus d'une accroche publicitaire que d'une analyse littéraire objective.


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« On aurait pu l'appeler le livre du temps car c'est bien du temps écoulé dont il est question. »
C'est un aventurier, un baroudeur, un Tartarin des hautes steppes qui prend la plume ici. Son autobiographie est construite autour du thème de l'eau sous toutes ses formes. Il écrit depuis sa cellule de la prison Lefortovo en Russie - une prison militaire pour les ennemis de l'Etat. L'objet de son emprisonnement n'est pas très clair mais cela lui a permis de raconter des anecdotes plus ou moins enjolivées de sa vie d'avant.
La lecture de ses mémoires fut assez plaisante sauf sa façon de parler de ses lolitas, ses nombreuses conquêtes féminines à peine pubères. Il dit n'avoir repêché dans l'océan temporel que deux objets les plus essentiels pour lui, à savoir la guerre et les femmes. "Pour résumer simplement "son" existence, il n'y a eu que les fusils d'assaut et "sa" semence dans les orifices de "ses" femelles adorées. C'est assez léger comme résumé de sa vie mais, j'ai voyagé dans divers pays tournant le plus souvent autour de la Russie et ce fut très divertissant.
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critiques presse (3)
Bibliobs
23 décembre 2014
En général, ce genre de brute ne sait pas écrire. Limonov, si. Il a l'art de transformer ses nombreuses vies en roman (ou plutôt, ici, en micro-nouvelles tournant autour des mers, fontaines, rivières et saunas qu'il a fréquentés).
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
26 septembre 2014
D'une plume vive, nerveuse, Limonov nous mène de la mer Noire [...] à New York, où l'ancien ouvrier métallo débarque à 32 ans, en passant par Venise, Sotchi, la Volga, le Danube et la Tamise («monotone comme un tuyau d'arrosage»), un lac du Tadjikistan, Venice Beach, où il rencontre sa future femme, la chanteuse Natalia…
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Liberation
15 septembre 2014
Le naturel énergétique de Limonov. Sa forfanterie burlesque et réjouissante [...]. Son côté grand frère croque-mitaine, terrible et admirable, allant son chemin que vous le suiviez ou pas. Cette manière d’écrire comme on vit - comme on vit, quand on s’appelle Limonov.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
L'Italie était alors pauvre. Mais les jours fériés, vers le soir, les jeunes Italiens endimanchés sortaient même des cours puantes où du linge était étendu jusqu'au toit. Leur tenue : pantalons serrés aux fesses, petits vestons serrés à la taille, chemises de soie. Vaniteux, les jeunes Italiens dépensaient tout en fringues. On pouvait avoir une idée de leur mode de vie en observant la famille de la signora Francesca, notre logeuse. Une douche par semaine, un cadenas sur le téléphone, passé par l'orifice de l'un des chiffres. Les spaghettis alternaient avec les macaronis et de l'ail, de l'ail et encore de l'ail avec de la tomate.
J'ai remarqué que la population des nations pauvres se démène pour avoir de belles fringues. Plus la nation est riche et moins elle s'en soucie. Les Américains sont connus pour leur aspect débraillé : ils se baladent partout en sandales, short et maillot, nuit et jour. On peut dire qu'ils se laissent aller, qu'ils sont négligés. Quand il y a partout des vêtements de luxe et que son compte en banque est bien garni, on devient indifférent et on apprécie ce qui est commode, pas ce qui est à la mode et cher.
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Il se trouve que j'ai repêché dans l'océan temporel les objets les plus essentiels pour moi. Après avoir relu les quarante premières pages de mon manuscrit, je n'en ai découvert que deux : la guerre et les femmes. Pour résumer simplement mon existence, il n'y a eu que des fusils d'assaut et ma semence dans les orifices de mes femelles adorées.
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C'est comme ça que j'ai toujours voulu vivre : dans la bigarrure, l'éclat et le risque. Aujourd'hui, la prison et le statut de criminel d'Etat m'ont indiscutablement imposé. Ils m'ont coulé dans le bronze. Qui osera désormais mettre en cause mon honnêteté et ma dimension tragique?
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Plus généralement, mon rapport aux villes est le suivant : je suppose que Phnom Penh incendié et vidé de ses habitants a été une ville magnifique. Moi-même, j'ai vu nombre de villes bombardées et transformées en écumoire : il y a, en elles, une sorte d'élévation et une grande sagesse. Des villes énormes comme New York des années soixante-dix ou Paris du début des années quatre-vingt étaient bien. Mais le plus dégueulasse, c'est une ville salubre suintant la graisse et la merde : c'est ainsi que j'ai vu New York en 1990.
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Dans les années quatre-vingt-dix, en Russie, les heurts politiques furent les plus passionnels. J'ai participé à des bagarres de rue avec les OMON à Moscou, le 23 février 1992. J'ai rampé sous le feu des mitrailleuses devant la tour d'Ostankino en 1993. J'ai risqué ma peau aux points chauds de la planète, mais mes stupides confrères se demandent : pourquoi faire ? Ils allaient au restaurant de la Maison des Ecrivains et les plus demandés fréquentaient de lamentables festivals et shows télés. D'instinct, avec ma truffe canine, j'avais compris que, de tous les sujets du monde, les sujets essentiels sont la guerre et les femmes (la pute et le soldat). J'ai compris aussi que le genre le plus moderne est la biographie. C'est ainsi que j'ai suivi mon chemin. Mes livres, c'est ma biographie : dans le genre "vie des hommes illustres".
Mes triviaux confrères n'ont jamais pu comprendre que j'ai un tempérament héroïque. Longtemps, ils m'ont qualifié de personnage sulfureux, m'accusant de calculs subtils, me soupçonnant de faire ma propre publicité, m'intentant des procès en vanité. Une dizaine de livres m'ont été consacrés, plus bêtes et envieux les uns que les autres. Le dernier que j'ai feuilleté a été écrit par une certaine Dachkova et je ne me souviens même pas du titre. C'est dire !
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Video de Edward Limonov (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Edward Limonov

Emmanuel Carrère Limonov
Emmanuel Carrère - Limonov : Où Emmanuel Carrère tente d'expliquer d'où est venue son envie d'écrire un livre sur Edouard Limonov, à partir de quoi "Limonov" a été écrit; -ses rencontres avec Limonov et la lecture de ses livres, et comment il en a fait un roman d'aventures et non une biographie , et où il est question aussi d''Alexandre Dumas et du "Comte de Monte-Cristo", de la Russie et de l'Union Soviétique, à l'occasion de la parution de "Limonov" d'Emmanuel Carrère aux éditions POL, à Paris, le 29 juin 2011 - Эдуард Лимонов - Россия - СССР
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