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EAN : 9782911137297
160 pages
Elan Sud (15/02/2013)
4.75/5   8 notes
Résumé :
Prendre le temps de se poser, comprendre le hasard qui sculpte notre histoire bien avant notre naissance. "On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille, être né quelque part c'est toujours un hasard." Chantés par Maxime Le Forestier, ces mots résonnent tout au long de ce roman. Léon va voir défiler les composantes de sa vie, assis sur un banc, en face de chez lui.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Il y a des livres dont on savoure chaque mot, chaque phrase, chaque page. On prend un plaisir certain à lire à voix haute quelques passages, à en relire d'autres. On prend son temps, on s'attarde un peu, on lève les yeux du texte, on les ferme et on sort de l'histoire en douceur pour se pencher sur la nôtre, d'histoire. D'ailleurs les romans ne servent-ils pas à cela, au fond ? Des sortes de passerelles entre nous lecteur et les mots que nous livrent l'auteur ?
J'ai tout de suite senti une profonde empathie pour Léon. Cet homme d'une cinquantaine d'années fait le choix un soir, alors qu'il rentre de son travail de ne pas pousser la porte de chez lui. Il s'assoit sur le banc qui lui fait face. S 'arrêter un peu, faire une pause dans son existence, interrompre le fil d'une journée ordinaire, casser le quotidien.
Dans le silence et l'obscurité de cette nuit-là, Léon va égrener son parcours de vie et celui de sa famille, par le truchement de sa pensée. Les souvenirs lui reviennent par morceaux, des objets, des situations, des odeurs, des incompréhensions, des colères, des doutes, des décisions à prendre ou pas... les difficultés financières de ses parents durant son enfance, sa passion pour la lecture, sa solitude, sa condition de célibataire, sa vie avec sa mère avec laquelle il partage cette maison, son travail dans un organisme social, ses relations avec les autres, ses influences, ses goûts... et en filigrane la société d'aujourd'hui et celle d'hier, son évolution, ses révolutions, la modernité, la technologie, la lenteur d'autrefois, la vitesse de maintenant, l'héritage familial et son poids éventuel.
L'auteur apporte de l'épaisseur et de la bienveillance à la banale histoire d'un homme ordinaire. Des réflexions pertinentes sur le monde et la place de l'individu, le temps qui passe, la construction de la personnalité et la part du hasard.
Prendre une respiration dans sa vie, puis en reprendre le cours, lui donner un souffle nouveau.
Une écriture des sens, limpide et musicale qui va à l'essentiel. Des mots parfaitement choisis, une prose poétique et des personnages attachants. Merci monsieur Lin, j'ai passé un agréable moment de lecture en compagnie de votre roman.
Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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Sollicité par des auteurs assez régulièrement pour lire leurs oeuvres, je ne donne plus suite à ces demandes. Souvent parce qu'ils sont édités en e-books et que je ne suis ni équipé de liseuse, ni adepte de la lecture sur écran d'ordinateur. N'ayant jamais testé la liseuse, je peux évidemment revenir sur mes propos si un fabricant d'un tel appareil passant par ici me propose un de ses objets à titre gracieux (on ne sait jamais, avec un peu de chance, ça peut marcher). Néanmoins, je lis les mails et parfois même les premières lignes des livres des demandeurs lorsque c'est possible. Et là, après avoir lu le premier chapitre du livre de Dominique Lin, je fus intrigué et agréablement surpris. Je lui ai donc répondu et il m'a fait parvenir très gentiment un exemplaire de son roman dédicacé (merci à lui et à son éditeur, dont j'ai déjà parlé pour La dernière nuit)
Dominique Lin écrit la vie d'un homme tout simplement. Pas celle d'un "grand homme" qui laissera une oeuvre de quelque nature qu'elle soit, non celle de millions de gens
On est loin du fameux quart d'heure de gloire warholien qu'on met désormais à toutes les sauces, de ces personnes qui pour vivre ont besoin de se raconter entièrement sur les réseaux sociaux, de passer dans des émissions de plus en plus racoleuses et pitoyables (pour ce que je peux en voir sur le Zapping par exemple ou en entendre parler un peu partout, car même en ne s'y intéressant pas, on est quasiment obligé d'en avoir entendu parler ou d'en avoir vu des scènes désespérantes de platitude et de nullité). Non, Léon, est un homme profond qui a besoin de faire le point. Tous les questionnements y passent : pourquoi être né ici et pas là ? Pourquoi dans cette famille pauvre ? Pourquoi vivre seul avec sa mère ? Comment en est-il venu à ne plus apprécier ce travail qui le passionnait au départ ? S'échapper dans la lecture suffit-il à vivre pleinement une vie d'homme ? Etc, etc, ...
Subtilement et assez richement écrit (j'ai par exemple appris l'existence et la signification d'au moins deux mots : "vernal" = relatif au printemps et "allicier" = attirer, séduire) c'est un livre qui se mérite, qui se lit sans aucune longueur ressentie. L'auteur alterne les parties racontant la vie de Léon vue par un narrateur omniscient à la troisième personne du singulier avec des parties en italique, dans lesquelles Léon s'interroge, repense à sa vie d'enfant puis d'adolescent et d'adulte (écrites à la première personne du singulier).
J'ai noté beaucoup de pages qui m'ont plu ou touché, dans certaines desquelles j'ai pu me sentir concerné. Pour résumer, vous avez bien fait Dominique de me solliciter, sans cela je serais passé à côté d'un livre très fin et très profond, bien écrit et point trop épais (157 pages).
Un auteur à découvrir forcément. Alex a lu un autre de ses romans qu'elle a aimé, comme quoi l'écrivain est talentueux. Il a même un site : ici.
Lien : http://www.lyvres.over-blog...
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Dans ma région bourbonnaise, il était un écrivain-paysan (c'est ainsi qu'il se décrivait) Emile Guillaumin, auteur de « La vie d'un simple ». Et bien, c'est une parfaite description pour ce livre.
Un soir, en revenant chez lui après sa journée de travail, Léon se sent attiré vers un banc, pas envie de rentrer de suite. Il succombe et s'installe sur ce banc, juste en face de chez lui « Mais ce soir-là, en arrivant devant la maison parle trottoir d'en face, Léon s'arrêta. le banc qu'il voyait de sa fenêtre depuis des années semblait l'attendre, l'inviter à s'asseoir. Il ne prêta pas tout de suite attention à cette idée. Tout le poussait à rentrer chez lui, à suivre le cours normal de sa journée et pourtant, sans qu'il eût rien décidé, il s'assit. le monde lui sembla distant, tout se figea, sauf ses pensées qui s'veillèrent. »
Les souvenirs affluent et le talent de Dominique Lin est de nous les restituer sans que ce soit redondant. Nous partageons les silences de Léon, ses souvenirs, ses pensées au fur et à mesure que le banc s'enfonce dans la nuit, que les téléviseurs, ces petites tâches lumineuses, s'éteignent les uns après les autres. « Assis sur ce banc, j'ai la sensation que mes pensées, tapies depuis des années, se libèrent telles ces feuilles poussées par le vent, que le réverbère n'est là depuis des années, lui aussi, que pour les mettre en lumière. Que ne me suis-je assis là avant ? »

Je me suis assise à côté de Léon, j'ai appuyé sur le bouton « arrêt » et je me suis délectée des mots, des phrases, de la poésie de Dominique Lin. Léon nous offre ses réflexions sur le monde, sur notre société actuelle où l'argent et la réussite sociale priment. La télévision omniprésente : « pas un foyer où les gens ensemble à se partager, manger, lire ou partager un moment sans ce déversoir universel d'immondices culturelles propre à rétrécir le champ de réflexion de l'esprit humain, transformé en décharge à ciel ouvert. » Toutes les questions qu'il se pose, nous nous les sommes posées à un moment ou un autre. Pas de grandes déclarations, mais des phrases ciselées sans être précieuses, des phrases qui font mouche et que l'on se délecte de relire ; un livre qui se découvre au fil des pages ; un livre profond ; un livre que j'ai aimé ; un auteur que je découvre et dont je lirai d'autres ouvrages.
Une lecture que je vous recommande. Cerise sur le gâteau, Dominique Lin m'a gentiment dédicacé ce livre. Oui, vos mots sont vraiment une passerelle entre vous l'auteur et nous les lecteurs. Merci pour cette belle lecture. Oui j'aime ces livres à contretemps où l'on n'a pas envie de voir arriver la dernière page ; que l'on ferme le soir avec bonheur tout en goûtant à l'avance l'immense plaisir de le retrouver le lendemain.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Ce roman, c'est l'histoire de la vie de Léon, cinquième et dernier enfant de deux parents qui courent après le travail, au sortir de la guerre de 39.

La mère, pourtant, est issue d'une noble famille mais, seule fille ne pouvant perpétuer le nom, elle est mise à la rue. Où elle rencontre Octave, musicien. Pas de quoi s'établir dans la vie.

Pourtant, l'enfance de Léon, telle qu'il s'en souvient, ne fut pas malheureuse. Avec l'octroi d'un appartement en banlieue, la mère part, puis les enfants petit à petit. le père décède. La vie quoi.

La vie de Léon vue depuis le banc en face de chez lui, où il vit avec sa mère, dans une grande maison héritée d'un des employeurs de celle-ci. Sa mère qui fut toujours dure à la tâche.

Léon, lui, travaille en lien avec les déshérités. C'est son métier, c'est aussi sa passion.

Au final, j'ai passé un agréable moment en compagnie de Léon, assis sur son banc et se remémorant sa vie.

L'image que je retiendrai :

Celle du grenier de la grande maison, fermée, et qui s'ouvre sur des vieux papiers et la littérature.
Lien : http://motamots.canalblog.co..
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Passerelles : un moment tendre suspendu dans le temps

On plonge dans ce livre comme dans un rêve. On en ressort un peu groggy, l'esprit cotonneux empli de pensées douces et nostalgiques. On se laisse conter le siècle dernier, l'enfance sur les bords boueux de la Marne, la misère mais aussi les petits bonheurs du quotidien. Et ses souvenirs deviennent soudain les nôtres. On est heureux pour Léon, on se dit qu'il a fait la paix avec lui-même. Et cette pensée nous amène irrémédiablement à nous-mêmes : et si je faisais la paix moi aussi ?
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
 Envahi par la romance des nuées de mots qu'il avait lus, il craignait parfois de vivre par procuration, par coutumace. Il traversait les siècles, les contrées, la conditions d'autres hommes qui, comme lui, parcouraient la lande, cheminaient en aveugle sur une piste vierge. Il s'interrogeait sur l'illusion de l'univers, son inutilité, sa dérision. L'homme était dérisoire par son orgueil face à sa petitesse. Les hommes s'agitaient, se combattaient, voulaient diriger un monde bien plus grand qu'eux.
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 Fouiller son histoire, c'est essayer de comprendre ce dont on est pétri, et il est difficile de trouver des pistes sur des terres ordinaires. (…) Mais quelle trace l'histoire garde-t-elle des gens qui n'ont apparemment rien accompli hormis profiter du temps qui leur était imparti ? N'est-ce pas là déjà une grande victoire que d'avoir vécu, d'avoir mené des combats pacifiques dont l'issue n'est jamais certaine.
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 L'écume du savon flotte dans la bassine en zinc, une main la récupère dans une casserole pour donner meilleure allure au bain de l'enfant suivant. La cuisinière à charbon carbure depuis des heures pour chauffer l'eau dans le chaudron. (…) Parfois, quelqu'un ouvre la porte et le froid en profite pour tourbillonner dans la pièce et faire frissonner mon corps mouillé. La chaleur se jette dans la rue, vouée à une mort certaine.
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La mort, cette porte qui ne s'ouvre que dans un sens, est le seul rendez-vous garanti de notre agenda, tous les autres sont aléatoires. (p.41/42)
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Léon allumait rarement la télé [...] préférant se plonger dans l'immensité des livres. Il les préférait peu épais, persuadé que quelques pages suffisaient à exprimer l'idée de l'écrivain, le surplus n'étant que verbiage et digressions. [...] Les livres qu'il appréciait relevaient de la concision, de la ciselure. (p.40)
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Vidéo de Dominique Lin
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