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Marc de Gouvenain (Traducteur)Lena Grumbach (Traducteur)
EAN : 9782868694829
323 pages
Actes Sud (04/01/1999)
3.9/5   25 notes
Résumé :

Révélé d'un seul coup, en Suède et en France, par Le Chemin du serpent, Torgny Lindgren avait obtenu en 1986 le Prix Fémina étranger pour Bethsabée. Deux recueils de nouvelles - La Beauté de Mérab et Les Trente-deux Voix de Dieu - ont suivi. La Lumière marque son retour au roman. Et quel roman, avec quel sujet ! Un paysan du nord de la Suède, parti à la ville pour chercher la femme de ses rê... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Curieuse histoire étrange et envoûtante ! Auteur suédois très connu qui, ici, met en évidence les traditions de son pays. Un homme part à la recherche de la femme qu'il sait être pour lui. Ne la trouvant pas, il ramène une lapine pleine qui va semer la grande maladie dans le village. Seuls 6 personnes vont survivre. Livrés à eux-mêmes, les habitants de Kadis vont s'approprier les biens des morts, faire leurs propres lois où les cochons et lapins sont tour à tour aimés ou haïs.
Une prose unique en son genre qui raconte les bonnes et les mauvaises choses comme ça naturellement et tout passe. Note difficile à quantifier par ma non capacité d'analyse.
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Jaspar part en ville chercher une femme : il ne l'a jamais vue, mais il sait parfaitement à quoi elle ressemble. Il sait qu'elle est faite pour lui. Hélas, il ne la trouve pas et il rentre bredouille à Kadis, son village. « Il pleura la femme qui n'existait pas, autant que si elle était morte plutôt que ne pas exister. » (p. 14) Il ramène de son vain voyage une lapine : la femelle est enceinte, grosse d'une portée qui s'annonce exceptionnellement nombreuse. Mais la lapine est également porteuse de la peste et sa venue à Kadis décime le village.

Une fois que la grande maladie a fini ses ravages, il ne reste que six personnes à Kadis : Borne, Bera, Ädla, Könik, Eira et Önde. « L'homme est une petite puce face à la grande maladie. » (p. 38) Les survivants explorent alors les bas-fonds de la nature humaine, comme si ne pas être morts leur donnait le droit de repousser les limites du possible. Ils dépouillent les défunts et s'approprient des héritages qui ne leur reviennent pas. Ils mentent, trompent et commettent les pires péchés, comme l'inceste ou la luxure. « Ce qui est honteux, c'est le mal. On reconnaît le mal à la honte. » (p. 124) Privés d'autorité morale, judiciaire ou religieuse, les survivants ne savent plus ce qu'est l'ordre et le calme, mais ils ne cessent pas de vouloir les trouver. « Si personne ne nous juge nous et tout ce qui s'est passé avec nous, alors nous allons nous enfoncer de plus en plus profondément dans l'absurdité et la perdition. » (p. 239)

Dans ce roman, le lapin est à la fois une figure haïe et providentielle. « J'observe les lapins. […] Ils sont en quelque sorte des créateurs, ils procréent sans cesse et évitent la mort. » (p. 79) C'est par cet animal que le mal arrive et que tout part à la dérive à Kadis. « Les lapins n'étaient sans doute pas responsables du désordre et de la confusion, mais ils les représentaient. » (p. 162) Comme il est propre à cette espèce animale, les lapins ne cessent de se reproduire. Peu importe que les humains tentent de les exterminer ou de les pourchasser, ils sont toujours là, démons et bons génies familiers. « Et je vois des lapins partout, dit Könik. / Oui, dit-elle. Il y a des lapins partout. » (p. 146) Et le lapin qui a présidé au commencement de l'histoire est encore là à la fin, comme dans une boucle qui lie les choses éternellement.

La lumière est un conte philosophique, cruel et violent, mais très poétique. Dans cette immense parabole, les damnés sont les vivants et leur rédemption n'est pas assurée. Rechercher la lumière n'est pas aisé et les survivants l'apprennent à leurs dépens en commettant toutes les erreurs possibles. J'ai plongé dans ce roman avec passion, éblouie par la plume riche et poétique de Torgny Lindgren, auteur qui m'était parfaitement inconnu. Moi qui suis d'ordinaire plutôt hermétique à la littérature nordique, je vais m'empresser de découvrir d'autres textes de ce superbe auteur.
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Drôle d'histoire...
Les suédois sont doués pour les récits étranges à haute teneur symbolique.
Je ne suis pas sûre d'avoir tout compris de ce récit gothique, parfois nébuleux, flou, sans doute la lumière était-elle trop éblouissante.
Un conte cruel, où la symbolique du lapin (fertilité, abondance, mais aussi excès et chaos, symbole du paganisme : attraper un lièvre signifiait le paganisme vaincu... et 3 lapins évoquent la Trinité...) semble omniprésente.
Torgny Lindgren nous raconte l'histoire d'une ville, Kadis, ville du bout du monde, au nord du nord, dépeuplée par la peste. Peste ramenée par Jaspar qui était allé chercher une femme dans la ville voisine, mais qui, ne trouvant pas la femme de son rêve, se rabattit sur une grosse lapine pleine.
Les habitants de Kadis ne tardent pas à mourir en masse.
Le chaos s'installe, les règles n'existent plus, même les jours disparaissent - n'oublions pas, le récit se situe dans un pays où la lumière est omniprésente tout l'été, pendant plusieurs mois...
Une sorte de folie tranquille s'empare des rescapés, et des actions étranges et des faits criminels sont perpétrés, sans remords, sans tabous...
L'ordre reviendra-t-il un jour à Kadis ? Qui pourra le ramener ? Comment tout cela finira-t-il ?
Un livre étonnant et envoutant. Un livre sur la dualité de l'homme face à lui-même, face à ses faiblesses, ses contradictions. Enfin, je crois...

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Avec une écriture simple et forte, Torgny Lindgren raconte.
Quoi ? Peu importe, il le fait à merveille. L'histoire est forcément géniale du moment que c'est lui qui nous la raconte.
Il parvient à nous envoûter, à nous emporter dans un univers de misère et de violence, d'orgueil et de malheurs.
C'est un conteur génial, d'une puissance impressionnante.
Si vous lisez ce livre, vous ne vous arrêterez pas à celui-là, c'est certain.
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Un des livres les plus puissants qu'il m'ait été permis de lire !
Tonalité quasi biblique pour une histoire qui révèle toute la noirceur des Hommes dans les heures graves où l'instinct de survie fait foi, malgré l'éducation.
Personne n'est un héros dans ce livre.
Uniquement pour les pessimistes capables d'encaisser des scènes dures, violentes et injustes sur 300 pages !
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Car la mère lapine est capable de mettre bas dix portées par an. Et dix petits chaque fois. Qui saurait calculer quel nombre fabuleux de lapins cela représente en fin de compte ? Innombrables, voilà ce que les lapins veulent être. La mère lapine possède tant d’amour qu’elle ne sait rester tranquille, sans cesse elle file dans tous les sens, et en son corps, dans un coin ou dans un autre, cela palpite sans cesse.
Oui, le lapin est un Créateur.
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Si personne ne nous juge nous et tout ce qui s’est passé avec nous, alors nous allons nous enfoncer de plus en plus profondément dans l’absurdité et la perdition.
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« Et je vois des lapins partout, dit Könik. / Oui, dit-elle. Il y a des lapins partout. » (p. 146)
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Une fabulation, continua alors Jaspar, on ne la raconte que pour que les gens puissent s’émerveiller.
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« L’homme, certes, est à l’image de Dieu, mais il existe aussi un Dieu qui a créé le lapin à son image, il est un dieu de l’allégresse et des tressaillements, de l’affolement et de la pullulation. » (p. 18)
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