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EAN : 9782020126588
288 pages
Seuil (08/11/1990)
4.09/5   11 notes
Résumé :
Le cheikh al-'Alawî (décédé en 1934 en Algérie) est l'une des figures mystiques les plus pures et les plus hautes du xxe siècle. Ce livre retrace la vie exemplaire de ce maître soufi qui a marqué plusieurs générations de disciples musulmans et d'islamologues européens. Puisant tant dans ses écrits, ses enseignements et ses poèmes que dansdes témoignages, il présente également la doctrine du maître de façon complète et nuancée, précisant comment celui-ci interprète l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ahmad al-Alawi (m. 1934) est important à plusieurs égards : non seulement il était un maître traditionnel du tassawûf (le chemin spirituel de l'Islam), mais il était un fin métaphysicien qui eût une influence majeure dans la conversion à l'Islam de plusieurs grands noms d'Occident, comme par exemple René Guénon et, par conséquence, Frithjof Schuon, Titus Burckhardt, Martin Lings, ... pour ne citer que les plus connus d'entre eux.

Cet ouvrage est divisée en trois parties : d'abord, des balises biographiques pour situer le shaykh dans la temporalité ; ensuite, des indices métaphysiques pour le placer dans sa généalogie spirituelle (et intellectuelle) ; enfin, des extraits de son immense oeuvre pour nous donner une plus directe gustation de son enseignement initiatique versé dans la tradition de l'Islam.

En fait on pourrait lire cet ouvrage comme une introduction à la dimension "mystique" (disons, initiatique) de l'Islam.
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L'ouvrage est divisé en trois parties :
- Une première partie sur la biographie de Cheikh al-Alawi et sur l'histoire de sa confrérie
- Une deuxième partie nous exposant en partie la doctrine du Cheikh
- Une dernière partie avec des citations et explications d'aphorisme du maître, et des extraits de son diwân poétique.
La première partie est tout bonnement passionnante, avec de longs extraits de l'autobiographie du Cheikh. On y découvre sa vie, son initiation, son investiture en tant que chef de confrérie, ainsi que son importance pour l'islam au Maghreb par son rôle de mujaddid (revivificateur de la religion).
La deuxième partie est quant à elle particulièrement difficile et n'est peut-être pas à mettre entre toutes les mains. de nombreuses notions métaphysiques y sont exposées qui sont difficilement compréhensibles pour le non-initié (ce que je suis). J'ai cependant beaucoup apprécié le chapitre sur le symbolisme des lettres de l'alphabet arabe et en particulier de la première lettre de la basmala ; de même que les chapitres à propos du commentaire du Cheikh sur al-Murshid al-Mu'in (Matn Ibn 'Ashir).
Petit bémol concernant l'édition : un grand nombre de fautes de typographie rendant parfois difficile la compréhension (ce qui est particulièrement grave dans ce genre de sujet où la précision est indispensable).
Lien : http://abou-marwan.over-blog..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
L'une des erreurs de « celui qui part à la recherche de Dieu » est de permettre à sa conception de la divine transcendance de ne laisser nulle place à la connaissance de l'immanence divine.

Le cheikh dit à ce sujet :

De tous les hommes, les plus éloignés de leur Seigneur sont ceux qui dépassent la mesure dans leur affirmation de Son incomparabilité.

Il dit encore :

Il ne s'agit pas d'affirmer Son incomparabilité au-delà de toute mesure, mais de Le connaître par analogie.

Il ne s'agit pas de connaître Dieu en levant le voile, mais de Le connaître dans le voile même.

Les comparaisons fondées sur la certitude de Son unité valent mieux que les abstractions de celui qui est voilé de Son unité.

Un jour, dans un site naturel d'une insurpassable grandeur, un disciple du cheikh dit, en montrant de la main les montagnes dressant leurs cimes enneigées au-dessus des versants boisés, le ciel bleu, les nuages blancs et le soleil à demi voilé : « Dieu est comme cela. » Sans doute, pour amener ses disciples à saisir d'une compréhension qui ne fût pas seulement mentale, que, sans Dieu, toutes ces choses offertes à leurs yeux s'évanouiraient en un instant. Le même Maître a dit encore : « Dans la caverne, le Prophète a enseigné à Abû Bakr les mystères du nom divin. Une toile d'araignée empêcha les infidèles d'entrer. Cette toile est la doctrine métaphysique qui sépare le monde profane de la gnose et la gnose du monde profane. La toile d’araignée est l'extériorisation du soi. »

Il alla jusqu'à expliquer que les cercles concentriques représentent la transcendance, car ils figurent la hiérarchie des mondes l'un au-dessus de l'autre ; l'incomparabilité du soi, son absolue transcendance étant représentées soit par la circonférence la plus extérieure, soit par le centre, selon que l'on considère son aspect de totalité qui embrasse tout, ou son aspect d'intériorité. Les rayons qui relient les différents cercles entre eux représentent l'immanence divine qui nous permet d'établir des comparaisons et de relever des analogies. Chaque point d'intersection du rayon et de la circonférence est un sanctuaire de la Présence divine qui permet d'affirmer « Dieu est comme cela », ou même « C'est Dieu » ; et chaque point, sur chaque circonférence, ayant virtuellement son rayon qui le relie au centre, chaque point peut être le lieu de manifestation d'un secret.

Mais, ceux qui « affirment au-delà de toute mesure son incomparabilité » sont ceux qui considèrent seulement les cercles ; ils sont, « de tous les hommes, les plus éloignés de leur Seigneur » parce qu'en refusant de considérer les rayons ils se privent de toute relation avec Dieu et ils privent le monde de toute signification symbolique. (pp. 239-240)
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Outre ses écrits pour la défense du soufisme, on trouve dans Al-Balâgh des attaques du cheikh contre les prétendus « réformateurs » pour leur constante complaisance à l'égard de l'époque moderne, aux dépens de la religion. En même temps, il exhorte les chefs des zawâyâ mettre en pratique ce qu'ils enseignent. En ce qui concerne le monde en général, il prend position contre tous les mouvements antireligieux et en particulier contre le communisme. Pour les musulmans, il insiste sur l'importance qu'il y a à élever le niveau général de connaissance de l'arabe classique et dénonce la pratique de se faire naturaliser français. Il met inlassablement en évidence les dangers de l'occidentalisation ou adoption des habitudes européennes de pensées et de vie et, en particulier, il condamne ces musulmans qui portent des vêtements européens modernes.

En tant que guide spirituel, et par conséquent en suprême psychologue, il savait que les vêtements, qui forment l'ambiance immédiate de l'âme humaine, ont un pouvoir incalculable de purification ou de corruption. Ce n'est pas sans raison, par exemple, que dans la chrétienté et le bouddhisme, les ordres religieux ont conservé, à travers les siècles, un costume qui avait été tracé et institué par une autorité spirituelle soucieuse de choisir une tenus compatible avec la vocation de celui qui la porte. En dehors de ces exemples, on peut d'ailleurs dire, d'une façon générale, que toutes les civilisations théocratiques, c'est-à-dire dans toutes les civilisations à l’exception de la civilisation moderne, le vêtement a été plus ou moins inspiré par la conscience que l'homme et le représentant de Dieu sur la terre, et ce n'est nulle part plus vrai que dans la civilisation islamique. En particulier, le vêtement arabe de l'Afrique du Nord-Ouest, turban, burnous et djellaba, qui n'a pas changé depuis des siècles, est une combinaison parfaite de simplicité, de sobriété et de dignité, et il conserve ces qualités jusque dans les haillons.
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Il [cheikh Ahmad al-Alawî] fait suivre cela d’un passage dans lequel on peut dire qu’il s’exprime, au sujet de l’interprétation symbolique des textes sacrés, avec l’accent de tous les vrais mystiques :

« Celui qui ne considère que la signification extérieure ou littérale en l’isolant de l’ensemble, est un matérialiste (hashwî), et celui qui ne considère que la signification intérieure en l’isolant de l’ensemble, est un pseudo-mystique (bâtinî), mais celui qui allie les deux significations est parfait. C’est en ce sens que le Prophète a dit : « Le Koran est comme une muraille surmontée d’une tour de guet, il a un extérieur et un intérieur. » Ou peut être est-ce 'Alî qui a dit cette parole car le lignage de celle-ci s’arrête à lui. Ce que je veux montrer, c’est que Moïse avait vu dans l’ordre d’ôter ses deux sandales, un ordre de se dépouiller des deux mondes, aussi obéit-il à ce commandement, extérieurement en retirant ses sandales et, intérieurement en rejetant les mondes. Le véritable rapport est celui-ci : il faut aller et venir, passer de l’un à l’autre, de la formule extérieure au secret intérieur ». (pp. 200-201)
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Après avoir cité les vers suivants d’Al-Harrâq(1) :

La somme des recherches est dans Ta Beauté.
Tout le reste, pour nous, ne vaut pas un regard.
Et même en regardant, nous ne voyons rien
A côté de Ton Merveilleux Visage.

il [cheikh Ahmad al-Alawî] en fait le commentaire : « Le Gnostique n’a pas atteint la Gnose s’il ne reconnaît Dieu dans toute situation et dans toutes les directions vers lesquelles il se tourne. Le Gnostique ne connaît qu’une seule orientation, c’est la Vérité Elle-même. De quelque côté que vous vous tourniez, là est la Face de Dieu, c’est-à-dire, de quelque côté que vous tourniez vos sens vers les choses sensibles, ou votre intelligence vers les choses intelligibles, ou votre imagination vers des choses imaginables, là est la Face de Dieu. Ainsi, en tout ain (où) il y a 'ain(2) et tout est là ilâha illa’Llâh (il n’y a pas de dieu si ce n’est Dieu).

En lâ ilâha illa’Llâh, tout être est compris, c’est-à-dire, l’Être Universel et l’être individuel, ou l’Être et ce qui est métaphysiquement dit existant, ou l’Être de la Vérité et l’être créé. L’être créé se place sous lâ ilâha, ce qui signifie que tout sauf Dieu, est néant (bâtil)(3) c’est-à-dire nié sans la moindre possibilité d’affirmation, et l’Être de la Vérité se place sous illa’Llâh. Ainsi, tout les maux se placent sous la première partie et tout ce qui peut être loué se place sous la deuxième. »

(1) Muhammed al-Harrâq (mort en 1845) disciple du Cheikh Ad-Darqâwî.

(2) Ce mot extrêmement synthétique signifie : œil, fontaine, soi, origine, et, comme ici, en une synthèse suprême, l'Essence divine.

(3) Écho de la tradition, qu’il cite ailleurs (al-Qaul al Ma’rûf, p. 51). « Le mot le plus vrai qu’ait dit le poète est : ‘’Toutes choses ne sont-elles pas néant, sauf Dieu ?’’ » (Bukhârî, Manâqib al-Ancâr, 26). Le poète en question est Labîd. (pp. 162-163)
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Le Cheikh ad-Darqâwî rapporte que Abû Sa'îd ibn al-A'râbî, comme on l’interrogeait sur la signification de l’extinction (fana’), répondit :

« C’est que l’infinie Majesté de Dieu apparaisse au serviteur, lui faisant oublier ce monde et l’autre, avec tous leurs états, degrés et stations, et tout souvenir d’eux ; l’éteignant à la fois, à l’égard de toutes les choses extérieures, de sa propre intelligence et de son âme, et même à l’égard de son extinction et de l’extinction de son extinction, à cause de sa totale submersion dans les eaux de la Réalisation Infinie. »

Le Cheikh Al-'Alawî dit :

« Les Gnostiques ont une mort avant la mort ordinaire. Le Prophète a dit : ''Mourez avant que vous mouriez'' ; c’est là la véritable mort, car l’autre mort n’est qu’un changement de demeure. Le vrai sens de la mort dans la doctrine des Soufis est l’extinction du serviteur, c’est-à-dire son effacement total, son annihilation. Le Gnostique peut être mort à lui-même et au monde entier et ressuscité en son Seigneur, de sorte que s’il t’arrivait de l’interroger sur son existence, il ne te répondrait pas, parce qu’il a perdu la vision de sa propre individualité. On interrogea Abû Yazîd al-Bistâmî sur lui-même et il répondit : ''Abû Yazîd est mort. Dieu veuille ne point lui faire grâce'' Voilà la véritable mort ; mais, si au Jour de la Résurrection, tu demandais à quelqu’un, mort seulement de la mort ordinaire : « Qui es-tu ? » il répondrait : ''Je suis untel'', car sa vie n’a jamais cessé ; il n’a pas senti le parfum de la mort, mais il a seulement passé d’un monde dans un autre. Et qui n’est pas mort de la mort véritable ne peut en saisir la signification. Ainsi donc, les Soufis ont un règlement de compte avant le Jour du Règlement des Comptes ; comme l’a dit le Prophète : ''Appelez-vous, vous-mêmes, à rendre compte avant que vous y soyez appelés.'' Ils s’efforcent donc de s’appeler eux-mêmes à ce règlement jusqu’à ce qu’ils soient libres de contempler leur Seigneur ; leur résurrection précède la Résurrection. » (pp. 181-182)
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