Citations sur La petite bédéthèque des savoirs, tome 28 : Le burn out (11)
Il s'agit pour le management de jouer sur les dimensions les plus affectives, les plus émotionnelles des salariés, sur leur narcissisme pour qu'ils acceptent de se dépasser au travail, tout en se conformant strictement à ce qu'on attend d'eux.
Un des problèmes qui pèsent sur les syndicats est qu'ils n'ont pas une grande expérience en matière d'organisation du travail.
Le burn-out est un épuisement lié aux énormes efforts qu'il faut produire en permanence pour parvenir à faire son travail, reconquérir la maîtrise technique tout en sachant que ça ne s'arrêtera jamais et qu'il faudra toujours recommencer. Très important aussi le conflit éthique que peut ressentir le salarié quand il est obligé de travailler selon des critères de qualité et d'efficacité imposés par la direction et qui peuvent être à l'opposé de ceux qui relèvent du métier et des valeurs professionnelles.
Cette attaque en règle des savoirs et de l'expérience passe par la pratique du changement perpétuel : le management restructure sans cesse les départements et es services, externalise et réinternalise sans arrêt les activités, recompose à l'infini les métiers, change avec frénésie les logiciels, impose une mobilité systématique à la hiérarchie procède à des déménagements répétés, si bien que les savoirs et l'expérience des salariés sont rendus obsolète.
On ne me laisse plus faire mon boulot correctement.
Chacun doit désormais veiller en permanence à faire l'usage de lui-même le plus efficace, le plus rentable quelles que soient les situations de travail de plus en plus incertaines et fluctuantes, en s'infligeant la philosophie d'économie systématique des temps et des coûts. Chacun doit se transformer en petit bureau des temps et des méthodes pour s'administrer à lui-même cette logique. En quelque sorte, l'organisation taylorienne du travail est maintenant sous-traitée à chacun… et ça porte un nom : c'est le Lean Management.
Individualiser la gestion des salariés pour créer de la concurrence là où il y avait de la solidarité et de l'entraide, de la méfiance là où il y avait de la complicité.
Ne plus perdre sa vie à la gagner.
Être salarié, c'est être pris dans un lien de subordination.
Il ne faut pas sous-estimer le poids de l'idéologie. Le management a besoin de justifier, de légitimer le modèle qu'il met en place, et donc il raconte des histoires en permanence. C'est ce qu'on appelle le storytelling.