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EAN : 9782081505414
224 pages
Flammarion (05/02/2020)
4/5   142 notes
Résumé :
Tu n'avais qu'à avorter : il n'en voulait pas, de cette gosse !
Ce sont peut-être ces mots, prononcés un matin d'été par sa mère, qui ont conduit la narratrice à écrire L'effet maternel. Cette gosse, c'est sa fille aînée qui vient de fêter ses 17 ans. Que s'est-il passé pour qu'une mère assène une pareille horreur ? Il y a eu des coups de griffe, des silences, mais aussi beaucoup d'amour dans cette relation ponctuée de vacances joyeuses et ensoleillées.
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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Au travers de ce récit de vie, Virginie Linhart dénoue les fils maternels, les transmissions inconscientes qui se sont répercutées sur son histoire. Sa mère, vampirique et immature est éprise de liberté au point d'usurper la place de sa fille, de la plonger dans une confusion qui ne lui laisse aucun repère. Une mère instable à l'amour bancal et conditionnel.

Virginie Linhart nous parle aussi de son propre rôle de mère qui s'est fait dans le chaos et la douleur. Elle évoque la place du père, du sien enfermé dans le silence et la maladie qui la laisse terrifiée et mélancolique, mais aussi de celle inoccupée d'un père absent pour sa fille.

Son histoire s'écrit dans le fracas de la solitude, de la peur de l'abandon. Elle analyse, décortique au fil de son récit les liens inconscients qui la relient à sa famille, à ses parents, aux leurs, mais aussi à la famille qu'elle s'est construite.
Petit à petit, ce qui n'était que fissures et éclats se recollent, se régénère et donne à voir une femme résiliente.

J'ai beaucoup aimé ce récit tout en pudeur mais sans froideur. La façon dont à l'auteure de nous partager ses blessures et ses réflexions dans lesquelles peut être certains d'entre nous pourront se reconnaitre un peu car elles touchent à l'universel.

Un beau portrait de vie qui suggère à quel point être parent c'est parfois prendre le risque d'abimer son enfant.
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Ce livre a très certainement été nécessaire à son auteur. Il est à la fois très personnel, puisqu'il déroule une histoire singulière, mais tend aussi à l'universel en s'efforçant de démêler le lien mère-fille, ce qui peut intéresser beaucoup de lectrices qui connaissent l'impact de cet « effet maternel » soit en tant que fille ou en tant que mère, ou alors les deux, comme l'auteure elle-même qui écrit pour comprendre mais aussi pour émanciper sa fille de cet effet-là.
Virginie Linhart est documentariste. Elle a l'habitude d'enquêter et d'assembler des matériaux recueillis dans l'objectif de « faire sens » d'offrir une lecture et d'aider à la compréhension de son sujet. Avec ce récit qui n'est pas toujours chronologique et qui est entrecoupé des explications qu' elle s'est donnée pour comprendre, on découvre certaines conséquences éducatives d'une époque dite de libération. Libération de la femme qui ne veut plus de l'asservissement maternel, libération des stéréotypes familiaux où le divorce est banalisé, libération sexuelle des adultes qui méconnaissent certaines frontières.
Si je devais retenir et qualifier d'un mot ce qui a été vécu, je dirai « confusion ». Une confusion générationnelle qui a été violemment perturbatrice pour Virginie Linhart qui a dû s'extirper d'un magma que je vous laisse découvrir.
La jeune Virginie se réfugie dans la réussite scolaire et intellectuelle. C'est sa colonne vertébrale, c'est aussi ce qui dissimule un grand désordre intérieur qu'elle nous livre avec sincérité.
Beaucoup d'opiniâtreté et de courage pour sortir de cet état, beaucoup de temps aussi, et des mains tendues, des soins, des rencontres dont une en particulier qui ouvrira sur la reconstruction.
J'ai lu le livre d'une traite, trop vite, prise par la biographie ( il y a des évènements qu'on n' oserait pas mettre dans un roman !) passionnée par l'élucidation proposée par l'auteure et puis je l'ai relu tranquillement, posément, avec une certaine gourmandise et un esprit plus critique.
Quant à l'écriture, elle est accessible, directe, vivante et soignée.
Ce n'est pas si fréquent, mais là, j'aimerai bien prolonger le livre, discuter avec l'auteure, l'interpeller, aller plus loin dans les réflexions qu'elle nous propose.

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À propos de la mère, Marguerite Duras disait : "Jusqu'au bout, la mère restera la plus folle, la plus imprévisible des personnes rencontrées dans toute une vie".
La mère, centre névralgique de combien de récits, romans, films, la mère origine du monde, la mère sangsue, la mère manquante… Qu'elle soit modèle ou défaillante, elle sera, on l'a compris, toujours jugée comme la pire ou la meilleure.
C'est dans la démarche de comprendre la sienne que Virginie Linhart entreprend ce récit. Pourquoi cette dernière lui assène cette phrase terrible, 17 ans après la naissance de sa petite-fille, « Tu n'avais qu'à avorter, il n'en voulait pas ». C'était une mère vampire, obsédée par l'été et les hommes, une mère qui sortait les soirs sans prendre de baby-sitter. Elle confondait les rôles, les âges et ne laissait aucune place à la féminité de sa fille. Elle lui prenait ses amants, ou l'inverse.
On n'a pas le choix que d'aimer sa mère, c'est notre premier amour et chaque relation sera jugée à l'aune de celui-ci. Ce n'est plus tard que l'analyse a lieu, la remise en question, et parfois la dépression. Ici, vous ajoutez un père borderline, le spectre de la Shoah et vous avez tous les ingrédients pour vous interroger sur le sens de la réalité.
Comme c'est en devenant maman que l'on comprend mieux la sienne, l'auteure revient sur ses maternités traumatisantes, la solitude des hommes et les abandons successifs.
Le choix stylistique est celui d'une écriture claire, journalistique, sans suggestion, pour frapper fort et refléter le souhait d'être enfin comprise. Il n'y a pas de lamentation, seulement la succession des événements qui ont jalonné sa vie d'enfant, de jeune fille et de femme. J'ai été très touchée par l'histoire et les combats intérieurs de l'auteure, émue aux larmes par son Bébé Lune.

À lire si vous aimez les récits de femmes fortes aux parcours tourmentés.
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Un roman qui m'a beaucoup plu !

Le titre du roman est déjà une belle promesse de lecture, bravo pour ce choix judicieux.

L' effet maternel : C'est une définition scientifique. Pour faire simple, c'est la transmission entre une mère et son enfant de certaines données.

Et lorsque la maman est une mère toxique ou déviante, l'enfant aura une vision du monde altérée par ces comportements inadaptés et maltraitants.

Dans ce roman autobiographique,Virginie Linhart nous raconte son enfance jusqu'à l'age adulte élevée par une mère toxique.
L'auteure revient sur ses relations difficiles avec sa mère et ses dérives qu'elle a subi pendant toutes ses années.

Elle nous parle de la transmission, de relations mère-fille, de maternité, du poids des origines, à une époque marquante de l'Histoire : Mai 68 et les années qui suivirent.
Elle nous donne une vision édifiante de cette période des années 70 avec ses changements, ses mérites mais aussi les abus que cela a pu aussi amener par la suite.

« Des mères très belles et très folles qui font beaucoup souffrir leur fille. Des mères qui veulent tout. Parce que c'est leur moment et qu'elles n'en peuvent plus d'attendre. Parce qu'elles ont vu leur propre mère se soumettre au patriarcat et que reproduire ce schéma est insupportable. Parce que le temps de la révolution sexuelle et de la libération de la femme est arrivé, mais aussi celui de l'ambition et de la réussite professionnelle. Petites, elles ont été élevées dans un carcan insupportable ; on leur demandait d'être gentilles, mignonnes, polies ; on leur répétait de se taire aussi. »

« Quand arrivent les années 1970 et leurs promesses de liberté, elles s'y engouffrent avec l'énergie du désespoir. Elles ne supportent plus d'être enfermées dans une structure oppressive, qu'il s'agisse du mariage, de la famille ou de la maternité. Et quand on mesure ce qu'est la place de la femme dans la société française avant le séisme de 68, il est impossible de ne pas adhérer à cette impérieuse nécessité de renverser l'ordre établi, de jeter à bas réflexes et mécanismes qui permettaient, jusqu'alors et dans la satisfaction générale, leur asservissement. » p 200.201

L'auteure nous confie aussi le parcours de son père, un homme politique et écrivain qui basculera dans la maladie.

J'ai beaucoup apprécié sa manière de se dévoiler avec honnêteté, réalisme et justesse.

C'est écrit sans détour et avec beaucoup de sincérité. Il y a une pudeur qui m'a beaucoup touchée dans ses mots.
L'auteure ne fait pas le procès de sa famille, elle explique avec authenticité, les faits et son ressenti sur ce qu'elle a vécu.

C'est toute la question de la transmission qui est mise en avant dans ce texte.
L'incidence que cela peut avoir sur la construction d'une personne et sur l'adulte qu'il deviendra.

Ce récit que nous confie Virginie Linhart m'a passionnée du début jusqu'à la fin.

Je recommande vivement cette lecture.

Un roman à découvrir de la rentrée littéraire.
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La première page et les mots sont dures et sans concession "Tu n'avais qu'à avorter : il n'en voulait pas, de cette gosse !". Comment une mère peut dire ça à sa fille au sujet de sa petite-fille ? C'est à cause de cette phrase que Virginie va s'interroger sur sa mère, sur son comportement et l'impact de cette dernière sur sa vie.
C'est un roman sans concession sur cette relation mère-fille souvent à sens unique. Cette mère qui a vécu à fond l'époque de mai 68 et de la libération de la femme. Cette même femme qui décide de faire passer avant tout ces besoins et ses envies avant ceux de ses deux enfants. Elle les laisse seule la nuit chez elle pendant qu'elle sort. Elle va avoir une emprise sur sa fille que cette dernière identifiera que bien plus tard. Cette mère la fera culpabiliser sur ces choix, sur ces désirs ou dictera sans qu'elle s'en rende compte sur le moment sur ses relations/visions avec les hommes.

J'ai commencé ce livre en fin de soirée pour le finir en milieu de nuit car je ne pouvais le lâcher tellement cette relation, cette effet maternel avait un impact sur cette enfant/jeune fille et femme. On a parfois envie de dire à cette fille de se rebeller, de ne pas accepter ce que demande ou sous entend cette mère. On voit les chocs arriver, les déceptions. Et on a du mal à comprendre comment cette fille peut culpabiliser alors qu'elle est dans son bon droit quand elle veut prendre sa vie en main ainsi que ses envies d'écriture.
Un roman coup de poing dont l'écriture fluide nous entraîne au fil des pages sans que l'on puisse s'arrêter. J'ai mis plusieurs jours avant d'écrire cette chronique car j'avais besoin de digérer cette lecture.
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critiques presse (1)
Liberation
06 février 2020
Il est parfois ardu de suivre l’auteure, de la plaindre et de sacraliser ses parents comme elle le fait [...] Le récit manque d’air, d’universel et de distance pour toucher vraiment le lecteur. Comme si elle restait dans la bulle où ses parents se sont enfermés, et où ils l’ont enfermée.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Les paroles recueillies me remplissent. Une histoire se raconte, une histoire se transmet. Je l'ignore encore mais j'en ferai mon métier, d'écouter et de restituer, par écrit ou en images, tous ces récits qu'on me confie. Je les utilise pour me construire. Cela deviendra le sens de ma vie professionnelle. Mais je n'en suis qu'au tout début de ces nombreuses quêtes-enquêtes qui seront comme autant de victoire arrachées au silence et à l'oubli.
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Un père aussi aimant que peu rassurant. Un père qui ne peut pas protéger. (...) Un père qui consacre sa vie à rester en vie. Objectif unique, courageux et immense, qui aura mobilisé l’ensemble de ses maigres forces. Je te remercie Papa d’avoir tenu bon et d’être encore là en dépit des abîmes dans lesquels tu te noies parfois.
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Je replonge dans l'allégresse que me procure cette vie à l'étranger, où je me sens paradoxalement si en sécurité. Par la suite, je découvrirai, à travers des récits ou des rencontres, que ceux qui s'exilent - lorsqu'ils n'y sont forcés ni pour des raisons économiques ni pour des raisons politiques - sont des grands blessés de la famille.
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Du silence sur la déportation à la contestation:

"J'ai décrit dans un récit antérieur la façon dont mon père, survivant de Shoah, nous a élevés, nous ses enfants, également comme des survivants. Je n'ai pas encore expliqué à quel point cet héritage a pesé dans ma façon d'appréhender le monde. En devenant une des figures du mouvement de Mai 68, mon père - comme de nombreux autres leaders étudiants de l'époque également juifs - a envoyé balader cette chape d'anonymat et de docilité sous laquelle les familles de survivants étouffaient leurs enfants. 1968, pour mon père - en tout cas, c'est ma conviction intime-, est la scène qui permet au juif français qu'il est de se révolter contre le pouvoir en place (...)
p.173
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Paul, mari de Virginie et père affectif, adoptif et d'éducation de Lune :

"Est-ce que tu te rends compte qu'en agissant ainsi ta mère nie la famille que nous avons créée ? En décidant de ne doter que Lune, elle n'efface pas seulement votre fratrie, elle refuse l'existence de nos autres enfants! Elle introduit la division dans ce qui est uni ! Elle répète une fois encore ce qu'elle n'a cessé de proclamer dans son coin : ce n'est pas moi le père de Lune, c'est E. ! Celui qui a droit au portrait sur le piano ! Sans compter que Lune va se retrouver copropriétaire de la maison avec Marc, qu'elle ne connait pas et avec lequel tu as vécu une histoire insensée ! Ta mère met à nouveau en place la confusion des rôles, ce mélange de générations qui rend fou ! Lune est ma fille, il est hors de question que j'accepte qu'elle soit différenciée de mes autres enfants."

p187 éd Points dernières lignes du livre
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