![]() |
Ryan n'est pas un méchant garçon, pas violent, pas alcoolique, pas feignasse. Son défaut est d'être un peu faible. Il est en délicatesse avec la loi parce qu'il s'est laissé entraîner par ses mauvaises fréquentations. Il est lâche aussi, incapable de prendre des décisions ou ses responsabilités. Aussi quand il kidnappe Vanessa, sur un parking désert, ce n'est pas pour lui faire du mal mais parce qu'il a programmé de demander 100 000 livres à son époux afin de rembourser une dette qu'il a imprudemment contractée auprès d'un voyou local. Aussitôt la rançon versée, il la libérera en parfaite santé. Pour l'empêcher de s'échapper durant les négociations financières, il l'emmène dans une grotte connue de lui seul, découverte par hasard quand il était enfant, et pour assurer le coup, l'enferme dans une caisse en bois vissée. Mais Ryan n'est vraiment pas un méchant garçon : il laisse à la captive, une lampe de poche, des revues, de l'eau et de la nourriture. Sauf que Ryan est arrêté le jour même, à cause d'une bagarre sans lien avec le kidnapping et condamné à quatre ans de prison. Pour s'épargner une peine plus lourde, celui qui n'est ni un violeur ni un meurtrier mais seulement une victime des circonstances, garde pour lui son petit secret. Au cours de son incarcération, Nora, jeune kiné solitaire et romantique, qui croit en la rédemption des criminels et fait bénévolement la visiteuse de prison, tombe sous son charme au point qu'à la libération de Ryan, elle l'héberge chez elle, veille sur lui, le nourrit, lui trouve un travail, sans certitude de recevoir en échange de ce soutien inconditionnel, amour, reconnaissance, fidélité. Depuis la disparition non-élucidée de Vanessa, Matthew, son mari n'a pas réussi à tourner la page, il est resté figé sur le jour de l'événement. Faute d'une explication rationnelle à sa volatilisation, enlèvement, disparition volontaire, accident, il végète, affectivement, professionnellement et rumine toutes les hypothèses plausibles. Il fréquente quelques rares amis, promène son chien, trouve agréable la compagnie de Jenna, sans pouvoir envisager un semblant d'avenir avec elle, qui ronge son frein. Ces quelques éléments préliminaires ne constituent que le socle de la vallée du renard, roman très dense, aux multiples personnages, dont l'auteure enchevêtre brillamment les vies, créant petit à petit les liens nécessaires à la compréhension d'une intrigue riche en rebondissements, avant un épilogue à la fois crédible et surprenant, bien ficelé, découlant logiquement de tout ce qui l'a précédé, laissant pourtant le lecteur épaté. Auteure allemande dont les romans se déroulent le plus souvent en Grande-Bretagne, Charlotte Link est, selon mes critères, une valeur sûre, un poids lourd du roman noir psychologique qui maîtrise la construction de ses histoires et la progression du suspense, servies par une écriture agréable et souple. Il est cependant dommage que les éditions françaises de ses romans soient souvent affublées de titres et couvertures un peu nunuches qui ne reflètent en rien leur contenu, et desservent ainsi son talent. + Lire la suite |