« Qu’est ce qui me pousse à écrire tout ça ?
L’ennui?
Pas seulement .Il me suffit de gratter un peu pour que le passé déborde.
Une fois les vannes ouvertes , impossible d’arrêter le flux . Et il faut dire que j’ai tout mon temps pour écrire ce qui me passe par la tête, dans ma planque. »
Il était bien obligé de constater qu'on pouvait aimer quelqu'un tout en étant incapable de vivre avec, et que cet état de fait vous usait à petit feu, vous coinçait dans une impasse jusqu'à ce que vous vous retrouviez exsangue. Puis vous preniez une décision dans un sens ou dans un autre, sans y trouver le moindre apaisement.
Il émanait d'elle une puissante odeur de transpiration dont le policier n'avait eu conscience qu'au moment où elle s'était mise en mouvement, et qui était suspendue entre eux, lourde et pénétrante.
La véhémence et l'agressivité avec laquelle cette bonne femme s'acharnait sur son ménage l'avait apparemment mise en sueur.
Et cependant, il commençait à sentir autre chose, c'était une odeur si faible, si imperceptible, qu'il crut d'abord s'être trompé.
Puis il s'accoutuma suffisamment au nuage de sueur pour pouvoir déceler les autres odeurs, et son sang se glaça en même temps qu'un étrange frisson lui donnait la chair de poule.
Il pensa à l'expression "avoir les cheveux qui se dressent sur la tête".
C'était ça, exactement ça.
Il sentait l'odeur du sang.
Cette paix inscrite sur les traits des morts, traduisant l'idée qu'ils étaient délivrés de leurs souffrances terrestres, était finalement une précieuse consolation, souvent la seule dont on disposait. Il fallait bien se cramponner à quelque chose.
Première partie. Chapitre II
Un espoir fou se levait en elle : peut-être n’était-il pas trop tard. Peut-être suffirait-il qu’ils aient une conversation sérieuse. Pas de cris comme la nuit précédente, il fallait réfléchir calmement à la façon dont ils pourraient sauver leur avenir commun
Le désespoir était encore mâtiné de révolte, de colère, mais la résignation était déjà prête à se disséminer en elle comme une tumeur cancéreuse et à étouffer toute forme de vie.
Elle s'était dit tout à coup : une vie gâchée. Une vie complètement gâchée qui va se terminer misérablement entre les mains d'un psychopathe.
Deuxième partie. I. Chapitre 6
Non, ma vie n'est pas un navire en perdition, ne cessait-elle de se répéter pour s'en persuader, je ne suis pas en train de couler sur une mer démontée.
Pourtant, c'était exactement ce qu'elle ressentait au fond d'elle-même, sans parvenir à chasser ses sombres pensées malgré tous ses efforts.
Première partie. I. Chapitre 10
Ces choses dont on n'a pas réellement conscience quand on les vit, mais dont sait que ce sont elles qui donnent sa chaleur à l'existence.
Première partie. I. Chapitre 6
Même si, comparée à son époux, elle avait l'impression de ,'être qu'une douce rêveuse, Leona était rationnelle, peu encline à s'embarrasser d'idées ésotériques. Mais elle imaginait très bien qu'il pût exister une puissance qui échappait à la compréhension et au contrôle des humains. Wolfgang le lui reprochait en affirmant que c'était la preuve qu'elle se défaussait de ses responsabilités.
-Le destin, cela ne préoccupe que les gens qui veulent rendre responsable de leurs actes une instance qui se niche dans un au-delà hors de leur portée. Ce n'est ni plus ni moins qu'une tentative de redistribution des charges, mais, au final, c'est une manière de se mentir gravement à soi-même.
Première partie. I. Chapitre 1