Dans ce troisième opus de la saga de
Charlotte Link, nous faisons un vrai saut dans le temps et dans les générations puisqu'il sera ici question des petits-enfants de Félicia, en particulier d'Alexandra et de Chris (les enfants de Belle, la première fille de Félicia).
Dans le prologue daté de 1957, on assiste au baptême d'Alexandra.
La première partie du livre concerne les années 1977-1978, soit une ellipse de vingt années permettant aux enfants de grandir. Après Laetitia, c'est au tour de la matriarche Félicia de régner sur sa petite famille (même si une partie d'entre elle se retrouve coincée en RDA) et sur son entreprise.
Le chapitre s'ouvre sur le mariage d'Alexandra avec Markus Leonberg (un gros négociateur en immobilier) et sur la rencontre fortuite entre Chris et de Simone.
D'emblée, il y a confrontation entre deux univers : la bourgeoisie d'un côté avec ses richesses et sa réussite ; le peuple engagé, activiste et peu désireux de s'enrichir de l'autre. Car Chris est dans le rejet de sa caste. C'est un jeune homme des années soixante-dix particulièrement sensible à l'Autre. Même s'il est avocat, il se destine avant tout à la défense des petites gens ou à celle des causes auxquelles il adhère.
Des flashbacks permettent de comprendre assez rapidement les faits principaux qui ont émaillé le vécu de Félicia qui a, à présent, quatre-vingt-dix ans.
La seconde grosse partie du livre concerne les années 1982-1984. On y découvre une Alexandra tentant de se faire un chemin en tant que dirigeante d'entreprise, puisque Félicia a décidé de lui en confier les clés.
Ecartelée entre sa fidélité au clan et à sa grand-mère, son travail qui connaît des vicissitudes, sa vie de couple qui ne l'épanouit pas, et sa tendresse pour Dan, Alexandra a bien du mal à être véritablement heureuse.
Cette partie permet de suivre également la vie de Julia (fille de Nicola) et de ses enfants en RDA et ses multiples tentatives de "passer à l'Ouest", en laissant derrière elle son mari, plus frileux pour prendre le risque.
Là encore, de nombreux flashbacks permettent de combler les trous et de comprendre l'évolution des situations (notamment ce qui se passe sur le territoire américain où Belle, fille de Félicia, vit avec son mari).
La troisième partie est principalement axée sur la chute du Mur de Berlin et ses conséquences fastes pour le peuple concerné : à savoir la réunification de l'Allemagne. On continue de suivre Alexandra et Chris dans leurs parcours de vie avec leur lot de joies et de peines. C'est aussi l'occasion d'évoquer la guerre des six jours en Israël (là où l'une des protagonistes de la famille s'est installée).
L'épilogue daté de l'été 1994 permet de réévoquer le devenir de la propriété de Lulinn que Alexandra et Chris sont désireux de retrouver pour savoir ce qu'elle est devenue (puisqu'elle se trouvait confisquée sur le territoire de la RDA). Une façon pour eux de clore le chapitre d'une histoire familiale à jamais révolue.
Encore une fois, on voyage beaucoup dans ce tome. Les histoires des uns et des autres se succèdent, se croisent et s'entremêlent avec la plus grande efficacité. La plume est toujours aussi alerte. Curieusement, et alors même que cet opus évoque des événements historiques que j'ai pu suivre en direct live, j'ai été moins sensible au souffle épique qui souffle dans ses lignes. Je n'ai pas ressenti le même attachement pour les personnages d'Alexandra et Chris alors même qu'ils me sont contemporains. Cela n'en reste pas moins un excellent final d'une saga que je vous recommande de lire, contrairement à moi, dans l'ordre !
Les trois tomes de la saga sont :
T1 :
le temps des orages
T2 :
Les lupins sauvages
T3 :
L'Heure de l'héritage