Gilles Lipovetsky trace une histoire des situations des femmes depuis la nuit des temps. Après la "première femme" - vouée toute entière à la reproduction, sans aucun droit et sans même le statut d'être humain à part entière, la "deuxième femme " - éternel féminin dont on célèbre la beauté, la maternité, mais qui reste cantonnée à la sphère privée et aux tâches domestiques, est venu le temps de la "troisième femme".
Cette troisième femme apparaît durant la deuxième moitié du XXe siècle quand, pour la première fois, les femmes vont conquérir la maîtrise de leur destin grâce à la contraception, la moindre importance de l'image de la femme au foyer et la reconnaissance du travail féminin. Les femmes se trouvent alors dans une situation identique à celle des hommes car elles ont à construire leur destin parce qu'il n'y a plus d'assignation, a priori, à ce qu'elles doivent être et faire. Cette troisième femme est la femme indéterminée car son destin n'est plus prédéterminé, écrit à l'avance par les codes sociaux et culturels. Ici, les garçons et les filles sont sur la même dynamique égalitaire marquée par une reconnaissance de l'autonomie des femmes qui peuvent contrôler leur destin, leur corps, leur place sociale. Pour autant, les pesanteurs demeurent, on observe une très forte permanence des codes hérités de l'histoire qui tempèrent la vision triomphaliste. La différenciation est reconduite en termes de principe. Ainsi de la beauté où la place des femmes et des hommes n'est pas équivalente aussi bien dans les concours de beauté, les soins du corps, la chirurgie esthétique… La femme demeure le beau sexe. Les hommes continuent d'occuper les postes de pouvoir dans l'économie ; les femmes demeurent les plus fragiles, les plus précaires, les plus vulnérables. L'égalité des sexes dans les textes demeure donc pour l'instant un voeu pieux, et l'état des lieux réel est loin d'offrir les mêmes chances aux femmes et aux hommes.
Constat mitigé, donc : pour l'instant, l'homme demeure l'avenir de l'homme...
J'ai beaucoup apprécié la lecture de ce texte, bien que j'aie -forcément- gueulé à plus d'une reprise devant les constats implacables qu'il dresse.