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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Demande, et tu recevras est un roman plaisant à lire, par la typologie et la psychologie des personnages qui s'y croisent dans les faubourgs de New York, à commencer par le narrateur, Milo Burke.

Demande !... Et tu recevras !... Oui mais justement, Milo n'aime pas demander... Ou il ne sait pas !.. du coup, à 40 ans, il n'a rien à lui ; il n'a rien réussi... C'est un raté, un looser. Jeune, il s'était imaginé une vocation pour la peinture, mais c'était juste un rêve enfantin pour un destin de star...

Milo vit de petits boulots ; il s'est laissé aller et il continue encore et encore : il boit, sniffe, mange des cochonneries achetées au coin de la rue tout au long de la journée, comme un enfant qui gaspille son argent de poche. Il ne fait des efforts que pour son fils, un petit bout de chou de 4 ans, aux réparties craquantes ; Milo en est fou. Il aime aussi sa femme, Maura, à laquelle il tient. Mais il fait tout ce qu'il faut pour la perdre ; pire, il en est conscient. Mais bon ! ... Il ne cherche plus à séduire, faire son affaire tout seul lui convient.

Des bouffées d'amertume ou des velléités existentielles l'amènent parfois à s'en prendre à l'Amérique d'aujourd'hui, à son capitalisme étroit qui pourrirait tout… En fait, il est suffisamment lucide pour s'observer – comme avec une espèce de jubilation – s'enterrer inexorablement dans le présent de sa triste existence et son absence de futur.

Pendant ses études, il avait vécu auprès de Purdy, un fils de famille riche, sur de lui et charismatique, entouré de colocataires profitant de ses largesses et de ses relations. Après avoir fait fortune par lui-même en développant et cédant une start-up, Purdy est resté fidèle à cette petite cour qui continue à vivoter tranquillement autour de lui. Milo, lui, n'a pas gardé le contact. C'est bien conforme à sa nature !

Purdy est devenu un milliardaire à l'américaine, très investi dans le mécénat culturel et les mondanités philanthropiques, en compagnie de son épouse, Melinda (tiens ! le même prénom que Madame Bill Gates...). C'est sous prétexte d'une volonté de donation à un projet universitaire que Purdy a repris contact avec Milo. Mais en fait, sa véritable intention est de confier à Milo une mission délicate et confidentielle auprès d'un fils caché d'une vingtaine d'années, revenu d'Irak gravement mutilé physiquement et psychologiquement... Trouver un compromis arrangeant pour chacun... Une opportunité de dernière chance pour Milo ?

Demande et tu recevras est un ouvrage souvent drôle, mais l'humour y est cynique, désabusé, cruel. Milo reflète la petite part d'ombre de notre propre personnalité ; son destin représente ce que nous pourrions redouter pour nous-même, notre négatif contre lequel nous luttons au quotidien, espérons-le avec succès.

Très bien traduit de l'américain parlé, assez cru et débridé, ce roman de Sam Lypsite se lit très agréablement ; passages descriptifs et dialogues alternent harmonieusement ; le style et la syntaxe sont juste irréprochables, jamais choquants, jamais dissonants.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Demande, et tu recevras est typiquement le genre de livre vers lequel je ne me serai pas dirigée d'emblée dans une librairie. Mais comme il est arrivé comme un grand dans ma boîte aux lettres, j'ai laissé parler la curiosité et me suis plongée dans ce roman américain publié initialement il y a cinq ans mais sorti en France uniquement cette année. Bien m'en a pris, car l'écriture de Sam Lipsyte est un régal d'ironie et de cynisme grinçant.

L'auteur porte sur les États-Unis d'aujourd'hui un regard dénué de compassion et qui m'a semblé fortement réaliste. On y croise des adulescents plus très surs de leurs valeurs, perdus entre les principes hérités de l'éducation post-soixanthuitarde de leurs parents et des concepts plus rétro, embarqués dans une vie quotidienne parfois très éloignée de leurs rêves et idéaux de jeunesse, mais aussi des vétérans de l'armée tellement jeunes et déjà tellement bousillés par la vie, des âmes perdues qui errent de parcs en cafés en attendant le moment de rentrer dans le cagibi qui leur sert d'abris... Bref, une vision de l'Amérique plutôt éloignée de celle du rêve américain...
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Milo Burke est déçu, et il en prend conscience petit à petit. Déçu d'avoir dû remiser ses ambitions artistiques de jeunesse, déçu de sa paternité dont il peine à voir les bons côtés, déçu par ses collègues qu'il croyait connaître et qui , en bref, sont des connards félons.
Milo Burke, donc, est un raté. Un "loser", comme on dit en anglais, histoire d'atténuer la brutalité du constat et de se sentir moins seul, dans la houle et le grand peuple des laissés-pour-compte . Ses collègues , donc le poignardent dès qu'il a le dos tourné et lui font perdre son emploi sans intérêt (mais néanmoins indispensable); sa femme a les yeux dans le vague dès qu'il lui parle (de quoi, d'ailleurs ?) et sa propre mère l'envoie promener (gentiment) , occupée qu'elle est à vivre sa retraite new-age avec une compagne rébarbative et vraisemblablement végane.
Milo Burke pourrait se jeter sous un train façon Karénine, s'empoisonner comme Roméo ou se flinguer comme Werther. Mais on est un loser ou on ne l'est pas et le destin de Milo, c'est de subir. Même cette liberté ultime de se suicider, il ne l'a pas. Puisqu'il se voit proposer une réintégration miraculeuse au sein de son entreprise , pour effectuer une mission "de confiance", qui a tout l'air - en réalité - d'un bâton merdeux, aimablement tendu par un copain de jeunesse à qui tout a réussi.
Ce que Sam Lipsyte réussit mieux que personne, lui aussi, c'est de nous faire partager les tourments, les confessions de cet "enfant du siècle" et de trouver la lumière au fond même d'une corbeille de recyclage pleine de gobelets de café bio en carton beige.
Un grand moment littéraire de médiocrité sociale , la revanche des gens qui ne sont rien, bref: indispensable .
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Milo Burke flirte avec la petite quarantaine bedonnante. Il est marié, père d'un Bernie de 4 ans qui n'a pas la langue dans sa poche, et chasseur de mécènes pour le développement des arts dans une université. Une vie plutôt peinarde en somme jusqu'au jour où il se fait virer pour avoir déclaré avec fracas son amère opinion à une élève sans talent.
Le déclencheur d'une grosse crise pour Burke qui réalise qu'il n'est qu'un peintre raté avec une vie de couple qui bat de l'aile. Mais au-delà de toutes ces mauvaises passes, le vrai problème de Milo réside en sa faculté à constater les dégâts mais à être absolument incapable de les dépasser. On pourrait même avancer qu'il cultive l'art de s'enfoncer toujours un peu plus dans les galères. Milo est dépassé, il rame et se débat entre de vieux rêves d'artistes qui s'éliment, son pote Purdy plein aux as, des services à rendre contre des enveloppes pleines de dollars et un rejeton planqué revenu d'un passage en Irak avec des guibolles métalliques. C'est le mec sympa mais pas très doué, un genre de loser qui tend à être attachant par pitié. Il surnage plutôt qu'il ne se bat, semble trop résigné pour agir, spectateur de sa propre vie que l'on a bien souvent envie de secouer.

A travers Milo Burke, Sam Lipsyte décrit une classe moyenne faite d'individus passés à côté des ambitions de leurs jeunes années. Il ne s'agit pas d'un portrait de classe ouvrière en quelque sorte installée que l'on croise plus habituellement dans les romans , mais plutôt de cette assez récente génération ayant été à l'université, avec des rêves qui se sont avérés sans lendemain et l'aspiration à une vie assez roots tout en ayant un train de vie confortable ou du moins leur permettant de faire ce qu'ils souhaitent sans trop penser à l'argent ou à son éventuel manque, les débuts de la boboïsation des esprits en quelque sorte. Il dresse un portrait de l'américain moyen nouvelle génération, celui qui a du mal à s'installer dans une vie d'adulte, s'enlisant dans un quotidien routinier qui transpire l'aigreur. L'anti-héros transparent, le type que l'on croise tous les jours, à la fois Minable de service qui s'en prend plein la tronche en disant merci et Monsieur tout-le-monde plein de doutes à qui l'on ressemble finalement tous un peu un jour ou l'autre.

L'écriture de Sam Lipsyte est absolue, avec un sens du dialogue férocement drôle et de la répartie de haut niveau. Il y a beaucoup de finesse dans cette chronique sociale noire mais pas plombante, à la fois ahurissante et hyper réaliste, tranchante, percutante, et sensible aussi.
On pense à plein de gens, à de grands auteurs de littérature américaine, mais aussi à Irvine Welsh ou John King, avec cet art de dénoncer tout en rendant hommage à ces gens du pavé ou restés quelque part sur le bord de la route.
C'est l'Amérique avec un regard cynique non dénué d'humour. Un roman riche qui s'attaque à pas mal de sujets, système scolaire, politique, militaire, société, moeurs, désenchantement… du grand art.

Lu dans le cadre de l'opération Masse critique. Un grand merci à Babelio et aux éditions Monsieur Toussaint Louverture pour cette très plaisante lecture.
Lien : http://casentlebook.fr/deman..
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Milo Burke, peintre raté, marié à Maura et père de Bernie, enfant tyran, travaille au service prospection d'une médiocre université new-yorkaise. Suite à un pétage de plomb, il est licencié. Mais il est réintégré suite à une demande d'un ami d'enfance, richissime fils à papa qui lui confie la mission de négocier avec son fils caché qui lui réclame de l'argent…
Portrait d'un loser pathétique, drôle et méchant, cruel mais dans le vrai, Demande, et tu recevras est comme une bonne baffe dans la gueule : ça fait mal mais ça réchauffe.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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L'existence de Milo Burke est à l'image de son emploi au département de recherche de mécénat d'une université minable de New York : « la preuve vivante de manque de discernement de quelqu'un. » Milo n'a pas beaucoup d'ambition, « le clodo d'à côté était son associé potentiel ».

C'est pourtant un bon père, prompt à répondre à son jeune fils Bernie éveillé au monde qui pose les questions essentielles de son âge : « Et les super-héros, ils en ont des prépuces ? (…) Et les prépuces ça aide à voler ? - Peut-être. »

C'est avec ce même laconisme que l'ami de fac de Milo, Purdy, richissime, le charge de différents problèmes, dont son fils, Don, 21 ans, vétéran de la guerre en Irak, dont il ignorait et veut continuer d'ignorer l'existence. Milo a trouvé le mécène de son emploi. Purdy a trouvé « sa pute ».

La langue de Sam Lipsyte est savoureuse, les réparties des protagonistes de ce drame tellement humain font hurler de rire. Demande et tu recevras, « nous servons tous les deux le même seigneur – J'ignorais que nous vivions dans un système féodal ».

Paru dans Blake 68, juillet 2015
Lien : http://tmblr.co/Z4Dxcn1qLzyRm
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