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Critique de JIEMDE


Quel livre !

Première lecture de cette rentrée littéraire 2016 et premier choc – de plaisir - à l'issue de cette magistrale fresque contemporaine. Un livre fort, moderne, politique et sociétal où la force du réalisme prime. Mais aussi un livre d'amour, celui de Zou Lei et de Skinner bien sûr, mais aussi celui d'Atticus Lish pour la ville de New-York, superbement décrite à l'opposé de ses clichés habituels. Enfin un livre-cri, cri de 558 pages contre un pays qui n'en finit pas de se complaire dans ses contradictions humaines et sociales, sans parvenir à trouver les ressources pour refonder les bases d'un nouveau rêve américain auquel tant de paumés persistent à croire.

Plusieurs lectures donc, de Parmi les loups et les bandits. Celle bien entendu de l'histoire de Zou Lei, la jeune Ouïghoure, et de Brad Skinner, GI de retour d'Irak.

La première est clandestine, finalement depuis sa naissance dans cette province asiatique où l'on est tellement peu Chinois, mais pas non plus Mongol, ni Russe. Dès l'enfance, elle connaît la fuite vers les lendemains incertains. Et quitte à fuir, autant s'y préparer, en courant et en se musclant. Ainsi affutée, Zou Lei ne s'arrêtera plus dans cette course qui la mènera jusqu'à New-York. Car pour elle, demain est un espoir…
Brad Skinner est pour sa part un américain typique, juste né à la mauvaise période. Celle de la croisade irakienne de Bush, qui d'un engagement d'un an le mènera à en faire trois sans avoir son mot à dire. Il en reviendra blessé. Physiquement, mais là est le moins grave. C'est dans sa tête que le mal est logé. Irrémédiablement, sans espoir de guérison. Un mal qui ne s'arrête quasiment jamais et que Brad cherche à fuir. Mais pour lui, demain est un cauchemar…
Leur rencontre sera belle et l'addition de leurs fêlures porteuse d'espoirs. Et l'espoir fait vivre dit-on. Dès le début toutefois, les ingrédients du drame sont posés…

L'autre lecture de ce livre est la description incroyablement réaliste et sans concession de cette Amérique contemporaine post-11 septembre, traumatisée – à juste titre – par ses blessures, et cherchant en vain à les panser. Une société où les clandestins, les immigrés, les SDF, les drogués, les moins que rien se retrouvent dans une faune errante qui à défaut de vivre, survit en espérant que cela dure encore un peu. Que la prochaine sirène de police ne soit pas pour eux. Que Dieu ou un autre leur apporte dans la journée le dollar qui permettra de se nourrir. Une société qui après avoir envoyé ses enfants combattre en Irak fait semblant de les soutenir au retour sans arriver à masquer qu'elle n'a rien à leur proposer.

Pour un premier roman, l'écriture d'Atticus Lish – et bravo au passage à la traduction de Céline Leroy – est étonnement éclairée, mêlant un style moderne et direct auquel on s'habitue peu à peu (ainsi qu'à une ponctuation souvent inhabituelle), à un autre plus descriptif offrant de nombreuses très belles pages qui ne sont pas sans rappeler les approches d'un Zola ou d'un Dickens dans le regard que Lish pose sur ses contemporains.

Un livre dont on ressort essoufflé d'avoir tant couru aux côtés de Zou Lei et un peu K.O. des coups donnés et reçus. Mais un livre fort, qui ne s'oubliera pas facilement.
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