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Violante do Canto (Traducteur)
EAN : 9782070271795
328 pages
Gallimard (14/01/1970)
4.08/5   18 notes
Résumé :

Un ingénieur, Martin, a commis un meurtre et est en fuite. Il marche sans but, dans une plaine à peu près désertique, et sans cesse sa marche est interrompue par des rencontres : arbre, oiseau, ruisseau... Rencontres grâce auxquelles il commence à comprendre non pas qui il est, mais ce que fut sa vie jusque-là et ce qu'elle pourrait être, à comprendre notamment que son crime fut une libération pour lui. Sa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"Pour chaque homme existe probablement un certain moment non identifiable où il fait plus que flairer : où l'illusion est tellement plus grande qu'il atteint l'ultime véracité du rêve. Où les pierres ouvrent leur coeur de pierre, et les bêtes ouvrent leur secret de chair, et les hommes ne sont plus "les autres", ils sont "nous", et le monde est un éclair que l'on reconnaît comme si on l'avait rêvé ; pour chaque homme, il y a ce moment non identifiable où il accepte d'être la monstrueuse patience de Dieu."

Je viens de lire mon premier livre de Clarice Lispector... Une écriture phénoménale... Quelle splendeur ! Après Blanchot, quel autre roman aurai-je pu lire ? Quel autre anti-héros que Martin pouvait me parler, m'interpeller et me charmer ?
Martin, un criminel pourtant. Un criminel en fuite, qui parle aux pierres, découvre un mode d'être, impersonnel, qui le prend et lui échappe...

Grandeur des mots et du silence. Présence de l'absence...
Désir d'être dans le monde et de l'habiter, poétiquement...

Le Bâtisseur de ruines est un grand livre, un roman qui indique et symbolise l'intériorité humaine qui se cherche et se déploie... Calmement, secrètement et mystérieusement...
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Etrange livre d'une errance initiatique et fondatrice, lente et mesurée. Un homme semble avoir commis un meurtre et prend la fuite, la fuite de tout, de lui-même, de sa vie. Il se lance en pleine nuit, dans une errance qui se révèlera une genèse de lui-même : abandon de soi pour se recréer sans recommencer, faire peau neuve, se taire pour naître autrement.
L'homme comprend le langage du monde, des paysages et des pierres à mesure qu'il fait silence : que la lumière soit. Puis réfugié dans une ferme au milieu de rien, il continue d'apprendre et de méditer, entre discontinuité narrative et inconstances étranges des êtres qui l'entourent, faisant face à sa révélation existentielle.

Privilégiant un monologue intérieur d'un être en rupture inspiré de Joyce, Clarice Lispector joue sur l'ambigüité permanente des paysages comme de ses personnages. Elle dissèque les pulsions et les non-dits à la manière du nouveau roman brésilien, sans jugement ni morale, ni mépris ou admiration.
Une oeuvre de patience pour l'auteur comme pour le lecteur, avec un style introspectif et des choix lexicaux aussi beaux que déroutants.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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"L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn" Victor Hugo. La Légende des siècles

Martin a commis un crime. Taraudé par la crainte, éperonné par la culpabilité, il s'enfuit, tel un cheval ayant désarçonné un cavalier, allant se perdre dans l'immensité du territoire brésilien plongé dans la nuit.

La fuite, pour celui qui s'est affranchi de la communauté des hommes et l'isolement qui s'ensuit, prennent l'aspect d'une tentative instinctive de reconstruction de soi à travers la réappropriation, par le langage, du monde minéral, végétal et animal. C'est un homme en voie de régénération, taciturne, qui arrive dans une fazenda isolée dirigée par une femme aigrie sur le retour, l'impérieuse Victoria. Il se fait embaucher comme garçon de ferme. La quinquagénaire lui donne des ordres, il s'exécute, la voix dit et le corps obéit. Cette sujétion mutique lui permet de poursuivre son réapprentissage du monde et sa rédemption à travers la remise en cause des mécanismes du langage qu'il opère en son for intérieur.

Figure de proue du Nouveau Roman brésilien, Clarisse Lispector, est considérée par les milieux autorisés comme une des figures majeures de la littérature brésilienne du XXème siècle. Et pourtant. À la lecture du Bâtisseur de ruine, la même impression domine que devant les productions d'une autre autrice contemporaine et tout aussi célébrée, Marguerite Duras. L'incompréhension et l'agacement. La prose de ce roman, où l'itérativité, au lieu d'agir comme un rai de lumière, ajoute à l'ambiguïté de l'expression formelle, plonge le lecteur médusé dans une atmosphère équivoque où règne l'indéterminé. Frustrant.
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Ce livre ne peut qu'interpeller, il s'agit de l'expérience d'un homme dont toutes les références vont s'écrouler brutalement.Fuyant une justice probable il va partir à travers la nature, sa pensée se déstructurant lentement. Il arrivera jusqu'à une ferme où il rencontrera d'autres êtres humains, il y sera recueilli et y travaillera.
Un homme sans égo, ou à l'égo presque détruit, reste-t-il un homme ? Peut-il vraiment communiquer les autres ? Sa communication sensible et belle à la nature non humaine peut-elle lui suffire ? Mille questions surgissent à la lecture de ce livre qui est un OVNI littéraire, sa lecture est exigeante, très exigeante, il navigue à vue entre méditation, expérience mystique, folie contemplation et incompréhension ; le doute y règne en maitre .
A la fin du livre une dernière question surgit. L'histoire de Martin est-elle finie ?
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La genèse sensible d’un homme.

«Cette histoire commence au cours d’une nuit de mars, obscure comme l’est la nuit quand on dort.»

Martin pense avoir commis un crime et s’enfuit dans la nuit, au cœur des vastes plaines du Brésil, territoire immense qui dans l’obscurité évoque un retour aux origines. Il marche pour fuir le lieu du crime, pour tenter de fuir ses propres pensées, pour devenir un organisme non-pensant et surtout non-parlant, pour se reconstruire peut-être. Mort de soif mais renaissant, il arrive dans une ferme dans laquelle il va travailler, sous la coupe de Victoria, propriétaire des lieux, et aux côtés d’Ermelinda, une cousine tortueuse qui veut séduire cet homme mutique.

La suite sur mon blog ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Il avançait simplement. Sa tête vide ne lui était plus d'aucun secours. Dans sa marche, il paraissait être guidé uniquement par le fait qu'il était entre terre et ciel. Et ce qui le soutenait c'était l'impersonnalité extraordinaire qu'il avait atteinte, comme un rat dont l'être même est ce qu'il a hérité d'autres rats. Cette impersonnalité, l'homme la maintint en se refrénant légèrement, il savait peut-être que, s'il redevenait lui-même, il tomberait à la renverse.
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Mais heureusement, notre entendement se fait au travers des mots perdus et des mots sans signification ; s'il n'en était pas ainsi, pauvre serait notre compréhension mutuelle.
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Pour chaque homme existe probablement un certain moment non identifiable où il fait plus que flairer : où l'illusion est tellement plus grande qu'il atteint l'ultime véracité du rêve. Où les pierres ouvrent leur cœur de pierre, et les bêtes ouvrent leur secret de chair, et les hommes ne sont plus "les autres", ils sont "nous", et le monde est un éclair que l'on reconnaît comme si on l'avait rêvé ; pour chaque homme, il y a ce moment non identifiable où il accepte d'être la monstrueuse patience de Dieu.
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Dégonflé, avec ses lunettes, tout ce qu'il croyait prêt à être dit s'évaporait, à présent qu'il voulait le formuler. Ce qui avait empli ses journées de réalité se réduisait à rien devant l'ultimatum du dire.
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Il avait à présent tous les sens dont dispose un rat, plus un avec lequel il constatait ce qui lui arrivait : la pensée. C'était la façon la moins dénaturée de s'en servir.
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Il y a des gens qui doutent et, franchement, ça fait du bien. Savez-vous quelle héroïne de roman incarne à la perfection la femme qui doute ?
« Près du coeur sauvage », de Clarice Lispector, c'est à lire aux Editions des Femmes.
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