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Robert Littell (Traducteur)Jean-Patrick Manchette (Traducteur)
EAN : 9782290350508
279 pages
J'ai lu (15/09/2006)
3.71/5   14 notes
Résumé :
1963. Un message parvient au Pentagone après s'être rendu à l'ambassade d'URSS à Tokyo, l'ingénieur américain A. J. Lewinter vient de s'envoler pour Moscou, avec le chef local du KGB. Côté Washington, une certitude : détenteur d'informations top-secret, Lewinter est un traître.
Côté Moscou, un doute : Lewinter est-il un agent infiltré ? Côté Lewinter, un casse-tête : comment convaincre qu'il n'a d'autre but que d'obtenir enfin les moyens nécessaires à la mise... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
"Si vous avez ce que vous prétendez avoir, dit-il, ce serait une grosse affaire pour nous. Et bien entendu, nous vous en serions très reconnaissants. Mais les gens ne surgissent pas comme ça pour vous offrir une information de cette taille." Première lecture de Littell (père), et plutôt une bonne surprise.

A.J. Lewinter, ingénieur américain travaillant dans le secteur de l'armement, vraisemblablement détenteur d'informations sensibles sur les missiles nucléaires des Etats-Unis, vient de passer à l'Est, via l'ambassade soviétique au Japon. Pour les Américains comme pour les Russes, cette défection est, à bien des niveaux, incompréhensible. de part et d'autre du Rideau de fer, les responsables des services secrets (Diamond d'un côté, Pogodine de l'autre) s'affrontent dans une joute psychologique extrêmement prenante.

Grand absent du récit, Lewinter est un personnage en creux, flou, insaisissable, paradoxal en diable - et cette trouvaille narrative fait clairement l'originalité du moment, en laissant constamment le lecteur balancer dans le doute. Alors, taupe ou pas taupe ? C'est justement tout le problème. "Mon métier n'est pas l'espionnage, c'est la maîtrise des jeux. C'est moi, ton pion agressif. J'essaie d'imaginer ce que les Américains sont en train de faire. Ils essaient d'imaginer ce que nous sommes en train de faire. Et puis j'essaye d'imaginer ce qu'ils pensent que nous faisons. Et ils essaient d'imaginer ce que je pense qu'ils pensent que nous faisons. Et ainsi de suite, ad infinitum."

Moins vertigineux qu'un le Carré (voir sa brillantissime Taupe), mais nécessitant aussi moins la concentration ultime et l'attention extrême aux détails que son collègue exige, Robert Littelle offre ici, avec son grand classique, un divertissement d'une belle qualité, rondement mené, et non sans humour. Et vraisemblablement très bien traduit (les Manchette sont aux commandes), ce qui ne gâche rien. Avec quelque chose de Graham Greene (voir l'exceptionnellement drôle Notre agent à La Havane), construit avec la rigueur d'une partie d'échecs, La défection d'A.J. Lewinter se déroule comme un délicieux jeu du chat et de la souris, qui broie les individus au profit des stratégies et des ambitions. En bref : diabolique et joliment fichu !

"Nous avons toutes les raisons de nous faire du souci pour l'anodin M. Lewinter. Parce qu'ils l'ont pris chez eux."
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Ce livre est une parfaite illustration de la valse à plusieurs mouvements à laquelle se livrèrent les deux blocs durant la Guerre Froide. Essayant de percer les intentions cachées de celui d'en face, d'en deviner les ressorts secrets, la psychologie complexe... Et d'aboutir à une purée de poids rhétorique, il va croire cela, mais il sait que je pense qu'il va croire cela donc je vais agir ainsi pour qu'il croie que je sais qu'il sait que je sais... Ad libitum. Prise de tronche garantie...
Robert Littel, immense écrivain, est un spécialiste de la Russie soviétique et comme tel ne peut nier un sens de l'absurde caustique, du loufoque tragique, qui infusent son oeuvre. Je me méfie des essentialisations rapides, la substantifique matière, l'irréductible nature des nations, le fair-play anglais, l'élégance française, l'impérialisme américain, ce genre de truc... Comme si tous les habitants des pays cités devaient se réduire à ces stéréotypes, rentrer dans les cases... Mais si je devais me fier à un type pour cerner au mieux l'âme russe, Littel ferait un bon candidat. C'est pour cela peut-être que si Littel désosse consciencieusement le système soviétique, bureaucratie kafkaïenne, règne de l'arbitraire odieux et criminel où la paranoïa est consubstantielle à l'existence, ses personnages les plus sympathiques sont plus souvent russes qu'américains. Plus vivants, moins mornes.
Le gros plus des romans de Littell par rapport à ses confrères, notamment le maître John le Carré, c'est ce grotesque qui s'immisce, ce burlesque involontaire où les maîtres espions croient incarner les pièces maîtresses d'un échiquier mondial quand il ne sont que des pions. On gagne en humour à froid, presque déjanté chez Littell ce que l'on perd parfois en rigueur (rigueur incarnée par un John le Carré, jamais pris en défaut dans ses récits labyrinthiques). Comme toujours chez Littel, ce grand jeu un peu vain entre CIA et KGB s'apparente à un jeu de sommes nulles, ni gagnant ni perdant. Seules celles et ceux qui se sont aventurés sur le damier qui oppose les deux agences perdent quelque chose, ils perdent tout en fait. LA DÉFECTION DE AJ LEWINTER ne fait pas exception à la règle où entre ceux qui ne croient guère à cette aubaine un peu trop belle.
L'intelligence et le simple bon sens sont les grands perdants de ce bouzin indémerdable car rien n'est ce qu'il semble être ce qu'il est.
Même et surtout quand il est exactement ce qu'il semble être...
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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Ecrit au début des années soixante-dix, en période de guerre froide, ce roman traite des manipulations à plusieurs bandes entre les services de sécurité de l'URSS et des USA, suite à une défection d'un guignol qui entre dans l'Histoire comme un chien dans un jeu de quilles. L'auteur y déploie un cynisme de belle tenue, faisant des portraits de pieds nickelés arrivistes et manipulateurs. Des héros “à la Colombo”, mais qui n'amusent personne.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Mon métier n'est pas l'espionnage, c'est la maîtrise des jeux. C'est moi, ton pion agressif. J'essaie d'imaginer ce que les Américains sont en train de faire. Ils essaient d'imaginer ce que nous sommes en train de faire. Et puis j'essaye d'imaginer ce qu'ils pensent que nous faisons. Et ils essaient d'imaginer ce que je pense qu'ils pensent que nous faisons. Et ainsi de suite, ad infinitum.
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Si vous avez ce que vous prétendez avoir, dit-il, ce serait une grosse affaire pour nous. Et bien entendu, nous vous en serions très reconnaissants. Mais les gens ne surgissent pas comme ça pour vous offrir une information de cette taille.
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Chère jeune femme, malgré toutes ses imperfections, ma Russie est un beau pays. Il y règne une atmosphère, un esprit, un goût de la vie.
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- A-t-il jamais parlé de l'Union soviétique ?
- L'Union soviétique ? Mon Dieu, je ne crois même pas qu'il savait où ça se trouve.
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Nous avons toutes les raisons de nous faire du souci pour l'anodin M. Lewinter. Parce qu'ils l'ont pris chez eux.
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