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EAN : 9782370310415
86 pages
Aaarg (05/11/2015)
3.56/5   17 notes
Résumé :
Les strips de Jason Little dépeignent le quotidien de Borb, sans-abri, en une comédie douce-amère, à la fois touchante et hilarante. Le comique de situation, parfois quasi muet, y est bienveillant et fait toute la force du livre : ce portrait poignant propose une représentation de la misère dotée d'un savant mélange d'humour grinçant et de gravité. New York en est le decorum, la misère répond à certains standards américains, mais l'universalité de ce conte tragique ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
En guenilles, un bonnet sur la tête, des gants troués, la barbe sale et trop longue, Borb, un sans-abri, croque, sans réfléchir, dans cette pomme trouvée dans une poubelle. Malheureusement, le peu de dents qui lui reste, qui plus est en bien mauvais état, n'aura pas supporter ce fruit trop dur. À la soupe populaire, un clochard lui conseille alors de se rendre à l'hôpital, là où le docteur Mercy prodigue des soins gratuitement. Après une longue intervention, le voilà le sourire aux lèvres et de belles dents toutes refaites. Quelques antibiotiques avalées d'un coup et Borb est tout content. Pour fêter ça, il s'offre un petit repas malheureusement bien trop arrosé. Alors qu'il vomit par dessus une rambarde, le dentier se fait la malle et se retrouve dans le canal de Brooklyn. Il a beau plonger, il ne le retrouve pas. le voilà à mâchouiller du boeuf séché. Après une énième cuite, Borb fait une chute dans les escaliers du métro et se fracture le tibia. Une fracture ouverte qui nécessite aussitôt des soins. À l'hôpital, les médecins lui replacent son os sans anesthésie puis le plâtrent. Après quelques jours de repos, le voilà à nouveau dans la rue...

Dans cet album, Jason Little nous plonge dans le quotidien de Borb, un SDF qui vit dans les rues de New-York. Un quotidien souvent difficile : des cartons en guise de matelas, de la nourriture piquée dans des poubelles, de l'alcool, souvent mauvais, pour faire passer tout ça et tenter d'oublier un tant soit peu des vêtements sales, des parasites... le tout dans une indifférence quasi-générale. Borb va connaître une suite d'événements malheureux : son dentier qu'il perd, sa jambe cassée puis une deuxième... Une spirale dans laquelle il s'enfonce. Mais Jason Little raconte tout cela non sans humour, parfois noir. Et l'on se surprend à sourire des malheurs de ce pauvre Borb ! Quasiment pas de textes, beaucoup d'onomatopées et un dessin en noir et blanc efficace, l'auteur va à l'essentiel. Un album social réaliste, sordide, cynique, à la fois triste et drôle.
À la fin de l'album, Jason Little invite le lecteur à faire un don ou du bénévolat au sein d'initiatives appelées "un chez soi d'abord". En espérant que cela aura attisé certaines consciences...
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Borb ou l'art de vous faire passer d'un enthousiasme relatif à un engouement sincère en un peu moins d'une centaine de planches.

Jason ne bosse pas à base de po-po-po-pop, c'est d'la bombe... mais fait dans le strip.
Celui qui s'effeuille, timidement, en vous filant un bourdon que même Maya elle en voudrait pas pour son quatre heures à moteur.

Je connaissais le Blob, je découvre ici Borb, SDF sans avenir, sans espoir de retour à la case "normalité".
Borb picole ce qu'il peut, pisse et chie où il peut, se lave quand il peut, crève à petit feu dans l'indifférence générale.
Quelques cases en noir et blanc.
Quelques mots, lorsqu'il y en a.
On rit...jaune, témoin d'une chute sans fin, d'un puits de férocité sans fond, d'un destin tout tracé à grands coups de mandales dans une gueule qui n'a déjà presque plus rien d'humain.

Saisissant et glaçant.
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Il s'agit d'un récit complet en noir & blanc, indépendant de tout autre. Il se présente sous une forme un peu particulière, en format paysage. Chaque page comporte une seule bande dessinée pouvant s'apparenter à un gag, ou à une scène avec une chute. Jason Little est également l'auteur de Shutterbug Follies et Motel Art Improvement Service.

La lecture commence, avec un déchet par page, allant d'une cassette vidéo éventrée à une boîte de donuts ouverte. La page suivante recense 13 mots pour désigner une personne à la rue. L'histoire en elle-même comporte 78 bandes de cases, à raison d'une par page. Dans la première, Borb (le surnom de la personne à la rue) essaye de mordre dans un quignon de pain trouvé dans une poubelle. Il éprouve une vive douleur dans les gencives, ce qui lui reste de sa dentition ne lui permettant pas d'en arracher un morceau.

Par la suite, Borb se rend chez un dentiste pour personne nécessiteuse. Il se casse un tibia en tombant dans un escalier. Il s'enfuit de l'hôpital. Il se voit attribuer un logement précaire. Il rêve qu'il est recueilli par une riche rentière. Il se rend dans un foyer pour sans-abri. Il perd sa ceinture. Il subit plusieurs intoxications alimentaires.

Après les escapades mouvementées et esthétiquement séduisantes, le lecteur ne s'attendaient pas à ce que Jason Little choisisse un sujet plus social, ou qu'il adopte un format plus austère. Les dessins sont en noir & blanc avec des traits un peu secs qui évoquent plus le stylo que la plume. Jason Little n'utilise que très peu d'aplats de noir, préférant colorier en noir les surfaces, en laissant les traits de crayons apparents (ils ne sont pas complètement jointifs. Les contours sont délimités avec soin, avec un petit degré de simplification qui rend chaque image facile à lire.

Ce degré de simplification ne rend pas les dessins trop jolis, leur apparence s'adressant plus à des adultes qu'à des enfants. Jason Little dose avec soin la densité d'information visuelle par case. Elles peuvent s'apparenter à un cliché instantané, avec les personnages, les accessoires (table, couvert, plat sur la table) et l'arrière-plan (mur, fenêtre, paysage derrière la fenêtre), ou alors très rarement ne contenir qu'un personnage (par exemple Borb) ou un élément de décor (par exemple une poubelle). le lecteur peut donc se projeter dans chaque lieu, ou en tout cas s'en représenter les caractéristiques qu'il s'agisse d'un bout de trottoir au pied d'un mur en brique, d'un cabinet de dentiste, d'un escalier de métro, d'une chambre d'hôpital, d'un banc dans un jardin public, d'une rame de métro, d'un petit appartement, d'un tribunal, etc.

Comme cette énumération le laisse supposer, cette bande dessinée n'a rien de répétitive. Jason Little réussit à transformer le quotidien d'un SDF, en une sorte de suite d'aventures cocasses, faisant intervenir plusieurs personnages (aucun récurrent, si ce n'est Borb lui-même), dans des endroits divers et variés que le lecteur associe sans mal avec une vie à la rue.

Assez étrangement, Jason Little sait décrire cette vie de misère, en y intégrant une dimension burlesque qui dédramatise pour partie les situations. le degré de simplification lui permet d'utiliser des dispositifs visuels qui relèvent de la bande dessinée humoristique, telles que des étoiles et des petits éclairs pour représenter la douleur (après que Borb ait mordu dans le quignon de pain), des tourbillons au-dessus de la tête pour figurer la stupeur alcoolique, des lignes courbes pour indiquer que Borb rebondit sur les marches d'escalier lorsqu'il a perdu l'équilibre, ou encore des expressions exagérées sur le visage de Borb (yeux ronds, bouche grande ouverte), etc.

Ainsi les mésaventures de Borb perdent une partie de leur dimension sordide et tragique. Heureusement, parce que ce pauvre homme ne subit pas que des avanies, il souffre physiquement et psychologiquement. En cours de récit, l'auteur montre comment cet homme en est arrivé à cet état de déchéance. Il n'y a rien de complaisant ou de suffisant dans cette dégringolade sociale, mais il n'y a pas non plus de glorification d'un perdant. Little ne dépeint jamais son personnage principal comme un héros. Dès les premières séquences, Little a su faire comprendre au lecteur que Borb a passé le point de non-retour. Derrière le comique de situation se cache une pulsion morbide.

La force de ce récit est d'inciter le lecteur à contempler le quotidien de ce monsieur comme s'il s'agissait de quelque chose sans réelle conséquence. Dès la première image, Borb apparaît comme un individu à forte carrure, capable d'endurer bien des épreuves et des privations, sans s'en sentir plus mal. Finalement ce n'est pas grave. La dentition de Borb part en sucette, mais il réussit quand même à trouver de quoi se nourrir dans les poubelles, en choisissant des trucs mous. Cela lui détraque les intestins, mais sa robuste constitution fait qu'il finit par s'en remettre. Il se fait tabasser en prison, mais son corps récupère assez rapidement. Il passe un hiver dehors, et perd son petit doigt gelé, mais... Mais c'est horrible.

Petit à petit l'horreur gagne l'esprit du lecteur. Sous des dehors de farce macabre, il sait que ce qui est décrit peut arriver, arrive de temps à autre. Pas tout à la même personne, mais il s'agit bien de faits réels. L'apparent détachement avec lequel Borb semble tout supporter, tout encaisser, ne fait que renforce la dimension morbide de son comportement. Ce n'est qu'un SDF, un paumé, mais un être humain quand même. Toutes les horreurs qu'il subit, c'est très exactement ce contre quoi tout individu socialisé essaye de se prémunir de son mieux.

Quand même, il est presqu'impossible d'éprouver de l'empathie pour les souffrances de Borb. C'est un alcoolique irrécupérable. C'est le cliché de l'individu qui mendie, pour aller boire l'agent récolté, immédiatement après. C'est un individu irresponsable, au point d'en être idiot (par mégarde il met le feu à la masure où l'ont placé les services sociaux). C'est quelqu'un de désocialisé au dernier degré, sans aucune envie de réintégrer une place dans la société. L'alcool a cramé son cerveau, à un niveau pathologique.

Oui mais toutes les formes d'atteinte à sa personne sont autant de risques qui planent au-dessus de la tête de n'importe quel individu, qui rappelle la fragilité de la normalité, la fragilité du statut social. Manger dans les poubelles, se retrouver avec un os cassé en pleine rue. À quoi tient d'être secouru, d'être pris en charge ? Pouvoir faire ses besoins en toute intimité, c'est quand même basique, un droit presque.

En dépeignant cet individu repoussant, en lui faisant subir des horreurs très concrètes, Jason Little montre au lecteur sa propre fragilité, à quel point il est tributaire du système social dans lequel il vit. le lecteur se retrouve à sourire devant les tribulations de Borb, à tourner les pages rapidement parce que c'est drôle et que le rythme est entraînant, parce que chaque catastrophe est aussi inventive que plausible. La fin survient telle que l'on s'y attend, dans des circonstances surprenantes.

Le tome se termine avec un page écrite dans laquelle l'auteur dédie ce livre à la personne à la rue qui a vécu sous un viaduc, avec son chariot, certainement à un passage fréquenté par l'auteur. Il y ajoute une incitation à participer à des associations de logement d'urgence américaines (en y incluant l'adresse du site internet afférent).

Borb constitue un ouvrage sans concession. Jason Little évoque la vie de personne à la rue dans toute son horreur, rendant encore plus mal à l'aise par le personnage au comportement morbide, à la réinsertion impossible. le lecteur se surprend à trouver cette histoire très divertissante, grâce à une narration intelligemment pensée qui montre (Borb ne prononce que 3 ou 4 mots au plus pendant tout le tome). En même temps qu'il constate que Borb est responsable de sa déchéance, il ne peut pas cautionner ce qui lui arrive, il ne peut pas rester indifférent. Alors même que Borb supporte tout sans broncher, qu'il se remet d'à peu près tout, le lecteur sait qu'il s'en faut de très peu pour qu'il se retrouve dans sa situation et que ce qui lui arrive est intolérable. Jason Little a réussi un tour de force en impliquant le lecteur dans la vie d'un SDF antipathique, en le divertissant sans rien diminuer de l'impact tragique de cette survie indifférente au reste de la société.
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Cette bande dessinée raconte la vie d'un clochard. C'est sans concession, pathétique et moche. Je n'ai pas accroché, le dessin est glauque, l'histoire est glauque, le personnage est glauque… Je conçois l'intérêt d'une telle bande dessinée, de l'intérêt de parler de ces gens là, mais le ton choisi par l'auteur ne met en avant que l'horreur de la situation avec un personnage sans âme, on dirait que le seul but est de mettre mal à l'aise, une démonstration par la provocation. Je l'ai vite lu, et je n'ai surtout pas envie de le réouvrir une seconde fois.
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L'homme sans abri n'a décidément pas la vie facile. C'est souvent sombre, cruel et sordide comme pour rappeler le manque d'humanité de la plupart de nos congénères. Ainsi va le monde ainsi que cette société qui isole certains êtres qui se débattent pour survivre. A côté de cela, nous avons le patron de M6 qui déclare que son salaire de 1.4 millions d'euros par an, ce n'est pas énorme ! Oui, quel triste monde. Faudrait sans doute qu'il lise d'urgence Borb afin de relativiser ou simplement de comprendre que cela ne va pas mieux pour beaucoup de gens qui sont dans la précarité.
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critiques presse (3)
BoDoi
06 janvier 2016
On rit forcément beaucoup devant ces saynètes de pur humour visuel.
Lire la critique sur le site : BoDoi
BDGest
27 novembre 2015
En mêlant exercice de style formel et colère sincère face à l’indifférence, Little réalise un conte moderne atroce.
Lire la critique sur le site : BDGest
Sceneario
09 novembre 2015
C'est habilement mené, avec énormément d'empathie malgré tout pour ce portrait sans concession d'une vie dans la rue...
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La patience est la vertu des mendiants.
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