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3,83

sur 76 notes
Je connaissais l'excellence de ken Liu sur la forme courte grâce à la brillante novella « L'homme qui mit fin à l'Histoire » et au sublime recueil de nouvelles « la ménagerie de papier ». J'étais donc curieuse de savoir ce que l'auteur pouvait proposer sur un format long. Et long, son premier roman l'est. « La grâce des rois » pèse plus de 830 pages et il s'agit du 1er tome d'une trilogie. C'est avec une impatience teintée d'un peu d'appréhension que je me suis attaquée à cette brique. J'étais persuadée que « la grâce des rois » serait bon mais je pensais qu'il ne pouvait pas être aussi génial que ses autres ouvrages. Je me trompais, « La grâce des rois » est tout simplement magique. En très peu d'oeuvres Liu est entré dans mon panthéon personnel.

« La grâce des rois » est un roman de fantasy historique qui s'inspire de la guerre qui opposa le Royaume de Chu et le Royaume de Han, environ 200 ans avant JC, et qui se conclut sur l'avènement de la dynastie Han. Certains personnages du roman ont des traits communs avec les figures historiques réelles et l'auteur reprend certains événements marquants de ce conflit au long cours. Il s'agit donc d'une relecture de l'Histoire. Si le côté fantasy est assez léger, il est néanmoins essentiel au roman et lui apporte une tonalité particulière. « La grâce des rois » ressemble à ces chroniques de batailles qui enjolivent la réalité. Si ce n'est la forme, cela évoque un peu une chanson de geste.
J'ai vibré tout au long de ma lecture. Il y a des batailles épiques, des complots, du romantisme, de petites touches surnaturelles et aussi des engins volants et même . C'est pour ce dernier ingrédient que Liu a facétieusement parlé de silkpunk pour évoquer son roman. Attention, si cet aspect a une importance décisive dans le roman, il est peu présent. « La grâce des rois » est avant tout une très belle fantasy historique. J'ai retrouvé avec bonheur l'écriture de Liu, fine et teintée de poésie.
L'auteur donne vie à des personnages très charismatiques. J'ai aimé tous les personnages, difficile de choisir son camp dans le conflit qui oppose les deux héros tant ils sont, chacun à leur façon, attachants. Les personnages secondaires ne sont pas en reste. Qu'ils traversent furtivement le récit ou qu'ils soient longuement présents, ils sont tous intéressants et bien caractérisés, parfois en quelques lignes.
Le récit est très bien menée et alterne avec brio les impressionnantes batailles, les intrigues de cour et les passages plus contemplatifs. Malgré la multiplicité des personnages et la densité de l'intrigue, on n'est jamais perdu. Je n'ai même pas eu besoin une seule fois de me référer à la liste de personnages en début d'ouvrage.
Cette fresque martiale grandiose se double d'une intéressante réflexion sur la manière d'exercer le pouvoir et sur l'art de la guerre. L'auteur évite tout simplisme, ne donne pas d'opinion toute faite et invite subtilement le lecteur à réfléchir sur le sujet.

Ken Liu est décidément outrageusement doué. « La grâce des rois » est une lecture enchanteresse, une réussite à tous les niveaux : l'intrigue est une superbe relecture historique, les personnages sont magnifiques, l'écriture toujours aussi séduisante, les différents ingrédients parfaitement dosés, la réflexion intéressante… Tout simplement magique !

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Je ne connaissais Ken Liu que dans des formes courtes, des oeuvres qui ont formé mon admiration. Ici, c'est au contraire un roman très long, alors le style diffère un peu, moins éthéré, moins poétique, plus direct, mais même si je ne m'y suis pas retrouvé par rapport à ses nouvelles, j'y ai trouvé mon bonheur. C'est une longue saga de Fantasy avec une référence historique marquée, à la manière de Guy Gavriel Kay ou David Gemmell, un long récit qui s'étale sur plusieurs années, ou la magie et le merveilleux ne vient pas se mettre en avant, distribués avec parcimonie, comme j'aime. Les personnages sont superbement imaginés, bien campés, même les seconds rôles sont traités avec beaucoup de détails, chaque personnage a sa propre histoire, les caractères sont très élaborés, et l'histoire de cet archipel est épique et grandiose. L'aspect “saga historique” m'a vraiment impressionné, littéralement passionnant et haletant. Ces 830 pages sont passés comme une lettre à la poste, pas une seconde d'ennui, pas de longueurs inutiles, pas de moments de faiblesses. Pour moi, Ken Liu fait vraiment partie des valeurs sûres.
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Je suis sûre que le bouquin d'origine est génial...
L'histoire "revisitée" par Ken Liu de l'avènement de la dynastie Han est absolument passionnante, avec des personnages hauts en couleurs, attachants (côté rébellion), c'est superbe, Kuni Garu, Mata Zyndu, tous les personnages satellites sont magnifiquement brossés, avec des caractères bien trempés.
Les divers retournements de situations (et de vestes, lol) apportent leur lot de surprises et on suit tout cela avec beaucoup d'intérêt (une fois qu'on a réussi à situer tous les personnages parce qu'il y en a vraiment beaucoup, pas facile au début de bien comprendre qui est qui et d'où, mdr !).
L'intervention (discrète (ou pas, vers la fin...) des Dieux de tout ce petit monde ajoute une dimension fantastique (légère) bienvenue, j'ai beaucoup aimé (ils ressemblent fort aux dieux grecs, romains ou nordiques, avec leurs dissensions et leur amusement devant les errances des "terrestres" !). Ils justifient, mais à peine, l'appellation "Fantasy" sur ce roman, qui est davantage historique qu'il n'y paraît...

Malheureusement, la traduction "française" est de temps à autres réellement horrible, avec des phrases qui ne veulent carrément RIEN DIRE !

C'est hallucinant, j'ai eu plusieurs fois mal aux yeux, sans relever, toutefois.
Mais au bout d'un moment, de dépit, j'ai mis une de ces phrases en "citation Babelio" à titre d'exemple, personne n'a apprécié, et c'est tout à fait normal.

Et le traducteur a un problème avec le mot "épatant" qu'il case à chaque fois qu'il le peut, ce qui, de mon point de vue, peut passer une fois, mais qui est tout de même peu élégant à l'écrit, surtout quand il est répété...(Un pari ?)

Enfin bref, ça a un peu gâché l'ensemble pour moi, qui reste cependant vraiment sympa à lire. le tome 2 est commandé (oui j'ai arrêté d'acheter tous les tomes d'une série d'un coup, l'épée de vérité m'a servi de leçon, mdr).
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Ken Liu est un auteur américain qui a acquis une belle renommée en France depuis la parution il y a trois ans de son recueil de nouvelles « La ménagerie de papier », ainsi que celle d'un très bon court roman, édité dans la collection Une Heure Lumière du Belial (« L'homme qui mit fin à l'histoire »). C'est chez Fleuve que nous revient cette fois l'auteur, avec « La grâce des rois », premier tome d'une série qui en comporte pour le moment deux en version originale, et qui a d'ores et déjà été récompensé par le Prix Locus. Considéré comme l'oeuvre fondatrice du courant « silkpunk », le roman de Ken Liu a pour ambition de relater l'émergence, dans un contexte politique particulièrement troublé, d'une nouvelle dynastie fortement inspirée de la civilisation asiatique. le récit prend place à Dara, une grande île entourée de plusieurs autres de taille plus réduites, unifiées depuis peu sous la férule d'un seul et même empereur. Plusieurs décennies après les faits, la conquête de l'ensemble des royaumes par celui de Xana (pourtant autrefois le moins considéré de tous) reste toujours mal perçue par une partie de la population, qu'il s'agisse du peuple (qui souffre de la folie des grandeurs de l'empereur), ou des nobles (privés de leur titre et de leurs terres après la fin de la guerre). Profitant d'un moment de faiblesse au niveau des hautes instances du pouvoir, la révolte éclate enfin, et ne tarde pas à embraser l'ensemble des anciens royaumes. Parmi la multitude de leaders qui émergent à cette occasion, deux chefs charismatiques ne tardent pas à prendre le dessus sur les autres. le premier est un ancien bandit, bon vivant et grand charmeur, suffisamment rusé pour parvenir à s'attacher la loyauté de tous ceux qui le côtoient. le second est issu d'une famille noble victime de la répression post-conquête, et a été entraîné pour devenir un formidable guerrier, très attaché aux notions d'honneur et de hiérarchie.

L'intrigue a l'air relativement simple exposée ainsi, mais dites-vous bien que ce n'est qu'une infime portion de ce que le roman de Ken Liu a à offrir. La forme de ce premier tome peut en effet paraître assez surprenante puisqu'on a souvent l'impression d'avoir affaire non pas à un roman mais à des chroniques recensant l'histoire de tous les bouleversements politiques et militaires qu'aurait connu l'île de Dara. Batailles, retournements d'alliances, mise en place de stratagèmes militaires, trahisons... : il se passe une foule de choses en l'espace de très peu de pages, et on peine au départ à comprendre où veut nous emmener l'auteur. le phénomène est donc assez déroutant, mais on s'y habitue bien vite tant on ne tarde pas à être pris à notre tour dans la folie des événements. le récit est mené tambour battant du début à la fin, sans aucun temps mort, ce qui permet de venir à bout de ces plus de huit cents pages en un temps record. Il faut dire aussi que les intrigues politiques relatées dans ce premier tome sont assez passionnantes, même si certaines sont moins subtiles que d'autres et qu'on peut regretter la répétition de certains schémas narratifs (dès qu'un personnage accède au pouvoir, il se transforme aussitôt en monstre despotique). L'ensemble reste cela dit remarquablement construit et permet de traiter de manière approfondie des thématiques sociétales et politiques essentielles. Faut-il considérer le peuple comme un vaste troupeau devant être guidé par un petit groupe de personnes éduquées pour cette tâche, ou des individus capables de prendre une part active aux décisions politiques qui les concernent ? La fin justifie-t-elle les moyens ? Peut-on créer une société idéale à partir d'actes moralement discutables, bien que perpétrés pour le bien du plus grand nombre ? Autant de questions qui hantent le roman de Ken Liu qui ne propose aucune réponse formelle mais ne cesse au contraire de jouer avec les croyances et les certitudes de ses personnages, et, de fait, celles du lecteur.

Autre atout, et non des moindres : son univers et son inspiration asiatique, trop rarement exploitée en fantasy. On prend plaisir à découvrir les subtilités de cette nouvelle culture qui puise l'essentiel de son inspiration dans les dynasties chinoises. Difficile de ne pas faire le parallèle avec le dernier diptyque de Guy Gavriel Kay dont les tomes ont respectivement été consacrés aux Tang (« Les chevaux célestes ») et aux Song (« Le fleuve céleste »). Quand bien même le texte de Ken Liu n'a pas la même force de ceux de son homologue canadien, on retrouve dans ce premier tome un soin équivalent apporté aux détails. L'auteur prend ainsi le temps de s'attarder non seulement sur les subterfuges politiques utilisés par les personnages pour contrôler leur territoire (centralisation du pouvoir, uniformisation de la langue et de l'écriture, sape de l'influence des nobles, entretien des forces navales et aériennes...), mais aussi sur des détails du quotidien ou de l'histoire de l'île (fonctionnement de l'administration, noms, oeuvres et thèses défendues par les grands intellectuels du pays, spécialités culinaires, variation des postures et leur signification...). Tous ces éléments contribuent à familiariser peu à peu le lecteur avec la culture évoquée et à mettre en lumière sa complexité. le roman est également considéré comme fondateur de ce qu'on appelle la « silkpunk fantasy » (pour plus d'informations sur le sujet, je vous conseille de consulter le dieu Apophis et ses articles consacrés à la classification des genres et sous-genres de SFFF). Concrètement, cela se traduit par l'introduction de petites touches de technologies plus ou moins avancées et concoctées avec les moyens du bord (on est très loin du steampunk et de son esthétique). L'auteur mentionne ainsi à plusieurs reprises la présence d'aérostats ou de portiques magnétiques, et relate les innovations réalisées dans le domaine de l'ingénierie ainsi que l'utilisation de nouvelles inventions (parachute, ULM...). le tout reste toutefois très léger et n'occupe pas de rôle véritablement important dans l'univers de l'auteur.

Autre élément notable de cet univers : l'intervention des divinités du panthéon de Dara. Ken Liu nous dépeint une famille de divinités qui prennent apparemment beaucoup de plaisir à voir les mortels se déchirer. A tel point d'ailleurs que certains se désignent dans l'un ou l'autre des camps des favoris, à qui ils tentent parfois de donner des petits coups de pouce dans la mesure de leurs pouvoirs (quoique jamais directement). On pense aussitôt au panthéon grec (et notamment à la célèbre guerre de Troie) ainsi qu'aux romans de Javier Negrete, à commencer par ses « Chroniques de Tramorée » dans lesquelles on retrouve le même principe, mais avec une inspiration plus occidentale. Si les dieux occupent un rôle non négligeable dans l'intrigue, ce sont les hommes qui sont bel et bien au centre de ce premier tome. Un premier tome qui comporte d'ailleurs un nombre hallucinant de personnages, au point qu'il est dans un premier temps difficile de ne pas s'emmêler les pinceaux, et ce malgré la présence d'un dramatis personae plus que conséquent Heureusement, Ken Liu a trouvé la bonne technique pour parvenir à bien caractériser chacun d'entre eux au moyen de petites anecdotes marquantes qui nous permettent de bien saisir l'essence du personnage, et ainsi de nous le rappeler plus facilement par la suite. Cela permet aussi de rendre plus humains, et donc plus sympathiques, l'ensemble des personnages, qu'ils soient de passage ou occupent le devant de la scène. Mata et Kuni bénéficient d'un traitement encore plus soigné de la part de l'auteur qui cultive au fil du récit les différences entre les deux hommes, ce qui lui permet d'aborder des thématiques sociétales intéressantes et de confronter deux visions du monde et de la politique. On peut toutefois regretter un manque d'équilibre dans le traitement des deux camps, les personnages gravitant autour de Mata étant nettement moins attachants que ceux entourant Kuni. Enfin, on peut saluer la présence de plusieurs personnages féminins particulièrement bien campés, tour à tour habile politicienne, princesse dévouée à son peuple, soeur honorant la mémoire de son frère ou grande stratège commandant à des légions d'hommes. Les femmes sont certes bien moins nombreux que leurs homologues masculins, mais toutes ont le mérite de marquer durablement les esprits.

Premier tome de « La dynastie des Dents-de-Lions », « La grâce des rois » est un roman surprenant par bien des aspects, à commencer par son mode de narration et son univers inspiré de la culture chinoise et mâtiné d'un soupçon de technologie. L'ensemble se lit avec une facilité déconcertante (en dépit d'un nombre de pages conséquent) et, quand bien même ce premier tome pourrait tout à fait se suffire à lui-même, on a hâte de connaître ce que l'auteur réserve aux personnages pour la suite.
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En Résumé : J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui nous plonge dans une Fantasy à l'imaginaire chinois fascinante et entraînante. L'intrigue, certes, prend son temps à démarrer posant ainsi de nombreux personnages et un monde dense et complexe et qui m'a demandé de revenir quelquefois sur la carte ou le lexique des personnages. Cela pourra en bloquer certains, mais ça ne m'a pas dérangé tant ce démarrage, malgré c'est vrai une certaine lenteur, m'a paru fluide et intéressant. Par la suite Ken Liu m'a offert un récit épique remplie de complots, d'intrigues politique et de batailles héroïques. L'univers est l'un des gros points forts du roman se révélant dense, complexe, originale dans son imaginaire et nous proposant un monde Silkpunk (moins de magie et de la technologie) même si la magie n'est pas non plus en reste avec dieux et sorcellerie. le côté extrême-orient permet aussi d'offrir quelque chose de différent. Les personnages sont charismatiques, efficaces, percutants et marquent assez facilement le lecteur je trouve. On pourrait regretter par contre un léger manque de personnages féminins marquant dans les deux premiers tiers du roman, même si certaines se dégagent vraiment dans le dernier tiers et devraient avoir une grande importance par la suite. le récit propose aussi quelques réflexions intéressant que ce soit sur la notion d'égalité, de pouvoir ou d'idéal. Certes quelques longueurs se font ressentir ici ou là et quelques aspects ainsi qu'un personnage m'ont paru amener trop brusquement, mais franchement rien de dérangeant tant j'ai été emporté. La plume de l'auteur est maîtrisée, fluide, soignée et vivant avec une légère pointe d'humour et de cynisme. Je lirai la suite avec grand plaisir.


Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Livre abandonné.

(...) Parce que beaucoup d'informations nous sont données, beaucoup de personnages nous sont présentés et beaucoup d'évènements nous sont décrits. Mais ça m'a semblé assez décousu et trop touffu en même temps.

J'avais emprunté virtuellement ce livre à ma médiathèque pour soutenir leur opération « abonnement spécial confinement »: ils offrent la gratuité à tous les lecteurs pour le format numérique. Comme je n'étais pas sûre que ce roman me plairait, je me suis dit que c'était l'occasion de lui donner une chance sans encombrer ma PAL plus qu'elle ne l'est déjà. J'avoue que le format ebook a probablement nui à cette lecture: je suis moins concentrée et je lis très lentement en numérique (quand je parviens à ne pas oublier un livre qui n'est pas « physiquement » sous mes yeux). Mais ce n'est pas la seule raison de mon abandon.

Je n'ai pas accroché aux personnages, que j'ai trouvés agaçants et dont le sort m'indifférait totalement. D'autre part, je me sentais enfouie sous la multitude d'infos que donnait l'auteur, et ce d'autant plus qu'elles m'étaient présentées abruptement, sans que je sache d'où elles venaient ou à quoi elles allaient mener. C'est un univers fantasy très touffu et normalement ce serait un bon point. Mais là, ça n'a pas fonctionné pour moi. Je me désintéressais de plus en plus de ce que je lisais et, même si je me suis arrêtée alors qu'il semblait qu'on entrait enfin dans le vif du sujet, j'ai préféré abandonner plutôt que de souffrir sur une intrigue dans laquelle je ne me sentais pas impliquée.

Dommage, surtout que généralement c'est une série qui a plutôt bonne presse, mais on ne peut pas tout aimer.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Je suis éblouie par la fluidité du récit. C'est une histoire avec de multiples personnages qui se passe dans une série de pays différents, avec des alliances mouvantes ô combien et jamais on ne perd le fil. le roman a pourtant une structure épisodique qui introduit les personnages au fur et à mesure de leur apparition avec des flash-back qui nous expliquent comment ils en sont arrivés là. Mais le fil directeur n'est jamais perdu de vue.

Le récit a une dimension épique par les combats, les enjeux, par les personnages aussi, tels Mata Zyndu, le guerrier extraordinaire, supra-humain, par la présence des dieux qui interviennent dans les actions des hommes. Epique façon Iliade plutôt que le trône de fer, en mettant l'accent sur un type de personnage plutôt que sur l'intériorité du dit personnage, par l'usage des symboles explicitement détaillés, et certainement par l'intrigue et ses multiples guerres et batailles.

Tout au long du roman, Ken Liu attire notre attention sur la notion de performance. C'est un motif qui vaut analogie pour la manière dont le récit est présenté - comme une performance des acteurs sur scène. Kuni et d'autres font la remarque qu'eux-mêmes ou ceux dont ils parlent jouent un rôle (père, mère, noble, général, empereur) - jusqu'à ce que parfois il n'y ait plus de distance entre le rôle et l'acteur.

Mata et Kuni sont les deux pôles jumeaux autour desquels tourne le roman alors que, d'abord individuellement, puis ensemble, ils se trouvent en opposition ouverte avec l'empereur puis en conflit l'un avec l'autre à propos des buts et des méthodes à utiliser. Kuni remarque que "Mata est celui qui pense que le passé était parfait, mais je pense que nous devons perfectionner le présent pour l'avenir… Tandis qu'il désire restaurer le monde dans un état qui n'a jamais existé, je désire l'amener à un état que l'on n'a encore jamais vu". C'est ce conflit qui est le moteur de la deuxième partie du roman, au-delà de l'opposition traditionnelle du début - un soulèvement contre un empereur injuste. Un empereur dont l'héritage est d'ailleurs réévalué plus tard , y compris par ceux qui ont les meilleures raisons de le mépriser : une leçon pour ceux qui arrivent au pouvoir, sur la complexité des individus comme de l'histoire humaine.

En conclusion, j'ai tout aimé dans ce roman, des personnages au world-building (cette Chine hors la Chine), du caractère épique à la véracité des situations : Ken Liu en état de grâce.
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Comme Ken Liu est un auteur que j'adore depuis les coups de coeur de la Ménagerie de Papier et L'homme qui mit fin à l'histoire, j'imagine que j'attendais trop de ce livre, d'où ma déception.

L'intrigue et l'univers sont vraiment très riches, et les annexes du roman pour s'y retrouver ne sont pas de trop. Comme je ne connais pas la période historique chinoise dont elle est inspirée, et que La grâce des rois est réputé pour être à l'origine de courant du silkpunk, je m'attendais à de l'innovation et du dépaysement, mais je suis restée sur ma faim.
Le côté « punk » est discret et même s'il fait des percées au fil des inventions des personnages, c'est très secondaire. Quant à l'intrigue, cela reste des chroniques militaires assez communes en fantasy.

Les événements s'enchaînaient trop rapidement sans se poser assez à mon goût pour en saisir les enjeux, les conséquences, les acteurs. Pour m'y immerger, tout simplement. Comme si le roman était en accéléré. Au bout de 400 pages, j'avais l'impression d'avoir lu autant d'événements qu'en 800 pages. Et au bout de 800 pages...
J'ai survolé l'histoire sans jamais vraiment y entrer, d'attaque en attaque, de trahison en trahison sans jamais que cela me touche.

Il n'y qu'à partir d'environ 200 pages avant la fin que j'ai senti le rythme se poser davantage, mieux développer ce qu'il se passe. C'est seulement là que j'ai commencé à apprécier ma lecture, y trouver mes repères, ressentir des émotions pour les personnages, de la curiosité pour cette lutte des pouvoirs.

Les personnages principaux, Kuni et Mata, n'ont pas été assez attachants ni présents à mon goût pour m'aider à m'ancrer dans le récit, même s'ils se révèlent finalement assez complexes au fil de ces 800 pages et quelques. J'ai quand même eu une préférence pour Kuni, l'ambitieux glandeur. J'ai eu beaucoup de mal à visualiser Mata et ses double pupilles (il faut dire que ça doit avoir de quoi perturber).
Quant aux personnages secondaires, comme pour l'intrigue, je les ai souvent trouvé trop vite introduits, prenant subitement une grande importance pour disparaître parfois presque immédiatement. Certains se détachent, mais pour d'autres, j'ai passé une grande partie de ma lecture à essayer de me rappeler qui était tel personnage, dans quel camp il se situait et à quel endroit, d'autant que la plupart n'apparaissent pas dans la liste des personnages (et j'ai souvent été spoilée concernant d'autres protagonistes en essayant de les y chercher).

Petite note positive pour la fin, parce que j'ai l'impression d'avoir descendu le roman tout le long de ma critique, alors que je ne l'ai pas non plus détesté : l'écriture de Ken Liu est toujours une merveille à lire.

C'est un livre qui a ses qualités, mais je l'ai trouvé trop condensé pour m'y immerger et en apprécier la lecture. La suite de fait de l'oeil, parce que des indices dans le récit (et dans les cartes !) laissent à penser qu'on y dépassera les frontières des îles de Dara, mais si le tome 2 suit le rythme du tome 1, je doute qu'il me plaise.
Lien : https://minetsbooks.wixsite...
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Alors, que dire ? C'est bien mais c'est long ! Et ce n'est que le 1er tome ! Plus sérieusement, Ken Liu a créé une énorme saga, truffée de personnages, (j'ai eu du mal à suivre au début, c'est-à-dire les 200 premières pages! ), inspirée de la Chine et du Japon, "silkpunk". Une saga politique sur le pouvoir qui se fait et se défait, sur le pouvoir qui corrompt, sur les gens ordinaires qui deviennent des héros, sur des héros qui deviennent des rois, sur le peuple qui subit puis qui se révolte.
On suit particulièrement Mata Zyndu dont le clan a été décimé par l'empereur Mapidéré et qui souhaite se venger, ainsi que Kuni Garu, jeune talentueux un brin voleur, buveur et poète qu'un grand destin semble attendre.
C'est vraiment résumé succinctement mais c'est de la belle soie , du beau travail que Ken Liu nous livre.
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J'en attendais peut-être trop vu la notoriété de l'auteur, mais j'avoue ressortir mitigée.

Nous sommes dans un roman de fantasy historique d'ambiance chinoise, directement inspiré de la guerre Chu-Han. L'histoire tourne autour de deux héros, Mata Zyndu, force de la nature au sang noble dernier héritier de son clan déchu par un tyrant, et Kuni Garu, voyou beau parleur plein d'ambitions.

Il y a d'excellentes choses dans ce pavé de 800 pages : j'ai particulièrement aimé la réflexion autour du pouvoir et de sa corruption, des compromis à faire, et de la paranoia dans laquelle est placé celui qui, au départ a de bonnes intentions. Il y a une vraie problématique politique, qui, je pense, pourra plaire à beaucoup. Et par ailleurs certaines scènes sont très vivantes et hyper chouettes à lire, Ken Liu a un vrai talent de conteur.

Mais, au milieu de ça, j'ai eu un peu de mal avec le rythme du bouquin. 800 pages, c'est long, et j'avais l'impression qu'on tournait sérieusement autour du pot à certain moments. Autre gros point noir à mes yeux : « show don't tell ». Les personnages ont toutes les qualités sur le papier (ça en devient même quasiment caricatural, ils sont des génies stratégiques, de grands leaders, etc.), on nous le répète à longueur de page… mais, dés qu'on sort des deux personnages principaux, ça manque un peu de scènes où on voit vraiment les qualités en question en action. Enfin, gros gros point noir à mes yeux : les personnages féminins. Là aussi, il y a un espèce d'équilibre bancal entre ce que dit l'auteur, avec des propos parfois très « female power » qui tombent un peu comme un cheveu sur la soupe comme si il voulait cocher des cases, et d'autre part des archétypes de personnages féminins ultra clichés, qui nous font subir tous les tropes éculés des personnages féminins en fantasy. Il y résulte un truc hyper maladroit.

Et enfin… la traduction française est vraiment pas top. Des grosses coquilles d'orthographe et de grammaire, des phrases bancales où on lit la phrase en anglais derrière le français qui ne dirait jamais une expression tournée comme ça… ça m'a rappelé pourquoi je privilégie généralement la VO.

Je pense que je ne m'infligerai pas les tomes suivants.
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