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EAN : 9782843449093
112 pages
Le Bélial' (25/08/2016)
3.91/5   698 notes
Résumé :
Futur proche.
Deux scientifiques mettent au point un procédé révolutionnaire permettant de retourner dans le passé. Une seule et unique fois par période visitée, pour une seule et unique personne, et sans aucune possibilité pour l'observateur d'interférer avec l'objet de son observation. Une révolution qui promet la vérité sur les périodes les plus obscures de l'histoire humaine. Plus de mensonges. Plus de secrets d'État.
Créée en 1932 sous mandat impé... >Voir plus
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sur 698 notes
Un sujet très difficile, une narration singulière, une dimension philosophique marquée... On ne peut pas dire que Ken Liu ait choisi la facilité en écrivant "l'homme qui mit fin à L Histoire". Et c'est un miracle qui se produit sous la plume de l'auteur. En à peine plus de 100 pages, Liu livre un récit d'une richesse, d'une intelligence, d'une subtilité, en un mot d'une excellence peu commune.

La forme narrative consiste en un enchaînement de témoignages, conférences, exposés et interviews formant un documentaire. Ce procédé aurait pu donner lieu à un récit d'une froideur clinique. Ce n'est pas le cas, on ne lit pas "l'homme qui mit fin..." comme un lit un article de journal. le récit de Liu n'est absolument pas désincarné, il a de la chair et une âme.

L'auteur prend son temps pour exposer le contexte de l'expérience du voyage dans le temps, ses implications, les questionnements que cela induit. Retarder l'apparition des passages au coeur de l'unité 731 permet au récit de bien exposer les enjeux et d'éviter toute gratuité ou tout voyeurisme. Etonnamment, même lors de ces scènes, le récit est d'une grande pudeur. Et cela tout en n'atténuant pas l'horreur absolue de ce que fut le camp 731. Liu dit les sévices, les tortures, les abominations. Pourtant, ces descriptions n'avilissent jamais les victimes. Au contraire, Liu leur rend l'humanité qui leur a été déniée.

"L'homme qui mit fin..." est une charge contre le négationnisme. Mais Liu n'est pas animé par une rage vengeresse. L'enjeu n'est pas une quelconque réparation (d'ailleurs impossible), c'est la vérité et le souvenir qu'il réclame ici. La mémoire est au coeur du récit. le voyage dans le temps n'est pas vraiment une façon de revivre des événements passés mais plutôt un moyen de se souvenir, de ne pas oublier. Il ne s'agit pas de désigner des coupables, il s'agit de ne plus nier notre capacité à tous à faire le mal, et ainsi retrouver l'humanité à travers la reconnaissance des victimes en tant que frères humains.
Et loin de tout simplisme, l'auteur n'hésite pas à pointer du doigt la part de responsabilité de la Chine dans cet oubli collectif.

"L'homme qui mit fin..." est aussi une réflexion passionnante sur le métier d'historien. le récit nous incite notamment à réfléchir sur la subjectivité de cette science (humaine donc par définition inexacte), sur la frontière parfois ténue qui peut séparer l'historien de l'activiste. Ken Liu évoque également le paradoxe du métier d'archéologue qui, pour découvrir L Histoire, est aussi contraint de la détruire en partie.

La formation de juriste de l'auteur transparait également au détour de questionnements éthiques ou juridiques. Ainsi, un professeur de Droit se demande : "puisque la maîtrise d'un territoire passe d'une souveraineté à l'autre au gré du temps, sous quelle juridiction doit se trouver le passé du territoire en question ?". Plus loin, un archéologue s'interroge en ces termes : "la souffrance des victimes relève-t-elle du domaine privé, ou participe-t-elle de notre Histoire collective ?". On le voit à travers ces réflexions, "l'homme qui mit fin..." a une dimension philosophique forte.

Le côté science-fiction, loin de n'être qu'un prétexte, façonne tout le récit. Cette dimension science-fictionnelle ne fait pas de "l'homme qui mit fin..." un récit futuriste éloigné de toute actualité. Au contraire, les éléments science-fictionnels renforcent le caractère universel et intemporel des thèmes traités.

"L'homme qui mit fin..." continue de vivre dans l'esprit du lecteur une fois le livre fermé. Je sais déjà que ce texte restera toujours imprimé en moi, pour l'émotion qu'il suscite, pour les questionnements qu'il suggère et surtout pour l'humanité bouleversante qui l'habite.
Chapeau Monsieur Liu pour avoir écrit un si beau, si grand livre !

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« Pour lui, ignorer l'histoire, une histoire qui déterminait de biens des façons qui il était, constituait un péché en soi ».

Si vous pouviez voyager dans le passé, où remonteriez-vous ? Dans un épisode de votre propre passé, personnel et intime, afin d'en savourer de nouveau toutes les saveursà présent estompées, voire totalement fanées ? Dans un épisode historique plus lointain et collectif afin de mieux le comprendre, être témoin de ces grands épisodes étant plus parlant pour vous que parcourir les insipides phrases des livres d'histoire ? Dans un fait divers marquant qui a changé ensuite la face du monde afin d'en modifier le cours, sorte d'uchronie vous donnant un sentiment de puissance incroyable et le statut envié d'héros oeuvrant pour le meilleur ?
Étant en train de lire l'incroyable 22/11/1963 de Stephen King, voyage temporel dans lequel le héros tente de changer l'histoire en revenant à chaque voyage, compteur remis à zéro, en septembre 1958, je me suis intéressée à cette nouvelle de Ken Liu qui propose également un voyage dans le passé. @Indimoon m'avait parlé d'un uppercut. Un uppercut ce fut.

« Voir et entendre le passé vous interdirait de rester apathique »

Evan Wei et Akemi Kirino sont deux scientifiques en couple dans la vie. Lui est historien, spécialiste sino-américain du Japon de l'époque de Heian, elle est physicienne expérimentale. Tous deux sont américains mais lui est d'origine chinoise, elle d'origine japonaise. Lorsqu'ils découvrent par hasard, lors d'une séance de cinéma, l'existence de la terrible et effroyable Unité 731 dans les années 1930, centre d'expérimentation des japonais sur des prisonniers chinois, la vie de l'historien est bouleversée.
Le couple met alors ses compétences respectives en commun et élabore un procédé révolutionnaire permettant de retourner dans le passé, de voir l'histoire se dérouler comme si on assistait à une pièce de théâtre. Une seule et unique fois par période visitée, pour une seule et unique personne, et sans aucune possibilité pour l'observateur d'interférer avec l'objet de son observation. Une révolution qui promet la vérité sur les périodes les plus obscures de l'histoire humaine. Plus de mensonges. Plus de secrets d'État. Un procédé révolutionnaire.
Le silence et le déni, sont tels concernant l'Unité 731 que Wei veut, avec ce procédé, pouvoir réhabiliter les victimes et les familles de victimes, sensibiliser les gens, recueillir les excuses du Japon et la reconnaissance de ces crimes de guerre. Une lutte contre le négationnisme, sans pathos ni haine.

« L'histoire écrite n'a qu'un but : concevoir le récit cohérent d'un ensemble de faits. Nous sommes restés enlisés trop longtemps dans la controverse sur la justesse de ces faits. le voyage temporel mettra la vérité à portée de vue, comme si on regardait par la fenêtre ».

Cette Unité a vraiment existé, je suis allée faire quelques recherches, je ne connaissais absolument pas ce centre, c'est effrayant à l'image des camps de la mort. Créée en 1932 sous mandat impérial japonais, dirigée par le général Shiro Ishii, l'Unité 731 se livra à l'expérimentation humaine à grande échelle dans la province chinoise du Mandchoukouo, entre 1936 et 1945, provoquant la mort de près d'un demi-million de personnes… Vivisection sur des sujets vivants et non endormis, viols, démembrements, expérience de gel, de feu, d'eau bouillante…L'Unité 731, à peine reconnue par le gouvernement japonais en 2002, passée sous silence par les forces d'occupation américaines pendant des années, est la première cible de cette invention révolutionnaire. La vérité à tout prix. Quitte à mettre fin à L Histoire qui est toujours histoire de narration et de points de vue.

« Tenter de rajouter l'empathie et l'émotion aux recherches historiques lui a valu l'opprobre de l'élite universitaire. Or, mêler à l'histoire la subjectivité du récit personnel renforce la vérité au lieu d'en détourner».

En une centaine de page, Ken Liu nous offre un récit d'une humanité, d'une richesse, d'une intelligence stupéfiante narré sur la base d'un ensemble de témoignages, d'interviews, de conférences de personnes tant chinoises que japonaises. Un documentaire dans lequel, au-delà des atrocités dont nous prenons connaissance, sont interrogées les questions relatives à la reconnaissance des crimes de guerre, celles relatives aux méthodes utilisées par les historiens et au rôle de l'histoire, celles liées à la valeur du témoignage personnel. Les crimes commis par le passé sont-ils à mettre au compteur du présent ou du futur ? Sommes-nous responsables des actes de nos ancêtres tant d'un point de vue collectif que personnel ? Quelles auraient été nos réactions dans les ténèbres et sous la pression ?
Toutes ces questions juridiques, scientifiques, philosophiques et éthiques, donnent beaucoup de profondeur au récit en lui évitant un certain voyeurisme, écueil dans lequel il est facile de tomber lorsque nous parlons d'atrocités. Sans pour autant passer à côté du côté effroyable des exactions perpétrées. Il y a un équilibre subtil qui nous permet à la fois d'être choqués et en même temps de nous interroger posément. le coeur côtoie la raison avec gravité. Touchés et posés, nous sommes en même temps, ce jusqu'à la fin qui m'a personnellement beaucoup marquée.
En cela, en cette balance délicate, le texte est un très grand texte. Percutant et enrichissant en très peu de pages. Un uppercut pour ne jamais oublier !


« Ce texte est dédié à la mémoire d'Iris Chang et de toutes les victimes de l'Unité 731. L'idée d'écrire un récit sous forme de documentaire m'est venue à la lecture de la nouvelle : Aimer ce que l'on voit : un documentaire, de Ted Chiang »…

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"L'homme qui mit fin à L Histoire" constitue une expérience de lecture rare, je ne suis pas sûr d'avoir déjà lu un livre proposant, en à peine cent pages un tel concentré de réflexions sur autant de thématiques distinctes.
L'auteur va commencer par nous instruire d'un fait historique aujourd'hui avéré, à savoir que le Japon a largement rivalisé avec le régime nazi dans l'horreur pendant la seconde guerre mondiale. Je ne sais pas pour vous, mais pour ma part je ne connaissais pas l'unité 731, soit l'équivalent d'Auschwitz au pays du soleil levant.
Maintenant, imaginez qu'une machine à remonter le temps vous donne la possibilité d'être le témoin oculaire d'événements tels qu'ils se sont réellement déroulés dans le passé, de voir de vos yeux ce qu'on vous a caché. Imaginez le fait d'assister à l'agonie de vos grands parents sur une table de dissection dans un laboratoire secret.
L'utilisation de la science fiction va permettre à l'auteur non seulement de nous instruire, mais de nous démontrer l'imposture des états concernant le devoir de mémoire, il nous parlera de négationnisme et des manipulations rhétoriques pour étouffer ou minorer la vérité, une vérité que deux scientifiques idéalistes voudraient faire éclater à la face du monde en donnant la preuve irréfutable de ce qui s'est réellement passé.
Qui pourrait être contre la vérité ? Personne à n'en point douter, c'est d'ailleurs la première impression générale qui va prévaloir et je dois dire que jusque là je n'étais pas plus impressionné que cela par ma lecture.
Ce qui m'a fasciné dans cette lecture tient dans la démonstration que toute vérité n'est pas bonne à dire, que le temps qui passe estompe les souvenirs et la volonté de les raviver. Ce qui m'a troublé aussi, c'est que les arguments pour le droit à l'oubli, surtout 60 ans après sont recevables d'un certain point de vue, autant que l'exigence du devoir de mémoire auquel je crois résolument, les deux points de vues étant bien sûr incompatibles et irréconciliables.
L'ambiance de ce roman passe de l'exaltation à la plus noire des mélancolies, car à la noblesse d'un idéal peut s'opposer la plus farouche hostilité usant de procédés le plus souvent déloyaux, et suivre les états d'âmes contrariés de nos scientifiques (à la façon d'un documentaire je le rappelle) va se révéler une lecture finalement très triste.
Je sors de cette lecture émerveillé par la subtilité de ce scénario qui, en plus de nous instruire, nous propose une vaste réflexion sur la complexité de nos convictions les plus profondes, cette façon d'opposer l'émotion à la raison nous donne à ressentir la finalité de ce que nous sommes, j'aime les textes qui favorisent l'introspection, ils nous aident à nous connaître mieux.
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Un livre court (100 pages) ,condensé mais terriblement bouleversant.
Il marque déjà par son originalité. En effet, ce n'est pas une narration continue mais un ensemble de témoignages, d'interviews, .., ce qui forme au final un documentaire, et pourtant la lecture en est fluide et agréable.

Deux chercheurs, mari et femme, réussissent a créer des voyages dans le temps. Une période historique touche particulièrement l'un d'eux. La relation sino japonaise lors de la seconde guerre et tout particulièrement ce qu'il se passait dans l'unité 731. Les Japonais ont utilisé des prisonniers chinois afin d'expérimenté toutes sortes de choses.

Ce roman est très fort il arrive a mobiliser en peu de pages tout un état de questionnement. L'intérêt historique des voyages dans le temps. Quels preuves sont autorisées pour accepter que des faits deviennent historiques ?

Mais l'essentiel réside surtout sur le questionnement du négationnisme. Des intérêts des différents états de reconnaître ou non un fait , de s'en excuser. Et de savoir si les malversations faites par le passé sont a mettre au compteur du présent ou du futur. Sommes-nous responsables des actes de nos ancêtres ?
Mais ce documentaires est tellement bien étayé et maîtrise une certaine neutralité que chacun des personnages et des lecteurs peut se faire sa propre opinion.

Un petit roman qui devrait être d'utilité publique a mon sens.
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Le titre rappelle une de ces théories bidon sortie de l'esprit d'un intellectuel resté trop longtemps assis. Même avec de la science-fiction, la fin de l'histoire ? Ts même pas peur ! Mais n'allons pas trop vite...

Ce roman n'est qu'une nouvelle en fait (mais vendue au prix d'un recueil). Vite lue. Vite oubliée ? Pas si vite. C'est vrai, c'est un reportage, mis en scène avec témoignages, micro trottoirs, interviews d'experts, extraits de commission parlementaires, etc. Ca fait tellement vrai par moments que je suis allé vérifier si tous ces gens n'existaient pas vraiment.

En fait cette nouvelle est une simple dénonciation des crimes de guerre japonais, avec des témoignages d'atrocités à vous faire dresser les plumes sur la tête ? Mais non, en fait, plutôt une dénonciation du négationnisme, de la recherche de la vérité ensevelie par la raison d'état ? Il y a de belles analyses des relations entre Chine populaire, Japon et Etats-Unis (mais il n'a pas un peu oublié la Russie ?). C'est ça ? Oui, mais non.

L'histoire se réduit-elle aux témoignages ? C'est quoi le devoir de mémoire ? La preuve historique peut-elle mettre en péril la paix ? Quel respect doit-on au passé ? Aux familles du passé ? Cette nouvelle ne nous mâche pas la tâche, comme l'indique cette critique décousue. C'est moralement complexe, dialectique dans la forme, ça pousse à réfléchir

Pour en revenir au titre. Fukuyama, va te coucher. Ken Liu dans mes bras. Les outils permettant de décrire précisément l'histoire n'existent pas, même dans la science-fiction, même ce qu'on en connaît. On ne peut pas décrire la réalité sans s'y impliquer, sans l'interpréter, voire la déformer. Ce qui ne nous empêche pas de chercher, heureusement, de tailler de nouvelles facettes dans la gangue du diamant. Et puis tant que le monde durera il y aura toujours des négationistes, des révisionistes, et même des platistes et tout ce que vous voulez.
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Citations et extraits (129) Voir plus Ajouter une citation
Comme nous ne disposons que d’une capacité d’empathie limitée envers la souffrance de masse, cette approche, selon moi, risquerait de déboucher sur le sentimentalisme et sur la mémoire sélective. Plus de seize millions de civils ont péri en Chine lors de l’invasion japonaise. La majeure partie de ces souffrances ne sont intervenues ni dans des fabriques de mort comme Pingfang, ni dans des charniers comme Nankin – autant de lieux qui font les gros titres et retiennent notre attention –, mais dans d’innombrables villages et bourgs isolés loin de tout, où on a massacré et violé sans relâche hommes et femmes, leurs cris emportés par le vent glacé, si bien qu’on a oublié jusqu’à leurs noms. Pourtant, eux aussi méritent qu’on se souvienne d’eux.
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Savoir qui devrait contrôler le passé nous interpelle, sous une forme ou une autre, depuis longtemps. L'invention du procédé Kirino a fait du combat pour la maîtrise du passé un problème réel et non simplement métaphorique.
Outre sa dimension spatiale, chaque état en possède une autre, temporelle. Il s'agrandit et se réduit au fil du temps, assujetti des peuples et parfois libère leurs descendants. (...) L'un des problèmes les plus fastidieux qu'engendre le processus violent et instable par lequel les États s'étendent et se rétractent s'énonce de la sorte : puisque la maîtrise d'un territoire passe d'une souveraineté à l'autre au gré du temps, sous quelle juridiction doit se trouver le passé du territoire en question? (...) on se demandait, au pire, si c'était à l'Espagne ou aux Etats-Unis de récupérer le trésor d'un galion espagnol du XVIème siècle naufragé dans les eaux américaines actuelles. (P. 21-22)
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Outre sa dimension spatiale, chaque état en possède une autre, temporelle. Il s'agrandit et se réduit au fil du temps, assujettit des peuples et parfois libère leurs descendants. On tient le Japon d'aujourd'hui pour constitué seulement de son archipel, mais à son apogée, en 1942, il englobait la Corée, l'essentiel de la Chine, Taïwan, les îles Sakhaline, les Philippines, le Vietnam, la Thaïlande, le Laos, la Birmanie, la Malaisie et une grande partie de l'Indonésie, ainsi que bon nombre d'îles du Pacifique. L'héritage de cette époque continue de façonner l'Asie, encore aujourd'hui.
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Qu'on se plaise m'a paru naturel. Venus petits aux Etats-Unis, on savait ce que signifiait grandir en étrangers tâchant de devenir américains. ça nous aidait à apprécier les défauts de l'autre, ces aspects de nos personnalités respectives qui gardaient leur côté "fraîchement débarqué".
Mon aisance avec les statistiques, les chiffres, les aspects "concrets" de la vie le laissait de marbre. Certains de mes petits amis d'autrefois m'avaient dit que mon intérêt pour le quantifiable, pour la logique des mathématiques, me faisait paraître froide, peu féminine. Me débrouiller mieux que la plupart d'entre eux pour utiliser les outils électriques, talent nécessaire à la physique expérimentale, n'aidait guère. Evan était le seul homme capable de s'en remettre à moi quand je lui disais m'en tirer mieux que lui pour effectuer une tâche requérant une aptitude à la mécanique.
Je ne garde que de vagues souvenirs de la cour qu'il m'a faite, des souvenirs patinés par la dorure du sentiment, mais ils sont tout ce qu'il me reste. Si on me permet de réutiliser ma machine un jour, je voudrais retourner à cette époque.
J'aimais aller en voiture avec lui séjourner dans des pensions de famille du New Hampshire pour cueillir des pommes. J'aimais le voir m'adresser un sourire idiot lorsque je cuisinais des plats tout simples tirés d'un livre de recettes. J'aimais marcher à ses côtés le matin et me sentir heureuse d'être une femme. J'aimais qu'il campe sur ses positions s'il avait raison et cède avec élégance s'il avait tort au cours de nos discussions enfiévrées. J'aimais qu'il se range de mon côté lorsque je me disputais avec d'autres et qu'il m'appuie jusqu'au bout même s'il estimait que je me trompais.
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Pour vraiment voyager dans le temps, il nous faut franchir un dernier obstacle.
Les particules de Bohm-Kirino permettent de recréer, en détail, les informations de tous types autour du moment de leur création : la vision, le son, les micro-ondes, l'odeur de l'antiseptique et du sang, le piquant de la cordite et de la poudre au fond des narines.
Mais cela représente une masse d'informations colossale, même pour une seule seconde. On n'avait aucun moyen de la stocker, sans parler de la traiter en temps réel.
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Video de Ken Liu (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ken Liu
Qui ne connait pas Ken Liu ? Notre auteur est né en 1976 à Lanzhou, en Chine, avant d'émigrer aux USA à l'âge de onze ans. Depuis une quinzaine d'années, il dynamite les littératures de genre, collectionnant distinctions et prix littéraires, dont le Hugo, le Nebula et le World Fantasy Award. Sous nos latitudes, il s'est fait connaître avec le recueil “La Ménagerie de papier” (2015), lauréat du Grand Prix de l'Imaginaire, ainsi que le court roman “L'Homme qui mit fin à l'histoire”. La parution toute récente de “Toutes les saveurs”, western fantastique, dans la collection “Une heure-lumière” sera l'occasion de le questionner sur son oeuvre…
Animation : Pierre-Paul Durastanti Interprétariat : Cyrielle Lebourg-Thieullement Illustrations : Aurélien Police
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