Il n'est pas certain que la prestigieuse maison d'édition Eisenbrauns s'enorgueillisse d'un tel volume. le travail de Liverani, sur le plan des textes cités et de la rhétorique impériale assyrienne, fournit de bons exemples et d'utiles lectures, mais ce livre d'histoire consacré à l'idée impériale ne suit aucune chronologie, en adoptant un plan thématique. Cela exige du lecteur une bonne connaissance de l'évolution historique de l'état assyrien du XII° au VI°s av. J.C.
N'étant pas historien, je me suis demandé s'il était de bonne méthode de comparer George W. Bush, Auguste et Ashurnatsirpal, et si l'on ne risquait pas de noyer dans des généralités sur l'impérialisme, la particularité historique de ce premier empire assyrien. Il est justement intéressant parce qu'il est premier et fondateur, et on aimerait savoir un peu précisément en quoi, pourquoi et comment. Là-dessus, Liverani est muet, ou plutôt moraliste, comme si la nature humaine restait inchangée depuis la Mésopotamie antique jusqu'aux Etats-Unis contemporains. Ah, la volonté de puissance ! un gradé du Pentagone et un officier assyrien du VII°s av. JC. se ressembleraient donc tant ?
A trop vouloir étudier une idéologie impériale, l'auteur laisse transparaître la sienne. Bien sûr, il est vertueux en 2019 d'être anti-impérialiste, mais si j'achète un livre sur l'Assyrie et sur ce premier empire, ce n'est pas pour prendre des leçons de politique contemporaine, même des leçons de vertu. Cela conduit l'auteur à l'anachronisme, grande spécialité du gauchisme intellectuel. Je le regrette d'autant plus qu'il y avait des comparaisons utiles à faire, entre ce premier empire assyrien et les trois qui le suivirent en s'inspirant de lui : l'état impérial babylonien, l'empire perse achéménide et les monarchies hellénistiques fondées par les officiers d'Alexandre. Mais Liverani se garde de se lancer dans ce travail utile et fécond, et préfère épiloguer sur Bush, le colonialisme européen au XIX°, etc ..., sans en rien dire d'historiquement pertinent. On peut donc se passer de ce livre, car l'auteur y a laissé de grosses traces de doigts qui brouillent la réflexion et l'information. A la lecture de critiques sur ses autres oeuvres, on constate qu'il est coutumier du fait.
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Le slogan "exporter la démocratie" résume la mission politique de l'impérialisme américain sous la présidence de Bush père...
(12 lignes plus bas) ... Pareilles connotations ne s'appliquent pas à la formule inverse, "exporter le despotisme"...
P. 157, chapitre sur l'exportation du despotisme assyrien.