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Anonyme (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253051374
539 pages
Le Livre de Poche (01/01/1990)
3.68/5   11 notes
Résumé :
Ce journal a été tenu entre 1405 et 1449 par un Parisien, sans doute un chanoine de Notre-Dame et un membre de l'Université. Vivant, alerte, souvent saisissant, il offre un précieux témoignage sur la vie quotidienne et les mouvements d'opinion à Paris à la fin de la guerre de Cent Ans, au temps des affrontements entre Armagnacs et Bourguignons, au temps de Jeanne d'Arc. Publié intégralement pour la première fois depuis plus d'un siècle, ce texte, écrit dans une lang... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Le Bourgeois de Paris ne fait pas oeuvre de diariste sans se situer politiquement : jusqu'en 1436, il épouse ouvertement la cause du duc de Bourgogne, et toutes les élites de la ville, qu'elles soient civiles, militaires ou religieuses, font de même ; il y a eu le traité de Troyes en 1420, et il est prévu que le roi d'Angleterre, Henry V de Lancastre, qui a épousé Catherine, fille d'Isabeau de Bavière et de Charles VI , devienne roi de France à la mort de ce dernier. le scénario ne change guère quand meurt Henry V, et c'est le frère de celui-ci, Jean de Bedford, qui assure la régence pour le compte du jeune Henry VI. Toutes les autorités parisiennes ont alors choisi leur camp, et la plupart ont rallié, comme l'a fait le Bourgeois de Paris, le parti de la double monarchie. le Dauphin Charles a encore des partisans dans la capitale, mais longtemps ces derniers ont rasé les murs. Fin 1430, on juge et exécute Pierrone, admiratrice de Jeanne la Pucelle, et le Bourgeois relate bien sûr cet épisode dans son Journal. Et lorsque le représentant de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, Jean de Villiers de l'Isle-Adam assure, à la demandes de Bedford, la défense de la capitale en septembre 1429, face à Jeanne la Pucelle, qui échoue à faire combler les fossés, non loin de la porte Saint-Honoré, l'épisode est évidemment relaté par le Bourgeois de Paris.
Changement d'attitude de nombreux Parisiens sept ans plus tard : le duc de Bourgogne a fait signer à Arras un traité qui ramène la paix avec le Dauphin, devenu le roi Charles VII ; cette fois, les Anglais, lâchés par les Bourguignons, sont en première ligne. Et c'est Jean de Villiers de L'Isle-Adam qui aide le connétable Arthur de Richemont à reprendre la capitale pour le compte du roi de France.
On suit les aléas de cette politique un peu sinueuse conduite dans Paris, d'abord ralliée au duc de Bourgogne et à Bedford puis revenue à la fidélité au roi Valois, et l'honnêteté du Bourgeois de Paris n'est pas à mettre en cause : il est dans le camp anglo-bourguignon tant que la ville a intérêt à faire concorder ses intérêts et ceux du duc et du régent, mais il demeure à Paris et n'est pas inquiété quand le vent tourne. Beaucoup de personnes ont conservé leurs fonctions et leurs charges après le tournant de 1435-1436, et le Bourgeois de Paris, qui a suivi le mouvement, fait ce que font la plupart des habitants de la capitale : il s'adapte à la nouvelle donne.
François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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C'est en grande partie une chronique politique de la première moitié du quinzième siècle : la guerre entre Bourguignons et Armagnacs, la perfide Albion, Jeanne d'Arc, etc… D'après les historiens, cet auteur anonyme était plutôt bien renseigné.
Mais d'où parlait-il ? de Paris, bien sûr. Et du peuple aussi. Il note régulièrement les prix des diverses denrées (et même le tarif des prostituées à l'occasion), l'inflation, les aléas du climat et les récoltes. Entre les crues de la Seine, le froid (il arrivait parfois de neiger en avril et de geler en mai), les épidémies, on dirait que notre auteur passe son temps à se plaindre de la misère, de l'insécurité et des impôts, et il y avait de quoi. le pire était peut-être les incessantes guerres, les pillages et le rançonnage, l'indiscipline des troupes, que ce soit du côté des Armagnacs, des Anglais mais aussi des Bourguignons, ils ressemblent tous à des armées de mercenaires qui font un peu ce qu'ils veulent. Et chaque fois c'est le peuple qui paie l'instabilité de la France à cette époque, de sa vie et de sa bourse.
Politiquement, notre auteur anonyme est d'abord resté fidèle à Charles VI tant qu'il a vécu. C'est avec une certaine logique qu'il a été ensuite du côté des Bourguignons contre les Armagnacs jusqu'au traité de paix d'Arras, et même après il reste très critique sur Charles VII. En résumé, il est clair qu'il imputait la cause de la guerre et tous les maux de la France à l'entourage de Charles VII et aux Armagnacs. On peut donc imaginer qu'il n'avait pas une grande dévotion pour Jeanne d'Arc. Il parle d'elle au moment du siège d'Orléans (chapitres 503 et 504), pour en faire la « créature » d'un prédicateur à succès, un certain frère Richard, au même titre que deux ou trois autres femmes plus ou moins mystiques. Sur Jeanne d'Arc, il écrit simplement « In veritate appocrisium est », ce qui semble signifier que tout cela n'était pas très catholique.
Quoi qu'il en soit, ce livre ne contient pas énormément de considérations personnelles, c'est une vraie chronique qui relate beaucoup de faits, et à ce titre elle peut être assez ennuyeuse, car à part quelques historiens tout le monde se moque de savoir quel était le nom du prévôt des marchands ou qui a remplacé tel évêque à telle date. Cependant, on trouve quelques anecdotes significatives sur la vie à l'époque, et ce que j'en retiendrai c'est qu'elle était peut-être moins violente mais beaucoup plus cruelle que la nôtre. Je le dis sans jugement de valeur, c'est un constat sur leur quotidien. Il y a un nombre impressionnant de têtes coupées en place publique, d'expositions de cadavre au gibet, d'assassins, de violeurs, de bandes de voleurs qui n'hésitaient pas à torturer et estropier des enfants. Tout ce qu'on peut raconter d'horrible sur le fameux Gilles de Rais n'était peut-être que le simple quotidien...
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Daté du XV° siècle, ce journal aurait, semble-t-il, était écrit par un chanoine de Notre-Dame de Paris. Il nous offre de précieux renseignements sur la société de l'époque, notamment sur la période allant de 1405 à 1449, riche en événements (guerre de cent ans; guerre entre armagnacs et bourguignons... ). Il nous éclaire également sur les conditions de vie quotidienne. A lire absolument.
Lien : http://promenades-culture.fo..
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Fin d'une paix aussi aléatoire que précaire.

Par trois fois le Vivat Rex retentira aux sons des Armagnacs et des bourguignons.

Crise politique et financière, le peuple se débat, vit et survit aux dîmes et canons divers.

Regard d'un témoin d'époque et d'échos d'une société en proie aux luttes et folie des hommes de son temps.

A découvrir d'un pas attentif avec un regard d'un autre temps?
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Malgré l'orthographe modernisé, j'ai beaucoup de mal avec la syntaxe non adaptée. J'ai pu lire qu'une dizaine d'année sur presque 30 années de chroniques sur le Paris du XVéme siècle ....
Beaucoup de note et d'annexe...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Item, le dimanche ensuivant, douzième jour de juin [1418], environ 11 heures de nuit, on cria alarme, à la porte Saint-Germain ; les autres criaient à la porte Bordelles. Lors s’émut le peuple vers la place Maubert et environ, puis après ceux de deçà les ponts, des Halles et de Grève et de tout Paris, et coururent vers les portes dessus-dites, mais nulle part ne trouvèrent cause de crier alarme. Lors se leva la déesse de Discorde, qui était en la tour de Mau-Conseil, et éveilla Ire la forcenée et Convoitise et Enragerie et Vengeance, et prirent armes de toutes manières et boutèrent hors d’avec eux Raison, Justice, Mémoire de Dieu et Atrempance [Tempérance], moult honteusement. Et quand Ire et Convoitise virent le commun de leur accord, si les échauffa plus et plus, et vinrent au Palais du roi. Lors Ire la desvée [la folle] leur jeta sa semence tout ardent sur leurs têtes ; lors furent échauffés outre mesure, et rompirent portes et barres, et entrèrent en prisons dudit Palais à minuit, heure moult ébahissant à homme surpris ; et Convoitise qui était leur capitaine, et portait la bannière devant, qui avec lui menait Trahison et Vengeance, qui commencèrent à crier hautement : « Tuez, tuez ces faux traitres Armagnacs ! Je renie bieu, se ja pié en échappe en cette nuit. » Lors Forcenerie la desvée, et Meurtre et Occision occirent, abattirent, tuèrent, meurtrirent tout ce qu’ils trouvèrent en prisons, sans merci, fut de tort ou de droit, sans cause ou à cause […]
Et n’était homme qui en celle nuit ou jour, eut osé parler de Raison ou de Justice, ni demander où elle était enfermée, car Ire les avait mises en si profonde fosse, que on ne les put oncques trouver celle nuit, ni la journée ensuivant. Si en parla le prévôt de Paris au peuple, et le seigneur de l’Isle-Adam, en leur admonestant Justice et Raison ; mais Ire et Forcenerie répondit par la bouche du peuple : « Maulgré bieu, sire, de vôtre Justice, de vôtre Pitié et de vôtre Raison ! maudit soit de Dieu qui aura ja pitié de ces faux traîtres Armagnacs Anglais ne que de chiens car par eux est le royaume de France tout détruit et gâté, et si l’avaient vendu aux Englais. »
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[ 1420] Décembre passa, puis janvier, février, sans que le roi et la reine vinssent à Paris, mais ils étaient toujours à Troyes et les Armagnacs couraient toujours autour de Paris, pillant, volant, mettant le feu, tuant. Et à dix lieues autour de Paris personne ne restait aux villages, mais tous fuyaient dans les bonnes villes et quand ils emportaient quelque chose, vivres ou autres, tout leur était enlevé par les gens d'armes, qu'ils fussent Bourguignons ou Armagnacs, chacun faisait bien son personnage et ainsi, la plupart, femmes et hommes, quand ils arrivaient dans les bonnes villes, y arrivaient dépouillés de tous biens, et il fallait que les villes fournissent à tous les villages. C'est pourquoi le pain enchérit tant...
À ce moment-là, on ne faisait pas de pain blanc, et on n'en trouvait pas à moins de huit deniers parisis la pièce, si bien que les pauvres gens n'en pouvaient trouver et les plus pauvres ne mangeaient que du pain de noix...
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Item, le 6e jour du mois de juin audit an 1429, furent nées à Aubervilliers deux enfants qui étaient proprement, ainsi comme cette figure est, car pour vrai je les vis et les tins entre mes mains, et avaient, comme vous voyez, deux têtes, quatre bras, deux cous, quatre jambes, quatre pieds, et n’avaient qu’un ventre et qu’un nombril, deux têtes, deux dos. Et furent christianées, et furent trois jours sur terre pour voir la grande merveille au peuple de Paris ; et pour vrai, du peuple de Paris y fut les voir plus de dix mille personnes, hommes que femmes [✳ ✳ ✳]. Elles furent nées environ sept heures au matin, et furent christianées en la paroisse Saint-Christophe, et la dextre fut nommée Agnès, la senestre Jeanne et vécurent après le baptême une heure »

727 - [Le Livre de Poche n° 4522, p. 259-260]
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Item, la vigile du Saint Sacrement en celui an qui fut le 30ème jour de mai au dit an 31, dame Jeanne qui avait été prise devant Compiègne, que on nommait la Pucelle, icelui jour fut fait un prêchement à Rouen, elle étant en un échafaud que chacun la pouvait voir bien clairement, vêtue en habit de homme, et là lui fut démontré les grands maux douloureux qui par elle étaient advenus en Chrétienté, spécialement au royaume de France, comme chacun sait […]
Et tantôt elle fut de tous jugée à mourir, et fut liée à une estache [un poteau] qui était sur l’échafaud qui était fait de plâtre, et le feu sur lui, et là fut bientôt éteinte et sa robe toute arse [brûlée], et puis fut le feu tiré arrière, et fut vue de tout le peuple toute nue et tous les secrets qui peuvent être ou doivent être en femme, pour ôter les doutes du peuple. Et quand ils eurent assez et à leur gré vue toute morte liée à l’estache, le bourreau remît le feu grand sur sa pauvre charogne qui tantôt fut toute comburée, et os et chair mise en cendre. Assez avait là et ailleurs qui disaient qu’elle était martyre et pour son droit seigneur, autres disaient que non et que mal avait fait qui l’avait tant gardée. Ainsi disait le peuple, mais quelle mauvaiseté ou bonté elle eût faite, elle fut arse celui jour.
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[1439] Item, en celui temps, espécialement tant comme le roi fut à Paris, furent les loups si enragés de manger chair d'homme, de femme ou d'enfant, qu'en la darraine semaine de septembre [ils] étranglèrent et mangèrent 14 personnes, tant grands que petits, entre Montmartre et la porte Saint-Antoine, tant dedans les vignes que dedans les marais; et s'ils trouvaient un troupeau de bêtes, ils assaillaient le berger et laissaient les bêtes. La vigile Saint-Martin fut tant chassé un loup terrible et horrible qu'on disait que lui tout seul avait fait plus des douleurs devant dites que tous les autres; celui jour fut pris et n'avait point de queue, et pour ce fut nommé Courtaut, et on parlait autant de lui comme on fait d'un larron des bois ou d'un cruel capitaine, et disait-on aux gens qui allaient aux champs : "Gardez-vous de Courtaut". Icelui jour fut mis en une brouette, la gueule ouverte, et mené parmi Paris, et laissaient les gens toutes choses à faire, fût boire, fût manger, ou autre chose nécessaire que ce fût, pour aller voir Courtaut, et pour vrai, il leur valut plus de dix francs de cueillette.

722 - [Le Livre de Poche n° 4522, p. 390]
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