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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai beaucoup aimé ce roman qui monte en puissance ,passant progressivement de l'innocence et la légéreté de l'enfance à la gravité et la dureté de l'âge adulte dans l'Espagne des années 30. On y côtoie ce qu'il y a de plus abjecte chez l'être humain et ce qu'il y a de plus sensible. Face à l'aspiration de l'Amour il y a la Barbarie de la guerre: Eros et Thanatos! L'écriture est imagée, poétique mais aussi à d'autres moment lourde et accablante.Si les mots sont parfois crus, c'est qu'ils obéissent à la necessité d'atteindre sans détour et même avec violence, notre conscience. C'est certainement la voix du résistant qui ne néglige aucun moyen pour insuffler le désir d'insoumission et l'indignation qui en est le moteur que Lluis LLach libère dans ce roman.
Mais à travers les 4 personnages principaux c'est aussi une immersion dans les relation du "peuple de gauche" de la barceloneta que nous propose l'auteur, avec ses valeurs d'humanisme : éducation, solidarité, amitié, entraide...L'école de la mer, qui sera le berceau créateur de ces 4 amis a une devise qui résume à merveille le coeur de ce roman:"apprendre à penser, à ressentir, à aimer".
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Ils étaient jeunes, ils étaient beaux, insouciants, ivres de plaisir, égoïstes tout entier dévoués à la découverte de la chair, à la jouissance de chaque instant. Dans la Barcelone libertaire des années 30, un quatuor d'amis à la vie à la mort, traversent les soubresauts de l'histoire avec l'énergie du désespoir de qui pressent la fin d'une époque.

Germinal le meneur, le bellâtre grande gueule au charisme divin, et David, l'intellectuel solaire, discret tout autant qu'attrayant, Mireia, la frondeuse et Joana, la douce jeune fille aux ambitions modestes, ces amis profondément liés dans leurs disparités, témoignent d'une époque, d'une jeunesse catalane, espagnole, européenne, pétrie d'idéaux des Lumières, cherchant dans le militantisme, dans le socialisme et toutes les émanations politiques de cette entre-deux guerres, une réponse à leur condition ouvrière trop précaire.
Ils sont ces enfants de la Barceloneta, quartier ouvrier par excellence ouvert sur la mer tout autant que replié autour de sa communauté d'humbles gens, prison dorée où les illusions côtoient la résignation.

Lluis Llach nous offre le portait d'une génération perdue, sacrifiée face au rouleau compresseur franquiste et de manière générale, face à l'imminence des totalitarismes qui briseront leurs rêves et plongeront l'Espagne dans les abysses d'une dictature abjecte.

Les yeux fardés est une oeuvre lumineuse. A chaque page, nous ressentons cette profonde chaleur, celle d'une solidarité à toute épreuve au nom de l'amitié et d'un destin plus grand. Germinal, notre narrateur, nous emmène au coeur de cette Barcelone libertaire, pillée jusqu'au dernier sursaut de dignité, drapée dans le courage face à l'inévitable. Parallèlement à ces destins brisés, conteur sans fards, il nous livre avec beaucoup d'émotion son amour interdit pour David, son âme soeur, l'homme de sa vie, sublime amour malmené par L Histoire.

Les yeux fardés est un véritable enchantement, une ode à l'amitié, à l'amour, à l'esprit de révolte. Un grand roman comme je les aime. Entier, démesuré, attachant.
Lien : http://www.livreetcompagnie...
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Évidemment le cadre ne peut laisser indifférent : Barceloneta, ce quartier populaire de Barcelone, face à la mer, dans la première moitié du XXe siècle, les barques sur la plage où les enfants du quartier, en jouant, apprennent l'amour; la guerre civile qui s'abat comme un ouragan sur la Catalogne et sur la toute jeune république espagnole, les ouvriers anarchistes de la CNT qui quittent leur famille pour monter au front avec la "colonne Durruti"; le dernier coup d'éclat tenté par les républicains sur l'Ebre dans l'espoir de renverser le cours de la guerre; puis la défaite des "rouges" et la répression sanglante menée par les fascistes vainqueurs; Barcelone la rebelle, martyrisée, à genou. Et parallèlement à ce drame touchant tout un peuple, une autre histoire, tout à la fois flamboyante et dramatique, celle d'une amitié entre deux garçons, Germinal et David, qui va peu à peu se développer et s'épanouir en quelque chose d'incandescent.

Avec une trame historique aussi puissante et un sujet aussi brûlant, on aurait pu s'attendre à plus de lyrisme de la part de Lluis Llach, lui dont la chanson "L'estaca" est devenu un symbole de résistance, d'abord en Catalogne contre le franquisme, puis, reprise dans différentes langues, contre toutes les dictatures du monde entier. Au contraire, le style de Lluis Llach écrivain est d'une grande sobriété, d'une grande modestie : il cherche à dire simplement ce que vécurent les petites gens à cette époque terrible de l'histoire de l'Espagne et s'il s'emporte parfois contre les fascistes en les traitant de "fils de pute" ou de "connards" il se garde de mettre les républicains sur un piédestal. Des terribles exactions ont eu lieu des deux côtés, nous dit-il. S'il évoque bien le fait que les républicains (et singulièrement ceux de la CNT et du POUM) ne sont pas seulement tombés sous les balles fascistes mais parfois aussi sous les balles de leur propre camp, il évite de lancer des anathèmes et laisse aux historiens le soin de parler de cela.

Si je ne peux que rendre hommage à cette modestie, j'ai trouvé que l'intérêt du livre en pâtissait quelque peu. le dispositif employé par l'auteur – un récit composé de 26 séances d'enregistrement du personnage principal du livre, Germinal, devenu vieux, réalisés par un jeune cinéaste prénommé Lluis, désireux de faire un film de la vie de Germinal – est plutôt rébarbatif et rien ne se passe vraiment entre Lluis et Germinal qui viendrait justifier cette "mise en scène" répétitive. En dépit du tabou sexuel qu'il veut briser et de quelques belles scènes sensuelles qui y contribuent, j'ai trouvé que, marqué par le poids de l'Histoire, le livre manquait de ce souffle, de cette liberté de ton, de cette insolence qui font les très grands romans. Mais sans doute attendais-je trop de cet auteur dont les chansons ne cessent de m'accompagner depuis un certain soir de novembre 1979 où, emmené par une amie catalane qui était déjà fan, j'étais allé l'écouter dans une petite salle de Toulouse. "Les yeux fardés" n'est peut-être pas le "Guerre et Paix" catalan que j'espérais secrètement mais il reste néanmoins un livre que je conseillerai à tous les amoureux de Barcelone, et de la Liberté.
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Long monologue pour un réalisateur d'un vieil homme nommé Germinal aux yeux fardés narrant sa jeunesse dans le quartier de la Barceloneta : quartier populaire barcelonais face à la mer dont la plupart des hommes sont employés au port. Son enfance et son adolescence se passent entourées de ses plus fidèles amis, quatuor de choc : David, Joana et Mireia. Ils font les 400 coups et aiment se retrouver la nuit tombant près de la barque de pêche du père de David pour notamment s'ouvrir à leur sexualité. C'est un quartier solaire, malgré les difficultés les gens sont soudés et s'entraident. Et puis la seconde Republique est proclamée alors tout va bien mais c'est sans compter sur la tentative de coup d'état des nationalistes en 1936 qui va amener la guerre et semer la zizanie et la terreur dans leur vie.

Sacré personnage que ce Germinal. Il est attachant et on peut dire que quand il aime il ne fait pas semblant : je n'en dévoilerai pas plus au risque de gâcher votre lecture. C'est un grand sentimental pris dans le tourbillon de l'amour et des vicissitudes de la vie malheureusement. L'écriture est belle, même si très crue par moment notamment lorsqu'il s'agit de sexe. On se laisse emporter facilement par la vie menée par ce grand monsieur car oui il en aura vécu des choses porté par l'engagement anarcho-syndicaliste de son père.

Une beauté de roman !
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L'itinéraire d'un jeune Catalan sous la République espagnole et la guerre d'Espagne.
Roman ou témoignage, voilà un livre magnifique qui nous conte la difficile confrontation de jeunes âmes sensibles et intelligentes avec la rudesse extrême de l'Histoire.
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Reconstitution très vivante d'une période qui continue d'exercer une influence magique sur les lecteurs, les yeux fardés est avant tout une histoire d'amour hors du commun.
Il s'agit donc d'une chronique sur une période très spécifique de l'Espagne (les années 30 puis la guerre et l'après-guerre) et d'une belle histoire d'amour entre deux jeunes de la Barceloneta, un modeste quartier de travailleurs et sa communauté solidaire. La manière dont Llach entremêle un sujet très dur et violent avec la délicatesse d'un amour en principe prohibé est tout simplement magistrale. En plus de décrire des aspects essentiels de la Catalogne de la première moitié du XXe siècle, le roman devient un hommage à tous ceux qui ont souffert de la guerre civile et de l'exil.
La structure narrative du roman est basée sur la conversation du Germinal maintenant très âgé avec un réalisateur qui voudrait réaliser un film sur cette époque. de cette manière, chaque enregistrement forme un chapitre construit comme une courte histoire de l'histoire linéaire que raconte le protagoniste au fil de sa narration.
Dans un premier temps l'auteur s'attache à la description du quartier de la "Barceloneta" de cette époque, un humble quartier de pêcheurs (ou j'ai moi-même passé les années 70) où les quatre amis et leurs familles étaient unis par des liens d'affection qui nous paraissent parfois peu crédibles en ces temps de nouvelles technologies où tout est si individualisé et où l'on prête bien peu d'attention au voisin d'à côté.
Dans la deuxième partie se concentre sur les événements historiques comme le soulèvement militaire, les divergences politiques et fatales de la gauche, les bombardements de Barcelone, le recrutement de très jeunes garçons pour remplacer les derniers soldats comme chaire à canon lors de l'épouvantable bataille de l'Èbre. C'est très dur. Cependant, LLach nous parle de cette guerre sans prendre parti pour un des camps, il y a des hommes bons et des méchants de deux côtés.
S'ensuit l'entrée des nationaux dans la ville, la fuite vers la France, la répression cruelle et violente, racontés avec une rigueur impartiale et présentés comme une terrible et sanglante erreur fratricide ou la droite franquiste montre son côté monstrueux.
Mais c'est surtout comment ces dramatiques évènements vont broyer les personnages dont on a fait connaissance dans la première partie, en particulier le couple de garçons amoureux qui bouleverse comme rarement les romans le font. C'est cru et très cruel mais malgré tout empli d'émotion et très beau. Car ce qui compte vraiment dans ce roman ce sont personnages et leur sentiment.
Le récit dégage un réalisme impressionnant, avec l'utilisation d'une prose simple et directe et des descriptions d'une grande force. Mais il contient aussi des passages d'une beauté extraordinaire, notamment ceux consacrés à parler de ce microcosme qu'était la Barceloneta (que Llách connaît et recrée si bien) et des sentiments des personnages. Les adieux de l'amie qui émigre en Argentine avec ses parents, la vision du père comme être supérieur, les gens qui arrivent désorientés à la gare de Barcelone, les attentats à la bombe, la mort de l'autre amie, les rencontres sexuelles, les soldats en la bataille de l'Èbre, le sort de David…. Des images qui restent enregistrées dans notre rétine même si ce ne sont que des mots. La vengeance finale est peut-être la scène la plus « romancé » aus sens Dumasien du terme, mais cela n'enlève rien à l'intrigue dans son ensemble, et sert même à amplifier le drame et contribue au goût doux-amer que nous laisse finalement cette magnifique histoire. Elle est aussi une petite rédemption pour le protagoniste tourmenté.
De nombreux romans ont été écrits sur la guerre civile espagnole et la période qui la précédée et suivie. Celui-ci fait mouche car au-delà de la description des années de la Seconde République, de la lutte, des idéaux, dépassés par le déclenchement de la guerre, les batailles et le ridicule, reste l'amour inconditionnel des deux amis.
Un amour qui peut tout et qui n'est pas tronqué même par la mort. L'homosexualité n'a pas d'importance, la distance ou la douleur n'ont pas d'importance.
Un très bon livre, intelligent, duret tendre à la fois.
#henrimesquida #cinemaetlitteraturegay
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Fresque sociale à une voix, celle de Germinal 87 ans qui raconte à un réalisateur tout ce qu'il a vécu de 1920 à nos jours. Et ce qu'il a vécu débute dans les années 30 à la Barceloneta, port de Barcelone et quartier populaire
de la ville. C'est dans ce quartier que va naître la révolution contre le fascisme. Double peine pour les catalans et tous les espagnols en général car ils ont goûté à la répression sauvage avant l'arrivée de la deuxième vague, le nazisme. A partir de son histoire, un père militant communiste, leader dans son quartier des manifestations puis de la guerre civile qui les brisera tous. de cette enfance d'abord joyeuse entre la mer et ses 4 amis, naîtra ce qui deviendra le coeur de sa vie. On connaît les horreurs commises par le nazisme mais moins bien comment débuta la guerre civile catalane et les atrocités qui furent commises. Germinal accepte de raconter pour que l'on n'oublie pas cette guerre qui obligea des milliers de catalans à fuir leur pays. C'est aussi l'histoire d'un amour foudroyant dont les deux protagonistes, victimes de la répression sauvage ne sortiront pas indemnes.
J'aurais mis 5 étoiles s'il n'y avait pas eu beaucoup de longueurs et de répétitions dans la narration. 50 pages de moins sur le quotidien à la Barceloneta n'auraient pas nuit à ce très beau roman qui m'a appris beaucoup de choses.
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Le narrateur se souvient de son adolescence, puis de son amour de jeunesse à Barcelone au moment où éclate la guerre d'Espagne. Il évolue dans le milieu anarchiste de la CNT, sans dissimuler bien sûr le rôle pervers du PC espagnol de cette époque.
Une belle reconstitution en ces temps où les traces du franquisme sont encore enfouies dans les souvenirs de l'Espagne actuelle.
(Le dernier film d'Almodovar, "Madres paralelas", y fait aussi allusion.)
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Des livres sur la guerre d'Espagne, j'en ai lu quelques-uns. C'est un sujet qui hante les auteurs de ce pays, et on comprend pourquoi : si la guerre est un traumatisme, une guerre civile l'est peut-être plus encore puisqu'elle produit au sein de la population une fracture que la loi d'amnistie votée après la mort de Franco n'a sans doute pas permis de panser. En jetant un voile sur ce conflit et la dictature qui s'est ensuivie, le silence n'a pu qu'attiser les rancoeurs, la défiance et la soif de vérité. Javier Cercas ou Andres Trapiello en ont témoigné dans des ouvrages parmi les plus intéressants que j'ai lus.

Le roman du Catalan Lluis Llach est cependant très différent. Certes, il se déroule en grande partie au cours de cette terrible période, mais il est avant tout un roman d'apprentissage, dont le principal protagoniste est un octogénaire racontant son existence, depuis son enfance passée dans le quartier de la Barceloneta jusqu'à l'âge adulte dans une Espagne désormais sous le joug du Caudillo.

On assiste ainsi à la transformation de Barcelone, cette ville pleine de vie où régnait la solidarité, ainsi qu'un esprit libre et frondeur, avant d'être martyrisée et réduite au silence. Lire ce livre, comme c'était mon cas lorsque je l'ai commencé, alors qu'on se trouve sur place est une formidable expérience, tant l'auteur décrit les lieux avec précision et avec un attachement à certains quartiers et à leurs habitants que l'on devine viscéral.

Mais c'est bien Germinal qui est le héros de ce livre, un jeune homme prenant conscience que les sentiments qu'il nourrit à l'égard de David, son ami d'enfance, sont d'une nature beaucoup plus tendre que ceux qui unissent d'ordinaire deux camarades. Révéler l'amour qu'il porte à son ami lui paraît d'autant plus angoissant que l'homosexualité, même chez les esprits les plus anticonformistes qu'il fréquente, fait l'objet de résistance. Quant à la manière dont elle sera vécue et appréhendée dans l'Espagne franquiste, cela virera sans surprise au tragique.

A travers la relation qu'il tisse entre Germinal et David, l'auteur noue peu à peu les destinées individuelles et la grande Histoire. Contrairement aux deux auteurs que j'ai cités plus haut, Lluis Llach a choisi de faire de son héros le narrateur du récit, qui s'exprime donc à la première personne, selon un déroulement chronologique. Il nous plonge ainsi dans le chaos des événements pour nous permettre de saisir la manière dont les protagonistes les ont eux-mêmes appréhendés. Au-delà de l'évocation de certains épisodes saillants comme la bataille de l'Èbre et des atrocités perpétrées par les franquistes, il ne manque pas de rappeler aussi les exactions commises par les républicains, en soulignant l'effroi qu'en ont éprouvé leurs propres partisans. Il nous offre ainsi un récit ample et sensible permettant de mieux connaître et comprendre cette période qui continue à tenailler la société espagnole.
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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J'ai comparé ce roman à L'Amie prodigieuse qui m'a tellement déçue. Là tout le contraire : c'est dense, c'est clair, c'est poignant ! J'ai beaucoup aimé !
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