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Berthe Vulliemin (Traducteur)
EAN : 9782859405120
560 pages
Phébus (18/02/1998)
4.13/5   198 notes
Résumé :
Huw Morgan, gamin du Pays de Galles, pousse en graine dans une vallée hier encore ensauvagée où l'on a trouvé du charbon. Ici, tous les hommes sont à la fois paysans et mineurs. Huw perçoit tout et n'est pas loin de tout comprendre : le travail de plus en plus dur, de plus en plus dangereux ; les salaires sans cesse rattrapés par les prix ; les patrons pleins de morgue ; les ouvriers toujours prêts à tirer respectueusement leur bonnet sur le passage des nantis... Nu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai lu ce livre au collège et il m'a marquée puisque trente-quatre ans plus tard, je m'en souviens encore. Je devais avoir 13 ans environ et je découvrais ainsi la vie des Gallois et leur histoire, une vie finalement pas si éloignée de la nôtre et de ce que me racontait mes voisins de l'époque dont le mari avait été mineur dans les corons et qui, comme beaucoup malheureusement, est décédé de la silicose sans avoir profité pleinement de sa retraite. J'apprenais également beaucoup sur les révoltes de ces mêmes ouvriers sans savoir que chez nous, un certain Jean Jaurès avait lutté pour que les ouvriers puissent avoir de meilleures conditions. La grève de Carmaux… je l'apprendrai bien plus tard… J'ai vu par la suite le film de John Ford (1941), une des rares adaptations à ne pas m'avoir déçue par rapport à un livre. Bref, vous avez bien compris, j'avais vraiment apprécié ce roman.

J'ai relu, il y a quelques années, ce livre, en ayant peur d'être déçue. Après tout, à 13 ans, qu'avais-je aimé ? Sans doute le fait de voyager dans une contrée que je ne connaissais pas, le fait que la narration nous plonge directement au coeur de la famille comme si nous en étions un membre… mais aussi une certaine identification dans le fait que mes parents n'arrivaient jamais à joindre les deux bouts car mon père, petit ouvrier, gagnait une misère et je vous laisse imaginer tout ce que j'ai pu entendre… Pourtant, une trentaine d'années plus tard, en ayant pris du recul avec tout ceci, j'ai redécouvert ce texte comme au premier jour. Mon ressenti est le même : quelle force dans l'écriture ! J'ai acheté récemment les trois romans qui font suite à celui-ci : Là-haut, dans la Montagne qui chante, Là où la lune est petite et Elle est redevenue verte ma vallée. À bientôt, donc, pour mes impressions sur ces derniers !
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Ce livre faisait partie des ouvrages "conseillés", "obligés" par mon professeur de français en classe de quatrième, au lycée Alain Fournier de Bourges, en 1966.
Il s'appelait Marius le Saulnier, et c'est à lui que je dois pour l'essentiel, ma passion de la lecture.
Habitants de ces nouvelles cités qui poussaient en périphérie des villes, en France, à cette époque, nous lisions cet ouvrage en rechignant, plus sensibles à l'ouverture du premier supermarché, au dernier flipper du nouveau bistrot, au cinéma facile, à la musique rock diffusée par Radio Caroline.
Ce livre avait toutefois un côté exotique, le Pays de Galles des Morgan, semblait à des années lumière de notre cité, paradis du confort, de la lumière et de la consommation.
Le seul passage qui nous agréait était celui où le jeune Huw Morgan découvre ses premiers émois amoureux, et découvre en même temps que cette fille qui se donne à lui ne sera jamais véritablement sienne.
Nous étions à vrai dire jaloux de lui.
Bien des années plus tard, en lisant l'ouvrage de Richard Hoggart "la culture du pauvre", j'ai retrouvé les mêmes accents chez l'auteur, bien que parés de l'objectivité de l'analyse sociologique, lorsqu'il évoque la distance qui se creuse entre les enfants d'ouvriers qui étudient, et leur famille.
Plus que de nostalgie, le livre de Llewellyn m'a parlé de déchirements, ceux, qu'adulte en devenir, nous ressentons face à la perspective d'abandonner le monde de nos parents, ses références, ses modes de pensées, pour devoir construire notre propre monde, un monde différent.
Au fond Marius nous avait fait lire ce livre pour nous amener à mieux considérer notre situation, nous enfants de parents, à peine sortis de la guerre, référents moraux que la société dans laquelle nous vivions mettait chaque jour un peu plus en difficulté, confrontés à notre désir de liberté, de confort et de jouissance immédiate, eux auxquels tout cela avait été refusé.
Le livre de Llewellyn reste pour moi la référence d'un livre qui a ouvert ma façon de voir le monde.

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‘'Qu'elle était verte ma vallée'' est une oeuvre majeure de la littérature européenne. Elle n'est souvent pas reconnue à ce niveau, ce qui est dommage. Il est facile de faire le parallèle avec ‘'Germinal'', puisque les deux se déroulent dans les mines de charbon. ‘'Nord et sud'' peignait le début de la société industrielle, ‘'Germinal'' sa jeunesse et ses années de lutte, et ‘'Qu'elle était verte ma vallée'' sa maturité.

Nous écoutons donc Huw Morgan, petit dernier d'une nombreuse famille de mineurs, nous raconter son enfance et sa jeunesse dans les collines du pays de Galle, entre le village et ses nombreuses affaires, la nature toute proche, et la mine, centre névralgique de leurs vies à tous…

Les ouvriers ont réussi, à force de combat et d'opiniâtreté, à se construire un monde meilleur. Un monde où leur labeur leur permet de nourrir leur famille, de se chauffer, d'envoyer leurs enfants à l'école. Un monde heureux. Un monde soudé, fort, uni dans l'adversité – au point que ses membres peuvent se permettre de faire justice eux-mêmes. Ils peuvent envisager l'avenir sereinement, et non seulement le leur mais celui de leurs descendants. C'est un monde rude encore. Ladite justice y est expéditive et définitive. Les bagarres peuvent être dures. Une femme n'a guère de choix quant à son avenir, et une escapade nocturne peut déclencher une guerre entre deux villages. La religion reste le pilier de la société même si, conformément à la tradition anglaise, des dissidences se forment au moindre conflit.

Mais c'est un monde dans lequel déjà fermentent de profondes transformations. Déjà le narrateur, Huw, s'insurge de voir l'Angleterre essayer d'effacer la culture galloise, et bannir sa langue des écoles. Déjà sa soeur, Angaharad, préfère affronter l'opinion publique que se résigner à son destin. Les anciens mineurs meurent. La vallée meurt. Bientôt, ce sera le tour des mines elles-mêmes. Tout ce que ces hommes ont construit, tout le bonheur qu'ils ont chèrement arraché par leur labeur et leurs luttes sociales, tout cela sera perdu. le charbon sera remplacé. Les hommes aussi.
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Ce qui ressort essentiellement de ce livre, c'est l'impression de bonheur. Bien sûr les hommes travaillent à la mine et c'est un travail très dur, mais il n'en est pas question sauf à propos des grèves et surtout dans la scène finale. Les hommes se plaignent des baisses de salaire, mais pas du travail en lui-même.
Bonheur, car Huw Morgan, le narrateur, grandit puis vit les premières années de sa vie d'adulte dans une famille très aimante et au sein de laquelle règne un profond respect pour chacun des membres et une grande complicité amoureuse entre les parents. Il est vrai que la vie est imprégnée d'une morale rigoureuse, soutenue par une foi profonde, que les déplacements se font beaucoup à pied, que les hivers sont froids, que les châtiments corporels font partie de l'éducation, en particulier à l'école. Mais il est beaucoup question de fêtes, de repas abondants, de lectures en famille... La cassette où chacun des fils en âge de travailler et le père versent leur salaire semble inépuisable.
Ce n'est en aucun cas un livre misérabiliste sur la condition ouvrière, même s'il est question à plusieurs reprises de grèves qui sont cause de déchirements au sein de la famille et de la vallée. En revanche, c'est la description de la fin d'un monde. A la fois le travail des mines, et la vie presque en autarcie de la vallée, dans laquelle la morale prévaut sur la loi, qui parait presque inutile.
J'ai eu beaucoup de plaisir, surtout dans les deux premiers tiers, à accompagner ce garçon dans la découverte de la vie, de l'amitié, de l'amour au sein d'une nature encore très belle, mais déjà menacée par les tas de déchets sortis des mines. A découvrir ces hommes et ces femmes qui vivent une vie riche en sentiments, en entraide.

Challenge pavés 2014-2015
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Qu'elles sont profondes, la nostalgie et la tristesse que l'on ressent avec le narrateur, une fois ce livre refermé !
Que de bonheurs enfuis, que d'amis et de parents perdus, comme cette si verte vallée qui peu à peu disparaît sous les monceaux de noirs déblais sortis des mines de charbon.
La mine et la vallée, voilà bien les deux personnages centraux de ce roman. le sort des habitants de leurs environs y est viscéralement lié, à la vie, à la mort. C'est leur histoire, à eux tous, qui nous est déroulée ici, à travers le destin de la famille Morgan, vivant dans un village gallois au temps béni de la reine Victoria.
La dynastie Morgan est une longue lignée de mineurs, rudes travailleurs aimant la mine et leur pays d'un même amour profond et sincère, pétris de foi chrétienne et de principes moraux inébranlables. Honneur, droiture, loyauté et respect ne sont pas de vains mots.
On n'est pas dans un Germinal gallois, on se situerait plutôt dans une sorte de « pré-Germinal », et à un niveau de lecture plus global. Là où Zola décrit d'emblée la misère des mineurs et centre son roman sur la lutte sociale, Llewellyn remonte au « bon vieux temps », où le travail à la mine était dur, mais noble, et permettait de vivre dans un certain confort. Une vision poétique dans laquelle l'Homme vivait encore en harmonie avec la Nature, quand il ne prenait à la Terre que ce qu'elle lui offrait généreusement : le charbon. Quand la chasse au profit à tout crin s'empare de ce filon, les choses se gâtent, les salaires baissent en même temps que le prix du minerai, entraînant révoltes et mouvements sociaux. La spirale infernale est lancée, il n'est plus question d'harmonie et de respect, mais d'exploitation des hommes et de la Terre. La Nature perd du terrain, les arbres disparaissent, la poussière se dépose partout. Les grèves sont terribles, personne ne cède, jusqu'à ce que les enfants meurent de faim et de froid. Ce qui est assez frappant, c'est l'opposition entre les générations : le père Morgan ne veut pas voir que la situation se dégrade, tandis que ses fils aînés se battent pour mettre sur pied les Unions, futurs syndicats. Impressionnante aussi, l'importance accordée à la foi, qui gouverne et imprègne tout, rendant certains passages quasi mystiques. L'auteur montre également la solidarité des villageois, tant dans les épreuves que dans la liesse, et le chant choral qui met tout le monde d'accord, à l'unisson. Car tout n'est pas triste dans cette histoire, qui porte aussi son lot de petits et grands bonheurs, d'amour et d'amitié, de caractères bien trempés, sensés, passionnés ou comiquement bornés. le style est un peu désuet, avec détails à foison, et certains comportements nous paraîtraient absurdes aujourd'hui, mais qu'elle est belle, cette saga familiale…

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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Ce n'est pas que je sois mécontent de mon sort, ni d'en être où j'en suis. Mais, si je n'avais pas commencé à réfléchir, à découvrir moi-même les choses, j'aurais pu avoir une vie, en apparence, plus heureuse peut-être, jouir d'un plus grand respect.
Mais, bonheur et respect n'ont guère de valeur car, à moins qu'ils n'aient pour cause les motifs les plus vrais, ils ne sont que leurre. La réussite vaut à un homme le respect du monde, quels que soient sa disposition d'esprit, ou les moyens qu'il a employés. Mais quelle valeur accorder à pareil respect? Et quel bonheur intérieur cet homme peut-il connaître? Et s'il s'accommode de ce prétendu bonheur, son état me paraît inférieur, son contentement de soi plus vil que ceux du plus abject animal.
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Je me demande ce qui a bien pu se passer au cours de ces cinquante dernières années pour que tout soit ainsi changé. Et je ne trouve pas d’autre explication que la mort. Quand l’éclairage au gaz fut installé, on fut moins tenté de lire, par manque de confort, peut-être, et quand l’électricité arriva, on se coucha de meilleure heure, parce qu’elle coûtait plus cher. Mais je ne puis imaginer à quel moment les enfants commencèrent à ne plus être les amis de leurs parents, ni quand le désir d’être hors de chez soi, de faire n’importe quoi, de varier à tout prix ses occupations s’est emparé des gens.
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"Et maintenant, assis dans cette demeure silencieuse, je repense à la structure de ma vie, essayant de reconstruire ce qui s'est écroulé. Il me semble que l'existence humaine n'est guère plus qu'un croquis, esquissé sur le Temps, sans grande réflexion, avec peu de soin, ni aucun sens du dessin. Pourquoi, je me le demande, les gens souffrent-ils, quand ce n'est pas indispensable, lorsqu'un simple effort de volonté, un peu de dur labeur, les sortiraient de leur tourment, leur procurant la paix et le contentement.
Le tas de déblais recommence à bouger.
Je l'entends bruire et chuchoter, tandis que les murs de cette vaillante petite demeure s'arc-boutent et résistent à l'assaut. Depuis des mois, elle supporte la pression de cette masse formidable, pesant contre ses parois et sur son toit. Jamais je n'aurais cru qu'elle tiendrait aussi longtemps. Le monstre n'a pu encore venir à bout de son courage, car, du temps de mon père, les hommes construisaient bien, en bons artisans. Poutres solides, pierres de taille, travail consciencieux, amour du métier: c'est de tout ça que cette maison a été faite".

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Des centaines de fois, je suis descendu dans la cage, mais jamais je n'ai pu m'habituer à sa chute.
D'abord, pendant un long moment, vous croyez être devenu aveugle. Puis la terreur vous mord de ses crocs acérés.
La descente me parut durer des heures. L'air devenait froid, mais l'obscurité régnait toujours, épaisse, suffocante, et nos pieds touchaient à peine le sol qui continuait à se dérober, si bien que, les genoux fléchis, nous semblions nous tenir sur les bords de la nuit, prêts à bondir dans le matin.
Puis le sifflement du vent s'atténua, le sol se raffermit sous nos pieds, l'air devenu plus chaud nous apporta la puanteur salée du charbon brut et, tandis qu'apparaissaient les lumières et que je retrouvais ma respiration et la saveur de la vie, une brûlante reconnaissance m'envahit de posséder le don de la vue.
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Si les choses se sont toujours bien passées dans la Vallée, c’est qu’on y est demeuré très strict, et que les hommes y réfléchissent à deux fois avant de se mal conduire. De même les femmes. Si toutes celles qui ressemblent à Meillyn Lewis étaient libres d’agir à leur guise, que se passerait-il ?
- Quoi ?
- D’abord on installerait un poste de police dans la Vallée. Et ce ne serait pas drôle. Se voir traiter comme des forbans qu’on garde à l’œil pour les fourrer en prison. Et que deviendraient nos foyers, ta mère, tes sœurs ?

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Bande annonce du film 'Qu'elle était verte ma vallée', par John Ford. 1941
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