De Chypre, je ne sais rien. Cette île n'ouvre en moi aucun imaginaire. Je ne visualise pas sa géographie, ses paysages. Et alors, je ne parle même pas du climat politique. Je sais que l'île est coupée en deux, un côté grec, un côté turc. Et voilà.
Sans @manonlit_et_vadrouilleaussi aucune raison que j'achète ce roman. Sans @b.a.books et @point.a.laligne aucune raison que je le lise. Mais les planètes s'alignent parfois. Et me voilà embarquée dans cette lecture.
J'ai au départ un peu de mal avec les personnages. Je ne cerne pas leurs contours, ils passent entre les lignes et je n'accroche pas. L'écrivaine française notamment, cette narratrice qui est là en passeuse mais dont je me serais bien passée. Plus ma lecture avance et plus je me rends compte que j'aurais aimé que le texte soit resserré autour de la partie non-contemporaine, autour d'Aridné, de Ioannis et de Giorgos. Ce trio m'intéresse, m'interroge. Et il porte en lui la complexité du conflit. C'est par lui que je commence à comprendre ce qui se joue, bien plus que par le biais de l'ecrivaine française qui pourtant m'est plus proche.
La lecture du roman est fluide malgré tout, mes camarades enthousiastes (plus que moi) alors je continue. Je m'accroche à Aridné. Cette femme libre qui par amour pour Ioannis accepte de baisser la tête. Qui par amour pour lui va vivre l'inacceptable. Je m'accroche aussi à cette maison, comme tous les personnages. Ce 14 rue Illios dans le no man's land, lieu de tous les souvenirs, de tous les fantasmes. C'est rare mais l'histoire d'amour qui se noue dans une soirée chypriote ne m'émeut pas. Je veux juste savoir ce qu'il advient d'Aridné. Et la fin est surprenante et finalement assez bouleversante. Donc réussie.
J'aurais aimé aimer plus ce roman. Il rejoindra la liste déjà longue des lectures mitigés de ce début d'année.
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beaucoup aime son premier roman et egalement son second.....jusqu a la page, 175 ou dans la liste des villes assassinees elle cite" le havre, ville la plus detruite de france, pilonnee par les avions allemands!
commennt ecrire une telle enormite!
oui en 1940 il y eut quelques bombardements , mais la ville , iabandonnee par l armee allemande fut rasee par deux bombardements, au mois de septembre 1944, de la RAF!
pour plus d info , voir" le havre table rase"et lire par amour de valerie tong cuong.
inutile d avouer que cette contre verite emise par une journaliste m a perturbe jusqu a la derniere page du roman.
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Je déambule dans le livre et je me perds comme ses personnages. Varosha apparaît et disparaît hier et aujourd'hui. Comme une guerre d'Espagne ou seraient mariés un républicain et une franquiste. Un figuier seul témoin vivant de l'effondrement. Une amitié de carton, sacrifice de l'autre, négation de soi. Que peut on sauver ?
On ne sait trop ? Quelques ombres du passés, quelques figues trop mûres que personne n'a mangé ?
Absurdité du nationalisme qui immole sur son autel la vie, l'amour, l'espoir ?
Et voilà que cela recommence...
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Un livre très prenant, au départ j'ai eu un peu de mal à m‘accrocher à cause des allers retours entre deux époques, mais rapidement j'ai pris le rythme et je l'ai lu d'une traite.
Pour ceux qui voient Chypre comme un confetti en méditerranée, c'est une plongée dans son histoire paradoxale entre tourisme, plage de sable fin, dolce e vita, drame historique et déchirement familial.
Il y a un récit en deux temps, entre les années 70 où sont balayé les espoirs d'une Chypre unifiée entre les chypriotes grecs et turcs, scellant définitivement les adjectifs les reliant à une géographie extérieure et notre époque à quelques années près.
Nous nous identifions assez rapidement à la journaliste et auteur qui part sur les traces de Varosha, ville fantôme depuis l'intervention des troupes turques, statu quo qui perdure. Ses habitants ont dû la quitter en toute hâte lors des attaques et à présent impuissants ne peuvent que l'observer s'éteindre de l'autre côté à travers les barbelés. Son projet littéraire est instrumentalisé par Ariana, petite fille des personnages aux coeur de l'intrigue des années 70, hantée par le passé de sa famille. La quête de cette dernière permet peu à peu au lecteur de reconstituer le puzzle et de comprendre les liens troubles entre les 3 protagonistes du passé et la disparition de l'un d'entre eux.
Deux cultures méditerranéennes s'opposent, une gastronomie qui se marche sur les pieds, on s'abrite du même soleil mais on se déteste et on se maudit.
Le fonds historique se mélange avec le destin d'Aridné, victimes de préjugés, dont nous comprenons, en tant que lecteur tout puissant, les silences et sautes d'humeur causées par les comportements et violences de son entourage.
Mais la fin est brutale -attention spoiler- dans une chambre d'un hôtel symbole des violences qui finit à moitié effondré suite aux attaques turques, et abandonné comme Aridné par sa belle-famille, conspuée et oubliée en tant que femme adultérine.
Belle métaphore de l'île, comme Aridné coincée entre l'histoire, l'amitié de 2 hommes, les haines, coincée dans cette chambre d'un hôtel dans une ville fantôme, cercueil de son histoire d'amour et de ses idéaux.
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